Stéphane Brizé

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Nestor Almendros
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Stéphane Brizé

Message par Nestor Almendros »

JE NE SUIS PAS LA POUR ETRE AIME de Stéphane Brizé

En voyant la bande-annonce il y a un mois, je ne donnais pas grand chose de ce film. Depuis j'ai cru entendre plusieurs échos positifs, donc je me suis lancé. J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le film à cause de la lumière, de l'esthétique. C'est mon rayon, donc ça m'a un peu chamboulé. J'y reviendrai tout à l'heure. Quoiqu'il en soit, petit à petit j'ai commencé à apprecier l'histoire, mais sans jamais y entrer complètement. J'ai bien peur que la réaction positive et enthousiaste de la salle soit pour beaucoup dans le petit plaisir que j'ai eu. Je dis ça parce que j'étais quand même souvent déconcentré.

Alors la trame est très classique, mais ça fonctionne grâce (je pense) aux comédiens très bien castés. Je pense souvent que "Gabin fait du Gabin", "Depardieu fait du Depardieu", etc... Ici c'est pareil: "Chesnais fait du Chesnais". Pas de surprises, sauf qu'il est le personnage. La jolie comédienne dont je ne connais pas encore le nom par coeur (mais elle mérite vraiment de percer plus) que j'avais déjà repéré dans L'EQUIPIER et 36 QUAI DES ORFEVRES je crois bien, est très touchante. Finalement c'est une comédie romantique qui fonctionne bien, quelquefois assez drôle.

Et j'en viens au point qui fâche: la lumière. Je veux bien qu'on dise "oui mais c'est un tout petit budget bla bla bla", avec quelques projecteurs on peut sauver les meubles (ça m'arrive souvent) et pas faire du téléfilm. Le budget est cheap et malheureusement ça se voit! A chaque nouveau décor du film je tombais des nues. Souvent j'entends dire que les prods françaises investissent le moins possible dans l'éclairage. J'espère que c'est plutôt dû ici à l'incompétence du chef op. J'ai rarement vu une image aussi moche au ciné. Pourtant j'en vois des films...

Surtout ne vous arrêtez pas à ce détail: le film vaut le coup!
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

ENTRE ADULTES de Stéphane Brizé

Ce film confirme tout le bien que je pense du réalisateur de JE NE SUIS PAS LA POUR ÊTRE AIME. C'est un projet particulier, pas forcément attirant au départ, mais qui vaut le détour.
Le film a, je crois, été tourné en 4 jours et fait suite à un stage "jeu d'acteur devant la caméra".

La structure du film est, déjà, un élément ludique qui joue en sa faveur. Le film est composé de courtes séquences (5-10mn) mettant en scène un couple. Il n'y a que deux personnages à chaque fois, mais d'un segment à l'autre l'un des deux acteurs change. Ainsi le film commence par une discussion dans un lit entre un couple adultère. Le segment suivant montre cet homme avec sa femme dans leur cuisine. Le segment suivant montre cette femme pendant un entretien d'embauche, etc...

Finement dialogué, la première réussite du film est d'installer en quelques secondes une intensité (à chaque fois nouvelle) dans la relation qui est montrée. On parcourt ainsi un panel fort pertinent sur les relations homme/femme, les dominations, les besoins, les sentiments...

Un beau film, inattendu, monté avec des bouts de ficelle (l'image dv est toujours insupportable - surtout montée ici en 2.35). Il faut impérativement que je revoie LE BLEU DES VILLES...
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films | Octobre 2009

Message par Profondo Rosso »

Mademoiselle Chambon de Stéphane Brisé
Le passé intime entre Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain donne une vraie alchimie à ce récit d'adultère, avec des jeux de ragrds, des silences qui en disent bien plus que les mots finalement assez rares entre les deux amants. sauf que le réalisateur s'appuie trop sur cet atout et abuse de l'épure. Du coup passé l'envoutement premeir on se rend rrapidement compte qu'il ne se passe pas grand chose et que l'ennui guette. Ca finit par s'emballer très légèrement au final mais il est trop tard, surtout pour une conclusion terne et archi convenue (il est loin le temps où on osait conclure sur des fins "autres" comme "Le Lauréat" c'est fatigant ces shémas incitant systématiquement à rentrer dans le rang). 3/6 pour les deux acteurs j'aurai bien aimé avoir sandrine Kiberlain comme maîtresse en primaire :oops:
Joe Wilson
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Re: Notez les films | Octobre 2009

Message par Joe Wilson »

Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé)

Des points positifs...Sandrine Kiberlain parvient à donner crédibilité à une femme absente à elle-même, engloutie par l'amertume et l'incapacité à faire des choix. Malgré un métier qui l'épanouit par le contact avec l'enfance, elle creuse un peu chaque jour une frustration, que sa générosité et sa simplicité apparentes ne parviennent absolument pas à combler.
Un personnage intense, donc...malheureusement Stéphane Brizé en reste souvent à l'intention. En voulant tenter le pari de la retenue, en recherchant les effets d'une détresse muette, au plus près de ses personnages, il maintient son film dans une sorte de torpeur agaçante. Pas d'intensité, d'ampleur...si les situations sont prometteuses, la mise en scène est fuyante, presque confortable à force de repousser certains enjeux.
Et l'évolution de Vincent Lindon dans sa confrontation à la solitude de l'autre, apparaît très schématique, voire caricaturale. Brizé tombe dans la facilité à force de vouloir rechercher des ambiguités, un engrenage, et montrer rarement une capacité à exprimer une densité psychologique.
Au final, le film reste donc anecdotique. Il a posé certaines questions mais s'achève dans un trouble en demie-teinte. Peu convaincant.
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bronski
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Re: Notez les films | Octobre 2009

Message par bronski »

Joe Wilson a écrit :Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé)
Elle est abonnée au rôle d'institutrice, la Kiberlain?
Nestor Almendros
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Re: Notez les films | Octobre 2009

Message par Nestor Almendros »

MADEMOISELLE CHAMBON de Stéphane Brizé

J'attendais énormément ce nouveau film de Stéphane Brizé dont j'avais particulièrement apprecié JE NE SUIS PAS LA POUR ÊTRE AIME et surtout ENTRE ADULTES. J'ai d'ailleurs eu l'impression de retrouver parfois l'improvisation de ce dernier dans MADEMOISELLE CHAMBON. Brizé s'attarde sur le banal, sur l'apparence innoncente du quotidien pendant que la passion bouillonne à l'intérieur des êtres. Le réalisateur est à l'écoute de ces moments invisibles où tout peut arriver, où notre vie peut être chamboulée. L'histoire brasse les mêmes thématiques que SUR LA ROUTE DE MADISON. Mais elle a la particularité d'être extrêmement épurée: aventure banale dans un quotidien tout aussi banal. Comme le souligne Joe (Wilson), Brizé choisit une mise en scène trop neutre: il ajoute aux faiblesses potentielles du scénario (peu d'évènements) une approche distante pour le spectateur. N'est pas Eastwood qui veut: Brizé peine à nous intéresser à ces émotions intimes, qui heureusement parviennent à émerger de temps en temps, alors que l'histoire dans toute sa simplicité et sa cruauté méritait davantage. On reste frustré et trop peu concerné.
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Boubakar
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Re: Notez les films /Novembre 2009

Message par Boubakar »

Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé, 2009)

Après Partir, le rôle du maçon adultérin devient tendance dans le cinéma français.
Outre ses qualités, le film joue sur le fait que Vincent Lindon et Sandrine Kiberlaim ont réellement vécu ensemble, et le film de leurs retrouvailles a quelque chose de touchant. Il y a de multiples défauts dans le film, comme un rythme pas très bien maitrisé, ce qui lui donne une impression de ne guère avancer, mais cet amour, ce désir sous-tendu est magnifiquement exprimé par deux acteurs en état de grâce. Après Welcome, Vincent Lindon est encore impressionnant en maçon épris pour la maitresse d'école de son fils, et va tenter de réfréner son désir pour elle, mais ça sera peine perdue. Et Sandrine Kiberlain, de plus en plus amincie, est aussi formidable.
Je trouvais que Partir était plus fort sur le sujet de l'adultère, mais le film de Brizé possède une scène qui le rend si intéressant, quelque chose de magnifique :
Spoiler (cliquez pour afficher)
quand Jean ramène la prof chez elle, après une fête d'anniversaire, ils ne peuvent se quitter sans évoquer des regards, et des larmes se mettent à glisser lentement sur chacun d'entre eux. Et ça finira par une scène de sexe superbement filmée, comme si cette histoire ne pouvait que se finir de cette façon.
Et la fin ne peut que faire évoquer Sur la route de Madison, ce qui n'est pas rien.
Dommage pour le problème de construction, mais on a là un très joli film, où tout repose sur les regards.
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Jeremy Fox
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Stéphane Brizé

Message par Jeremy Fox »

Après la découverte en début de semaine de son deuxième film, Je ne suis pas là pour être aimé, deuxième plongée dans l'univers d'un cinéaste qui me touche décidément beaucoup avec son dernier film en date, Mademoiselle Chambon. Sensibilité, pudeur, minimalisme, attention poussée aux gestes du quotidien, à la profession qu'exercent ses protagonistes, on retrouve les mêmes éléments dans les deux films, plus radicalisé niveau minimalisme dans le dernier qui pourrait en ennuyer certains. Il y a aussi les relations qui lient les personnages principaux au père, ici Georges Wilson, là Jean-Marc Thibault et cette mélancolie poignante, des personnages introvertis et taiseux, une attention à la musique (ici le tango, là une valse pour violon et piano ainsi qu'une chanson de Barbara)... Simples et beaux, d'une rare justesse dans la description des sentiments, d'une grande dureté parfois (la séquence des pompes funèbres ici, l'engueulade Chesnais/Wilson dans l'autre film), les films de Stéphane Brizé comportent une musique et un ton déjà bien reconnaissables au bout de seulement deux films. J'ai bien entamé Entre Adultes qui ne déméritera certainement pas. Une très belle découverte que ce réalisateur français doué et discret dont j'ai également bien apprécié les entretiens en bonus des DVD.

Autre élément remarquable, vallable pour l'ensemble de ses films : la direction d'acteurs. Que ce soient Patrick Chesnais et Anne Consigny, Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, tous les seconds rôles ainsi que tous les acteurs issus du théâtre de son 3ème film, ils sont tous aussi étonnants de naturels !
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Re: Stéphane Brizé

Message par Jeremy Fox »

mynameisfedo a écrit :Image

Réalisé par Stéphane Brizé

Avec Patrick Chesnais, Anne Consigny, Georges Wilson

50 ans, huissier de justice, le coeur et le sourire fatigués, Jean-Claude Delsart a depuis longtemps abandonné l'idée que la vie pouvait lui offrir des cadeaux. Jusqu'au jour où il s'autorise à pousser la porte d'un cours de tango...

J'avais entendu beaucoup de bien de ce film et j'avoue ne pas avoir été déçu du visionnage. Sur un scénario simple mais très touchant de sincérité et de sensibilité, le réalisateur brosse un portrait cruel mais tendre de la vie des deux protagonnistes principaux. Patrick Chesnais est évidemment excellentissime dans le rôle sur mesure du héros complètement désabusé qui sans tomber dans la dépression attend simplement que les choses passent jusqu'à la lueur d'espoir incarnée par une Anne Consigny merveilleuse de simplicité et de féminité. Calme, sobre, l'atmosphère générale est amplifiée par de longs moments de silence lourds de sens et quelques répliques croustillantes à l'efficacité explosive. C'est à la fois émouvant, touchant et parfois paradoxalement hilarant.
Bref, une surprise extra-ordinaire en ce qui me concerne. Coup de coeur absolu! 8)
Pas grand chose à rajouter à cet avis que je signe dans son ensemble : attachant, émouvant (les larmes de Anne Consigny alors que l'on discute de son mariage), dur et drôle à la fois (les visites à un Georges Wilson fabuleux), simple et juste. Encore un très beau film français avec un casting parfait des premiers aux derniers rôles.
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Re: Stéphane Brizé

Message par Boubakar »

Jeremy Fox a écrit :J'ai bien entamé Entre Adultes qui ne déméritera certainement pas.!
Pour l'anecdote, ce film-là a été produit par Claude Lelouch.
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Re: Stéphane Brizé

Message par Jeremy Fox »

Boubakar a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'ai bien entamé Entre Adultes qui ne déméritera certainement pas.!
Pour l'anecdote, ce film-là a été produit par Claude Lelouch.
Oui j'avais vu ça. Je n'en avais jamais entendu parler d'ailleurs de celui-ci ; une construction identique à La Ronde d'Ophuls filmé en scope et caméra numérique. Vraiment très intéressant et joué à la perfection.
Nestor Almendros
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Re: Stéphane Brizé

Message par Nestor Almendros »

N'hésitez pas à relire le topic, je viens de rapatrier les quelques avis sur Brizé (dont les miens) trouvés sur le forum... :wink:
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Re: Stéphane Brizé

Message par Jeremy Fox »

Nestor Almendros a écrit :N'hésitez pas à relire le topic, je viens de rapatrier les quelques avis sur Brizé (dont les miens) trouvés sur le forum... :wink:
Merci :wink:
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Re:

Message par Jeremy Fox »

Nestor Almendros a écrit :ENTRE ADULTES de Stéphane Brizé

Ce film confirme tout le bien que je pense du réalisateur de JE NE SUIS PAS LA POUR ÊTRE AIME. C'est un projet particulier, pas forcément attirant au départ, mais qui vaut le détour.
Le film a, je crois, été tourné en 4 jours et fait suite à un stage "jeu d'acteur devant la caméra".

La structure du film est, déjà, un élément ludique qui joue en sa faveur. Le film est composé de courtes séquences (5-10mn) mettant en scène un couple. Il n'y a que deux personnages à chaque fois, mais d'un segment à l'autre l'un des deux acteurs change. Ainsi le film commence par une discussion dans un lit entre un couple adultère. Le segment suivant montre cet homme avec sa femme dans leur cuisine. Le segment suivant montre cette femme pendant un entretien d'embauche, etc...

Finement dialogué, la première réussite du film est d'installer en quelques secondes une intensité (à chaque fois nouvelle) dans la relation qui est montrée. On parcourt ainsi un panel fort pertinent sur les relations homme/femme, les dominations, les besoins, les sentiments...

Un beau film, inattendu, monté avec des bouts de ficelle
Voilà, encore une belle réussite tour à tour triste, grave avec également sur la fin quelques parties très drôles notamment celle au cours de laquelle le mari fait une scène à son épouse quant elle lui ébauche l'idée qu'elle "pourrait" éventuellement fantasmer sur un autre homme alors que l'on sait que de son côté, le mari en colère sort du lit de son amante. Le "sketch" suivant l'est encore plus, où cette même femme va raconter son grand fantasme de se faire sodomiser à un ami qui n'est autre que l'homme de ses rêves. Puis ça se termine simplement, tendrement sur une note très émouvante. Fabuleusement bien joué.
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Jeremy Fox
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Re: Stéphane Brizé

Message par Jeremy Fox »

Regardé son premier film hier soir, Le Bleu des Villes, et je me suis vite rendu compte que je l'avais déjà vu (probablement sur Arte). On sent que c'est un premier film et que c'est encore parfois hésitant (parfois une baisse de rythme ou d'intérêt, quelques séquences traînant un peu en longueurs, un mélange des tons pas toujours réussi...) mais c'était déjà un très joli essai. J'adore toujours autant Antoine Chappey (son duo avec Philipe Duquesne est souvent hilarant) et déjà la direction d'acteur s'avérait vraiment très bonne. Bref, pour l'instant, rien à jeter parmi l'intégrale de ses longs métrages.

Un coffret dont je ne regrette pas l'achat (mais qui est maintenant revenu au prix fort)

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