Je ne vais pas faire un long discours sur ce film qui a permis à l'australien Bruce Beresford d'aller à Hollywood (où il sera loin de montrer le même talent que dans ce film).
Le film se passe en Afrique du Sud au début du 20ème siècle pendant la guerre des Boers qui opposaient ces derniers aux Anglais. Le film se concentre sur le cas de 3 australiens de l'arméee Anglaise poursuivis en court martiale pour avoir exécuté sommairement des prisonniers.
C'est donc principalement un film de procès mais le film prend sa vraie dimension dans la reconstitution des faits dans des paysages sublimés par une photographie d'une beauté absolument à couper le souffle.
Images en effet magnifiques, qui donnent envie de découvrir ce film . Je ne suis pas sûre qu'il ait été distribué en salles en France, ou présenté à la télévision.
Découvert hier soir et je ne peux que confirmer la magnificence du film. Pas trop étonné de voir au générique que la photographie est dû à Donald McAlpine qui sait faire des choses magnifiques si on lui donne la matière pour (se rappeler de son travail sur les Predator et Medicine Man de John McTiernan). En l’occurrence, il met formidablement en valeur les paysages et ses décors créant des tableaux de toute beauté. Ma mâchoire s’est décrochée plus d’une fois au cours du film. Au-delà de ce point, j’ai trouvé également assez intéressant le travail sur le montage. Si les premières scènes sont un peu embrouillées, il y a par la suite des idées plutôt séduisantes (des choix de transitions, l’utilisation de certains inserts) qui renforcent aussi l’impact de l'histoire. D’ailleurs, si l’intrigue du procès est classique, Beresford manie quand même très bien sa barque et a le mérite de faire la part des choses. Australien jusqu’au bout des ongles, Breaker Morant charge avec virulence l’ancien colonisateur britannique. Par une délicieuse hargne, il épingle cette suffisance et cet art à toujours servir son propre intérêt en utilisant les autres. Toutefois, le film n’apparaît pas totalement manichéen en s’attardant sur la cruelle réalité de la guerre. Les accusés sont loin de sortir glorifiés de la description et cette mise en perspective enrichit le film. Maintenant, si un éditeur voulait bien éditer un blu-ray dans nos contrées, ça ne serait pas une idée conne.
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
C'est pas mal en effet, plutôt efficace dans son genre mais aussi parfaitement attendu et scolaire, souffrant, malheureusement pour lui, de la comparaison avec le film de Kubrick, Les Sentiers de la gloire. Le recours au flash-back pour animer le procès en reconstituant l'objet du délit ou livrer le passé des personnages, reste une trouvaille pas très heureuse. Le film devient très vite mécanique en livrant la petite scène destinée à illustrer un propos. Quel dommage justement que ces scènes extérieures ne se prolongent pas plus, qu'elles se circonscrivent à l'intérieur du champ de l'image-preuve du procès ! Elles méritent mieux. Tout comme un film qui aurait mérité un traitement moins démonstratif, oubliant deux minutes sa mission d'interet public, pour simplement se concentrer sur le fait de raconter une histoire et non de devoir rétablir une vérité. Piège éternel des films dénonciateurs.
Dernière modification par G.T.O le 15 août 16, 02:54, modifié 1 fois.
Je voulais préciser que même si j'ai ouvert le topic, je suis loin de penser que ce soit un grand film. Mais visuellement, ça reste ce que j'ai vu de plus stupéfiant (d'où mes captures disparues) depuis des années et rien que pour ça, le film vaut largement le détour.
AtCloseRange a écrit :Je voulais préciser que même si j'ai ouvert le topic, je suis loin de penser que ce soit un grand film. Mais visuellement, ça reste ce que j'ai vu de plus stupéfiant (d'où mes captures disparues) depuis des années et rien que pour ça, le film vaut largement le détour.
Oui, c'est beau mais ça reste assez fugace...je ne vois pas trop ce qu'il y a d'extraordinaire ou de rare là-dedans, mais bon...
Malgré les propos un peu rabat-joie de GTO (what else), je trouve le film toujours aussi excellent, il y a un vrai souffle là-dedans, effectivement principalement porté par ses visuels, mais pas que. Le cast est solide et l'histoire racontée imparable. Il y a aussi et surtout un âme australienne, à la peau dure et résiliente, qui l'irrigue et lui donne son identité. On a certes le droit de ne pas s'extasier, mais faut alors relativiser l'énorme majorité des œuvres qui n'auront pas son humanité et son sens esthétique imparable. Et combien de films anti-militaristes peuvent se targuer de faire aussi bien que Les sentiers de la gloire ? Hein ?
