The Company Men (John Wells - 2010)
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The Company Men (John Wells - 2010)
Pas mal, au final. Pourtant ma première réaction a été plutôt distante : le licenciement est un pouvoir que le patronat exerce depuis des siècles et que l’Amérique semble redécouvrir parce que le phénomène se reproduit à grande échelle, devient une crise nationale et mondiale.
J’avais donc un peu de mal à partager les soucis de ces individus établis dans leur confort et finissant par connaître de visu une notion souvent abstraite, résumée à une ligne dans le journal ou à un bilan chiffré. Mais le film finit par atteindre son but, dévoilant derrière ces témoins presque privilégiés, et surtout par une simplicité de ton et d’intrigue aussi étonnante qu’efficace, un résumé assez fidèle (il me semble) de la situation économique actuelle, une peinture à échelle humaine d’un monde qui ne tourne plus pour construire du concret mais pour alimenter des « colonnes de chiffres », satisfaire des actionnaires invisible et tout-puissants, et enrichir une toute petite poignée de nantis devenus les maîtres du monde.
Le milieu cossu de cette histoire, élément qui m’a d’abord freiné dans l’empathie, s’avère finalement être un détail très bien utilisé pour accentuer la psychologie des personnages, observer leur réactions face à l’éboulement généralisé de leurs vies. On pense en particulier à Bobby (Ben Affleck, décidément bien lancé dans une seconde carrière qui privilégie le sens au spectacle) qui représente l’idéal américain, celui qui a réussi et qui le montre. Il déborde d’un matérialisme écoeurant, s’accroche à ses petits privilèges (la Porsche, le golf) qu’il pense être indispensables pour appartenir à la communauté. Mais sa chute sociale, inexorable, déclenche une lutte intime pour accepter la réalité et assumer un nouveau quotidien, aller au-delà des réticences face à un amour-propre logiquement bien écorné. Ainsi la démonstration est efficace en faisant chuter les personnages de plus haut, en leur faisant perdre tout ce luxe.
Le film est clairement de son époque en montrant un monde occidental qui manque de souffle, qui se transforme trop vite, délaissant l’éthique et l’individu. Le travail devient une denrée rare, un trésor qu’il faut découvrir et surtout garder. La longue carrière n’est plus qu’un mythe et chaque poste est un siège éjectable. Mais au milieu de cet effritement glaçant, THE COMPANY MEN montre aussi une richesse bien plus importante que celle vantée par les publicités et les quartiers chics : celle de l’homme à lutter pour sa survie et à rebondir coûte que coûte…
J’avais donc un peu de mal à partager les soucis de ces individus établis dans leur confort et finissant par connaître de visu une notion souvent abstraite, résumée à une ligne dans le journal ou à un bilan chiffré. Mais le film finit par atteindre son but, dévoilant derrière ces témoins presque privilégiés, et surtout par une simplicité de ton et d’intrigue aussi étonnante qu’efficace, un résumé assez fidèle (il me semble) de la situation économique actuelle, une peinture à échelle humaine d’un monde qui ne tourne plus pour construire du concret mais pour alimenter des « colonnes de chiffres », satisfaire des actionnaires invisible et tout-puissants, et enrichir une toute petite poignée de nantis devenus les maîtres du monde.
Le milieu cossu de cette histoire, élément qui m’a d’abord freiné dans l’empathie, s’avère finalement être un détail très bien utilisé pour accentuer la psychologie des personnages, observer leur réactions face à l’éboulement généralisé de leurs vies. On pense en particulier à Bobby (Ben Affleck, décidément bien lancé dans une seconde carrière qui privilégie le sens au spectacle) qui représente l’idéal américain, celui qui a réussi et qui le montre. Il déborde d’un matérialisme écoeurant, s’accroche à ses petits privilèges (la Porsche, le golf) qu’il pense être indispensables pour appartenir à la communauté. Mais sa chute sociale, inexorable, déclenche une lutte intime pour accepter la réalité et assumer un nouveau quotidien, aller au-delà des réticences face à un amour-propre logiquement bien écorné. Ainsi la démonstration est efficace en faisant chuter les personnages de plus haut, en leur faisant perdre tout ce luxe.
Le film est clairement de son époque en montrant un monde occidental qui manque de souffle, qui se transforme trop vite, délaissant l’éthique et l’individu. Le travail devient une denrée rare, un trésor qu’il faut découvrir et surtout garder. La longue carrière n’est plus qu’un mythe et chaque poste est un siège éjectable. Mais au milieu de cet effritement glaçant, THE COMPANY MEN montre aussi une richesse bien plus importante que celle vantée par les publicités et les quartiers chics : celle de l’homme à lutter pour sa survie et à rebondir coûte que coûte…
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: The company men (John Wells - 2010)
John Wells : Scénariste (et surtout) Producteur de The West Wing, ça suffit pour me donner envie.
Et l'affiche, petit clin d'oeil à Glengarry Glen Ross :
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Je suis d'accord avec le texte de Nestor Almendros.
Pour ma part, j'ai été plus qu'emballé. C'est un vrai drame social qui dépasse son sujet, une oeuvre bouleversante (je connais des amis qui ont connu l'équivalent de ce que traversent les personnages, c'est sans aucun doute la raison pour laquelle j'en suis encore tourneboulé), à la mise en scène d'un classicisme impeccable, écrit avec beaucoup de tact. Un récit plus fin, plus complexe qu'il n'y paraît.
Le tout superbement interprété...
De plus, il fait partie de ces oeuvres qui arrivent, modestement, à faire corps avec leur temps, tout en y trouvant un écho particulier. Après une solide expérience télévisuelle, John Wells signe son premier film de cinéma et préfère la sobriété au clinquant, la discrétion au tape-à-l'oeil, la sérénité à l'appétit visuel... Sa mise en scène adopte un très beau classicisme (jeu sur les lignes dans le cadre par rapport aux décors impeccable), tout en apportant un tempo calculé d'une grande souplesse (trois récits dans le récit sans être un film choral et sans jamais perdre son spectateur). Wells évite également d’appuyer un discours moralisateur, en donnant à ses personnages le droit d'exister, de ne pas en faire des figures symboliques. Toutes les classes sociales peuvent s'y identifier, et tous les âges.
The Company Men est finalement un film sur la survie, dans un monde pourtant qui a déroulé des tapis rouges à nos protagonistes, non dénué d'humour, mais qui au final émeut profondément par la simplicité de ses faits et évènements, de ses rencontres avec des personnages passionnants (celui de Kevin Costner, dans un très bon rôle).
Bref, un grand film, beau et touchant.
Pour ma part, j'ai été plus qu'emballé. C'est un vrai drame social qui dépasse son sujet, une oeuvre bouleversante (je connais des amis qui ont connu l'équivalent de ce que traversent les personnages, c'est sans aucun doute la raison pour laquelle j'en suis encore tourneboulé), à la mise en scène d'un classicisme impeccable, écrit avec beaucoup de tact. Un récit plus fin, plus complexe qu'il n'y paraît.
Le tout superbement interprété...
De plus, il fait partie de ces oeuvres qui arrivent, modestement, à faire corps avec leur temps, tout en y trouvant un écho particulier. Après une solide expérience télévisuelle, John Wells signe son premier film de cinéma et préfère la sobriété au clinquant, la discrétion au tape-à-l'oeil, la sérénité à l'appétit visuel... Sa mise en scène adopte un très beau classicisme (jeu sur les lignes dans le cadre par rapport aux décors impeccable), tout en apportant un tempo calculé d'une grande souplesse (trois récits dans le récit sans être un film choral et sans jamais perdre son spectateur). Wells évite également d’appuyer un discours moralisateur, en donnant à ses personnages le droit d'exister, de ne pas en faire des figures symboliques. Toutes les classes sociales peuvent s'y identifier, et tous les âges.
The Company Men est finalement un film sur la survie, dans un monde pourtant qui a déroulé des tapis rouges à nos protagonistes, non dénué d'humour, mais qui au final émeut profondément par la simplicité de ses faits et évènements, de ses rencontres avec des personnages passionnants (celui de Kevin Costner, dans un très bon rôle).
Bref, un grand film, beau et touchant.
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Hélas, il ne sort que le 4 mai en BelgiqueWatkinssien a écrit : Bref, un grand film, beau et touchant.
Edit: mais ---> mai !
Dernière modification par wontolla le 2 avr. 11, 07:48, modifié 1 fois.
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Où habites-tu, mon cher wontolla ?wontolla a écrit :Hélas, il ne sort que le 4 mais en BelgiqueWatkinssien a écrit : Bref, un grand film, beau et touchant.
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Je voulais écrire 4 mai (et pas "mais" !!!)Watkinssien a écrit : Où habites-tu, mon cher wontolla ?
Bruxelles, quartier européen.
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Je viens de voir le film. Je rejoins ce qui a été écrit ci-avant et je commenterai dans ma rubrique. Je mange avant d'aller à l'avant-première de The tree of life de Terence Mallick...
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Doublement chouette !wontolla a écrit :Je viens de voir le film. Je rejoins ce qui a été écrit ci-avant et je commenterai dans ma rubrique. Je mange avant d'aller à l'avant-première de The tree of life de Terence Mallick...
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Re: The company men (John Wells - 2010)
Je crois que je n'avais pas commenté ce film.
Il faut dire qu'il n'y a pas grand chose à en dire. Le réalisateur vient de la télévision et il croit que ce qui marche pour l'un marche pour l'autre.
Cette chronique aurait pu fonctionner sur la longueur d'une ou plusieurs saisons de séries télé.
Là, les personnages sont à peine esquissés, pas assez pour qu'on s'intéresse vraiment à leur sort. Certains sont complètement sacrifiés et terriblement clichés (pauvre Maria Bello qui mérite beaucoup mieux).
Ben Affleck est juste moins mauvais que d'habitude et là aussi, ça n'est pas suffisant.
A vrai dire, ce n'est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais, justement totalement anodin (et déjà quasiment oublié).
Il faut dire qu'il n'y a pas grand chose à en dire. Le réalisateur vient de la télévision et il croit que ce qui marche pour l'un marche pour l'autre.
Cette chronique aurait pu fonctionner sur la longueur d'une ou plusieurs saisons de séries télé.
Là, les personnages sont à peine esquissés, pas assez pour qu'on s'intéresse vraiment à leur sort. Certains sont complètement sacrifiés et terriblement clichés (pauvre Maria Bello qui mérite beaucoup mieux).
Ben Affleck est juste moins mauvais que d'habitude et là aussi, ça n'est pas suffisant.
A vrai dire, ce n'est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais, justement totalement anodin (et déjà quasiment oublié).
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Re: The Company Men (John Wells - 2010)
Je partage les réserves d'AtCloseRange...le scénario évite certains pièges et la caricature, offre une vision assez nuancée de ces parcours individuels, entre incertitudes et remises en causes, presque en suspension. Mais cette approche ne séduit que sur le court terme, manquant d'incarnation et de conviction.
Les acteurs font ce qu'ils peuvent mais restent des silhouettes, des esquisses trop effacées pour convaincre. The Company Men ne reste qu'une description habile d'un monde à la rupture, qui doit s'ouvrir à autre chose sous peine de disparaitre : vision louable mais ici inoffensive.
Les acteurs font ce qu'ils peuvent mais restent des silhouettes, des esquisses trop effacées pour convaincre. The Company Men ne reste qu'une description habile d'un monde à la rupture, qui doit s'ouvrir à autre chose sous peine de disparaitre : vision louable mais ici inoffensive.