Les cinitinéraires de Wontolla

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Joe Wilson
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Joe Wilson »

cinephage a écrit :Je partage ta position : le film est très beau, mais assez désincarné et il tourne vite à vide. Je n'ai perçu ni profondeur réelle, ni émotion.
Les amants réguliers évoquent beaucoup d'obsessions du cinéma de Garrel, on retrouve beaucoup d'aspects caractéristiques de sa mise en scène (y compris donc les dialogues semblant trop lointains). Et de ce point de vue, il contourne en permanence mai 68, rentrant dans le vif de l'évènement pour mieux le refouler par la suite, montrant une fuite en avant dans un espace clos.
En tout cas, j'ai ressenti une forte émotion à sa vision, ayant rarement perçu à ce point l'image d'un vide affectif, la vision d'une jeunesse comme sur un pont suspendu, Enfin, la séquence sur This time tomorrow, des Kinks, est une des plus belles rencontres entre musique et cinéma.

Sur ton dernier message, la découverte de Singin' in the rain est forcément un grand moment. :D
Et merci pour ce topic, cohérent dans sa structure...et c'est toujours pertinent de découvrir quelle démarche conduit à choisir un film plutôt qu'un autre.
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wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

On prend des résolutions de Nouvel-An: ne plus fumer (je ne fume pas), faire du sport (j'en fait déjà), ne plus b****r (euh, non cela n'est pas une résolution... et en plus, je n'ai pas le droit... en principe !) ou ne plus acheter de films... mais quand des classikiens viennent alimenter le "topic des bons plans" avec des offres dédiés Belgique... que voulez-vous faire?

Alors, je recopie ici, ad minima, la liste avec le classement Pixmania par éditeur de ce qui signe la fin de ma résolution :oops:

- BUENA VISTA HOME ENTERTAINMENT: Le silence des innocents : L'affaire Mc Martin / L'avocat du mal
- FOX PATHE EUROPA: Butch Cassidy et le Kid [Blu-Ray], New York, New York + The Commitments, Coffret Doris Day 5DVD, West Side Story + Dans la chaleur de la nuit + La garçonnière + Tom Jones entre l'alcove et la potence + Les plus belles années de notre vie, Les Bravados, La cible humaine
- MGM HOME ENTERTAINMENT: L'Homme au masque de fer + Le Bounty
- MK2: Terre promise
- PARAMOUNT: 100 dollars pour un shérif, Le dernier train de Gun Hill, L'or des pistoleros, Le plus sauvage d'entre tous,Will Penny le solitaire, World Trade Center + Un crime dans la tête, The Barber [Blu-Ray], La chanson du passé, Détour, One Eyed Jacks, Sacha Guitry - La pèlerine écossaise + Quadrille + Le nouveau testament, Coffret Michel Deville n°2
- SEVEN 7: Last Hurrah for Chivalry (La dernière chevalerie), Coffret Edward Norton
- SONY PICTURES HOME ENTERTAINMENT: Coffret Manoel de Oliveira : Non ou la vaine gloire de commander + Val Abraham + Je rentre à la maison
- TF1 VIDEO: Coffret Gabin/Audiard
- UNIVERSAL STUDIO CANAL: Les Tricheurs, Un nommé la Rocca, Soleil rouge, Touchez pas au gris, Le soleil des voyous, Quai des brumes, L'air de Paris, Pépé le Moko, Stavisky, Diaboliquement vôtre, La bête humaine, Plein soleil, Martin Roumagnac
- WARNER HOME VIDEO: Le retour de l'inspecteur Harry [Blu-Ray], L'inspecteur Harry [Blu-Ray]
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Après le frère et la soeur (The Dreamers, Bernardo Bertolucci, 2003) la mère (Ma Mère, Christophe Honoré, 2004), puis le père et fils (Philippe dirigeant Louis Garrel, dans Les Amants réguliers (2004) je poursuis les investigations familiales avec les frères et une soeur absente...

Euh, pas trop vite, car ce qui m'a conduit au film de ce soir: Dans Paris (Christophe Honoré, 2006) ne partait pas sur ce lien là.

En fait, déjeunant chez des paroissiens dimanche, ils me prêtèrent quelques films que je ne possédais pas, parmi le peu qu'ils avaient... Un peu de tout, mais, entre autres, Les poupées russes de Cédric Klapisch (2005) que je souhaitais revoir (quelques temps auparavant, la télévision avait diffusé du même (2002) L'auberge espagnole , que j'ai ensuite acheté lundi). Bien que la filmo de Romain Duris soit inégale, c'est un acteur pour lequel j'ai beaucoup de sympathie, notamment grâce aux deux films précités.

Donc le lien qui a fait tilt en mémoire pour ce soir était Honoré/Duris et dès lors... Dans Paris.

Et de fait, le film explore la relation entre deux frères, pendant une journée. Paul (R. Duris) vit très mal sa séparation d'avec Anna (Joana Preiss, qui joue aussi dans Ma Mère mais c'était là le corps qui était particulièrement mis en valeur). Paul débarque chez son père (excellent Guy Marchand) chez qui vit son frère Jonathan (Louis Garrel). Là nous vivrons quelques heures de la dépression de Paul, tandis que son frère tentera de l'en sortir tout en rencontrant, physiquement aussi, trois femmes durant la journée. Là, en cette maison (pas loin de la tour Eiffel, ce qui permettait dès l'entame de situer le film "dans Paris") une absente revient, la mère jouée par Marie-France Pisier (Honoré fait donc appel aux anciens de la... Nouvelle Vague!) et une autre absente, Claire, la soeur décédée (suicide ?) revit ou est présente via l'évocation par Paul.

A noter , d'une part, l'interpellation du spectateur, l'apostrophe par Louis Garrel (un peu comme dans Tristram Shandy: A Cock and Bull Story de Michael Winterbottom (2005) [Il paraît que cela n'a pas plu à tout le monde mais, j'aime assez de telles interactions...]; d'autre part, un dialogue sous forme de chansons, préfiguration du film suivant de Christophe Honoré, Les Chansons d'amour (2007) que j'avais vu l'an dernier.

Un moment de cinéma sympathique: les lieux, les évocations, l'histoire, les acteurs avec, je le redis, une mention toute spéciale pour Guy Marchand.

Prochaines étapes dans l'exploration de la cellule familiale... ce sera très probablement J'ai tué ma mère de Xavier Dolan, probablement demain.
Ensuite samedi, sortie en ville avec des amis pour Tout va bien, the kids are all right (Lisa Cholodenko, 2010) et dimanche soir, projection chez moi pour quelques amis de Le bannissement (Izgnanie, Andreï Zviaguintsev, 2008)... :wink:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Flol »

Quand j'ai découvert Dans Paris en salle à sa sortie, il m'était arrivé quelque chose de rarissime (je crois même que ce fut la seule et unique fois où j'ai vécu ça) : après 30mn de film, je n'avais qu'une envie...me barrer du ciné, tellement je trouvais l'ensemble extrêmement poseur et sonnant faux (en gros, Honoré se prenait pour Truffaut et Garrel pour Jean-Pierre Léaud). Bref : insupportable.
Puis petit à petit, j'ai commencé à m'intéresser aux personnages (excellent Guy Marchand, d'ailleurs), à l'histoire, je me suis habitué au phrasé particulier de Garrel, au jeu parfois excessif de Duris...tout ça pour, au final, ressortir de la salle en me disant que j'avais complètement adoré. :shock:
C'est assez inexplicable, ce qui s'est passé durant cette séance, en fait...je n'ai pas revu le film depuis, mais je serais curieux de savoir ce que j'en penserais aujourd'hui.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Je m'ennuyais aussi au début et ensuite, le charme a opéré.
Ce matin, je viens de voir les bonus. Ils m'ont inspiré le billet d'humeur qui suit, même si, à la fin, on verra que... mais je laisse lire :wink:

De la pudeur au cinéma...

Les quelques derniers films que je viens de visionner The Dreamers, Ma mère, Dans Paris et un des bonus de ce dernier film m’interrogent sur la pudeur des acteurs et actrices au cinéma et notamment celle de Louis Garrel.

Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel, Isabelle Hupert, Joana Preiss,... se montrent plus ou moins nus, et parfois plus que moins dans ces films. Et pourtant, je découvre via un bonus un Louis Garrel très pudique.

Je m’explique. Nous associons souvent la pudeur au corps. Je constate dans la petite salle familiale de fitness que je fréquente que la pudeur varie d’une personne à l’autre. Les vestiaires hommes sont petits (curieusement, les vestiaires femmes nous sont interdits :-) ), deux douches, 10 m2 maximum. Mais on trouvera des mecs sans complexe (et la « beauté »   - mais qu’est-ce que la beauté ? - n’intervient pas en ce domaine) devant la nudité, d’autres se contorsionneront pour enfiler le slip sous la serviette, d’autres (souvent africains ou musulmans mais pas nécessairement) prendront une douche avec leurs sous-vêtements !
En d’autres lieu, des femmes et des hommes, par centaines, accepteront de se dévoiler entièrement pour se faire photographier par Spencer Tunik.

« Se dévoiler entièrement » ! Est-ce réellement le cas ? la pudeur se joue-t-elle là ? Je me rends compte que des questions, des doutes, des affirmations spirituelles ou affectives sont parfois bien plus difficiles à exprimer. C’est possible: j’ai souvenir d’une conversion dans les vestiaires où un policier nu se laissait aller à dire toute la difficulté de la relation avec sa compagne et ses gosses un curé tout aussi nu (moi donc). C’est souvent difficile d’exprimer de tels sentiments, de se mettre ainsi à nu, une tout autre nudité.

Ceci me vient donc à l’esprit après avoir vu un bonus du DVD Dans Paris, intitulé Rendez-vous with Louis, avenue de Tourville, d’une durée de 6’12". Ce bonus m’a conforté dans l’idée que Louis Garrel était très pudique.

Le « beau-frère » de Nicolas Sarkozy [puisque Louis (1983) est le compagnon de Valeria Bruni (1964), la sœur de Carla Bruni] serait donc « pudique » alors qu’il passe son temps à se promener à poil sans problème apparent ?

Je m’explique. Dans ce bonus, pas un mot de Louis pour le spectateur. On le découvre dans une mise en scène avenue de Tourville, filmé par Christophe Honoré (?) en 2007 (?). Louis arrive en scooter, il lit une lettre d’une fan de 32 ans qui vu son âge ne veut pas de photo de lui, puis plonge dans un sac empli de lettres, dont une qu’il lit, de quelqu’un qui aimerait tourner et faire des trucs avec lui... et signe Alain! Ensuite, Louis rencontre quatre américains, deux filles, deux garçons, discute avec eux en anglais. Connaissent-ils le cinéma français? Godard ? Non! Un grand réalisateur américain ? Non. Garrel cite W. Allen. Un vague signe de connaissance! Garrel dit que c’est un grand cinéaste pour les français. Ensuite il leur demande où ils sortent et où ils sont à Paris. Dans tel hôtel, dans une seule chambre. Louis leur pose des questions sur la « liberté sexuelle », le « sexe libre ». Ils répondent évasivement puis sans vont. Et notre bon Louis: « C’est peut-être des couples asymétriques... non... symétriques ?. Ensuite, les seuls mots qu’il « nous » dira: « salut » en enfourchant son scooter.

Nous ne saurons rien de lui. Peut-être accorde-t-il ailleurs et facilement des interviews...

Mise à jour:
Entretemps, j’en ai trouvée une de 12 minutes sur le film (fichier RM) Les amants réguliers qui vient contester ce que je viens d’écrire (à la fin il parle même de la pudeur)mais sur le coup, là, je garde quand même ce petit billet d’humeur qui à défaut de s'appliquer à Louis Garrel doit bien être d'application pour certains acteurs ou actrices :mrgreen:

PS: A propos de pudeur, une citation d’un mystique chrétien dont j’ai oublié le nom (et peu importe que l’on soit ‘croyant’ ou pas, cela me semble faire sens dans ce billet):

Comment l’homme doit-il se présenter devant son Dieu? Nu ou habillé ?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Et le mystique de répondre: « ni l’un, ni l’autre, mais dévêtu ! »
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Un lapsus me donne une voie à suivre pour un prochain film.

Cette après-midi je discute dans la salle de fitness avec une amie à propos du film Ma mère et lui demande si elle connaît Georges Bataille et souhaite lire le livre avec moi. Elle ne connaît pas et j'en viens à parler d'un autre film de ces derniers jours: "Les amants meurtriers" alors que je voulais dire Les amants réguliers.

Comme le premier n'existe pas, il me reste à choisir ce qui s'en rapproche le plus parmi mes DVD, soit: Les amants du Pont Neuf de Leos Carax, Les amants du Capricorne de Hitchcock, Les amants crucifiés, de Kenji Mizoguchi, Les amants criminels de François Ozon, Les amants de Salzbourg de Douglas Sirk, Les amants diaboliques de Luchino Visconti.

Il me semble que ce seront Les amants criminels de François Ozon qui se rapprocheront le plus de mon lapsus. :fiou: :wink:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jordan White »

wontolla a écrit :Je n'ai jamais compris l'univers et les pratiques SM.
Bonjour wontolla,

A mon sens la différenciation entre BDSM et SM est importante voire majeure surtout si on se réfère à l'histoire avec un grand H, en particulier par rapport à l'histoire du fascisme. L'un et l'autre univers sont parfois raccords dans certaines pratiques, mais le sadisme lui s'accompagne souvent de la nécessité d'infliger une souffrance à autrui pour en jouir soi-même alors que le BDSM est très différent dans sa finalité et ses moyens. Sade sans le savoir lui a donné son nom (et je pense qu'il s'agit d'un des plus grands écrivains du XVIIIème siècle, sa plume est tout simplement hallucinante de beauté -cruelle- même s'il démordra avoir écrit les oeuvres qui lui sont les plus connues), et ensuite des medecins, en particulier Krafft-Ebing l'ont défini.

Je fais une différenciation entre le BDSM, le SM et le sadisme, surtout le sadisme d'aillleurs, dans le sens où le premier est pratiqué avec consentement et recherche d'une forme de plaisir sexuel, le deuxième reposant sur des jeux sexuels de domination, tandis que le sadisme repose sur l'humiliation et la satisfaction dans le plaisir par la douleur infligée à autrui sans qu'il n'y ait forcément de consentement au contraire des deux premiers. Un(e) domina te fera prendre ton pied si tu acceptes de te faire flageller, dominer justement avec des degrés plus ou moins élevés de souffrance et de plaisirs mêlés, l'invitation de l'humour, mais à aucun moment tu ne mettras ta vie en jeu. Le fascisme lui ne demandait pas le consentement, il imposait la violence, c'est ce que montre Pasolini dans Salo. Personne ne jouit dans ce film du côté des personnes séquestrées, sauf les tortionnaires qui eux . Ils se livrent à du SM dans le seul objectif de nourrir et satisfaire leurs pulsions sexuelles et meurtrières. A ce sujet, le documentaire Fetishes (softcore dans sa thématique et son visuel) qui fête cette année ses quinze ans, disponible en DVD (sans sous-titres) de Nick Broomfield est une très bonne introduction.

Je n'ai jamais rien lu de plus hard, halluciné, monstrueusement imaginatif que Les 120 journées de Sodome. Je trouve que c'est un livre monstrueusement sublime.

Bref sujet passionnant, je développerai plus tard sans doute sur le fétichisme qui est encore autre chose (avec des points communs).
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Jordan White a écrit : Bref sujet passionnant, je développerai plus tard sans doute sur le fétichisme qui est encore autre chose (avec des points communs).
Merci Jordan White pour ton intervention et tes précisions.
Le fil est bien entendu ouvert...
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Hier la soirée fut consacrée à J’ai tué ma mère de Xavier Dolan.

Il y a bien sûr les idées crochets exprimées ci-avant qui ont joué, mais comment ce film est-il arrivé dans ma dvdthèque?
L’an dernier, je découvre qu’un de mes « amis Facebook », dont j’avais célébré les funérailles de sa mère quelques semaines plus tôt indique sur sa page qu’il avait apprécié J’ai tué ma mère de Xavier Dolan.

Xavier Dolan, What is dat ? (Néerlandais = qu’est-ce ?). Illustre inconnu. Google étant mon ami, j’en découvre un peu plus sur ce très jeune réalisateur canadien dont c’est le premier film. Je me rends compte par la même occasion qu’en Belgique francophone nous avons peu d’informations sur le cinéma francophone canadien, leurs acteurs, etc.

DVD acheté en début 2010 et classé, pour plus tard.
Ayant regardé Ma mère d’Honoré et commandé le roman de bataille dont il s’inspira... tout naturellement - on commence à voir comment je fonctionne ! - je classe le film de Dolan dans mes sélections (Au fil des jours, je place sur la petite tranche les dvd que je pense regarder au cours du mois, pour les repérer plus facilement). Et donc, hier soir j’ai choisi: J’ai tué ma mère.

J’ai été tour à tour curieux, étonné, furieux, mécontent, joyeux, triste, bluffé, interpellé par ce film. A noter le savoureux accent du Québec (avec sous-titrage désactivable sur certains passages) et les expressions typiques: « J’ai mis une brassée dans la laveuse ! ».
Convenons tout de go que s’agissant d’un premier film il y a des erreurs de jeunesse (et vu l’âge de Dolan, c’est même au sens littéral). Ainsi de certains effets, d’emprunts ou de citations d’autres films/réalisateurs. J’avais l’impression qu’à certains moments l’utilisation de la musique me semblait copier celle de In the mood for love tout en songeant que n’est pas Wong Kar-wai qui veut.

Je trouvais le conflit mère/fils, fils/mère très exagéré (j’y reviendrai plus bas) mais j’étais interpellé par ces expressions d’amour/haine entre un fils de 16/17 ans et sa mère qui l’élève seule. Celui-ci outre la gestion de son identité sexuelle et sa quête affective est en recherche d’autonomie. Entre sa mère (extraordinaire Anne Dorval), son chum, sa professeure, le pensionnat, son père (quasi absent), l’aventure/amitié avec Eric - au collège, les conséquences de l’homophobie, ce n’est pas simple pour Hubert.

J’ai supposé qu’il devait y avoir une part autobiographique dans le film et je me disais:
- « Xavier, es-tu occupé à rendre compte de ton passé ou à régler tes comptes avec lui » ?
- «  Xavier, tu es auteur, réalisateur, producteur, acteur..., c’est beaucoup, il te faudra probablement apprendre la démaîtrise... mais en même temps, c’est ton premier film et tu n’as pas fait d’école de cinéma. Bravo donc. »

Donc surprise, irritation durant le film, mais, à la fin, globalement séduit, malgré mes réserves.

Je reviens sur l’exagération du conflit mère/fils. En lançant ce fil, après avoir vu Tarnation, il est probable que moi aussi, sur le versant descendant de ma vie, je suis occupé à ma petite démarche cathartique ! J’ai déjà parlé de ma mère (décédée en 2001, après la mort de mon frère puîné). Aucune commune mesure entre celle-ci et celles des films d’Honoré et de Dolan. N’empêche, me reviennent des conflits à la mémoire. Quand j’avais 17/18 ans, lors d’une querelle, celle qui m’avait dit un jour que je n’étais pas désiré (Votre père ne s’est pas retiré à temps) m'interpelle: « Mais que voulez-vous? Nous faisons tout pour vous! Nous vous avons offert le Larousse en dix volumes, vous laissons faire des études,...». Moi de répondre: « Ce que je veux ? Un peu de tendresse et d’amour !» Elle: « Tendresse! Amour! Encore des idées que vous avez apprises à l’école! Et que vous allez donner à votre frère et votre soeur! Cela vaut bien la peine de vous envoyer à l’école pour apprendre cela !»
Songeant à l’échange entre Hubert et sa mère
Lui: Que feras-tu si je meurs aujourd’hui?;
elle: Je mourrai demain!.

Ma mère et moi, à dix-huit ans:
Elle: Vous allez me faire mourir
moi: Eh bien j’irai à ton enterrement.
Trente ans plus tard, c’est moi qui présidait la messe de ses funérailles!

On comprendra donc, finalement, que je n’ai plus trouvé que Dolan exagérait dans la façon de rendre compte du conflit mère/fils, mais aussi que je suis probablement trop impliqué pour avoir un jugement objectif sur ce film, sur la gestion de la haine/amour et, j’y reviens, pourquoi j’ai été bouleversé par Tarnation.

Cette après-midi, UGC De Brouckère pour Tout va bien, the kids are all right...
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

TOUT VA BIEN (THE KIDS ARE ALRIGHT) de Lisa Cholodenko

Je sors pas mécontent du tout de cette séance en ville. Oh ce n'est pas un grand film mais je n'ai pas perdu mon temps, je me suis amusé, j'ai ri et j'ai été ému. Que demander de plus un samedi après-midi?

Il n'était pas prévu que j'aille voir ce film mais un ami qui travaille au Congo était de retour au pays durant les vacances de Noël et il souhaitait voir Julianne Moore dans ce film. Comme la critique de Hugues Dayez de ce mercredi matin sur La Première radio était globalement positive, je me suis laissé entraîné d'autant qu'Annette Bening, l'épouse de Warren Beatty y a un premier rôle.

L'histoire: deux lesbiennes, Nic [Annette Bening] et Jules (sic) [Julianne Moore], ont conçu par insémination artificielle, Laser [Josh Hutcherson], un garçon (15 ans) et Joni [Mia Wasikowska], une fille (bientôt 18 ans). Le cadet demande à sa soeur de faire une recherche pour connaître le nom de leur géniteur. Celui-ci, Paul [Mark Ruffalo] est découvert. Il fait bonne impression et va faire irruption dans ces vies réglées comme du papier à musique...

Bien entendu, on gère la situation. Pas de vagues, nous sommes dans la middle class américaine (ce ne seront donc pas deux lesbiennes qui doivent tirer le diable par la queue ! dans un bidonville d'Afrique du Sud et les enfants exploités dans une mine !). Seule "altération" dans cette "famille" bien sous tous rapports: il s'agit de deux femmes qui s'aiment (avec le temps qui est passé, l'amour qui s'est transformé en affection et habitudes; ben, tout normal, comme dans un couple straight quoi) et peut-être Lisa Cholodenko a-t-elle puisé dans son expérience de réalisatrice de L World (que je n'ai pas vu, même en extraits). En réalité, pas le temps en 1h45 de traiter de toutes les subtilités de la vie de deux partenaires femmes, comme pouvait le faire, par exemple, la série Queer as folk US avec le couple de Melanie et Lindsay sur cinq saisons (sans compter que là, on avait le père, gay, à portée de mains et qu'il ne fallait pas partir à sa recherche!).

Donc il s'agit plus d'une histoire de la crise de couple dans la quarantaine alors qu'un grain de sable vient se glisser dans les engrenages qui semblaient bien huilés (le fait que le couple soit lesbien étant ici second, voire secondaire).

On riait (je riais) dans la salle. Souvent, en tout cas dans les trois premiers cinquièmes du film. Ensuite, on ne rit plus. La tragédie vire au drame. Je riais de bon coeur car l'humour était souvent bien amené, anticipé et il n'y avait pas grand mal à se laisser aller. Ensuite il y a la crise, les rebondissements et je me suis demandé comment la réalisatrice allait s'en sortir. Bon, tout est bien, la morale est sauve et un départ (voire deux ?) permettra des retrouvailles.

Disons que aura pu glisser dans le package, semblant de rien, la thématique de l'homoparentalité mais sans poser de questions, sans interroger. Tout est propre et net, et probablement que les voisins et voisines de la middle class accepteront de recevoir ce couple (peut-être avec un froncement de sourcils et des commentaires ensuite) et feront de grand sourires dans la rue. Attention, on n'est pas dans Desperate Housewives! Et je retiens surtout le jeu extraordinaire d'Annette Bening et de Julianne Moore. Elles assument leur âge et le personnage qui va avec.

Alors, par un grand film, mais un bon moment de divertissement. j'ai aimé donc.
Comparaison avec du chocolat belge. Ce ne sont pas des pralines (chocolats) de Pierre Marcolini, mais pas non plus de Léonidas, disons,... Corné de la Toison d'Or :fiou:
Dernière modification par wontolla le 9 janv. 11, 07:24, modifié 1 fois.
Jordan White
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jordan White »

wontolla a écrit :Le fil est bien entendu ouvert...

Merci wontolla.
Je n'ai aucunement la prétention à l'exhaustivité sur les sujets précédemment abordés, notamment le SM et le BDSM. Mais cet après-midi je me suis acheté Shortbus en DVD que je n'avais pas encore sur ce support (à défaut d'un hypothétique Blu-ray). Le film m'avait fait très forte impression en salle, un de mes préférés de 2006. J'en étais ressorti sur un petit nuage. J'avais adoré la tonalité positive et euphorique du film et ce en dépit du canevas de départ racontant en gros la recherche infructueuse de l'orgasme d'une femme qui est elle-même sexologue (de mémoire). Une quête échevelée qui trouve son apogée dans la scène finale. Je crois me souvenir qu'il y a des séquences SM soft très culotées et surtout très érotiques. La part d'érotisme me semble importante pour pouvoir générer de l'excitation. Dans le documentaire de Broomfield pour en revenir à lui, j'ai adoré la façon dont était présentée la "maitresse" des lieux, une grande femme brune d'une quarantaine d'années, qui paradoxalement ne pratique aucune domination durant le film car elle a arrêté d'exercer cette profession elle-même. On sait juste qu'elle a ouvert les lieux à New-York, que sa boîte BDSM est très fréquentée, Broomfield l'interroge mais elle dit qu'elle laisse la primauté de l'action aux autres employées de l'établissement. J'avais aimé la façon dont elle en parlait avec une petite touche de nostalgie par rapport à son passé.

Concernant Shortbus il me semble que le film raconte que le plaisir réciproque peut s'exprimer de mille et une manière et que surtout, basiquement, le sexe n'est pas sale surtout quand il est bien fait et ce quel(le) que soit le(a) partenaire, le désir exprimé et les moyens pour le satisfaire. John Cameron Mitchell fait preuve pour moi non pas uniquement de compassion mais de compréhension par rapport à son personnage principal et à la façon dont cette femme, ivre d'amour, trouve dans les bras d'autres femmes une façon de stimuler sa vie et de jeter quelques uns de ses a priori ou préjugés à la poubelle, façon de parler. Je me rappelle qu'elle trouve du réconfort avec Severin qui elle-même est une dominatrice (avec quelques plans sur ses pratiques). Il y a dans ce film un fétichisme du cuir, un fétichisme du masochisme, beaucoup d'humour, un regard bienveillant et surtout aucun jugement. Ca m'amène naturellement au sujet du fétichisme. Au hasard de pérégrinations musicales et vidéos sur Youtube, en regardant une vidéo d' Alejandro de Lady Gaga (imagerie SM, cuir, et un zeste de seconde guerre mondiale), j'arrive sur un lien de fétichismes dits particuliers : fétichisme de l'éternuement, fétichisme du baillon, etc... Ces fétichismes là étaient pour certains très particuliers, quasiment atypiques. A l'inverse d'autres qui sont plus répandus : fétichisme du talon aiguille, du cuir, des oreilles, des pieds, j'en passe...

Certains cinéastes sont scoptophiles : la plupart de ceux-là sont des cinéastes souvent très visuels. Pour continuer sur le sadomasochisme et la domination, les dominé(e)s ne pratiquent pas l'acte sexuel classique. Le fait d'être dominé(e) est une forme de jouissance en elle-même qui n'a pas "besoin" d'autre chose, et les garçons et les filles qui la pratiquent disent ne pas ressentir de manque : l'orgasme est généré par le fait même d'être dominé(e) et flagellé(e) par exemple. Or, le fétichisme sur ce plan est différent, un fétichiste du cuir pouvant (voulant) se réaliser dans l'acte sexuel à la condition sine qua non que le cuir soit présent durant l'acte lui-même. L'objet du fantasme est la finalité elle-même : le cuir, l'odeur du cuir, sa matière. La forme du talon aiguille, le bruit qu'il fait lorsqu'il claque le sol, sa couleur, pareillement. Le fétichisme est pour moi une forme de romantisme. Un amour porté sur l'objet fantasmatique et une volonté d'en jouir, en faisant également jouir sa (son) partenaire. Les images fantasmatiques de cuir, de latex, rappelant des souvenirs émus provoquent un désir et un fantasme. Le fétichisme c'est de l'accomplir et parfois aussi de ne pas l'accomplir et de repousser le moment "ultime". Je trouve personnellement qu'une catsuit en PVC est un extraordinaire stimulateur visuel en plus d'être un vêtement d'une grande élégance. C'est une tenue que certaines personnes ne supportent pas physiquement : le latex est un allergène parfois très puissant et donc désagréable. J'ai eu l'occasion de voir une tenue en rubber en suspension dans un magasin spécialisé, avec la cagoule idoine et la boule de geisha. Pour en savoir plus, le site de référence, pas un site pornographique :
http://www.latexgirlshd.com/

Parmi la multitudes de livres, d'essais, de films qui ont été écrits ou tournés sur ces questions, j'en reviens au film matrice : Le Voyeur de Michael Powell. Tout y est dit.
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Nomorereasons
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Nomorereasons »

Jordan se serait-il découvert une vocation de prêtre grâce à wontolla?
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

yaplusdsaisons a écrit :Jordan se serait-il découvert une vocation de prêtre grâce à wontolla?
Et on sera aumôniers des boites de nuits cuir et SM de Paris :mrgreen: :uhuh: :fiou: ?
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par AlexRow »

wontolla a écrit :
yaplusdsaisons a écrit :Jordan se serait-il découvert une vocation de prêtre grâce à wontolla?
Et on sera aumôniers des boites de nuits cuir et SM de Paris :mrgreen: :uhuh: :fiou: ?
Bientôt chez Ardisson, donc...
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Nomorereasons »

Et moi qui en étais resté à

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c'est moche de plus être dans le vent tiens :(
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