Les cinitinéraires de Wontolla

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

- Tant qu'on a la santé (1966) et Le soupirant (1962) de Pierre Etaix
Je n’avais jamais vu aucun film de Pierre Etaix. Acheté le coffret au vu l’enthousiasme de plusieurs classikiens.
Aucun regret, bien au contraire.
Le premier film (en quatre parties) et le deuxième (un soupirant qui ne voit pas qu’il a sous les yeux celle qu’il cherche éperdument) ne sont pas longs. En les regardant, j’ai songé aux univers et aux jeux de Tati, Keaton, Chaplin, Lloyd...
J’attends donc encore d’autres agréables moments de cinéma avec le reste du coffret (très beau au demeurant et avec quelques perles dans le livret d’accompagnement, notamment la lettre de rupture).

- Chloé d'Atom Egoyan.
Vu en Blu-Ray avec quelques amis.
Alors qu’une des clés est donnée dès le début du film (l’importance de la parole), je ne l’ai pas décodée et me suis laisser emporter dans le tourbillon de cette (ces) aventure(s) en « trompe l’oeil » (si je puis me permettre l’expression). Autant de fausses pistes qui révéleront, in fine, le vrai visgae d’une protagoniste qui n’a pas été loin de me faire songer à Evelyn (Jessica Wlater) dans Play Misty for me de Clint Eastwood (1971). Le film, par certains cotés me rappelait aussi Girlfriend Experience de Steven Soderbergh (2009) qui ne m’avait pas vraiment passionné.
Chloé, sera donc pour moi un film à revoir... en en connaissant maintenant les clés!

- Affaire de famille (Claude Drexel, 2008)
Probablement plus un téléfilm qu’un film. Vu chez un ami durant une pause lors d’une maintenance informatique. je retiens surtout les multiples rebondissements de l’intrigue vue successivement du point de vue de chacun des personnages. Une façon de procéder déjà vue mais l’intrigue m’a cependant captivé car elle est arrivée à me surprendre. De là à acquérir le DVD (s’il existe) est un pas que je ne franchirai pas !

- Forbidden Planet (Fred M. Wilcox, 1956)
J’avais vu, il y a bien longtemps (et à plusieurs reprises) ce classique de la science-fiction. Ici, le plaisir a été de découvrir le film en VO et en support BR. Bien entendu, le déroulement de l’intrigue étant connu, plus aucune surprise à attendre. Mais, c’est un peu comme la madeleine de Proust: que d’agréables moments souvenirs de ce film qui ne compte qu’une seule femme pour temps d’hommes... mais quelle beauté ! A noter également Leslie Nielsen dans un rôle bien différent de ceux dans lesquels on l’a enfermé (il s’agit ici de son deuxième film au cinéma).

- What's Up, Doc? de Peter Bogdanovich (1972).
A force de rater ce film que je voyais que par bribes et morceaux sur TCM, j’ai fini par le commander chez Amazon.
Très curieusement le DVD portait des traces d’usure (griffes, etc.). Je ne me souviens plus s’il était scellé ou pas. Il est passé sans problème dans le lecteur et je n’avais pas envie d’initier la procédure de retour.
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ai l’ivresse... et je l’ai obtenue. Je me suis bidonné, plié en quatre devant cette comédie qui n’est certes pas du grand cinéma mais où les acteurs et tout particulièrement Barabra Streisand sont parvenus à me divertir dans cette histoire aux multiples quiproquos autours d’une valise (enfin, UNE, c’est bien plus).

- Je veux seulement que vous m'aimiez (Ich will doch nur, daß ihr mich liebt, R. W. Fassbinder, 1976)
Un tout autre genre avec ce téléfilm de Fassbinder qui nous est dévoilé après presque quarante ans!
Dès les premières images - pour un film où l’image de soi, l’image que l’on montre aux autres, à l’autre, le paraître sont importants - on est dans du Fassbinder et l’on sait que cela va mal se terminer.
Nous sommes totalement immergés dans une société de consommation sur fond de détresse sociale. On achète sans moyens. On s’endette alors qu’il n’y a pas d’avenir sinon sombre et mortifère. Vitus Zeplichal, dans le rôle de Peter est prodigieux.

- Sailor et Lula (Wild at Heart, David Lynch, 1990)
Un ami était de passage à la maison et m’a demandé si l’on pouvait voir un film de Lynch. Je lui ai proposé Sailor et Lula.
L’histoire est sombre, très sombre. Un road movie où deux amants ne peuvent s’aimer car la mère de Lula fera tout pour que les tourtereaux (mais ce terme convient fort peu dans l’univers du film) puissent s’aimer. Cela ira de plus en plus mal, quasiment jusqu’à la fin où... Là, il faut voir le film.
On en saura plus en lisant le fil qui lui est dédié pour y découvrir combien les avis des classikiens sont partagés.

- Les sentiers de la gloire (Paths of glory, S. Kubrick, 1957)
Un de mes amis est venu chez moi en me proposant de voir ce film sur grand écran, sa télévision ne lui rendant pas justice.
J’ai découvert ce film de Kubrick avec stupéfaction.
J’ai dû faire abstraction du fait qu’un film traitant d’une histoire française était tourné en anglais mais passé ce cap mineur, cette expérience cinématographique m’a laissé sur les fesses. Je n’ai pu m’empêcher de faire des liens avec certaines situations évoquées dans La ligne rouge de Terrence Malick.
Ce film, de Kubrick, ce n’est pas du « cinéma ». Il se réfère à des faits qui se sont déroulés « réellement ». De quoi l’homme est-il capable (et, dans la foulée, de quoi est-il coupable pour être condamné à la peine capitale après un simulacre de procès et « tiré au sort » ?).
Kubrick filme ici d’une façon qui m’a pris dans les tripes et je retiens tout particulièrement la scène de l’engagement vers La fourmilière, celle du « procès » et celle de l’exécution (de la peine) !

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wontolla
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Message par wontolla »

- Network, Sidney Lumet, 1976
Network ! C’était il y a trente-cinq ans. Lumet pressentait déjà les dérives de la télévision actuelle.
On lira avec profit le fil consacré au film avec de nouveaux des avis partagés.
Ce qui m’a le plus impressionné en ces temps de crise financière et boursière c’est al rencontre entre Peter Finch et son patron, qui l’amènera à changer quasi à 180 degrés le discours qu’il tenait (et qui était déjà fameusement déjanté), entrainant inexorablement la baisse d’audience et la mise à mort. Le discours pouvait paraître surréaliste mais à l’aune de ce que nous vivons aujourd’hui il ne me paraissait plus du tout l’être !

- La disparition d’Alice Creed, J Blakeson (2009)
Là encore une excellente découverte.
Trois acteurs (et pas n’importe lesquels : Gemma Arterton, Eddie Marsan et Martin Compston, tous trois excellents) et un huis-clos dans quasi les 4/5e du film. L’histoire pourra sembler invraisemblable, mais peu importe, j’ai marché à fond et il y a de très nombreux rebondissement. Difficile d’en dire plus sur un film aux baisers surprises et trompeurs (qui a vu le fil comprendra les double-sens des mots que j’emploie ici). Bravo à J. Blakeson pour son premier long-métrage où il est à la fois réalisateur et scénariste.
Les bonus sont intéressant, même si le making-off fait un peu doublon avec les interviews (ou vice-versa).
N’empêche, aucun regret pour un film que je reverrai volontiers avec des amis (ne serait-ce que pour découvrir leurs surprises en redécouvrant moi-même le film!).

- Melancholia, lars Von Triers, 2011

J’ai encore des vibrations douloureuses dans le bas-ventre après avoir vu son Antichrist !
Je n’étais donc pas très emballé pour voir le dernier.
Un prologue. Ensuite deux parties: Justine ou Claire.
Personnellement, la scission en deux parties ne m’a pas semblé indispensable car, tout du long du film qui aurait pu s’intituler « Justine ou les infortunes de la la mélancolie » c’est le personnage de Justine qui est au « centre ».
Je place des guillemets car le mot « centre » ne convient pas au plan symbolique... quoique...
Dans la première partie, il est question d’un mariage qui tourne en capilotade dès le jour des noces, avant même la fête où une immense voiture ne peut prendre la route et obligera les protagonistes à arriver à pied et en retard à la noce.
Noces au cours de laquelle ceux qui ont suivi la série True blood auront reconnu le vampire Eric Northman joué par Alexander Skarsgård.
Mais justement,... Justine se décentre dans ce mariage. Elle en quitte le centre de gravité... pour graviter aux orbites (bon, je dois arrêter avec les jeux de mots à quatre centimes), à la périphérie de façon obscène (sous la scène, donc !) et pour n’être jamais à la place qui lui est assignée par la société et les conventions sociales.
Le mariage n’aura duré que quelques heures, le temps d’une déconstruction méthodique, comme si à chaque moment où une rédemption est possible, Justine choisit à chaque fois l’impasse. Choisit ? Probablement pas! Sombre dans un puits sans fond, plus probablement. Mais elle aura, dans cette chute, des éclairs de lucidité, vis-à-vis de son patron notamment.

La deuxième partie est censée présenter le personnage de Claire, sa soeur qui elle était restée jusque là lucide (ou plutôt a emprunté les voies que les conventions sociales et la raison lui dictent). Mais si l’on assiste certes à la déréliction de Claire il y a aussi la rédemption de Justine alors que la fin du monde (de leur monde) approche.
Il faut noter ici qu’il est justement question de « fin du monde » mais que celle-ci n’est pas traitée de façon « crédible » (un peu, comme le fait Arnaud Larrieu, dans un tout autre genre, avec Les derniers jours du monde): à part le petit cercle de ceux qui sont au château (essentiellement humains et chevaux) il semble que le monde - hormis quelques farfelus sur le web ? - ne réagisse pas à cette catastrophe annoncée ou potentielle.
J’ai donc perçu le film essentiellement dans une dimension symbolique.

J’ai cependant été déconcerté par le prologue. Les images y sont aussi et plus encore sublimes. Mais elles m’ont dérouté car elles me donnaient à entendre qu’elles « disaient » la fin du film. Et je pensais re-voir ces « anticipations » à la fin. Il n’en est rien et on verra, en "réalité", les derniers protagonistes dans la « cabane ».
J’ai aussi été gêné dans la première par une caméra beaucoup trop mobile, nauséeuse, avec un focus volontairement décentré du sujet et parfois même un flou qui ne me paraissait pas nécessaire.
N’empêche, si je n’irai pas voir ce film six fois comme le dernier Malick, j’achèterai surement le Blu-Ray à sa sortie.

- Les biens-aimés, Christophe Honoré (2011)
Une avant-première avec un interview d’un réalisateur que l’on apprécie, cela ne se refuse pas. J’avais gagné la place dans un concours de la RTBF (une de nos radios nationale francophone).
Appréciant les films d’Honoré (sauf L’Homme au bain... que je n’ai pas vu ni acheté) je suis probablement de parti pris d’autant que j’ai apprécié ses films. Aimant Dans Paris et Les chansons d’amour et Louis Garrel, il n’en fallait pas plus.
Certes le film est long, mais comment rendre compte d’une histoire qui s’étend sur plus de quarante ans ?
J’ai beaucoup apprécié les prestations (certes de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et de Ludivine Sagnier) de Rasha Bukvic et de Milos Forman respectivement dans les rôles de Jaromil jeune et âgé.
L’histoire est plutôt mélodramatique. Bonjour tristesse donc, même si, Honoré oblige, il y a un soupçon de gayté dans une trame secondaire !

- Timecrimes, Nacho Vigalondo (2008)
Vu ce film ce matin. Un film direct to DVD acheté essentiellement sur base de l’écho qu’en donne ici Profondo Rosso.
Si vous aimez les paradoxes temporels, les histoires à la « quatrième dimension » vous accepterez d’entrer avec délices dans le tourbillon des boucles temporelles.
A noter que le réalisateur joue le rôle du scientifique dans l’histoire qui ne compte que quatre (cinq) acteurs et que Karra Elejalde y est excellent dans le rôle d’un monsieur tout ordinaire à qui il arrive des choses qui le sont beaucoup moins.
Enfin, la jaquette française est assez trompeuse et laisse induire un contenu qui n’est pas vraiment celui que l’illustration laisse entendre.
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Message par gnome »

wontolla a écrit :J’ai cependant été déconcerté par le prologue. Les images y sont aussi et plus encore sublimes. Mais elles m’ont dérouté car elles me donnaient à entendre qu’elles « disaient » la fin du film. Et je pensais re-voir ces « anticipations » à la fin. Il n’en est rien et on verra, en "réalité", les derniers protagonistes dans la « cabane ».
J’ai aussi été gêné dans la première par une caméra beaucoup trop mobile, nauséeuse, avec un focus volontairement décentré du sujet et parfois même un flou qui ne me paraissait pas nécessaire.
Je me suis fait les même remarques...
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

La piel que habito (la peau que j'habite), Pedro Almodóvar, 2011.

Tout de go, c'est bien un film d'Almodóvar: l'image de la femme, les couleurs, l'ambiguité, la beauté des images.
En rentrant, je convenais avoir vu un bon cru du réalisateur mais pas le meilleur et je lui donnai une cote de 8 (dans mon système de cotation qui ne vaut bien sûr que par comparaison aux autres cotes que je donne).

Toutefois, quelques chose m'avait empêché de surfer sur la vague, de prendre mon pied, que je n'avais pas d'émotions à fleur de peau ! Comme si une barrière m'avait tenu à distance, m'empêchant d'entrer véritablement dans le film. Déjà, dans la salle, un couple de seniors (entendons, plus âgés que moi !) disait avant que la séance ne débute: "c'est un fil d'horreur". Il m'a fallu décanter le film durant la nuit pour découvrir ce qui n'allait pas (chez moi!).


Attention, pour ceux qui n'ont pas vu le film, il y a de possible spoilers !

Le film aurait pu se cantonner dans un domaine semi-onirique, fantastique que permettait, par exemple, l'apparition de Roberto Álamo (dans le rôle de Zeca, le fils de Marilia, le demi-frère du Docteur Ledgard). Il aurait pu être un thriller/horreur dans le genre "Les yeux sans visage" (Georges Franju, 1960) que j'avais vu étant jeune. Mais ici, le film ajoute une dimension "scientifique" (il y a même le livre Le gène égoïste dans les crédits au générique) qui a fortement contribué à décrédibiliser le film.

J'explique: la dimension médicale, scientifique est "appuyée: les images du laboratoire, de la salle d'opération, la recherche de cellules animales pour la transgenèse, l'utilisation du microscope, de l'incubateur,... La découpe et l'assemblage de la peau...
Le film est situé, dans cette première partie, en 2012. Je veux bien, mais il faut être sérieux, en matière de peau, il reste toujours des cicatrices et les choses ne se passent pas comme cela, d'un coup de bistouri. Et, habituellement, le résultat, c'est plutôt, celui que l'on voit sur l'épouse défenestrée du docteur.

Ensuite, dans la deuxième partie, pratiquer une vaginoplastie en une opération "one shot", sans préparation hormonale, etc. ne tient pas la route.
Je conviens aussi que je gère mal, à titre personnel tout ce qui a trait à l'ambiguité sexuelle (transexualité, travestisme,...), comme je l'ai déjà expliqué sur ce forum. Que dès lors, le sort réservé à Vicente (Jan Cornet) m'a mis mal à l'aise.

Bien sûr, ce n'est pas le thème et l'objet du film, mais en donnant un cadre "scientifique" à la chose, le genre (!) a basculé.

Qu'est-ce que je retiens ?
Spoiler (cliquez pour afficher)
- Deux suicides plus quatre "morts/meurtres" dans le film (en fait, trois plus une; là je fais un jeu de mots volontaire pour éviter de trop spoiler) qui se termine par des "retrouvailles" avec une fin assez ouverte.
- Le syndrome de Stockholm (qui aurait gagné à être développé).
- Le changement de Vicente, qui aurait gagné à être développé. J'ai trouvé que l'ellipse en fondu-enchainé, c'était un peu court.
Ce sont des des réactions personnelles, "à fleur de peau" qui ne m'empêchent pas de recommander la vision de ce film.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Je me rends compte en lisant le fil consacré à Mamma mia! (Phyllida Lloyd, 2008) que je n'ai pas fait de recension de ce film dans ces cinitinéraires! Acte manqué peut-être ?

Quoiqu'il en soit, j'avoue que j'ai pris énormément de plaisir à voir et à écouter ce film.
J'ai mis le BR dans la platine, avec le système Dolby surround à fond la caisse.

Je me suis pris une bouffée de nostalgie, un plaisir dans la vision d'acteurs à contre-emploi et qui cabotinent dans une auto-dérision totalement assumée.
Je me suis surpris à remonter le son à plusieurs reprises au risque, après 22h00 d'avoir quelques problèmes avec les voisins.
Ce ne fut pas le cas, mais j'aurais pu leur dire, ne dites pas "Monsieur l'abbé", dites Abba, tout simplement (je me fais un private joke puisque un évangéliste met dans la bouche de Jésus le mot "Abba" pour parler de Dieu).

Ce jeu de mot et cette nostalgie assumées, il me faut noter aussi que les bonus, commentaires, interviews éclairaient très bien le (projet du) film.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Je reçois ce matin le coffret des quinze premiers épisodes de la série The Time Tunnel (Au coeur du temps, 1966-1967) que je découvrais à l'internat, lorsque j'étais adolescent en 1967. C'était le dimanche soir (la première diffusion a eu lieu - selon Wikipedia - le 29/10/1967 et j'avais alors 15 ans) et la première chose que je faisais après avoir déposé ma valise était de courir à la salle où il y avait une télévision. Nous étions quelques-uns à regarder cette série (la majorité préférant rentrer le lundi matin).

Je cite cette anecdote parce que le temps, l'écoulement du temps, a à voir, d'une certaine manière avec les trois derniers films que j'ai visionnés pourtant bien différents les uns des autres. Il s'agit de Old Joy de Kelly Reichardt (2006), de One day (Un jour, Lone Scherfig, 2011) et de La guerre est déclarée (Valérie Donzelli, 2011).

Trois films que rien ne devrait rapprocher, si ce n'est dans ma relecture via ces cinitinéraires.

Commençons par celui-ci.

Old Joy de Kelly Reichardt (2006)

C'est un de mes meilleurs amis qui souhaitait voir ce film, a l'a loué à la médiathèque et m'a proposé de le voir chez moi, ayant découvert auparavant, de la même réalisatrice Wendy et Lucy (2008). Film que je n'ai pas (encore) vu mais qui m'intéressait réunissant Michèle Williams et une chienne, Lucy. Michèle Williams que j'avais découverte en 2006 dans Brokeback Mountain d'Ang Lee et aujourd'hui, au fil des épisodes de la série Dawson's Creek [1998-2003] (je viens de terminer le 9e épisode de la sixième et dernière saison!).

Old Joy n'a rien pour lui. L'histoire tient sur deux lignes:
Deux amis, Mark et Kurt partent en week-end auprès d'une source d'eau chaude (Bagby Hot Springs), à l'initiative du second. Ils se perdent, se parlent, se taisent, se touchent, s'esquivent et reviennent, le premier chez sa compagne qui attend un bébé, le second, en rue, probablement.

Si Old Joy n'a rien pour lui, les personnages non plus. Ils ne sont ni beaux, ni charismatiques, ni transcendants. Aucun événement dans cette histoire qui n'en est pas une. Deux personnages (excepté l'épouse de Mark, au début du film et une scène avec des clients dans un resto-room au milieu du film): il ne se passe rien, sinon le temps qui passe, ou plutôt le temps qui est passé.
J'emploierai ici un terme grec, utilisé aussi en théologie, le kairos, le moment favorable, l'instant à saisir. C'est justement ici et dans chacun des trois films que je recense maintenant, qu'il est question de ce kairos, saisi ou raté !

Ces deux hommes ont une vie bien différente. Il semble bien que Mark (Daniel London) soit plus (re)posé, plus stable et pourtant, peut-être, plus adulescent que Kurt (Will Oldham, chanteur, excellent ici dans son rôle), plus mûr mais "laissé-pour-compte" dans cette société américaine (nous sommes, semble-t-il à l'époque de Bush).
Deux hommes, deux acteurs auxquels il faut en ajouter deux autres: la radio et la chienne Lucy.

La radio diffuse notamment un discours plutôt politique (libéral, au sens américain) en toile de fond (sonore). La chienne est là, tout simplement, présente, proche et dans le paysage. Et, en matière de paysage, si nous sommes dans la "nature" dans ce surprenant, étrange, lent et mélancolique road-movie, celle-ci est envahie par la "ville", notamment par la présence d'un dépôt de détritus qu'ils (les deux protagonistes) utiliseront pour se reposer. Mais il sera dit aussi que la nature est présente dans la ville, par les arbres, les parcs.

Là, dans cet endroit "poubellisé" la parole va se délier mais n'arrivera pas à défaire certains noeuds. Curieusement, Kurt parlera de ce en quoi il croit, sa théorie des origines, une adaptation de celle des cordes. Mais aussi, advient à la parole, une blessure, un manque, une nostalgie. Il s'est passé (ou pas) quelque chose dans le(ur) passé, entre eux, dans leur amitié. Quelque chose qui n'a pas été saisi ou poursuivi. On ne sait pas. Kelly Reichardt, la femme, qui filme ici la parole et les non-dits de deux hommes ne nous dira rien, ne dévoilera rien. Nous sommes dans l'ellipse et Kurt (se) voilera pour ne pas dire le manque, l'absence, la carence, le vide ? à Mark.

Plus loin, arrivé au terme (aux thermes !!!) nous avons droit à une scène surprenante: ils vont, ces hommes, se dénuder pour prendre un bain d'eau chaude, chacun séparément dans une baignoire. Mais à un moment donné, Kurt sortira de son bain, s'approchera de Mark et le touchera (réaction de crispation, d'étonnement de Mark), le massera ensuite. Relâchement de la main de Mark. Relâchement de la caméra qui quitte les protagonistes. Gros plans sur des détails de la structure du lieu, sur des oiseaux, sur les arbres avec un plan de plus en plus large. Ellipse, car on ne reviendra plus là-dessus (ni la caméra, ni les protagonistes). Ici, il faut noter l'intérêt du bonus qui précise combien il y a eu de tension lors des deux jours du tournage de cette scène-là. Il s'agit de deux hommes, acteurs, et d'une équipe essentiellement masculine, dirigée par une femme. Et que ce soit justement une femme qui dirige en cet instant où des hommes sont vulnérables et à nu (à tous les sens du terme) n'était pas facile à gérer pour des hommes (au sens ici de "mâles").

Je m'arrête un instant sur ce point. Nous sommes ici au coeur d'un tabou, au moins pour nos sociétés occidentales. Comment peut-on être tendre, se toucher (à tous les sens de l'expression) entre deux hommes, deux femmes, un homme, une femme sans que cela soit nécessairement "sexuel" (ou plutôt "génital") ? Que signifie cette tendresse proposée par Kurt dont on ne connait rien de la réponse acceptée ou refusée par Mark. Il n'est pas question ici d'homosexualité (peut-être d'homosensualité, je n'en suis pas certain) mais d'une tendresse dans l'amitié. Est-ce qu'il y a un passé entre eux qui a échoué (à leur adolescence ?). On ne sait pas. On ne dit rien. Ce sera l'événement-non-événement du film. Mais ce rendez-vous sera raté. Il n'ont pu, dans ce nouveau kairos potentiel trouver une voie de rencontre.

Mark s'en retournera à son foyer à construire, Kurt s'en retournera... on ne sait pas trop où mais probablement à la rue, poursuivant son périple, seul, avec pour bagage un non dit et un non réalisé.

Il ne se passe rien et pourtant, il se dégage de ce film une infime tristesse, une tendresse ratée, des routes qui ne se croisent pas et s’éloignent, un sentiment d'une étrange perte.

On n’est pas loin de la nostalgie de The dead (Gens de Dublin, John Huston, 1987) !
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Le lendemain, direction UGC pour

One day (Lone Scherfig, 2011)

Hugues Dayez, notre Monsieur cinéma national avait été très élogieux dans sa chronique du mercredi matin. La note d’IMDB (sur un peu plus de 1000 votes lorsque je la consultai) était typique d’un film qui laisse a quia. 30% de notes 10 et le reste établi assez équitablement avec une courbe de gauss centrée sur 6 à 8.

L’histoire, ici aussi, tient à peu de choses, si ce n’est l’artifice utilisé. Emma (Anne Hathaway) et Dexter (Jim Sturgess) se rencontrent à la fin de leurs études: kairos, moment favorable qui ne sera finalement dévoilé que dans les dernières minutes du films. Ils se parlent, se touchent (ici aussi j’use de l’ambiguité du verbe) et à défaut de faire l’amour ils se promettent quelque chose. On découvrira, au fil du film qu’il s’agit de se rencontrer/voir/parler, chaque année anniversaire, le 15 juillet. En effet, ce jour-là, cette fête de saint-là, s’il ne pleut pas, on... (ne sait pas trop, mais ils en font le serment semble-t-il).

Et le film, c’est cela, un jour, chaque année pendant vingt ans. Un non événement, vingt fois de suite (avec d’excellente trouvailles visuelles pour nous signifier le passage du temps). Elle est plus mâture que lui probablement. Lui l’est moins. Il est en tout cas superficiel. Je ne savais trop que faire de ce film, de cette succession d’instant(ané)s !

Il n’y avait rien d’autres que ce temps qui passe, inexorablement. De cet homme et de cette femme qui se rencontrent, s’aiment sans le savoir et sans le vouloir, sont probablement destinés l’un à l’autre mais ne feront que se frôler lorsque chaque 15 juillet, le cercle de leurs vies auront de paradoxaux points de tangentes. Comme si chaque cercle poursuivait une droite ligne, après sa rencontre avec l’autre pour s’en éloigner plus encore.
Oh, le film n’est pas un chef d’oeuvre (d’où la note 7 que je lui ai donné) mais il y a dans ce « road movie temporel » quelque chose de nostalgique. Il y a des instants ratés. Les choses auraient pu, auraient dû être autrement. Et lorsque l’imprévisible, le tragique, l’inattendu survient, au détour d’une rue, à bicyclette, la mémoire peut faire son oeuvre, être salvatrice, d’une certaine façon en (re)construisant le passé.
Là aussi (certes de façon bien différente de celle de Old Joy) un noeud est démêlé grâce à la mémoire. Une chose aurait pu advenir qui aurait fait les choses différentes. On peut les croire et les imaginer meilleures, à la façon d’un conte de fées. Là aussi l’on ne pourra qu’imaginer et rêver car la vie réelle nous invite à nous rendre compte que l’amour, c’est parfois du cinéma, si je puis dire !

Il n’empêche, ces vingt jours, ces vingts ans, Anne Hathaway (que j’apprécie beaucoup) et Jim Sturgess (que je découvrais au cinéma), sont arrivé à m’émouvoir.

Mise à jour: correction de quelques-unes des nombreuses fautes d'orthographe !!! :oops:
Dernière modification par wontolla le 30 août 11, 07:57, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

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Deux films de femmes, coup sur coup, c’était pas mal. C’était sans compter le lendemain sur

La guerre est déclarée de Valérie Donzelli (2011)


Trois jours, trois films, trois réalisatrices !
La dernière devait me faire découvrir un chef d’oeuvre: dix minutes de standing ovation après la projection à Cannes dans le cadre de l’ouverture de la semaine de la critique en 2011.

Hélas, ma note de 7 témoigne du fait que l’enthousiasme ne fut pas si débordant chez moi.
L’histoire est simple elle aussi Roméo rencontre Juliette (ou l’inverse). Ils ont un coup de foudre. Ils conçoivent un enfant. Celui-ci est atteint d’une grave maladie. On suit le couple sur une période d’environ 9 ans. Depuis leur rencontre jusqu’aux huit ans de leur enfant.

Valérie Donzelli, réalisatrice, joue aussi le rôle de Juliette. Quant à Roméo, il s’agit de Jérémie Elkaïm que j’avais beaucoup apprécié dans le rôle de Mathieu dans Presque rien de Sébastien Lifshitz (2000). Adam, le fils de Roméo et Juliette (cela ne s’invente pas, donc !), le premier-né, est joué à l’âge de 8 ans par Gabriel Elkaïm (le fils de Jérémie ???).

On pouvait craindre qu’il faille distribuer des mouchoir à l’entrée de la salle mais il n’en fut rien. Cette histoire raconte le temps qui passe. Il devrait être banal comme pour beaucoup, mais il y a cette rupture, cette fragilité de la grave maladie d’un enfant. Et le temps, leur temps à eux, Roméo et Juliette est suspendu à cela. Ou plutôt, il ne le sera pas. Certes, il vivront ces temps-là, avec leur enfant, avec les médecins et les hôpitaux (et les uns et les autres sont remerciés dans crédits et hommages du film), mais il vivront aussi pour eux, entre eux, malgré cela. C’est l’histoire de cette évolution de la relation, de sa dé-composition, en quelque sorte, qui nous sera narrée. Chacun d’eux tentera de garder et gardera sa stabilité. Les blessures les auront rendu plus forts mais la faille sera présente. Le kairos qui aura permis leur rencontre ne sera pas un conte de fée pour la vie (entendu jusque la mort donc) mais sera un chant (tiens, justement, il y a aussi des chansons à la façon de Honoré) à la vie, malgré, envers et contre tout et tous.

Pourtant, des faiblesses m’ont mis en retrait de ce film. Tout d’abord, il y avait une ambiance pas très bonne dans la salle. Il y avait eu un concours et deux fois 60 places avaient été gagnées. Et quant on met 9 euros pour une place de cinéma, on est souvent plus respectueux, ne serait-ce que parce que l’on a payé. Ici ces couples (couples ou amis) qui venaient au cinéma se parlaient de trop durant le film et c’était parfois un brouhaha dans la salle. Hormis de rares moments de silence pendant des moments tragiques, c’était donc désagréable.

Mais cela n’était qu’extérieur. Voici en vrac ce qui ne prenait pas: la voix off. Autant celle-ci me sidérait chez T. Malick, autant ici, elle était de trop et artificielle. Les dialogues eux aussi. Pas justes, théâtraux, faux parfois. Et même pas toujours synchrones semble-t-il (mais peut-être est-ce dû à l’appareil utilisé pour filmer). Le manque de rigueur scientifique:
Spoiler (cliquez pour afficher)
(il me semble quand même que pour une opération de 9 heures au cerveau on doit raser les cheveux, même d’un enfant et qu’en tout cas après une lourde chimiothérapie, même un enfant les perd).
Les autres acteurs, en particulier la famille, surjouaient à certains moments.

Ma note est à 7. Elle aurait spontanément été plus basse s’il n’y avait un élément technique qui m’a bluffé. Le film a été tourné avec un appareil photo numérique (en fait, le même que celui que j’utilise pour mes reportages photographiques): le réflex Canon EOS 5D MK2. Jusqu’à présent je n’avais vu qu’un épisode d’une série télévisée (Dr House) tourné avec cet appareil. Et cela explique peut-être certains problèmes de synchro du son.


Mise à jour: J'oubliais! Roméo et Juliette fument cigarettes sur cigarettes tout au long du film. A se demander si cela n'a pas joué sur la grave maladie de leur enfant. :mrgreen:

2e mise à jour: correction de quelques-unes des nombreuses fautes d'orthographe !!! :oops:
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gnome
Iiiiiiil est des nôôôôtres
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Message par gnome »

wontolla a écrit :Old Joy de Kelly Reichardt (2006)

C'est un de mes meilleurs amis qui souhaitait voir ce film, a l'a loué à la médiathèque et m'a proposé de le voir chez moi, ayant découvert auparavant, de la même réalisatrice Wendy et Lucy (2008). Film que je n'ai pas (encore) vu mais qui m'intéressait réunissant Michèle Williams et une chienne, Lucy. Michèle Williams que j'avais découverte en 2006 dans Brokeback Mountain d'Ang Lee et aujourd'hui, au fil des épisodes de la série Dawson's Creek [1998-2003] (je viens de terminer le 9e épisode de la sixième et dernière saison!).

Old Joy n'a rien pour lui. L'histoire tient sur deux lignes:
Deux amis, Mark et Kurt partent en week-end auprès d'une source d'eau chaude (Bagby Hot Springs), à l'initiative du second. Ils se perdent, se parlent, se taisent, se touchent, s'esquivent et reviennent, le premier chez sa compagne qui attend un bébé, le second, en rue, probablement.

Si Old Joy n'a rien pour lui, les personnages non plus. Ils ne sont ni beaux, ni charismatiques, ni transcendants. Aucun événement dans cette histoire qui n'en est pas une. Deux personnages (excepté l'épouse de Mark, au début du film et une scène avec des clients dans un resto-room au milieu du film): il ne se passe rien, sinon le temps qui passe, ou plutôt le temps qui est passé.
J'emploierai ici un terme grec, utilisé aussi en théologie, le kairos, le moment favorable, l'instant à saisir. C'est justement ici et dans chacun des trois films que je recense maintenant, qu'il est question de ce kairos, saisi ou raté !

Ces deux hommes ont une vie bien différente. Il semble bien que Mark (Daniel London) soit plus (re)posé, plus stable et pourtant, peut-être, plus adulescent que Kurt (Will Oldham, chanteur, excellent ici dans son rôle), plus mûr mais "laissé-pour-compte" dans cette société américaine (nous sommes, semble-t-il à l'époque de Bush).
Deux hommes, deux acteurs auxquels il faut en ajouter deux autres: la radio et la chienne Lucy.

La radio diffuse notamment un discours plutôt politique (libéral, au sens américain) en toile de fond (sonore). La chienne est là, tout simplement, présente, proche et dans le paysage. Et, en matière de paysage, si nous sommes dans la "nature" dans ce surprenant, étrange, lent et mélancolique road-movie, celle-ci est envahie par la "ville", notamment par la présence d'un dépôt de détritus qu'ils (les deux protagonistes) utiliseront pour se reposer. Mais il sera dit aussi que la nature est présente dans la ville, par les arbres, les parcs.

Là, dans cet endroit "poubellisé" la parole va se délier mais n'arrivera pas à défaire certains noeuds. Curieusement, Kurt parlera de ce en quoi il croit, sa théorie des origines, une adaptation de celle des cordes. Mais aussi, advient à la parole, une blessure, un manque, une nostalgie. Il s'est passé (ou pas) quelque chose dans le(ur) passé, entre eux, dans leur amitié. Quelque chose qui n'a pas été saisi ou poursuivi. On ne sait pas. Kelly Reichardt, la femme, qui filme ici la parole et les non-dits de deux hommes ne nous dira rien, ne dévoilera rien. Nous sommes dans l'ellipse et Kurt (se) voilera pour ne pas dire le manque, l'absence, la carence, le vide ? à Mark.

Plus loin, arrivé au terme (aux thermes !!!) nous avons droit à une scène surprenante: ils vont, ces hommes, se dénuder pour prendre un bain d'eau chaude, chacun séparément dans une baignoire. Mais à un moment donné, Kurt sortira de son bain, s'approchera de Mark et le touchera (réaction de crispation, d'étonnement de Mark), le massera ensuite. Relâchement de la main de Mark. Relâchement de la caméra qui quitte les protagonistes. Gros plans sur des détails de la structure du lieu, sur des oiseaux, sur les arbres avec un plan de plus en plus large. Ellipse, car on ne reviendra plus là-dessus (ni la caméra, ni les protagonistes). Ici, il faut noter l'intérêt du bonus qui précise combien il y a eu de tension lors des deux jours du tournage de cette scène-là. Il s'agit de deux hommes, acteurs, et d'une équipe essentiellement masculine, dirigée par une femme. Et que ce soit justement une femme qui dirige en cet instant où des hommes sont vulnérables et à nu (à tous les sens du terme) n'était pas facile à gérer pour des hommes (au sens ici de "mâles").

Je m'arrête un instant sur ce point. Nous sommes ici au coeur d'un tabou, au moins pour nos sociétés occidentales. Comment peut-on être tendre, se toucher (à tous les sens de l'expression) entre deux hommes, deux femmes, un homme, une femme sans que cela soit nécessairement "sexuel" (ou plutôt "génital") ? Que signifie cette tendresse proposée par Kurt dont on ne connait rien de la réponse acceptée ou refusée par Mark. Il n'est pas question ici d'homosexualité (peut-être d'homosensualité, je n'en suis pas certain) mais d'une tendresse dans l'amitié. Est-ce qu'il y a un passé entre eux qui a échoué (à leur adolescence ?). On ne sait pas. On ne dit rien. Ce sera l'événement-non-événement du film. Mais ce rendez-vous sera raté. Il n'ont pu, dans ce nouveau kairos potentiel trouver une voie de rencontre.

Mark s'en retournera à son foyer à construire, Kurt s'en retournera... on ne sait pas trop où mais probablement à la rue, poursuivant son périple, seul, avec pour bagage un non dit et un non réalisé.

Il ne se passe rien et pourtant, il se dégage de ce film une infime tristesse, une tendresse ratée, des routes qui ne se croisent pas et s’éloignent, un sentiment d'une étrange perte.

On n’est pas loin de la nostalgie de The dead (Gens de Dublin, John Huston, 1987) !
Très beau film que j'ai découvert ce mois-ci aussi à la faveur d'une diffusion sur Arte. Quelques notes d'humour (quand ils se perdent), beaucoup d'amitié et de douleur entre ces deux hommes que le passé a séparé au point qu'on sent qu'ils ne comprennent plus leurs choix de vie respectifs d'où un léger malaise dans la scène de massage dont tu parles parce que Mark plus terre à terre, ne semble pas comprendre le geste de Kurt pourtant à mon sens tout à fait innocent et pur. Mais un instant, je n'ai pas compris moi même ce geste non plus. Et la douleur vient d'une certaine nostalgie à mon sens, et du fait qu'en effet, on a l'impression que quelque chose s'est cassé. Quelque chose qu'ils ont approché lors de ce WE mais qu'ils n'ont pas réussi à rattraper et toucher.
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Message par wontolla »

Vu hier Be happy (Mike Leigh, 2008) avec un ami venu souper à la maison.
Après quelques dizaines de minutes de tribulations de Poppy (Sally Hawkins) on s'est regardé et on a été près d'abandonner.
Le coffret Mk2 annonçait "une comédie pétillante, brillamment interprétée par Sally Hawkins".

Pendant ces trente premières minutes on riait... un peu et on cherchait... beaucoup la comédie.
Sally Hawkins était presque exaspérante (enfin, son personnage).
Il y avait bien Scott, le moniteur d'auto école, joué par Eddie Marsan, dont j'avais découvert récemment la brillante interprétation dans La disparition d'Alice Creed...
A part cela, on se demandait dans quel mur on était en train de foncer.
Cependant, nous avons poursuivi la vision du film tout en nous demandant: comédie dramatique ? Tragi-comédie ? Comédie douce-amère ?

Au final, pas de regret d'avoir poursuivi la vision, mais sans plus.
J'ai apprécié Scott qui disjoncte à la fin du fil et qui habite ce rôle de moniteur raciste et xénophobe, en train de péter les plomb tout en étant amoureux de cette Poppy aux talons inadéquats.
Une Poppy, qui tente de faire le bonheur des autres (un petit trait d'Amélie Poulain à l'anglaise ?), parfois malgré eux et souvent sans succès.
La dérision, la déconnade, l'humour, les rires frôlent des moments plus intenses que j'aurais aimé plus aboutis: l'enfant qui est violent parce que violenté par son beau-père ou mieux expliqués: la rencontre avec le SDF. Celle-ci ouvre bien des pistes intéressantes mais tombe un peu comme un cheveu dans la soupe (dans laquelle Poppy touille allègrement avec ses chaussures...).

Un must: le slip orange de Poppy lors de sa visite chez le kiné.
Aussi, à remarquer, Karina Fernandez, en professeur de Flamenco: ses leçons de même que son "pétale de plomb" lorsque sa vie privée vient affleurer dans sa narration du pourquoi/comment du flamenco !

Au final, pas un souvenir inoubliable mais cependant un film qui reste dans la thématique de ces derniers jours: celle du temps qui passe, inexorablement et qui nécessite de saisir les kairos quand ils se présentent comme la rencontre avec Tim (Samuel Roukin), l'assistant social.

Mise à jour: correction de quelques fautes d'orthographe !!! :oops:
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Message par Dunn »

wontolla a écrit :Deux films de femmes, coup sur coup, c’était pas mal. C’était sans compter le lendemain sur

La guerre est déclarée de Valérie Donzelli (2011)


Trois jours, trois films, trois réalisatrices !
La dernière devait me faire découvrir un chef d’oeuvre: dix minutes de standing ovation après la projection à Cannes dans le cadre de l’ouverture de la semaine de la critique en 2011.

Hélas, ma note de 7 témoigne du fait que l’enthousiasme ne fut pas si débordant chez moi.
L’histoire est simple elle aussi Roméo rencontre Juliette (ou l’inverse). Ils ont un coup de foudre. Ils conçoivent un enfant. Celui-ci est atteint d’une grave maladie. On suit le couple sur une période d’environ 9 ans. Depuis leur rencontre jusqu’aux huit ans de leur enfant.

Valérie Donzelli, réalisatrice, joue aussi le rôle de Juliette. Quant à Roméo, il s’agit de Jérémie Elkaïm que j’avais beaucoup apprécié dans le rôle de Mathieu dans Presque rien de Sébastien Lifshitz (2000). Adam, le fils de Roméo et Juliette (cela ne s’invente pas, donc !), le premeir-né, est joué à l’âge de 8 ans par Gabriel Elkaïm (le fils de Jérémie ???).

On pouvait craindre qu’il faille distribuer des mouchoir à l’entrée de la salle mais il n’en fut rien. Cette historie raconte le temps qui passe. Il devrait être banal comme pour beaucoup, mais il y a cette rupture, cette fragilité de la grave maladie d’un enfant. Et le temps, leur temps à eux, Roméo et Juliette est suspendu à cela. Ou plutôt, il ne le sera pas. Certes, il vivront ces temps-là, avec leur enfant, avec les médecins et les hôpitaux (et les uns et les autres sont remerciés dans crédits et hommages du film), mais il vivront aussi pour eux, entre eux, malgré cela. C’est l’historie de cette évolution de la relation, de sa dé-composition, en quelque sorte, qui nous sera narrée. Chacun d’eux tentera de garder et gardera sa stabilité. Les blessures les auront rendu plus forts mais la faille sera présente. Le kairos qui aura permis leur rencontre ne sera pas un conte de fée pour la vie (entendu jusque la mort donc) mais sera un chant (tiens, justement, il y a aussi des chansons à la façon de Honoré) à la vie, malgré, envers et contre tout et tous.

Pourtant, des faiblesses m’ont mis en retrait de ce film. Tout d’abord, il y avait une ambiance pas très bonne dans la salle. Il y avait eu un concours et deux fois 60 places avaient été gagnées. Et quant on met 9 euros pour une place de cinéma, on est souvent plus respectueux, ne serait-)ce que parce que l’on a payé. Ici ces couples (couples ou amis) qui venaient au cinéma se parlaient de trop durant le film et c’était parfois un brouhaha dans la salle. Hormis de rares moments de silence pendant des moments tragiques, c’était donc désagréable.

Mais cela n’était qu’extérieur. Voici en vrac ce qui ne prenait pas: la voix off. Autant celle-ci me sidérait chez T. Malick, autant ici, elle était de trop et artificielle. Les dialogues eux aussi. Pas justes, théâtraux, faux parfois. Et même pas toujours synchrones semble-t-il (mais peut-être est-ce dû à l’appareil utilisé pour filmer). Le manque de rigueur scientifique:
Spoiler (cliquez pour afficher)
(il me semble quand même que pour une opération de 9 heures au cerveau on doit raser les cheveux, même d’un enfant et qu’en tout cas après une lourde chimiothérapie, même un enfant les perd).
Les autres acteurs, en particulier la famille, surjouaient à certains moments.

Ma note est à 7. Elle aurait spontanément été plus basse s’il n’y avait un élément technique qui m’a bluffé. Le film a été tourné avec un appareil photo numérique (en fait, le même que celui que j’utilise pour mes reportages photographiques): le réflex Canon EOS 5D MK2. Jusqu’à présent je n’avais vu qu’un épisode d’une série télévisée (Dr House) tourné avec cet appareil. Et cela explique peut-être certains problèmes de synchro du son.


Mise à jour: J'oubliais! Roméo et Juliette fument cigarettes sur cigarettes tout au long du film. A se demander si cela n'a pas joué sur la grave maladie de leur enfant. :mrgreen:
Assez d'accord avec toi, je l'ai vu en avant première hier soir en présence de l'équipe et malgré le standing ovation, le film est bien mais sans plus...je trouve que les défauts du film sont ceux que tu cites, le temps mal agencé (en 9 ans pour nous on dirait 4/5 ans comme spectateur), la réalisation parfois trop "bric a broc ", les personnages qui fument beaucoup trop, les erreurs comme ne pas raser la tête de l'enfant etC...
Cela dit le film est touchant par sa véracité puisque c'est leur propre histoire...et oui Wontalla, c'est leur propre enfant que l'on voit à la fin du film.
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Message par Dunn »

wontolla a écrit :Le lendemain, direction UGC pour

One day (Lone Scherfig, 2011)

Hugues Dayez, notre Monsieur cinéma national avait été très élogieux dans sa chronique du mercredi matin. La note d’IMDB, sur un peu plus de 1000 votes lorsque je la consultai était typique d’un film qui laisse a quia. 30% de notes 10 et le reste établi assez équitablement avec une courbe de gauss centrée sur 6 à 8.

L’histoire, ici aussi, tient à peu de choses, si ce n’est l’artifice utilisé. Emma (Anne Hathaway) et Dexter (Jim Sturgess) se rencontrent à la fin de leurs études: kairos, moment favorable qui ne sera finalement dévoilé que dans les dernières minutes du films. Ils se parlent, se touchent (ici aussi j’use de l’ambiguité du verbe) et à défaut de faire l’amour il se promette quelque chose. On découvrira, au fil du film qu’il s’agit de se rencontrer/voir/parler, chaque année anniversaire, le 15 juillet. En effet, ce jour-là, cette fête de saint-là, s’il ne pleut pas, on... (ne sait pas trop, mais il en font le serment semble-t-il).

Et le film, c’est cela, un jour, chaque année pendant vingt ans. Un non événement, vingt fois de suite (avec d’excellente trouvailles visuelles pour nous signifier le passage du temps). Elle est plus mâture que lui probablement. Lui l’est moins. Il est en tout cas superficiel. Je ne savais trop que faire de ce film, de cette succession d’instant(ané)s !

Il n’y avait rien d’autres que ce temps qui passent, inexorablement. De cet homme et de cette femmes qui se rencontrent, s’aiment sans le savoir et sans le vouloir, sont probablement destinés l’un à l’autre mais ne feront que se frôler lorsque chaque 15 juillet, le cercle de leurs vies auront de paradoxaux points de tangentes. Comme si chaque cercle poursuivait une droite ligne, après sa rencontre avec l’autre pour s’en éloigner plus encore.
Oh, le film n’est pas un chef d’oeuvre (d’où la note 7 que je lui ai donné) mais il y a dans ce « road movie temporel » quelque chose de nostalgique. Il y a des instants ratés. Les choses auraient pu, auraient dû être autrement. Et lorsque l’imprévisible, le tragique, l’inattendu survient, au détour d’une rue à bicyclette, la mémoire peut faire son oeuvre, être salvatrice, d’une certaine façon en (re)construisant le passé.
Là aussi (certes de façon bien différente de celle de Old Joy) un noeud est démêlé grâce à la mémoire. Une chose aurait pu advenir qui aurait fait les choses différentes. On peut les croire et mes imaginer meilleures, à la façon d’un conte de fées. Là aussi l’on ne pourra qu’imaginer et rêver car la vie réelle nous invite à nous rendre compte que l’amour, c’est parfois du cinéma, si je puis dire !

Il n’empêche, ces vingt jours, ces vingts ans; Anne Hathaway (que j’apprécie beaucoup) et Jim Sturgess (que je découvrais au cinéma) sont arrivé à m’émouvoir.
Très bonne analyse je te rejoins tout à fait.Maintenant en te lisant, j'ai un doute ..
Spoiler (cliquez pour afficher)
lorsque Emma meurt, dexter se souvient de leur première journée mais est-ce un souvenir fabriqué? le moment sur la colline ? je pense que oui pour l'aider a faire le deuil..Et quelque part c'est bien fait, il ment à sa fille comme à nous lorsqu'il lui dit qu'il est déjà venu ici avec Emma
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Message par wontolla »

Dunn a écrit : Très bonne analyse je te rejoins tout à fait.Maintenant en te lisant, j'ai un doute ..
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lorsque Emma meurt, dexter se souvient de leur première journée mais est-ce un souvenir fabriqué? le moment sur la colline ? je pense que oui pour l'aider a faire le deuil..Et quelque part c'est bien fait, il ment à sa fille comme à nous lorsqu'il lui dit qu'il est déjà venu ici avec Emma
La proposition était indécidable pour moi.
Est)-ce que l'on faisait un "retour vers le passé" pour nous montrer les moments inauguraux: ce qui s'et passé et ce qui n'a pu s'enclencher ou bien est-ce qu'il se construit un passé, se basant sur la conversation qu'il a un moment où son père (si je ne m'abuse) lui dit: "comment crois-tu que j'ai fait ?".
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Message par wontolla »

Dunn a écrit : Assez d'accord avec toi, je l'ai vu en avant première hier soir en présence de l'équipe et malgré le standing ovation, le film est bien mais sans plus... je trouve que les défauts du film sont ceux que tu cites, le temps mal agencé (en 9 ans pour nous on dirait 4/5 ans comme spectateur), la réalisation parfois trop "bric a broc ", les personnages qui fument beaucoup trop, les erreurs comme ne pas raser la tête de l'enfant etc.
Cela dit le film est touchant par sa véracité puisque c'est leur propre histoire... et oui Wontalla, c'est leur propre enfant que l'on voit à la fin du film.
Dunn a écrit : La guerre est déclarée: 6,5 : un beau film, émouvant, touchant, juste, bien écrit (les dialogues sonnent tellement juste et "vrai" c'est tellement rare et surtout extrêmement bien joué), une belle histoire (vrai pour ceux qui l'ignorent), et un grand moment d'émotion lorsque la salle s'est levée pour applaudir l'équipe du film lors de l'avant-première !
Je copie ici un de tes autres messages, Dunn.

J'ai appris depuis que c'est l'histoire des deux protagonistes principaux.
Pour être politiquement correct, j'aurais dû mettre une bonne appréciation du film...
Certes, j'ai coté à 7, mais je reste encore avec cette impression d'un jeu qui ne sonnait pas juste.
Pourquoi ?
Je n'arrive pas à cerner la chose.
J'avais beaucoup apprécié Jérémie Elkaïm dans Presque rien et je partais avec un a priori largement favorable.
Je sais qu'il est parfois plus facile à des acteurs de jouer une scène que ne peuvent le faire les vrais protagonistes parce que les acteurs peuvent mieux rendre une situation... que ne peuvent le faire les "vraies personnes".
Ici, ces dernières sont aussi de "vrais acteurs". Il s'agit d'une "histoire vraie", là leur. Et cela n'a pas marché avec moi !
Je ne comprends pas !
Il faudra peut-être que je revoie le film pour lui donner une chance, pour leur donner une chance, à eux les protagonistes !
Je suis largement près à me remettre en cause, ce n'est pas du tout un problème.
Je fonctionne à l'émotion et là, hélas, elle n'était pas totalement au rendez-vous.
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Message par Dunn »

wontolla a écrit :
Dunn a écrit : Très bonne analyse je te rejoins tout à fait.Maintenant en te lisant, j'ai un doute ..
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lorsque Emma meurt, dexter se souvient de leur première journée mais est-ce un souvenir fabriqué? le moment sur la colline ? je pense que oui pour l'aider a faire le deuil..Et quelque part c'est bien fait, il ment à sa fille comme à nous lorsqu'il lui dit qu'il est déjà venu ici avec Emma
La proposition était indécidable pour moi.
Est)-ce que l'on faisait un "retour vers le passé" pour nous montrer les moments inauguraux: ce qui s'et passé et ce qui n'a pu s'enclencher ou bien est-ce qu'il se construit un passé, se basant sur la conversation qu'il a un moment où son père (si je ne m'abuse) lui dit: "comment crois-tu que j'ai fait ?".
Pour moi il se construit un passé pour l'aider à faire le deuil (son pére lui dit "fait comme si elle était encore là").Cela dit le film est trop brutale par ce moment très choquant qui casse le côté léger du film.Je ne sais pas toi mais j'ai eu les larmes aux yeux, j'ai eu du mal à me remettre de cette fin..
Verrouillé