Merde ça me rappelle quelque chose...Jordan White a écrit :Un des plus belles ouvertures de film :
Les cinitinéraires de Wontolla
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Posté également dans "Le film du mois":
Avril 2011
Film du mois :
Films visionnés:
- Shattered glass (Le mystificateur), Billy Ray, 2003.
- Rabbit Hole, John Cameron Mitchell, 2011
- Bad Day at Black Rock (Un homme est passé); John Sturges, 1955
- 12 Angry men (12 hommes en colère), Sidney Lumet, 1957
- Dog Day Afternoon (Un après-midi de chien), Sidney Lumet, 1975
- Moon, Duncan Jones, 2009
- Kaboom, Gregg Araki, 2010
- The Doom generation, Gregg Araki, 1995
- Nowhere, Gregg Araki, 1997
- Phantom of the paradise, Brian De Palma, 1974
- The Fighter, David 0. Russel, 2010
- La belle personne, Christophe Honoré, 2008
- Brüno, Larry Charles, 2009
- Knight and day, James Mangold, 2010
- Smiley Face, Gregg Araki, 2007
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Film hors compétition
The social Network, David Fincher, 2010 (côté en janvier)
Séries
- Mad Men, Saison 3, épisode 5
- The Twilight Zone, saison 1, épisodes 30 à 36
- The West Wing (A la maison blanche) : S3: 17 et 18
- Betwiched: (Ma sorcière bien-aimée) S1: 1-5
- Wanted: Dead or Alive (Au nom de la Loi): S1: 1
- Dawson’s Creek: S3: 8 − 21
- The Wild Wild West (Les mystères de l’Ouest): S1: 1-3
Films des mois précédents
Avril 2011
Film du mois :
Films visionnés:
- Shattered glass (Le mystificateur), Billy Ray, 2003.
- Rabbit Hole, John Cameron Mitchell, 2011
- Bad Day at Black Rock (Un homme est passé); John Sturges, 1955
- 12 Angry men (12 hommes en colère), Sidney Lumet, 1957
- Dog Day Afternoon (Un après-midi de chien), Sidney Lumet, 1975
- Moon, Duncan Jones, 2009
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Film hors compétition
The social Network, David Fincher, 2010 (côté en janvier)
Séries
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- The Twilight Zone, saison 1, épisodes 30 à 36
- The West Wing (A la maison blanche) : S3: 17 et 18
- Betwiched: (Ma sorcière bien-aimée) S1: 1-5
- Wanted: Dead or Alive (Au nom de la Loi): S1: 1
- Dawson’s Creek: S3: 8 − 21
- The Wild Wild West (Les mystères de l’Ouest): S1: 1-3
Films des mois précédents
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Vu dimanche soir In the air (Jason Reitman, 2009). Des amis m'en avaient dit beaucoup de bien. Sa cote sur IMDB le confirmait...
Alors que j'avais apprécié Thank You for Smoking (2005) et que je n'ai pas encore visionné Juno (2007), ici, contre toute attente la sauce 'na pas vraiment pris. Certes, je ne regrette pas d'avoir vu le film mais celui-ci n'a pas soulevé l'enthousiasme. Il y a bien une critique sociale (et notamment des personnes qui ont réellement été réellement virées - c'est l'expression qui convient, malheureusement - de leur job) et de l'humour potentiel, quelques intrigues amoureuses, un Ryan Bingham (George Clooney) qui débarque fort mal à propos, une jeunette qui vient chasser sur ses plate-bandes et l'empêcher d'atteindre son saint-graal (un nombre de miles mythique)...
Peut-être étais-je probablement en méforme ou planais-je dans les nuages ce soir-là car la magie n'a pas opéré.
Alors que j'avais apprécié Thank You for Smoking (2005) et que je n'ai pas encore visionné Juno (2007), ici, contre toute attente la sauce 'na pas vraiment pris. Certes, je ne regrette pas d'avoir vu le film mais celui-ci n'a pas soulevé l'enthousiasme. Il y a bien une critique sociale (et notamment des personnes qui ont réellement été réellement virées - c'est l'expression qui convient, malheureusement - de leur job) et de l'humour potentiel, quelques intrigues amoureuses, un Ryan Bingham (George Clooney) qui débarque fort mal à propos, une jeunette qui vient chasser sur ses plate-bandes et l'empêcher d'atteindre son saint-graal (un nombre de miles mythique)...
Peut-être étais-je probablement en méforme ou planais-je dans les nuages ce soir-là car la magie n'a pas opéré.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Vu trois films récemment. Je commenterai plus tard (demain c'est le 25e anniversaire de mon ordination et il y aura une fête à cette occasion). je note donc pour ne pas oublier:
- The hot spot (Dennis Hopper, 1990)
- Brother to brother (Rodney Evans, 2004)
- A Matter of Life and Death [Une question de vie ou de mort] (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1946)
- The hot spot (Dennis Hopper, 1990)
- Brother to brother (Rodney Evans, 2004)
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
J'ajoute pour samedi The Man Who Shot Liberty Valance (L'Homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962) et The Negotiator (F. Gary Gray,1998) vu avec une amie cette après-midi (fan de Kevin Spacey).
Le suivi sera pour plus tard (pas le temps pour le moment).
Le suivi sera pour plus tard (pas le temps pour le moment).
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Ce soir ce sera théâtre avec une pièce "Délivre-nous du mal"... qui aux dires de ceux qui m'y ont convié devrait m'intéresser.
Comme mon rang a changé et qu'il devient difficile de cacher à ceux qui ne lisent pas mes citinéraires et autres interventions le métier que je fais, je vais poster ici un message qui ne concerne pas le cinéma (quoique, à le lire, quand même, à la fin...) pour répondre à l'éventuelle question de certains: mais comment ce mec qui fréquente des sites lesbiens ou est abonné à Penthouse HD ou recense Nine songs ou Shortbus est-il perçu par ses ouailles ?
Il se fait que l'on fêtait dimanche mes 25 ans d'ordination et que l'on a clôturé la messe (deux heures et personne n'est parti!) par un hommage d'un de mes paroissiens, professeur de théologie dogmatique à l'Université de Louvain. Il n'est pas question pour moi de faire ici prosélytisme religieux (ceux qui me fréquentent sur ce forum en seront persuadés) mais de faire écho ici de la façon dont je suis perçu (par certains) dans mon job. Et bien entendu, aucune obligation de lire. A oui, il y a le mot carabistouilles, c'est belge et c'est ici.
Comme mon rang a changé et qu'il devient difficile de cacher à ceux qui ne lisent pas mes citinéraires et autres interventions le métier que je fais, je vais poster ici un message qui ne concerne pas le cinéma (quoique, à le lire, quand même, à la fin...) pour répondre à l'éventuelle question de certains: mais comment ce mec qui fréquente des sites lesbiens ou est abonné à Penthouse HD ou recense Nine songs ou Shortbus est-il perçu par ses ouailles ?
Il se fait que l'on fêtait dimanche mes 25 ans d'ordination et que l'on a clôturé la messe (deux heures et personne n'est parti!) par un hommage d'un de mes paroissiens, professeur de théologie dogmatique à l'Université de Louvain. Il n'est pas question pour moi de faire ici prosélytisme religieux (ceux qui me fréquentent sur ce forum en seront persuadés) mais de faire écho ici de la façon dont je suis perçu (par certains) dans mon job. Et bien entendu, aucune obligation de lire. A oui, il y a le mot carabistouilles, c'est belge et c'est ici.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Je rentre donc du théâtre ce soir. Ce sera 6/10 pour "Délivre-nous du mal". Je me suis amusé, j'ai même rigolé mais beaucoup de clichés. Je m'étais fié à l'extrait de la pièce qui était mis en exergue. Finalement, c'est un peu comme les bandes-annonces! La marchandise annoncée n'est pas nécessairement celle que l'on a cru déceler. Mais on n'est pas ici pour causer théâtre...
Retour, pour commencer sur The hot spot de Dennis Hooper (1990). Si le film est chaud (entendons - érotiquement parlant) il n'est pas torride, du moins au sens où l'on peut percevoir vingt ans après le tournage. Don Johnson que j'ai peu vu, voire pas du tout, au cinéma mais bien en séries TV (Miami Vice et Nash Bridges arrive dans un petit bled, histoire de braquer la banque, mais les choses ne seront pas aussi simples qu'elles le devraient. Pris en tenailles par (son attirance pour) deux femmes Gloria Harper, la secrétaire de son patron (Jennifer Connelly) et Dolly Harshaw, l'épouse de celui-ci (Virginia Madsen). La bonde, pulpeuse et sulfureuse Dolly est aussi envoutante que flamboyante. On connaît l'épisode de la fellation sous la contrainte d'une arme ; contrainte... mais le corps a suivit mais elle a aussi une façon de se passer la langue sur les lèvres (dans la voiture, notamment) qui invite à une oralité sans paroles !
Le malheureux Harry Madox s'enfoncera dans un piège comme entre les mâchoires d'une plante carnivore (...la métaphore est encore buccale !) tendu par Dolly.
Ce personnage m'a fait penser à certains moments à celui d'Evelyn dans Play Misty for Me de Clint Eastwood (1971) avec la folie en moins et une fin très différente. Ici, en ce point chaud, le héros ne le sera plus tant que cela et finira non pas seul mais voué à vivre avec... une mante religieuse !
Les autres critiques suivront.
Retour, pour commencer sur The hot spot de Dennis Hooper (1990). Si le film est chaud (entendons - érotiquement parlant) il n'est pas torride, du moins au sens où l'on peut percevoir vingt ans après le tournage. Don Johnson que j'ai peu vu, voire pas du tout, au cinéma mais bien en séries TV (Miami Vice et Nash Bridges arrive dans un petit bled, histoire de braquer la banque, mais les choses ne seront pas aussi simples qu'elles le devraient. Pris en tenailles par (son attirance pour) deux femmes Gloria Harper, la secrétaire de son patron (Jennifer Connelly) et Dolly Harshaw, l'épouse de celui-ci (Virginia Madsen). La bonde, pulpeuse et sulfureuse Dolly est aussi envoutante que flamboyante. On connaît l'épisode de la fellation sous la contrainte d'une arme ; contrainte... mais le corps a suivit mais elle a aussi une façon de se passer la langue sur les lèvres (dans la voiture, notamment) qui invite à une oralité sans paroles !
Le malheureux Harry Madox s'enfoncera dans un piège comme entre les mâchoires d'une plante carnivore (...la métaphore est encore buccale !) tendu par Dolly.
Ce personnage m'a fait penser à certains moments à celui d'Evelyn dans Play Misty for Me de Clint Eastwood (1971) avec la folie en moins et une fin très différente. Ici, en ce point chaud, le héros ne le sera plus tant que cela et finira non pas seul mais voué à vivre avec... une mante religieuse !
Les autres critiques suivront.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Brother to Brother de Rodney Evans (2004) fut une énorme et agréable surprise. Un film peu connu (je n'arrive pas à en trouver trace sur ce forum) qui mixte passé réel et fiction contemporaine, noir et blanc pour le premier, couleur pour la deuxième. Un film qui m'a ouvert les yeux sur une période de l'histoire noire américaine que je ne connaissais pas, notamment ce que l'on appelle la "Renaissance de Harlem".
D'emblée il me faut avouer que tant de choses m'étaient inconnue que j'ai dû googeliser pour cette chronique tant je découvrais l'abime de mon ignorance mais, en retour, tout ce que le film m'avait apporté. Outre le plaisir de sa vision, il m'a obligé à m'interroger et à m'intéresser à des choses que je ne pressentais même pas.
Un personnage réel, Richard Bruce Nugent (1906 - 1987). Je note les années car cela permet de dater l'époque où se situe le film. Celui-ci nous montre la mort de Richard, admirablement interprété par Roger Robinson. L'époque "actuelle" du film est donc 1987. Richard est amené au récit par une rencontre (je suppose créée ici pour les besoins de la fiction ou de la narration) avec Perry Williams, interprété par Anthony Mackie (vu récemment dans The Adjustment Bureau de George Nofi mais aussi dans The Hurt Locker de Kathryn Bigelow (2008).
La rencontre entre Perry et Richard va permettre d'évoquer le passé et d'amener à la mémoire Langston Hughes, Zora Neale Hurston, Wallace Thurman,... jusqu'à James Baldwin [Wikipedia anglais, plus complet].
Alors Perry est un jeune artiste, encore étudiant. Il est gay, s'assumant fin des années 80. Richard l'est aussi, et à 80 ans, flashe sur le jeune Perry. Tout deux sont noirs, comme pas mal de protagonistes de l'histoire. Et nous avons ici le coeur du débat: être black et pédé (afro-américain et gay pour ne pas être politiquement incorrect!). Le coeur du débat: un triple rejet. Rejeté comme noir par les blancs. Rejeté comme homo par les blancs. Rejeté comme pédé par les blacks. Parce que c'est là le plus terrible. Au sein même des siens, ne pas être reconnu, être rejeté, tabassé, haï !
Se pose alors la question, récurrente dans le film, hier, avant-hier et aujourd'hui: quelle crédibilité quand on rassemble les deux "tares", sachant que si revendiquer quelque chose pour les blacks est défendable ce ne l'est pas du tout pour les gays. Noir et gay: impossible de revendiquer ces deux identités et de mener un combat. La peur étant que celui-ci soit totalement décribilisé (A noter qu'il fut un temps ou Amnesty international hésitait à défendre des prisonniers parce qu'il étaient homos, de peur de nuire à la crédibilité de leurs autres projets !). Et l'on sait que cette question de l'identité sexuelle joua un rôle dans la vie de Baldwin et son combat.
Ce sont ces combats que le film amène avec beaucoup de justesse à la conscience du spectateur. Faisant se rejoindre plusieurs univers, plusieurs époques avec des style de vie black mais aussi (et surtout) homos qui y sont associés. Il n'y a pas que cela. Aussi à noter l'exploitation par des blancs de l'art de noirs (Perry est artiste); les fantasmes sexuels de blancs sur les noirs avec une grosse b*te. Il y a des moments joyeux, d'autres tristes, émouvants. Un petit bijou, lorsque Richard évoque son passé et une rencontre d'un jeune marin (digne de Querelle de Brest) dans des toilettes publiques et qu'il s'avère que ledit marin est flic. Richard est arrêté et considéré comme l'abuseur. Au juge il dira: un pantalon de marin compte treize boutons... à partir de quel bouton pouvait-il me cogner si je suis vraiment celui qui a abusé. Je cite l'anecdote de mémoire.
Cela aurait pu ou dû être mon film du mois. Il y aurait tant à dire de ce film, de ces combats, de ces nostalgies et je le reverrai probablement cet été. Mais difficile d'être le film du mois alors que quelques jours plus tard j'ai visionné The Man Who Shot Liberty Valance! N'empêche un grand moment d'émotion et une très grande découverte.
Mise à jour: ajout de l'image de la jaquette du DVD.
D'emblée il me faut avouer que tant de choses m'étaient inconnue que j'ai dû googeliser pour cette chronique tant je découvrais l'abime de mon ignorance mais, en retour, tout ce que le film m'avait apporté. Outre le plaisir de sa vision, il m'a obligé à m'interroger et à m'intéresser à des choses que je ne pressentais même pas.
Un personnage réel, Richard Bruce Nugent (1906 - 1987). Je note les années car cela permet de dater l'époque où se situe le film. Celui-ci nous montre la mort de Richard, admirablement interprété par Roger Robinson. L'époque "actuelle" du film est donc 1987. Richard est amené au récit par une rencontre (je suppose créée ici pour les besoins de la fiction ou de la narration) avec Perry Williams, interprété par Anthony Mackie (vu récemment dans The Adjustment Bureau de George Nofi mais aussi dans The Hurt Locker de Kathryn Bigelow (2008).
La rencontre entre Perry et Richard va permettre d'évoquer le passé et d'amener à la mémoire Langston Hughes, Zora Neale Hurston, Wallace Thurman,... jusqu'à James Baldwin [Wikipedia anglais, plus complet].
Alors Perry est un jeune artiste, encore étudiant. Il est gay, s'assumant fin des années 80. Richard l'est aussi, et à 80 ans, flashe sur le jeune Perry. Tout deux sont noirs, comme pas mal de protagonistes de l'histoire. Et nous avons ici le coeur du débat: être black et pédé (afro-américain et gay pour ne pas être politiquement incorrect!). Le coeur du débat: un triple rejet. Rejeté comme noir par les blancs. Rejeté comme homo par les blancs. Rejeté comme pédé par les blacks. Parce que c'est là le plus terrible. Au sein même des siens, ne pas être reconnu, être rejeté, tabassé, haï !
Se pose alors la question, récurrente dans le film, hier, avant-hier et aujourd'hui: quelle crédibilité quand on rassemble les deux "tares", sachant que si revendiquer quelque chose pour les blacks est défendable ce ne l'est pas du tout pour les gays. Noir et gay: impossible de revendiquer ces deux identités et de mener un combat. La peur étant que celui-ci soit totalement décribilisé (A noter qu'il fut un temps ou Amnesty international hésitait à défendre des prisonniers parce qu'il étaient homos, de peur de nuire à la crédibilité de leurs autres projets !). Et l'on sait que cette question de l'identité sexuelle joua un rôle dans la vie de Baldwin et son combat.
Ce sont ces combats que le film amène avec beaucoup de justesse à la conscience du spectateur. Faisant se rejoindre plusieurs univers, plusieurs époques avec des style de vie black mais aussi (et surtout) homos qui y sont associés. Il n'y a pas que cela. Aussi à noter l'exploitation par des blancs de l'art de noirs (Perry est artiste); les fantasmes sexuels de blancs sur les noirs avec une grosse b*te. Il y a des moments joyeux, d'autres tristes, émouvants. Un petit bijou, lorsque Richard évoque son passé et une rencontre d'un jeune marin (digne de Querelle de Brest) dans des toilettes publiques et qu'il s'avère que ledit marin est flic. Richard est arrêté et considéré comme l'abuseur. Au juge il dira: un pantalon de marin compte treize boutons... à partir de quel bouton pouvait-il me cogner si je suis vraiment celui qui a abusé. Je cite l'anecdote de mémoire.
Cela aurait pu ou dû être mon film du mois. Il y aurait tant à dire de ce film, de ces combats, de ces nostalgies et je le reverrai probablement cet été. Mais difficile d'être le film du mois alors que quelques jours plus tard j'ai visionné The Man Who Shot Liberty Valance! N'empêche un grand moment d'émotion et une très grande découverte.
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Dernière modification par wontolla le 13 mai 11, 22:25, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Il m'arrive parfois d'être pris par certains romans que quelques années plus tard je crois avoir vu (le) (un) film ! Une expérience analogue avec The Man Who Shot Liberty Valance (L'Homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962) que je n'avais plus revu depuis très longtemps. Non de confondre avec un roman mais parce que le film m'avait si fortement impressionné que je gardais le souvenir d'avoir vu un film en couleur. Non, le film n'avait pas été colorisé à mon intention ce dont je me suis rendu compte dès le générique qui a ravivé ma mémoire pour de bon.
De grandes carrures (John Wayne, Lee Marvin et James Stewart, un de mes acteurs fétiches) autour de Vera Miles (qui me donne envie de revoir Psycho que je viens de racheter en BR ainsi que La prisonnière du désert).
Bien que le personnage de Ransom Stoddard soit bien différent de celui de Jefferson Smith (Mr. Smith Goes to Washington, Frank Capra, 1939) je n'ai pu m'empêcher de faire des parallèles d'autant que le Stewart d'alors avait plus l'âge du rôle qu'il interprète dans l'histoire qu'il narre au journaliste. S'agissant d'un film avec le dénouement tel qu'on le connait - le flash back dans le flash back - le regard est différent lors des visions suivantes (comme avec Les diaboliques, par exemple). Tout au plus ai-je été un peu gêné par l'âge des personnages tant vieillis que rajeunis mais je me suis laisse reprendre par l'histoire qui traite d'un sujet qui me tient à coeur: le rapport entre mensonge et vérité (dont j'ai parlé à propos de Shattered Glass de Billy Ray, 2003) mais aussi entre réalité et légende (à savoir littéralement 'ce qu'il faut lire') bien résumé dans une des phrases finales du journaliste. Je fais ici des parallèles avec le récit biblique dont je traite professionnellement - je suis passionné par ce que l'on appelle la théologie narrative - et me souviens de la phrase d'un de mes cours de philosophie où le professeur Pierre-Jean Labarrière disait, (je cite de mémoire): nous faisons « vrais » ces récits (ndlr: bibliques), en les disant « vrais » et en les vivant « vrais ».
S'agissant de la légende narrée par le film et narrée à l'intérieur même de celui-ci, cette citation me semble fort à propos et donc au-delà de la réalisation, des images, de la tension dramatiques et du jeu des acteurs, c'est aussi le thème traité qui m'a enthousiasmé.
Enfin, je n'aurais probablement pas revu ce film ce mois-ci si certains parmi vous ne l'avaient fait monter sur le podium d'avril.
De grandes carrures (John Wayne, Lee Marvin et James Stewart, un de mes acteurs fétiches) autour de Vera Miles (qui me donne envie de revoir Psycho que je viens de racheter en BR ainsi que La prisonnière du désert).
Bien que le personnage de Ransom Stoddard soit bien différent de celui de Jefferson Smith (Mr. Smith Goes to Washington, Frank Capra, 1939) je n'ai pu m'empêcher de faire des parallèles d'autant que le Stewart d'alors avait plus l'âge du rôle qu'il interprète dans l'histoire qu'il narre au journaliste. S'agissant d'un film avec le dénouement tel qu'on le connait - le flash back dans le flash back - le regard est différent lors des visions suivantes (comme avec Les diaboliques, par exemple). Tout au plus ai-je été un peu gêné par l'âge des personnages tant vieillis que rajeunis mais je me suis laisse reprendre par l'histoire qui traite d'un sujet qui me tient à coeur: le rapport entre mensonge et vérité (dont j'ai parlé à propos de Shattered Glass de Billy Ray, 2003) mais aussi entre réalité et légende (à savoir littéralement 'ce qu'il faut lire') bien résumé dans une des phrases finales du journaliste. Je fais ici des parallèles avec le récit biblique dont je traite professionnellement - je suis passionné par ce que l'on appelle la théologie narrative - et me souviens de la phrase d'un de mes cours de philosophie où le professeur Pierre-Jean Labarrière disait, (je cite de mémoire): nous faisons « vrais » ces récits (ndlr: bibliques), en les disant « vrais » et en les vivant « vrais ».
S'agissant de la légende narrée par le film et narrée à l'intérieur même de celui-ci, cette citation me semble fort à propos et donc au-delà de la réalisation, des images, de la tension dramatiques et du jeu des acteurs, c'est aussi le thème traité qui m'a enthousiasmé.
Enfin, je n'aurais probablement pas revu ce film ce mois-ci si certains parmi vous ne l'avaient fait monter sur le podium d'avril.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Je cite pour mémoire The Negotiator de F. Gary Gray (1998) que j'ai regardé avec une amie mercredi après-midi. C'était l'occasion de nous retrouver, comme souvent, autour d'une tasse de café, de merveilleux et de terminer par un film (qui a pensé au lit ?)! Elle n'avait pas d'idée précise mais elle aime Kevin Spacey (notamment) et je lui ai proposé Le négociateur qu'elle n'avait jamais vu. De mon côté je l'avais visionné au moins deux fois, si pas trois à la TV et c'était l'occasion de le regarder en BR, sur grand écran et en VO. Ce n'est pas un grand film mais qui m'a apporté beaucoup de satisfaction: de belles images, de l'action, de la tension dramatique pendant près de deux bonnes heures et demie. Et en plus j'avais même oublié une partie de l'histoire ou plus exactement, je ne savais plus qui étaient les "vrais méchants" dans l'histoire !
Et en BR, la bande son était pas mal...
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
A commenter quand j'aurai le temps, deux films visionnés samedi et deux dimanche:
- Down in the valley (David Jacobson, 2005)
- 17 fois Cécile Cassard (Christophe Honoré, 2002)
- Thor (Kenneth Branagh, 2011), en salle en version 2D.
- Amer (Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2009) : des amis sont venus avec leur DVD pour voir le film chez moi.
- Down in the valley (David Jacobson, 2005)
- 17 fois Cécile Cassard (Christophe Honoré, 2002)
- Thor (Kenneth Branagh, 2011), en salle en version 2D.
- Amer (Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2009) : des amis sont venus avec leur DVD pour voir le film chez moi.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Je viens de voir The Company Men (John Wells, 2010). Je rejoins ce qui a été écrit ici et je commenterai plus tard dans ces cinitinéraires.
Je mange avant d'aller à l'avant-première de The tree of life de Terence Mallick... ce soir à 19h00 à l'UGC.
Après (malgré) tout ce qui a été déjà exprimé en positif/négatif, je tiens, finalement, à me faire ma religion
Je mange avant d'aller à l'avant-première de The tree of life de Terence Mallick... ce soir à 19h00 à l'UGC.
Après (malgré) tout ce qui a été déjà exprimé en positif/négatif, je tiens, finalement, à me faire ma religion
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Pour ne pas oublier de commenter plus tard : The tree of life (Terrence Malick, 2011) que j'irai revoir demain après-midi; Source Code ( Duncan Jones, 2011) vu jeudi soir et La conquête (Xavier Durringer, 2011) que j'irai voir en principe ce soir.
Mise à jour: ne pas oublier non plus: A Matter of Life and Death [Une question de vie ou de mort] (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1946)
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Dur de gérer le temps. Choisir entre regarder les films ou en faire écho !
Commençons par une image qui me revient, anecdotique, du film The Man Who Shot Liberty Valance (L'Homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962). Les steaks, énormes, énormes et « brûlés ». Ce souvenir probablement parce que remontent certains sentiments à la surface après avoir commencé à digérer le dernier Malick et notamment mes quatorze ans de végétarisme que je pratiquais, comme une religion ! pour des raisons éthiques pour tendre à un certain respect de la « Nature ».
Me suis remis ce mois-ci à Michael Powell et Emeric Pressburger avec A Matter of Life and Death (Une question de vie ou de mort, 1946). Je lis qu’il s’agirait d’un film de commande. N’empêche, je me suis bien amusé avec ce conte qui fait se rejoindre le ciel et la terre. Acceptant, pour la durée du film, l’idée qu’il y a quelque chose après la mort, cette rencontre entre le monde céleste (en noir et blanc) et ce monde-ci (riche en couleurs), entre un américain (David Niven) et une anglaise (Kim Hunter), avec la médiation d’un ange au délicieux accent français (Marius Goring que l’on découvrira quelques années plus tard dans The Red Shoes), entre le paradis des aviateurs et l’amour ici sur cette terre m’a procuré un bon moment de cinéma. Me confirme que Michael Powell et Emeric Pressburger sont très bons, que ce soit dans de « grands » ou de « petits » films.
- Down in the valley (David Jacobson, 2005)
Je ne me souviens plus quand j’ai acheté ce DVD, c’était probablement pour Edward Norton car le réalisateur m’est parfaitement inconnu. De toutes façons, le film est formaté pour Norton et je n’ai aucun regret de l’avoir regardé, d’autant qu’aux côtés de Norton il y a David Morse et l’excellente Evan Rachel Wood. Harlan (Norton) est décalé dans son temps - cowboy perdu au XXe siècle, adulte dans son corps, adolescent dans sa tête. Il rencontre Tobe, une adolescente (dans son corps et adulte dans sa tête). Celle-ci a un jeune frère Lonnie (Rory Culkin - le frère de Macaulay... ! - qui joue dans Scream 4). Harlan est en quête de son père, et sera pour Lonnie une figure paternelle. Sa soeur sera séduite par Harlan. La séduction sera partagée, la relation acceptée pois refusée tournera au désastre. Ces quatre acteurs habitent leurs rôles respectifs et l’on se prend à avoir de l’empathie pour Harlan qui perd de plus en plus le sens du réel.
- 17 fois Cécile Cassard (Christophe Honoré, 2002)
Honoré est un cinéaste que j’apprécie beaucoup. Romain Duris un de mes acteurs fétiches (chez les français). La présence de Béatrice Dalle me paraissait devoir apporter un plus à ce film. Et pourtant la sauce n’a pas pris. Je me suis ennuyé et si j’avais commencé par ce film il est probable que je n’en aurais pas regardé d’autres ! L’idée était intéressante. Il y a déjà le tropisme d’Honoré pour les chansons,... mais la séduction n’était pas au rendez-vous.
- Thor (Kenneth Branagh, 2011), en salle en version 2D.
Je suis allé voir ce film toute honte bue, parce qu’il était tiré d’un comic. Etant enfant, vers l’âge de 10/11 ans, je volais de l’argent dans le port-monnaie de ma mère pour acheter des comics... qu’il me fallait lire et jeter ensuite (ma mère n’aimait pas trop que je m’attarde à lire - sauf le dictionnaire !!! - et mes livres de prix en fin d’école primaire ont tous été jeté au feu !), d’autant que je n’aurais pu justifier leur acquisition.
Thor, je l’ai donc regardé avec le cerveau déposé à mes pieds. Un moment de franche détente, pour autant que l’on accepte les règles du jeu, d’autant qu’ici on donne un caractère scientifique à la chose qui « explique » l’existence de ceux qui furent pris en son temps pour des « dieux » (Odin, Thor... et consorts). Je n’ai pas été le voir en 3D mais le film est visiblement fait pour la chose.
Il me reste quand même deux deux remarques à propos de la vraisemblance au cinéma: les Asgardiens et leurs ennemis parlent tous un anglais impeccable (pas besoin de machine de traduction !) et lorsque Chris Hemsworth (Thor) échange un baiser torride avec Natalie Portman (Jane Foster) leurs visages sont à la même hauteur (l’un mesure 1m91, l’autre... 1m60).
A part cela, pas de problème, j’ai pu reprendre mon cerveau pas trop endommagé en sortant de la salle !
- Amer (Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2009)
Un film qui n’est pas dans ma dévédéthèque mais que des voisins ont acheté et ont demandé à voir sur mon installation. J’ignorais tout de ce film (jusqu’à son existence). Tout au plus ce devait être plutôt un film d’horreur. Il est probable que si mes amis n’étaient pas présents j’aurais abandonné après une demi-heure (et la réciproque aussi: s’ils n’étaient pas venus chez moi... ils se seraient peut-être endormis). Au bout de trois quart d’heure, j’ose une question: mais que veulent les réalisateurs ? Qu’est-ce que ce film. Pas de narration, pas ou très peu de dialogues ! Ce n’et que par après, furetant sur la Toile que j’en ai appris un peu plus sur le film, notamment avec des relations celles que celle-ci ou celle-là.
J’avais certes vu les citations, par exemple Le chien andalou mais sans vraiment comprendre le film. Finalement, mes amis et moi nous sommes dit que nous le reverrions bien à l’occasion.
- The Company Men (John Wells, 2010)
Je suis allé voir ce film pour Ben Affleck et parce que j’ai un abonnement illimité à l’UGC. Pas de regrets à l’arrivée (Le réalisateur a produit la série TV The West Wing). Le scénario puise dans l’actualité sociale et financière récente des USA et montre le destin de plusieurs personnes confrontées à la perte de leur emploi. Même si le film est parfois caricatural - pas trop - Ben Affleck, Tommy Lee Jones, Chris Cooper, Kevin Costner et surtout Rosemarie DeWitt dans le rôle de l’épouse de Ben Affleck (une épouse qui a les deux pieds sur terre) arrivent à donner corps à cette histoire et à rendre attachants ces personnages dont le monde bascule soudain.
Commençons par une image qui me revient, anecdotique, du film The Man Who Shot Liberty Valance (L'Homme qui tua Liberty Valance, John Ford, 1962). Les steaks, énormes, énormes et « brûlés ». Ce souvenir probablement parce que remontent certains sentiments à la surface après avoir commencé à digérer le dernier Malick et notamment mes quatorze ans de végétarisme que je pratiquais, comme une religion ! pour des raisons éthiques pour tendre à un certain respect de la « Nature ».
Me suis remis ce mois-ci à Michael Powell et Emeric Pressburger avec A Matter of Life and Death (Une question de vie ou de mort, 1946). Je lis qu’il s’agirait d’un film de commande. N’empêche, je me suis bien amusé avec ce conte qui fait se rejoindre le ciel et la terre. Acceptant, pour la durée du film, l’idée qu’il y a quelque chose après la mort, cette rencontre entre le monde céleste (en noir et blanc) et ce monde-ci (riche en couleurs), entre un américain (David Niven) et une anglaise (Kim Hunter), avec la médiation d’un ange au délicieux accent français (Marius Goring que l’on découvrira quelques années plus tard dans The Red Shoes), entre le paradis des aviateurs et l’amour ici sur cette terre m’a procuré un bon moment de cinéma. Me confirme que Michael Powell et Emeric Pressburger sont très bons, que ce soit dans de « grands » ou de « petits » films.
- Down in the valley (David Jacobson, 2005)
Je ne me souviens plus quand j’ai acheté ce DVD, c’était probablement pour Edward Norton car le réalisateur m’est parfaitement inconnu. De toutes façons, le film est formaté pour Norton et je n’ai aucun regret de l’avoir regardé, d’autant qu’aux côtés de Norton il y a David Morse et l’excellente Evan Rachel Wood. Harlan (Norton) est décalé dans son temps - cowboy perdu au XXe siècle, adulte dans son corps, adolescent dans sa tête. Il rencontre Tobe, une adolescente (dans son corps et adulte dans sa tête). Celle-ci a un jeune frère Lonnie (Rory Culkin - le frère de Macaulay... ! - qui joue dans Scream 4). Harlan est en quête de son père, et sera pour Lonnie une figure paternelle. Sa soeur sera séduite par Harlan. La séduction sera partagée, la relation acceptée pois refusée tournera au désastre. Ces quatre acteurs habitent leurs rôles respectifs et l’on se prend à avoir de l’empathie pour Harlan qui perd de plus en plus le sens du réel.
- 17 fois Cécile Cassard (Christophe Honoré, 2002)
Honoré est un cinéaste que j’apprécie beaucoup. Romain Duris un de mes acteurs fétiches (chez les français). La présence de Béatrice Dalle me paraissait devoir apporter un plus à ce film. Et pourtant la sauce n’a pas pris. Je me suis ennuyé et si j’avais commencé par ce film il est probable que je n’en aurais pas regardé d’autres ! L’idée était intéressante. Il y a déjà le tropisme d’Honoré pour les chansons,... mais la séduction n’était pas au rendez-vous.
- Thor (Kenneth Branagh, 2011), en salle en version 2D.
Je suis allé voir ce film toute honte bue, parce qu’il était tiré d’un comic. Etant enfant, vers l’âge de 10/11 ans, je volais de l’argent dans le port-monnaie de ma mère pour acheter des comics... qu’il me fallait lire et jeter ensuite (ma mère n’aimait pas trop que je m’attarde à lire - sauf le dictionnaire !!! - et mes livres de prix en fin d’école primaire ont tous été jeté au feu !), d’autant que je n’aurais pu justifier leur acquisition.
Thor, je l’ai donc regardé avec le cerveau déposé à mes pieds. Un moment de franche détente, pour autant que l’on accepte les règles du jeu, d’autant qu’ici on donne un caractère scientifique à la chose qui « explique » l’existence de ceux qui furent pris en son temps pour des « dieux » (Odin, Thor... et consorts). Je n’ai pas été le voir en 3D mais le film est visiblement fait pour la chose.
Il me reste quand même deux deux remarques à propos de la vraisemblance au cinéma: les Asgardiens et leurs ennemis parlent tous un anglais impeccable (pas besoin de machine de traduction !) et lorsque Chris Hemsworth (Thor) échange un baiser torride avec Natalie Portman (Jane Foster) leurs visages sont à la même hauteur (l’un mesure 1m91, l’autre... 1m60).
A part cela, pas de problème, j’ai pu reprendre mon cerveau pas trop endommagé en sortant de la salle !
- Amer (Hélène Cattet & Bruno Forzani, 2009)
Un film qui n’est pas dans ma dévédéthèque mais que des voisins ont acheté et ont demandé à voir sur mon installation. J’ignorais tout de ce film (jusqu’à son existence). Tout au plus ce devait être plutôt un film d’horreur. Il est probable que si mes amis n’étaient pas présents j’aurais abandonné après une demi-heure (et la réciproque aussi: s’ils n’étaient pas venus chez moi... ils se seraient peut-être endormis). Au bout de trois quart d’heure, j’ose une question: mais que veulent les réalisateurs ? Qu’est-ce que ce film. Pas de narration, pas ou très peu de dialogues ! Ce n’et que par après, furetant sur la Toile que j’en ai appris un peu plus sur le film, notamment avec des relations celles que celle-ci ou celle-là.
J’avais certes vu les citations, par exemple Le chien andalou mais sans vraiment comprendre le film. Finalement, mes amis et moi nous sommes dit que nous le reverrions bien à l’occasion.
- The Company Men (John Wells, 2010)
Je suis allé voir ce film pour Ben Affleck et parce que j’ai un abonnement illimité à l’UGC. Pas de regrets à l’arrivée (Le réalisateur a produit la série TV The West Wing). Le scénario puise dans l’actualité sociale et financière récente des USA et montre le destin de plusieurs personnes confrontées à la perte de leur emploi. Même si le film est parfois caricatural - pas trop - Ben Affleck, Tommy Lee Jones, Chris Cooper, Kevin Costner et surtout Rosemarie DeWitt dans le rôle de l’épouse de Ben Affleck (une épouse qui a les deux pieds sur terre) arrivent à donner corps à cette histoire et à rendre attachants ces personnages dont le monde bascule soudain.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla
Après avoir vu The Company Men l'après-midi, le soir sera consacré au dernier film de Malick. Je reprends ici, pour l'essentiel, ce que j'avais écris le lendemain de sa vision sur ce fil (en modifiant le temps de certains verbes pour actualiser le message et aussi quelques corrections orthographiques).
Suis allé voir Tree of life mardi à 19h00, en avant-première en Belgique où il sortait officiellement le lendemain 18 mai.
Précisons d'emblée que ma culture cinématographique n'est pas encyclopédique et que mon ignorance est abyssale en certains domaines et commençons donc par Terrence Malick dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce je commande le BR The Thin red line pour en avoir eu écho sur ce forum même. Je n'avais pas encore vu le film si ce n'est un rapide contrôle du DVD sur mon Imac, question de savoir s'il s'agissait du film ou de bonus.
Et lorsque le dimanche précédent, avant de voir Thor (Kenneth Branagh, 2011) j'ai eu droit à une petite minute de bande annonce du film de Malick, je me suis demandé s'il s'agissait bien de 'mon' Terrence Malick. Il s'agissait bien du même et d'un film à l'accouchement retardé.
J'ai lu ici et ailleurs, l'envoûtement de certains, l'agacement d'autres, de la comparaison avec certains spots publicitaires jusqu'à une propagande New-âge crypto-chrétienne. J'ai donc voulu me faire ma "propre religion" (si l'on me permet cette auto-référence !).
Hier donc, une avant-première. On n'entre dans la salle que lorsque les gardiens du Temple vous y autorisent, vous laissant largement le temps d'acheter les boissons, pop-corn et autres aliments (qui paraissent parfois être la marchandise principale de salles de cinéma où finalement la projection du film ne serait que le support pour vous faire consommer de la mal-bouffe).
La séance est prévue à 19h00, sans publicité préalable. La projection tarde. La salle est assez remplie mais pas pleinement. Des gens arrivent encore. La consommation de chips, de pop-corn commence: bruits de paquets, de mâchoires, de manducation m'exaspèrent déjà et je crains pour la vision du film.
19h20. Noir. Lumière. faux départ. 19h25, c'est parti. Comme toujours, les bruits et chuchotements persistent... Mais, miracle , après quelques secondes, plus un bruit, plus de pop-corn, de paquets froissés: silence, hormis la bande-son du film !
Que dire bien du film sans 'spoiler' pour en rendre compte sinon faire écho à des impressions, du ressenti, des questions, des fureurs ?
Il était dit que c'était comme 2001. Probablement, peut-être, du moins en partie pour certaines images même si je songeais plus à celle du télescope Hubble. Hormis ces images, j'ai surtout songé - un peu - à Tarkovski et beaucoup aux deux films d'Andreï Zviaguintsev, Le bannissement ( Izgnanie, 2008) et Le retour (Vozvrashcheniye, 2003). Certain s'étonneront de ce rapprochement; je m'explique. Le traitement des paysages, le rapport à la nature (entendue ici, trivialement, comme l'eau, les plantes, les arbres; en effet, le concept de nature apparaît dès l'entame du film et j'y reviendrai), le jeu et le rôle des enfants, mais aussi de l'homme et de la femme dans le couple ainsi que les relations enfants/parents - parents/enfants; le non-dit, les énigmes laissées sans réponses... tout cela m'a amené à la mémoire les films d'Andreï Zviaguintsev. s'y ajoute aussi la bande son, l'utilisation de la musique, tant en accompagnement que dans la trame du film lui-même (le père et deux, au moins, des enfants).
Qu'ai-je vu ? Des images sublimes, spendides, un éclairage et une lumière extraordinaires au service d'un poème élégiaque qui convoque tour à tour le quotidien et le cosmos pour transmettre un cri fondamental: "pourquoi" lorsqu'une mort inattendue frappe à l'heure qui ne convient pas. Il ne s'agit pas ici de convoquer au récit le tiers assassin malgré lui comme dans Rabbit Hole de John Cameron Mitchell (2011) mais bien "Dieu" soi-même par la médiation d'une voix off (mais probablement porte-parole de plusieurs personnes) et par le biais du récit poétique du livre de Job (j'y reviendrai).
Le film m'a semblé long, très long, trop long sur la durée de sa vision. Mais après cette nuit, je me suis souvenu m'être fait la même réflexion à propos du film Le bannissement où je disais aux quelques rares personnes que j'ai invitées à voir le film avec moi: ce film dure deux heures trente et elles sont indispensables !
A côté de liens que j'établis (à titre personnel; aucune compétence cinématographique de ma part pour dire autre chose) avec Tarkovski mais surtout avec Andreï Zviaguintsev, j'ai pensé aussi à des images du Jardin extraordinaire (télévision belge) mais surtout d'Ushuaïa et parfois de Yann Arthus-Bertrand avec aussi certaines analogies avec des clips publicitaires pour des assurances, des boissons ou des huiles alimentaires... Mais cela fait-il tirer le film vers le bas ou ne dit-il pas quelque chose de l'amélioration de certaines publicités qui tirent vers le haut aujourd'hui et empruntent à certains moments à de grandes traditions du cinéma ?
C'est donc un maelström d'images, de musiques, de sons et d'émotion qui m'a emporté durant le film. Une beauté formelle aussi...
Mais, si j'ai parfois failli m'endormir durant celui-ci (admettons que c'était dû au fait que j'avais soupé à 17h45, avant le film et que c'était la digestion qui faisait son office) à plusieurs reprises, je me suis posé la question "mais où veut-il en venir?" et "est-ce que Malick n'est pas en train de se f**tre de ma gueule?".
En sortant de la salle, après avoir regardé le générique tant bien que mal (parce que beaucoup n'en avaient rien à cirer) j'étais empli de jugements/émotions contradictoires: une jubilation et une détestation aussi intenses l'une que l'autre. Impossible de coter, noter ce film (une petite dizaine de spectateurs on quitté le film au cours de la séance, les deux premiers après une heure).
En y réfléchissant dans le métro en rentrant à la maison, ensuite une partie de la nuit et le lendemain matin encore, je me suis rendu compte que ce qui m'avait exaspéré était l'aspect "religieux". Si j'avais balancé à mes paroissiens un tel discours lors de mes prédications, je pense bien que j'aurai vidé une bonne partie de mon église (entendons de ceux et celles qui se sont acclimatés/habitués et ont apprécié la façon dont je tente de rendre compte du fait religieux aujourd'hui dans un indispensable respect du pluralisme et du coup la prise de conscience de la contingence du discours de ma religion et de sa non opposabilité aux tiers). Il est donc possible que Malick transmette ce qu'il a "reçu" de son éducation (que cette transmission soit volontaire ou se fasse malgré lui parce que cela l'habite est ici second, voire secondaire) mais ce message est inhérent à une bonne part de ses concitoyens/coreligionnaires et donc, pourquoi pas ?
Au-delà de cet aspect qui m'a sensiblement irrité et qui me semblait parfois plus proche de propagande new-Age ou scientologue (non sur le contenu mais sur la forme) il reste deux éléments importants à mes yeux.
Le premier s'exprime dès l'ouverture du film, opposant la grâce et la nature. La grâce étant du côté de "Dieu" (mes guillemets expriment ici une distance critique de la part) et étant un possible pour l'homme; la "nature" égoïste, travaillant pour elle-même à sa propre "survie", reproduction étant ici en tension avec la grâce. On comprendra éventuellement qu'il ne s'agit pas de (se) reproduire mais de transmettre, que s'agissant de transmission cela dépasse la simple reproduction d'un être à travers ses enfants (pour ne voir que l'aspect humain) et que la mort de l'un d'eux ne serait pas la fin de tout. Admettons. Me reste une immense interrogation. Il semble que tout une dimension du film vise à placer/intégrer "Dieu" dans une vision cosmique (éventuellement à la dimension "créative" de "Dieu" - en non 'créationniste' dans le sens donné aujourd'hui par certains courants fondamentalistes). Mais que je sache, le cosmos - sauf à être panthéiste, ce que chacun peut être bien sûr - n'est pas "Dieu" mais est aussi la "nature". Et donc toutes les images présentées: familiales, cosmiques, ludiques, élégiaques, paradisiaques font partie de la "nature" justement opposée à la "grâce". Il y aurait donc, selon ma perception, une faille dans la structure même du récit et c'est probablement cela qui m'a irrité et me paraissait comme de type New-Age (au corps défendant de Malick probablement) et tout particulièrement dans les dix dernières minutes qui se voudraient paradisiaques!
Le deuxième me parait beaucoup plus fondamental: il s'agit de l'appel au poème de Job dans ce que les chrétiens appellent "l'Ancien testament". Connaître ce récit poétique (il ne s'agit pas d'une histoire "vraie" - il n'y a pas eu de 'monsieur Job' ni de 'satan' qui serait venu demander à 'Dieu' de foutre le b*rdel chez Job - mais d'un poème encadré d'un prologue et d'un épilogue en prose et qui a connu plusieurs rédacteurs au fil des années de sa composition) peut apporter un clé de lecture du film de Malick.
Pourquoi le malheur arrive-t-il ? Qu'ai-je fait à "Dieu" pour mériter cela ? J'ai fait tant de bien et je ne suis pas récompensé. Tant d'autres font le mal et vivent dans l'opulence. Pourquoi ? Ce pourquoi tonitrué ou murmuré tout au long du film est à mon sens une des questions qui taraudent le film. Certains y verront une réponse "divine", ou cosmico-divine (les images de début et de fin); d'autres comme moi reprendront à leur compte ce qui est ma signature dans un forum religieux que co-gère avec des croyants et non-croyants:
"- Qui est Dieu?
- Tu sais, quand tu souhaites vraiment quelque chose, que tu fermes les yeux et que tu l'espères très fort. Eh bien, c'est le type qui t'ignore."
(Steve Buscemi, ...du moins son personnage dans le film «The Island» de Michael Bay)
Suis allé voir Tree of life mardi à 19h00, en avant-première en Belgique où il sortait officiellement le lendemain 18 mai.
Précisons d'emblée que ma culture cinématographique n'est pas encyclopédique et que mon ignorance est abyssale en certains domaines et commençons donc par Terrence Malick dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce je commande le BR The Thin red line pour en avoir eu écho sur ce forum même. Je n'avais pas encore vu le film si ce n'est un rapide contrôle du DVD sur mon Imac, question de savoir s'il s'agissait du film ou de bonus.
Et lorsque le dimanche précédent, avant de voir Thor (Kenneth Branagh, 2011) j'ai eu droit à une petite minute de bande annonce du film de Malick, je me suis demandé s'il s'agissait bien de 'mon' Terrence Malick. Il s'agissait bien du même et d'un film à l'accouchement retardé.
J'ai lu ici et ailleurs, l'envoûtement de certains, l'agacement d'autres, de la comparaison avec certains spots publicitaires jusqu'à une propagande New-âge crypto-chrétienne. J'ai donc voulu me faire ma "propre religion" (si l'on me permet cette auto-référence !).
Hier donc, une avant-première. On n'entre dans la salle que lorsque les gardiens du Temple vous y autorisent, vous laissant largement le temps d'acheter les boissons, pop-corn et autres aliments (qui paraissent parfois être la marchandise principale de salles de cinéma où finalement la projection du film ne serait que le support pour vous faire consommer de la mal-bouffe).
La séance est prévue à 19h00, sans publicité préalable. La projection tarde. La salle est assez remplie mais pas pleinement. Des gens arrivent encore. La consommation de chips, de pop-corn commence: bruits de paquets, de mâchoires, de manducation m'exaspèrent déjà et je crains pour la vision du film.
19h20. Noir. Lumière. faux départ. 19h25, c'est parti. Comme toujours, les bruits et chuchotements persistent... Mais, miracle , après quelques secondes, plus un bruit, plus de pop-corn, de paquets froissés: silence, hormis la bande-son du film !
Que dire bien du film sans 'spoiler' pour en rendre compte sinon faire écho à des impressions, du ressenti, des questions, des fureurs ?
Il était dit que c'était comme 2001. Probablement, peut-être, du moins en partie pour certaines images même si je songeais plus à celle du télescope Hubble. Hormis ces images, j'ai surtout songé - un peu - à Tarkovski et beaucoup aux deux films d'Andreï Zviaguintsev, Le bannissement ( Izgnanie, 2008) et Le retour (Vozvrashcheniye, 2003). Certain s'étonneront de ce rapprochement; je m'explique. Le traitement des paysages, le rapport à la nature (entendue ici, trivialement, comme l'eau, les plantes, les arbres; en effet, le concept de nature apparaît dès l'entame du film et j'y reviendrai), le jeu et le rôle des enfants, mais aussi de l'homme et de la femme dans le couple ainsi que les relations enfants/parents - parents/enfants; le non-dit, les énigmes laissées sans réponses... tout cela m'a amené à la mémoire les films d'Andreï Zviaguintsev. s'y ajoute aussi la bande son, l'utilisation de la musique, tant en accompagnement que dans la trame du film lui-même (le père et deux, au moins, des enfants).
Qu'ai-je vu ? Des images sublimes, spendides, un éclairage et une lumière extraordinaires au service d'un poème élégiaque qui convoque tour à tour le quotidien et le cosmos pour transmettre un cri fondamental: "pourquoi" lorsqu'une mort inattendue frappe à l'heure qui ne convient pas. Il ne s'agit pas ici de convoquer au récit le tiers assassin malgré lui comme dans Rabbit Hole de John Cameron Mitchell (2011) mais bien "Dieu" soi-même par la médiation d'une voix off (mais probablement porte-parole de plusieurs personnes) et par le biais du récit poétique du livre de Job (j'y reviendrai).
Le film m'a semblé long, très long, trop long sur la durée de sa vision. Mais après cette nuit, je me suis souvenu m'être fait la même réflexion à propos du film Le bannissement où je disais aux quelques rares personnes que j'ai invitées à voir le film avec moi: ce film dure deux heures trente et elles sont indispensables !
A côté de liens que j'établis (à titre personnel; aucune compétence cinématographique de ma part pour dire autre chose) avec Tarkovski mais surtout avec Andreï Zviaguintsev, j'ai pensé aussi à des images du Jardin extraordinaire (télévision belge) mais surtout d'Ushuaïa et parfois de Yann Arthus-Bertrand avec aussi certaines analogies avec des clips publicitaires pour des assurances, des boissons ou des huiles alimentaires... Mais cela fait-il tirer le film vers le bas ou ne dit-il pas quelque chose de l'amélioration de certaines publicités qui tirent vers le haut aujourd'hui et empruntent à certains moments à de grandes traditions du cinéma ?
C'est donc un maelström d'images, de musiques, de sons et d'émotion qui m'a emporté durant le film. Une beauté formelle aussi...
Mais, si j'ai parfois failli m'endormir durant celui-ci (admettons que c'était dû au fait que j'avais soupé à 17h45, avant le film et que c'était la digestion qui faisait son office) à plusieurs reprises, je me suis posé la question "mais où veut-il en venir?" et "est-ce que Malick n'est pas en train de se f**tre de ma gueule?".
En sortant de la salle, après avoir regardé le générique tant bien que mal (parce que beaucoup n'en avaient rien à cirer) j'étais empli de jugements/émotions contradictoires: une jubilation et une détestation aussi intenses l'une que l'autre. Impossible de coter, noter ce film (une petite dizaine de spectateurs on quitté le film au cours de la séance, les deux premiers après une heure).
En y réfléchissant dans le métro en rentrant à la maison, ensuite une partie de la nuit et le lendemain matin encore, je me suis rendu compte que ce qui m'avait exaspéré était l'aspect "religieux". Si j'avais balancé à mes paroissiens un tel discours lors de mes prédications, je pense bien que j'aurai vidé une bonne partie de mon église (entendons de ceux et celles qui se sont acclimatés/habitués et ont apprécié la façon dont je tente de rendre compte du fait religieux aujourd'hui dans un indispensable respect du pluralisme et du coup la prise de conscience de la contingence du discours de ma religion et de sa non opposabilité aux tiers). Il est donc possible que Malick transmette ce qu'il a "reçu" de son éducation (que cette transmission soit volontaire ou se fasse malgré lui parce que cela l'habite est ici second, voire secondaire) mais ce message est inhérent à une bonne part de ses concitoyens/coreligionnaires et donc, pourquoi pas ?
Au-delà de cet aspect qui m'a sensiblement irrité et qui me semblait parfois plus proche de propagande new-Age ou scientologue (non sur le contenu mais sur la forme) il reste deux éléments importants à mes yeux.
Le premier s'exprime dès l'ouverture du film, opposant la grâce et la nature. La grâce étant du côté de "Dieu" (mes guillemets expriment ici une distance critique de la part) et étant un possible pour l'homme; la "nature" égoïste, travaillant pour elle-même à sa propre "survie", reproduction étant ici en tension avec la grâce. On comprendra éventuellement qu'il ne s'agit pas de (se) reproduire mais de transmettre, que s'agissant de transmission cela dépasse la simple reproduction d'un être à travers ses enfants (pour ne voir que l'aspect humain) et que la mort de l'un d'eux ne serait pas la fin de tout. Admettons. Me reste une immense interrogation. Il semble que tout une dimension du film vise à placer/intégrer "Dieu" dans une vision cosmique (éventuellement à la dimension "créative" de "Dieu" - en non 'créationniste' dans le sens donné aujourd'hui par certains courants fondamentalistes). Mais que je sache, le cosmos - sauf à être panthéiste, ce que chacun peut être bien sûr - n'est pas "Dieu" mais est aussi la "nature". Et donc toutes les images présentées: familiales, cosmiques, ludiques, élégiaques, paradisiaques font partie de la "nature" justement opposée à la "grâce". Il y aurait donc, selon ma perception, une faille dans la structure même du récit et c'est probablement cela qui m'a irrité et me paraissait comme de type New-Age (au corps défendant de Malick probablement) et tout particulièrement dans les dix dernières minutes qui se voudraient paradisiaques!
Le deuxième me parait beaucoup plus fondamental: il s'agit de l'appel au poème de Job dans ce que les chrétiens appellent "l'Ancien testament". Connaître ce récit poétique (il ne s'agit pas d'une histoire "vraie" - il n'y a pas eu de 'monsieur Job' ni de 'satan' qui serait venu demander à 'Dieu' de foutre le b*rdel chez Job - mais d'un poème encadré d'un prologue et d'un épilogue en prose et qui a connu plusieurs rédacteurs au fil des années de sa composition) peut apporter un clé de lecture du film de Malick.
Pourquoi le malheur arrive-t-il ? Qu'ai-je fait à "Dieu" pour mériter cela ? J'ai fait tant de bien et je ne suis pas récompensé. Tant d'autres font le mal et vivent dans l'opulence. Pourquoi ? Ce pourquoi tonitrué ou murmuré tout au long du film est à mon sens une des questions qui taraudent le film. Certains y verront une réponse "divine", ou cosmico-divine (les images de début et de fin); d'autres comme moi reprendront à leur compte ce qui est ma signature dans un forum religieux que co-gère avec des croyants et non-croyants:
"- Qui est Dieu?
- Tu sais, quand tu souhaites vraiment quelque chose, que tu fermes les yeux et que tu l'espères très fort. Eh bien, c'est le type qui t'ignore."
(Steve Buscemi, ...du moins son personnage dans le film «The Island» de Michael Bay)