Les cinitinéraires de Wontolla

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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wontolla
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Wagner a écrit :Tarnation, même en accéléré, j'ai trouvé ça très long :oops:

:arrow:
J'ai un de mes amis qui lui s'est arrêté à la moitié! :wink:
Wagner
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Wagner »

C'est spécial, mais je comprends qu'on puisse adorer.
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gnome
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par gnome »

Adorer, ce n'est peut-être pas le terme, mais je trouve ce film fascinant, lucide, effrayant dans cette lucidité. C'est un témoignage extrêmement fort.
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feb
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par feb »

wontolla a écrit :Je viens de terminer la soirée avec Ma mère, de Christophe Honoré (2004).
Que dire ?
A cette heure ?
:arrow: Je vais promener mon chien et me coucher. :wink: :mrgreen:
Peut-être écouterais-je l'interview d'Honoré avant de poster.
Concernant ce film, je suis très curieux d'avoir ton avis wontolla :fiou:
Et sinon bravo pour la création de ce topic, j'aime beaucoup ton idée de présenter tes visionnages en les plaçant dans un contexte et en y associant ton humeur du jour ou le "pourquoi du comment" de ton choix :wink:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

feb a écrit : Concernant ce film, je suis très curieux d'avoir ton avis wontolla :fiou:
Et sinon bravo pour la création de ce topic, j'aime beaucoup ton idée de présenter tes visionnages en les plaçant dans un contexte et en y associant ton humeur du jour ou le "pourquoi du comment" de ton choix :wink:
J'étais occupé à l'écrire au moment où tu postais. Voici donc, ci-après.
Tu as raison, plutôt qu'une recension de films, ce sont plutôt des billets d'humeur. C'et pourquoi j'ai préféré créer ce fil, journal, en quelque sorte, mais ouvert à tous.
Dernière modification par wontolla le 10 juin 11, 23:19, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Il y a quelques mois, lors d'une discussion au sujet de Christophe Honoré, un ami me disait combien Ma mère (Christophe Honoré, 2004) l'avait mis terriblement mal à l'aise, jusqu'à la nausée. Cela ne m'a pas empêché d'acquérir le film en mai dernier. Les frais de livraison, 4€50 me coutèrent plus que le DVD, vendu à 1,35 euros par un des vendeurs via Amazon! C'est dire la valeur à laquelle on estimait ce film !!!

Quoiqu'il en soit, je souhaitais voir un film avec Louis Garrel que j'avais vu dans The Dreamers de Bertolucci quelques jours plus tôt et dans Les chansons d'amour de Christophe Honoré il y a quelques mois. J'hésitais entre Dans Paris et La belle personne... quand mon regard fut attiré à gauche (classement par réalisateur et par année!) par Ma mère. Le jugement catégoriquement négatif eut un effet paradoxal et c'est le film que je choisis de regarder sans précaution préalable: je n'avais pas pris connaissance du synopsis, ne savait donc que par la jaquette qu'il était question de mettre en images une oeuvre inachevée de Georges Bataille (dont je n'ai rien lu). Je m'assieds donc, me préparant - conscient de ma démarche - à découvrir un film horrible, terrifiant, dégoûtant, pervers... tout semblait possible, tant la mise en garde antérieure pesait encore en mémoire.

Et le film ne fut pas horrible, terrifiant, dégoûtant, pervers... Je l'ai même apprécié [mais j'ai aussi apprécié Even Cowgirls get the blues de Gus Van Sant (1976); c'est dire que mon jugement est largement sujet à caution].

Apprécié, cela ne veut pas dire que j'ai regardé comme, par exemple La vie est un long fleuve... ! Non, j'ai été secoué, surpris, et parfois mal à l'aise, un peu comme je l'avais été en regardant Elève libre, de mon compatriote Joachim Lafosse (2008). Me revenaient en mémoires des textes de Sade que j'avais lu étant jeune. Je n'ai pas eu la nausée ou le regard qui se détournait ou l'envie de fuir comme dans Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini (1975).

J'ai été subjugué par ce que me proposait Honoré, le film, l'histoire, la direction d'acteurs. Je n'ai jamais compris l'univers et les pratiques SM. La pochette annonçait que le réalisateur transposait à l'écran une oeuvre littéraire de Bataille qui me semble d'un autre niveau (sans l'avoir lu) que des romans de gare ou de boutiques porno, j'ai accepté d'entrer dans et de jouer le jeu. A dire vrai, à certains moments des phrases de Bataille ne sonnaient pas totalement "juste", surtout dans la bouche d'Isabelle Huppert... mais globalement, cela ne me dérangeait pas.

Un coup de chapeau à Isabelle Huppert, Emma de Caunes, Joana Preiss, et surtout à Louis Garrel. Une telle aventure doit demander beaucoup de confiance réciproque: entre eux, l'équipe, le réalisateur... Au-delà des thèmes abordés, une mère qui initie son jeune fils de 17 ans à une trouble sexualité, aux pratiques SM, voire à l'inceste, il faut encore gérer la "représentation" des corps et de la sexualité, y compris dans la nudité, ce qui n'est pas évident, que l'on débute ou que l'on soit un comédien aguerri.

J'écris bien "représenter" puisque nous ne sommes pas dans le cas de Nine songs de Michael Winterbottom (2004) ou de Shortbus de John Cameron Mitchell (2006) voire certains Larry Clark. Porter ce roman à l'écran exigeait, à mon estime (je dois encore lire le roman que je viens de commander) que les corps, nus, sexués, ne soient pas hors champs. Nous sommes ici aux frontières, aux limites de ce qui peut-être représenté, au sens le plus noble du terme, de l'obscénité, ce qui ne doit pas être vu sur scène. Il me semble, bien subjectivement et fort peu professionnellement que Christophe Honoré s'en est pas trop mal sorti.

Je dois avouer que je suis de plus en plus fasciné par le jeu de Louis Garrel. Je n'avais pas été trop attentif dans Les chansons d'amour mais bien dans The Dreamers. Je suppose que Louis sait qu'il a une gueule d'ange et sait en jouer ! En d'autres temps, je l'aurais bien vu jouer dans Théorème de Pasolini.

Hier soir, je suis allé lire le fil consacré à Ma mère qui fait à peine une page et demi. J'y dupliquerai les présents échos.

Ce matin, j'ai lu un des commentaires, très négatif, sur Amazon:
Bien obligé de mettre une étoile pour un film nullissime qui n'en méritait aucune.
C'est l'histoire d'un jeune homme de 17 ans qui vénère sa mère mais un jour cette dernière décide de lui montrer son vrai visage. En gros, "Tu m'as prise pendant toutes ces années pour une sainte, je vais te montrer que je suis une fieffée salope !" Fiston est un peu déçu au début mais la moralité de ce film c'est que l'on s'habitue très vite à une vie de débauche. Alors, mère et fils, main dans la main, vont nous entraîner dans leurs aventures toutes plus perverses les unes que les autres. Rien ne nous est épargné en matière de déviances sexuelles (on frôle même la pédophilie à un moment) et le clou du spectacle c'est bien évidemment une relation incestueuse que l'on sent venir depuis le début. Quel suspense mes aïeux !
Ajoutez à cela des dialogues pompeux et prétentieux qui sonnent faux même dans la bouche d'Isabelle Huppert (un comble !) et une mise en scène pitoyable qui nous donne l'impression d'assister à un mauvais sitcom, version sado-maso.
Bravo monsieur Christophe Honoré de rajouter autant de dépravation dans une société qui n'en a pourtant pas besoin. En ce qui me concerne votre dvd c'est direct dans la poubelle !


Je n'ai pas jeté mon DVD à la poubelle
Spoiler (cliquez pour afficher)
(mes neveux le feront à ma mort - ce qui me fait songer que l'on devrait vider secrétaires et tiroirs de tout ce que l'on ne veut pas que l'on y trouve à votre décès !)
mais je me suis mis aux bonus, dont l'interview de Christophe Honoré et une fin alternative.

L'interview m'a conforté dans mon ressenti (je ne parle ici que de mes sentiments, je n'ai pas assez de compétence pour juger même si je 'cote' mes films). Honoré aborde plusieurs questions, dont celle de son homosexualité (je ne suis pas hétérosexuel, dit-il, sous forme de litote), celle de la sexualité représentée à l'écran mais aussi son rapport avec Bataille, la difficile et délicate transposition d'un (tel) roman en images. Comme j'ai l'habitude de faire des jeux de mots à 4 centimes d'euros, j'écrirais qu'il lui fallait mettre les mots et les maux en images.
Honoré propose aussi une fin alternative. C'est là que le support DVD est intéressant, montrant des voies potentielles, pourquoi certaines semblaient des impasses, etc.

Enfin, j'ai encore songé à The dead (Gens de Dublin, 1987). Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas détruire ce chef d'oeuvre en osant quelque comparaison avec Ma mère... En fin d'année, j'ai revu ce film avec un ami qui le découvrait. Il m'avait dit ses réticences à le regarder parce qu'il avait apprécié le recueil de nouvelles de James Joyce. Ses craintes: que l'esprit si singulier de la nouvelle ne soit dénaturé par John Huston. Il a reconnu que Huston avait bien transposé la nouvelle.

Je reste avec cette question pour le film d'Honoré. Mais, avant de pouvoir y répondre, je dois lire Georges Bataille. Son roman était hors stock, je l'ai commandé. Je ferai le point dans quelques semaines.
Dernière modification par wontolla le 5 janv. 11, 15:21, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Alors, ce soir, après La mère, ce sera au tour du père... et du fils (Garrel), :uhuh: :fiou: :mrgreen:
avec Les amants réguliers !
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par feb »

Merci beaucoup pour ton billet sur Ma mère qui me permet d'avoir un avis différent et surtout de mieux appréhender ce film. J'espère que tu pourras continuer ce topic parce que tes chroniques sont très agréables à lire. :wink:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :. J'espère que tu pourras continuer ce topic parce que tes chroniques sont très agréables à lire. :wink:
Oui, tes billets d'humeur sont délectables ; et puis tu ne devrais pas hésiter longtemps à mettre Chantons sous la pluie dans ton lecteur DVD : il y a peu de chances pour que tu y sois hermétique :wink:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par Jeremy Fox »

wontolla a écrit : - The Dead (Les gens de Dublin), John Huston (1987)
J'en ai parlé le mois dernier. Revu avec un ami. Toujours autant d'émotion. Bravo John Huston.

Mon film du mois pour l'instant ; le dernier quart d'heure (où l'on comprend le titre original) est poignant. J'en avais les larmes aux yeux.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Jeremy Fox a écrit : Mon film du mois pour l'instant ; le dernier quart d'heure (où l'on comprend le titre original) est poignant. J'en avais les larmes aux yeux.
A partir de la chanson que Gretta Conroy (Anjelica Huston) écoute en s'arrêtant dans l'escalier, cela a été le cas pour moi également.
Je suis encore touché rien que de m'en souvenir! :oops:

Et je crois que je me mettrai cette semaine à Chantons sous la pluie :D
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Préface

Il est question dans les films que j’ai vus ces dernières semaines de « mai 68 ».
En 1968, j’avais an et, à dire vrai, je n’ai rien remarqué. A l’époque, j’étais dans un internat, bien heureux d’être hors d’une famille où ma mère, telle une Folcoche (je n’avais pas à l’époque la culture pour le savoir) paysanne, sans autre culture... que celle de ses champs étouffant ses enfants et mon père, quasi analphabète.
Sans ressources financières, j’aimais lire et faisait du bénévolat à la bibliothèque publique de la ville où j'étudiais, ce qui me permettait d’emprunter des livres sans devoir passer à la caisse. Je me plongeais ainsi tout particulièrement dans la littérature fantastique notamment, par exemple, l’écrivain belge Raymond Marie DeKremer (Jean Ray).
Je ramenais bouquins sur bouquins à l’internat, moyen de m’évader dans un ailleurs que ne me permettaient ni le milieu familial, clos, enfermé, grillagé, ni mes condisciples venant de la campagne et avec qui je me sentais si peu d’affinités... à part quelques jeux sexuels d’adolescents où l’on se précisait bien avant toutes choses « que l’on n’était pas pédés! ». Un an plus tard, j’étais amoureux de ma cousine et aussi... de Caroline de Monaco à qui j’écrivais - sans les lui envoyer - de torrides et sulfureux poèmes pornographiques ! J’écrivais à Ciné-Revue - qui publia ma lettre - pour protester contre la censure de « Je t’aime moi non plus », interdit de radio avant 22h00 (au verso de ce 45 tours, il y avait « 69, année érotique »).

Je lisais aussi « Le Voyageur imprudent » de Barjavel. Je crois me souvenir que le héros se rencontre lui-même lors d’un de ses voyages dans le passé. Je fascinais sur cette rencontre et l’adolescent que j’étais trouvait que c’était le pied de l’amour ultime, s’aimer soi-même, se retrouver soi-même comme son propre jumeau, sachant combler tous les désirs puisque les connaissant et les anticipant. On comprendra que j’étais sur une voie dangereuse, au moins dans la tête, et que l’univers familial, quasi carcéral, pouvait me conduire dans bien des impasses. J’eu la chance (oui) dans ma 18e année, de faire l’objet d’une mesure de placement judiciaire comme « mineur en danger » (Le juge de la jeunesse et le procureur du Roi jouèrent sur le fait que mes dix-huit ans n’étaient pas accomplis). Cette mise sous tutelle m’ouvrit à un tout autre univers et me permit de m’épanouir (on ne guérit toutefois jamais totalement de ses blessures) et fut, en quelque sorte mon Tarnation à moi. Bien entendu, c’était d’un tout autre niveau que celui, quasi apocalyptique, de Jonathan Caouette, mais l’univers qui fut le mien explique peut-être pourquoi son film m’a particulièrement marqué.

Plus tard, comme je l’écrivais ci-avant, je lisais Le Petit livre rouge, pensant que j’allais révolutionner le monde. Je n’ai pas enseigné, tout juste trouvé chômage puis petits boulots. Puis fonctionnaire fiscal, Officier de police judiciaire dans un corps d’élite et enfin, prêtre. Si pour ce dernier point l’actualité de mon pays m’amène - bien que absolument pas concerné - à faire profil bas face à la médiatisation d’événements qui, justement remontent parfois à ces années aux alentours de 68, j’envisageais dans chacun de mes boulots, ma vie comme celle d'un Don Quichotte voulant défendre la veuve et l’orphelin. On imaginera que dans l’un et l’autres cas, j’ai vite déchanté (comme les tragiques héros de "Mai 68").

Si, en cette longue préface, je narre cette singulière adolescence et période qui aurait dû être révolutionnaire, c’est pour en arriver, justement, à ces films qui me touchent tout particulièrement. Et d’abord de l’absence de repères familiaux, j’ai acquis une vision assez souple et ouverte de la sexualité et de l’affectivité. Je suis assez ouvert, avec quand même de très sérieuses barrières (les miennes: pédophilie, bestialité, inceste, SM, scato,...) et à l’équivalent du « pansexuel » capitaine Jack Harkness (joué par John Barrowman dans Torchwood, un spin-off de Dr Who) je me sens plutôt « panaffectif ». J’aurais aimé vivre dans un monde où l’on puisse poser des gestes de tendresse sans que ceux-ci ne soient nécessairement sexuels. Cela fait aussi que je puis « flasher » sur des acteurs ou actrices, des situations, des sentiments et/ou des corps évoqués, montrés, sublimés ou déchus.

Et donc, j’ai vibré à certains films qui ont déplu à certains voire beaucoup. Exemple Shorbus. Un couple d’amis cinéphiles me demande de leur prêter ce film. Je prends beaucoup de précautions oratoires: il y a du sexe explicite: gay, hétéro, des relations à trois, des partouzes et probablement certaines choses que ni homos ni hétéros n’ont coutume de faire dans leur vie « réelle ». M’ont rendu le film en me disant qu’ils ont abandonné en cours de route « décidément nous sommes beaucoup trop hétéros pour cela » et j’aurais tant voulu leur partager - non ces scènes qui leur ont déplu, mais pas à moi - la scène finale qui me bouleverse toujours (j’ai dit que j’étais un horrible sentimental). A ce train il faudrait être cowboy pour regarder un western ou militaire pour un film de guerre ! Shorbus, donc, Nine songs mais aussi Larry Clark, Gus Van Sant et... The Dreamers de Bertolucci.

Ce dernier film, traduit, pour une fois très bien, en français par « Les innocents, autrement dit, ‘ceux qui ne peuvent nuire’. Cette innocence, cette gémellité, ce repli dans une bulle, la quête d’une impossible fusion rejoignent des éléments évoqués ci-avant de ma propre histoire. On a parlé, pour ce film, d’un mai 68 au rabais mais le mien l’était aussi. J’ai signalé ma fascination pour le jeu de Michaël Pitt que je reverrai volontiers dans d’autres films et de Louis Garrel. Ce qui m’a conduit à regarder Ma mère. Là aussi, je suppose que mon histoire, dont je narre quelques bribes ci-dessus, explique ma fascination pour ce film probablement morbide.

L’on me rétorquera qu’il y a du SM et de l’inceste.Mais c’est là une autre dynamique. Il s’agit de la relation cinéma/littérature. J’aimais beaucoup lire et le fais beaucoup moins depuis avril 2007 où une poussée de sclérose en plaques a atteint mon nerf optique et une perte définitive de la moitié de la vision de l’oeil droit. Lire, photographier, consulter l’ordinateur sont donc plus pénibles et c’est aussi cela qui m’a poussé à acquérir un grand écran (et aussi parce que le contrôle de la vessie est altéré par la SEP - les médicaments que l’on donnerait à un prostatique sont sans effet et la salle de sport est plus performante - et qu’il est plus facile de mettre le DVD en pause qu’au cinéma !). S’agissant donc de transposition de l’oeuvre d’un grand écrivain au cinéma, les réserves et tabous n’étaient pas de mise (en tout cas pour le film d’Honoré).

Ce sont tous ces souvenirs affleurant à la mémoire qui m’amènent, dans mon (cin)iténéraire, hier soir, à regarder Les amants réguliers du Père de Louis. (voir ci-après)

Mise à jour le 7/1/11: correction de balises erronées.
Dernière modification par wontolla le 7 janv. 11, 19:13, modifié 1 fois.
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Les amants réguliers
J’avais lu, sur Wikipedia, comme quoi il faut s’en méfier: « Les Amants réguliers livre une version des événements de mai 1968 qui tient à la fois du songe et de la démystification. Songe parce que la poésie est toujours reine dans le cinéma de Philippe Garrel, démystification parce que 68 est montré comme une mascarade.
François, 20 ans, l'âge du réalisateur au moment des événements, est un candide exalté. Il est poète, fume du haschisch et habite près des beaux quartiers. Avec une poignée d'amis, il descend dans la rue, se fait très peur en jouant au chat et à la souris avec les CRS, renverse une voiture, monte une barricade, attend et s'endort en rêvant de 1789. Au lieu d'inventer, Mai 68 s'est endormi sur la Révolution française.


Je m’attendais à voir un film sur « mai 68 » avec deux parties, la première décrivant cette révolution-là, la seconde débouchant sur l’Autre (la vraie ?). Je m’étais trompé. J’ai découvert tout autre chose. Un film avec de très belles images en noir et blanc, ciselées au burin, un contraste extraordinaire (des images qui gagneraient à la haute définition), des gros plans magnifiques sur des visages mais aussi un son tel que les paroles étaient régulièrement inintelligibles (probablement voulu, mais cela m’a exaspéré).

On disait ce film montrant une vision plus sérieuse que celle de Bertolucci: tant de « mai 68 » que des protagonistes repliés sur leur trio d’un côté, ouverts de l’autre. En matière d’ouverture cela me semblait, symboliquement tout aussi fermé, repliés qu'ils étaient dans un appartement bourgeois appartenant à un mec qui avait bien hérité. Une fin mortelle sur la vie et les illusions.
Quelques rires, quand Louis Garrel crie « maman, maman », il y a eu un court-circuit dans ma tête avec le même cri dans Ma mère. Aussi quand le même Louis Garrel, enfin, François Dervieux, dit à son amie « J’arrive pas à phantasmer sur les filles de mon âge et que l’on sait qu’il est couple avec Valeria Bruni, de quasi vingt ans son aînée (une cougar si je comprends bien), la soeur de Carla (Louis Garrel est donc, le beau-frère de Nicolas S.; j’ai bon là ?).

Mais au total, à ma grande honte, je dois reconnaître que le charme n’a pas pris. J’ai regardé un bel objet, de belles images durant trois heures mais sans que quoique ce soit face tilt. A ma grande honte, car, à lire des critiques très élogieuses que je comprends « intellectuellement » mais pas dans mon coeur, je suppose que j’ai dû rater quelque chose. Ainsi, par exemple sur kinok.com, sur Critikat sur Fluctuat.net, Arte et surtout, les Cahiers du cinéma.

J'aurais pu m'inspirer ce ces chroniques et recensions pour en faire une belle et bien "cinéphile"... Mais ce n'est pas mon style. En fait, ce que j’ai le plus aimé dans ce DVD, c’est la préface de Philippe Azouri ! Ceci explique ma très longue et trop personnelle « préface » qui prouve probablement qu'à défaut de retomber en enfance, je dois faire, en ce moment - où je suis aussi dans un trip teen movies - une crise... d'adulescence. :oops: :fiou:
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par cinephage »

Je partage ta position : le film est très beau, mais assez désincarné et il tourne vite à vide. Je n'ai perçu ni profondeur réelle, ni émotion.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Les cinitinéraires de Wontolla

Message par wontolla »

Ce soir fut consacré à Singin' in the Rain (Chantons sous la pluie, Stanley Donen et Gene Kelly, 1952). Je naissais avec ce film que je n'avais encore jamais regardé. Après Un américain à Paris, en Blu-Ray, le soir du réveillon, il était tout naturel de commencer avec cet autre film de Gene Kelly.

Un éblouissement des sens: yeux et oreilles. C'est virevoltant, splendide. Je me suis laisse prendre par la magie du film. Les danses, les chants, la couleurs m'ont enchanté. L'histoire d'amour lié à une histoire sur le passage du muet au parlant (qui a dû casser pas mal de carrières) associée à une foison d'images et à tant d'occasions données à Gene Kelly (comment dans Un américain à Paris) et à Debbie Reynolds d'exercer et montrer leurs talents.

Je me suis surpris à détester (dans l'histoire) le personnage de Lina Lamont (Jean Hagen).

J'ai la version deux DVD :
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La qualité de l'image est la plupart du temps très bonne (upscalée en 1080 p, sur écran 2,18 m). Ce sont surtout les sous-titres qui trahissent que ce n'est pas de la vraie HD. A propos de sous-titres, un grand regret qu'il n'y en ait pas pour les commentaires. Un zéro pointé pour l'éditeur.

In fine, un très grand film. Un coup de coeur pour ce mois de janvier.
Dernière modification par wontolla le 14 janv. 12, 13:50, modifié 1 fois.
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