La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier - 2010)

[odelay]

J'adore Mélanie Thierry.C'est une actrice qui n'a pas encore la reconnaissance qu'elle mérite.Dans "Un dernier pour la route", je l'avais trouvée excellente, comme d'hab.
Et qu'est-ce qu'elle est belle...
Rien que pour elle, j'irai voir le film, même si c'était un navet.

Je m'étais retrouvé assis en face d'elle dans le métro cet été. Je confirme, elle a un charme incroyable.

[Flol]

Je l'ai vu récemment à la télé, et j'ai trouvé qu'elle avait des lèvres surdimensionnées, c'était assez laid.
Sinon, question concernant la musique de Sarde : est-ce que la partie un peu plus moderne (avec une espèce de rythmique à la Zimmer) que l'on pouvait entendre dans la BA est bien présente dans le film ? S'agit-il vraiment de la composition originale de Sarde ?
En tout cas merci pour ton avis, qui fait bien plaisir (surtout concernant Sarde !).

[Ann Harding]

Je n'interviens quasiment jamais dans les Classiques d'Aujourd'hui car je vis entourée de naphtaline. Mais, de temps en temps, je retire les boules et je vais voir des films récents. Etant très amateur de Tavernier -en particulier de Que la Fête Commence- je suis allée en salle pour voir cette Princesse de Montpensier. Le film m'a fait une impression mitigée. Il y a d'abord pour moi un problème de casting. Mélanie Thierry est très mignone, mais elle est un peu dépassée par les dialogues et son personnage. De plus -c'est une impression personnelle- elle a un visage trop moderne pour vraiment cadrer dans la France du XVIème siècle : ses lèvres généreuses et son visage très carré ne m'évoque pas du tout les portraits de François Clouet. (alors que l'actrice qui joue Catherine de Guise est elle bien plus 'historique'). Il y a néanmoins de belles réussites dans ce casting, en particulier, le Duc d'Anjou (futur Henri III) très bien incarné par Rafaël Personnaz qui sait projeter son dialogue avec humour et rentre dans la peau du personnage. Lambert Wilson, évidemment, est très à l'aise dans le costume d'époque ; son expérience théâtrale fait toute la différence. C'est quelque chose que j'ai remarqué dans nombre de fictions historiques. Dans les années 70, on utilisait volontiers les acteurs de théâtre qui connaissaient leur Molière, leur Racine et leur Corneille sur le bout des doigts. Un dialogue littéraire et complexe ne leur faisait pas peur. Maintenant, je vois souvent de jeunes acteurs de cinéma (ou de télévision) qui annonent leur texte sans vraiment en comprendre le sens. Certes, chez Tavernier, on sent qu'ils ont dû travailler cet aspect avec professionnalisme. Mais, Ulliel et Leprince-Ringuet restent des poids légers. Quant au scénario, il montre par moment quelques faiblesses. J'avais vu lors de sa sortie La fille de d'Artagnan qui ne m'avait pas convaincu. Il faut le reconnaître Jean Cosmos n'est pas un scénariste de la trempe de Jean Aurenche (auteur des grands Taverniers des année 70). Le film hésite entre le film historique à grand spectacle (batailles, massacre) et l'intimisme sans vraiment choisir. Je crois qu'il manque un petit ingrédient qui aurait rendu tout cela plus attrayant : de l'humour. Michel Vuillermoz fait mouche avec ses quelques scènes ; mais, c'est bien peu.
Pour ce qui est du 'cape et d'épée' à la française, pour moi, la seule grande réussite de ces dernières années, Le Bossu (1997, De Broca) qui est superbement rythmé, monté et interprété.
Bon, je retourne à ma naphtaline!

[odelay]

Je l'ai vu récemment à la télé, et j'ai trouvé qu'elle avait des lèvres surdimensionnées, c'était assez laid.
Sinon, question concernant la musique de Sarde : est-ce que la partie un peu plus moderne (avec une espèce de rythmique à la Zimmer) que l'on pouvait entendre dans la BA est bien présente dans le film ? S'agit-il vraiment de la composition originale de Sarde ?
En tout cas merci pour ton avis, qui fait bien plaisir (surtout concernant Sarde !).

En fait je ne peux te répondre pour la BA car je ne l'ai jamais vue. Mais ce que je peux dire pour les percus, c'est qu'elles ne sont pas du tout électroniques mais acoustiques. Elles se déchainent carrément lors de la première scène qui est filmée très amplement. Idem pour la scéne de bataille qui est filmée très ingénieusement dans un endroit au relief bien prononcé et à la végatation abondante et qui donc comble le manque de figurants sans que ce soit un défaut. Sinon j'ai noté un très beau thème à la flûte, la basse et un violoncelle, et d'autres avec des choeurs lithurgiques sans doute inspirés d'oeuvres déjà existantes. De nombreuses personnes avaient mis en avant la musique de Sarde au moment de Cannes. On comprend pourquoi.
A Cinémusique, ils m'ont dit que le CD était retardé et qu'ils ne savaient pas pour quand il était prévu...

[Joe Wilson]

Pas mal de regrets, notamment face à une mise en scène trop consciencieuse, éloignée de la vigueur et du souffle qu'a pu apporter Tavernier au cours de sa filmographie. La princesse de Montpensier manque d'un point de vue, d'une unité de construction, pour emporter et émouvoir.
L'autre frein vient d'une interprétation inégale : Lambert Wilson donne l'impression de survoler le récit, alors que le personnage du comte de Chabannes est pourtant d'une grande richesse. Gaspard Ulliel et Grégoire Leprince-Riguet connaissent encore davantage de difficultés : le premier surjoue à outrance une virilité et une séduction fière, tandis que le second ne peut offrir au mari blessé que des postures figées, des coups de colère besogneux et sans vie. Mélanie Thierry, malgré un jeu limité, parvient tout de même à exprimer un élan sensible, une personnalité douloureusement contrastée, même si elle semble parfois dépassée par l'intensité des évènements. Enfin, Raphaël Personnaz est une belle satisfaction dans ses apparitions, à la fois fragile et fascinant d'excès.
Malgré ces frustrations, le film trouve peu à peu son rythme, dans une sorte de fureur intime, par la violence feutrée des espaces clos. Les scènes de cour révèlent des colères enfouies avec une certaine ampleur, dessinant un crescendo...et malheureusement, le final tombe à plat, l'évocation historique semblant alors à nouveau caricaturale et peu subtile, prétexte à achever brutalement le destin des protagonistes. A l'image de l'ensemble, puisque j'ai trouvé Tavernier peu à l'aise avec son contexte, les scènes de conflit ne se justifiant que rarement.
La princesse de Montpensier reste un divertissement agréable, et parvient par moments à captiver, mais il n'a pas la force et le panache des oeuvres majeures de Tavernier.

[Nestor Almendros]

Curieuse impression en sortant de la salle, pour ma part. Comme vous j'ai eu ce sentiment mitigé pendant tout le film, ne sachant comment arbitrer des qualités bien présentes dans un ensemble déséquilibré, inégal, mais pourtant tout à fait divertissant (malgré les longueurs, je n'ai pas eu l'impression de m'ennuyer). Au sortir du film, probablement influencé par mon côté "fleur bleue" qui me joue régulièrement des tours, j'ai plutôt envie d'y voir une histoire moderne et prenante (dont le rythme et la structure ne semblent ne pas pouvoir s'apprécier comme les récits d'aujourd'hui), des enjeux solides, des personnages intéressants servis par de bons dialogues (quel plaisir d'entendre du français "travaillé" et élégamment tourné) et un casting qui ne m'a pas déplu (à 2-3 intonations maladroites près - merci Florence Thomassin). J'ai apprecié l'angle romanesque avec cette princesse à la fois soumise aux codes, déterminée dans le danger de ses sentiments et victime d'un succès pesant auprès des hommes. J'y ai vu également quelques audaces pertinentes comme cette liaison entre M. Thierry et Gaspar Ulliel que l'on sent très tôt vouée à l'échec (à cause de l'impact négatif du personnage masculin) mais que le spectateur (comme le personnage de Lambert Wilson) se doit de respecter à contrecoeur.
Pas plus inspiré que cela pour l'instant, concernant mon avis, mais c'est plutôt une bonne surprise, un bon moment passé malgré des défauts qu'on ne peut ignorer...

[odelay]

C'est vrai que F. Thomassin n'est pas très à l'aise avec le texte contrairement aux autres comédiens. Mais bon, elle n'a qu'une seule scène.

[villag]

(futur Henri III) Lambert Wilson, évidemment, est très à l'aise dans le costume d'époque ; son expérience théâtrale fait toute la différence. C'est quelque chose que j'ai remarqué dans nombre de fictions historiques. Dans les années 70, on utilisait volontiers les acteurs de théâtre qui connaissaient leur Molière, leur Racine et leur Corneille sur le bout des doigts. Un dialogue littéraire et complexe ne leur faisait pas peur. Maintenant, je vois souvent de jeunes acteurs de cinéma (ou de télévision) qui annonent leur texte sans vraiment en comprendre le sens.1997, De .
Bon, je retourne à ma naphtaline!

Partage tout à fait ton avis concernant ces acteurs qui annonent à qui mieux mieux; et, en ce qui concerne Tavernier, je l'aime beaucoup plus en tant que commentateur chez Sidonis que comme realisateur; en fait, de lui, je n'ai vraiment aimé que LA VIE ET RIEN D AUTRE; mais là, on avait Noiret, Azema,..... ça change tout.

[Profondo Rosso]

Le début fait un peu peur, mise en scène un peu statique (hormis l'assaut d'ouverture), jeunes acteurs empruntés (voir les plus vieux Florence Thomassin limite ridicule) récitant scolairement leurs textes... Ca ne fait que s'améliorer par la suite et le récit d'une fluidité parfaite où on apprécie une nouvelle fois le talent de narrateur de Tavernier. La toile de fond de guerres religieuses sert à introduire ce monde d'hommes vivant par la violence et la manière dont cela se répercute dans le chassé croisé amoureux du film. Le plus noble et plus vieux Lambert Wilson est en disgrâce et volontairement en retrait d'observateur, le plus violent et passionné Gaspard Ulliel (son physique rugueux fait merveille sur ce rôle) et Grégory Prince Ringuet peu à peu gagné par les tourments de l'amour. Face à eux Mélanie Thierry espiègle, amoureuse passionnée et indécise est resplendissante de lumière bientôt éteinte par la violence et la fourberie masculine. Il y a de vrais beaux moments comme tout le jeu de séduction entre Marie et le mentor pas si extérieur que ça Lambert Wilson (parfait et le plus à l'aise avec son texte), quelques très bons mots notamment l'acteur interprétant le Duc D'Ajou et l'intrigue est prenante de bout en bout. Il manque juste un petit quelque chose pour en faire le grand film romanesque en costume attendu mais tout de même fort agréable. 4,5/6

[joe-ernst]

Plutôt d'accord avec tout ce qui a été dit plus haut. Je me demande s'il ne manque pas à ce film un petit supplément d'âme ? C'est probablement dû à une insuffisance des interprétations : Mélanie Thierry ne s'en sort pas trop mal même si le rôle était visiblement un peu trop lourd pour elle, Ulliel et Leprince-Ringuet manquent de talent pour pouvoir être à la hauteur de leurs personnages et Lambert Wilson ne m'a pas paru très impliqué, comme s'il se tenait à l'écart du film. Seul Raphaël Personnaz en duc d'Anjou m'a épaté. J'ajoute à cela que le passage du temps paraît inexistant (on est toujours dans la même saison semble-t-il), au point de laisser croire que le massacre de la Saint-Barthélémy a eu lieu en fin d'automne alors qu'elle a eu lieu au mois d'août ! Sinon le film ne m'a pas déplu, loin de là.

[riqueuniee]

Je n'ai pas encore vu le film (ça ne devrait pas tarder...),mais il me semble que,quel que soit l'avis général sur le film,Raphaël Personnaz (l'interprète du duc d'Anjou,futur Henri III) soit une vraie révélation...

[LéoL]

Je n'ai pas encore vu le film (ça ne devrait pas tarder...),mais il me semble que,quel que soit l'avis général sur le film,Raphaël Personnaz (l'interprète du duc d'Anjou,futur Henri III) soit une vraie révélation...

C'est vrai que c'est le personnage qui fait la plus forte impression.
Après j'ai trouvé Lambert Wilson extrêmement bon et juste dans son rôle.
Ulliel et Leprince-Ringuet sont peut-être un ton en dessous mais loin d'être mauvais ou décevants selon moi.
C'est peut-être leur diction particulière et le langage châtié qui déstabilisent davantage que leur jeu.

[riqueuniee]

La diction et le langage châtié,c'est certainement une intention de Tavernier.Déjà,dans la passion Béatrice,les personnages employaient parfois un vocabulaire un peu particulier,pour retrouver l'ambiance de l'époque.Ca peut effectivement gêner certains spectateurs,peu habitués à ces effets de style.

[Jericho]

C'est quand même une constante pour les films d'époque me semble t-il.
Ca peut décontenancer les personnes qui ne sont pas habituées à ce type de films.

[Flol]

Je n'ai pas encore vu le film (ça ne devrait pas tarder...),mais il me semble que,quel que soit l'avis général sur le film,Raphaël Personnaz (l'interprète du duc d'Anjou,futur Henri III) soit une vraie révélation...

Tandis qu'Ulliel semble faire l'unanimité contre lui.
Je n'ai pas encore vu le film, donc je ne peux pas juger de sa prestation chez Tavernier...mais cet acteur reste pour moi une énigme : comment, avec sa tête de mémé et son jeu pathétique, ce jeune homme peut-il avoir autant de succès actuellement ?