DERNIER MAQUIS de Rabah Ameur-Zaimeche
L'idée de base était pourtant bonne. Illustrer une certaine vision ouvrière de l'entreprise dans laquelle se mêle la religion. Les ouvriers sont de la pure main d'oeuvre, le patron lésine sur certains paiements (les primes, etc.) et choisit de leur construire une mosquée. Il utilise ainsi la religion comme instrument d'une paix sociale (d'entreprise) assez précaire. Plutôt que de calmer les ardeurs, cela va entrainer certaines désunions et des conflits.
Le réalisateur de WESH WESH QU'EST-CE QUI SE PASSE et BLED NUMBER ONE revient avec un film au ton contemplatif, au rythme lent, qui malgré de bonnes idées scénaristiques, place son film dans un ennui patent au symbolisme poétique ellitiste (passons sur les plans de palette aux relents significatifs de murs de prison, interrongeons-nous plutôt sur la signification du ragondin: importé comme les employés, à la rigueur, mais quoi d'autre?). Ennui consistant, plus ou moins supportable, donc. Une grosse partie de la critique presse a beaucoup aimé. Je suis resté sur ma faim... Dommage.
Rabah Ameur-Zaïmeche
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Rabah Ameur-Zaïmeche
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Notez les films de novembre 2008
Dernier maquis (Ameur-Zaimeche)
Un film assez difficile, on est assez loin de la sérénité et des respirations qui se dégageaient de Bled Number One, malgré déjà la complexité du sujet.
Mais il y a toujours chez RAZ cette étonnante capacité à filmer l'espace, ici étouffant dans le cadre d'une usine. Sa mise en scène attentive, sobre et exigeante crée une unité picturale qui loin d'être une vitrine offre une ampleur nécessaire au propos. Entre le religieux, social et politique, ce qui compte ici ce sont les tensions, les incertitudes dans cette instrumentalisation du pouvoir. Les motivations sont floues, se découvrent peu à peu, mais Ameur-Zaimeche se garde bien de juger, de dénoncer. Chaque personnage est une somme de contradictions, une forme singulière. D'où la difficulté de représentation d'une lutte collective. En tant qu'acteur, Ameur-Zaimeche est toujours à la fois omniscient et absent, acteur et spectateur. Incohérent, détestable, manipulateur ou troublant, il donne encore une épaisseur à son rôle.
A l'image du travail sur le son, très intense, Dernier maquis est un film très convaincant et percutant. Il laisse une grande place à l'humain, à une interrogation face au groupe, son corps social. Sans doute cela aurait pu être davantage condensé, mais Ameur-Zaimeche confirme qu'il est un réalisateur à part, à suivre.
Un film assez difficile, on est assez loin de la sérénité et des respirations qui se dégageaient de Bled Number One, malgré déjà la complexité du sujet.
Mais il y a toujours chez RAZ cette étonnante capacité à filmer l'espace, ici étouffant dans le cadre d'une usine. Sa mise en scène attentive, sobre et exigeante crée une unité picturale qui loin d'être une vitrine offre une ampleur nécessaire au propos. Entre le religieux, social et politique, ce qui compte ici ce sont les tensions, les incertitudes dans cette instrumentalisation du pouvoir. Les motivations sont floues, se découvrent peu à peu, mais Ameur-Zaimeche se garde bien de juger, de dénoncer. Chaque personnage est une somme de contradictions, une forme singulière. D'où la difficulté de représentation d'une lutte collective. En tant qu'acteur, Ameur-Zaimeche est toujours à la fois omniscient et absent, acteur et spectateur. Incohérent, détestable, manipulateur ou troublant, il donne encore une épaisseur à son rôle.
A l'image du travail sur le son, très intense, Dernier maquis est un film très convaincant et percutant. Il laisse une grande place à l'humain, à une interrogation face au groupe, son corps social. Sans doute cela aurait pu être davantage condensé, mais Ameur-Zaimeche confirme qu'il est un réalisateur à part, à suivre.
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Re: Rabah Ameur-Zaïmeche
Vous pouvez également consulter le topic consacré à Bled number one (2006)
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
- MJ
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Re: Rabah Ameur-Zaïmeche
Prix Jean Vigo 2011 pour Les Chants du Mandrin, son "western en Aveyron" qui succède à sa trilogie prolétaire.
Et Jacques Nolot au casting, ce qui signifiera de voir réunis à l'écran les deux grands cinéastes du cinéma minoritaire français actuel à mon sens!
Et Jacques Nolot au casting, ce qui signifiera de voir réunis à l'écran les deux grands cinéastes du cinéma minoritaire français actuel à mon sens!
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Re: Rabah Ameur-Zaïmeche
Cette semaine (jusqu'à jeudi prochain), Les chants de Mandrin est dispo en accès libre sur MK2 Curiosity.
https://www.mk2curiosity.com/film/les-chants-de-mandrin
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