The Social Network (David Fincher - 2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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julien
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par julien »

L'affaire Kerviel ça serait un bon sujet en effet. Le problème c'est de trouver un scénariste à la hauteur. Dans le cinéma français actuel, ce n'est pas tellement les bon sujets qui font défaut mais plutôt les scénaristes et dialoguistes de talents.
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Mama Grande!
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Mama Grande! »

tenia a écrit :Sur Kerviel.
Ou Madoff.

Hein, c'est déjà prévu ?

:D
Madoff c'est pour les Américains. Par contre on pourrait en faire sur l'engagement de la France en Afghanistan, l'affaire Woerth-Bettencourt, Clearstream, les émeutes de 2005...Exalead, Mappy :mrgreen:
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Spongebob
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Spongebob »

Excellent article bien fouillé dans Libération : http://next.liberation.fr/cinema/010122 ... gedie-geek
7swans
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par 7swans »

Spongebob a écrit :Excellent article bien fouillé dans Libération : http://next.liberation.fr/cinema/010122 ... gedie-geek
Je n'ai pas encore tout lu, mais pour mon plus grand plaisir, j'ai l'impression qu'ils mettent surtout en avant le génie Sorkin! :D
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Watkinssien
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Watkinssien »

7swans a écrit :
Spongebob a écrit :Excellent article bien fouillé dans Libération : http://next.liberation.fr/cinema/010122 ... gedie-geek
Je n'ai pas encore tout lu, mais pour mon plus grand plaisir, j'ai l'impression qu'ils mettent surtout en avant le génie Sorkin! :D
Clairement celui auquel on doit attribuer les mérites du film, le travail de Sorkin est beaucoup plus intéressant que celui de Fincher, qui m'a semblé peu inspiré.
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par LéoL »

Watkinssien a écrit :
Spongebob a écrit : :shock: Tu as trouvé le film bavard ? Personnellement j'ai rarement entendu d'aussi bons dialogues dans un film. Je l'ai trouvé captivant de bout en bout. Je ne comprend pas.
Mais ce n'est pas cela qui m'a le plus gêné finalement. C'est le traitement formel du cinéaste, académique, sans souffle, ne ravivant pas un sujet tout à fait intéressant qui ne se suffit pas à lui-même.
Je ne suis pas d'accord du tout. La mise en scène de Fincher s'adapte au contraire très bien au rythme débridé de l'histoire et des dialogues. Il arrive à rendre fluide et compréhensible un bouillonnement créatif frénétique qui peut sembler justement incompréhensible (par ses termes et son vocabulaire geek).
Un moment de mise en scène par exemple que j'ai trouvé véritablement époustouflant, c'est la course d'aviron entre Yale et Harvard au milieu du film. Un aparté qui représente très justement l'un des thèmes principaux du film à savoir la rivalité et la fugacité de celle-ci dans un monde en perpétuel mouvement.

Le travail de Sorkin est absolument remarquable, celui de Fincher n'a selon moi pas grand chose à lui envier. C'est aussi grâce à lui si il arrive à les faire vivre cinématographiquement.
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Watkinssien
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Watkinssien »

LéoL a écrit :
Watkinssien a écrit : Mais ce n'est pas cela qui m'a le plus gêné finalement. C'est le traitement formel du cinéaste, académique, sans souffle, ne ravivant pas un sujet tout à fait intéressant qui ne se suffit pas à lui-même.
Je ne suis pas d'accord du tout. La mise en scène de Fincher s'adapte au contraire très bien au rythme débridé de l'histoire et des dialogues. Il arrive à rendre fluide et compréhensible un bouillonnement créatif frénétique qui peut sembler justement incompréhensible (par ses termes et son vocabulaire geek).
Un moment de mise en scène par exemple que j'ai trouvé véritablement époustouflant, c'est la course d'aviron entre Yale et Harvard au milieu du film. Un aparté qui représente très justement l'un des thèmes principaux du film à savoir la rivalité et la fugacité de celle-ci dans un monde en perpétuel mouvement.

Le travail de Sorkin est absolument remarquable, celui de Fincher n'a selon moi pas grand chose à lui envier. C'est aussi grâce à lui si il arrive à les faire vivre cinématographiquement.
Je préfère la manière dont Fincher s'adapte au rythme et aux dialogues d'un Fight Club que de ceux de The Social Network. Néanmoins je te rejoins à peu près, la course d'aviron est le meilleur moment du film. Peut-être le seul où Fincher se laisse emporter par une envie de transcendance (comme les personnages).
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Spongebob
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Spongebob »

La scène de la course d'aviron est clairement un des grands moments purement visuel du film. Pendant cette courte scène je me suis demandé s'il elle n'avait pas été tournée avec un reflex numérique, comme ça se pratique pas mal ces temps-ci (très peu de profondeur de champs).

J'ai vraiment hâte de le revoir :P
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par dutch scheafer »

Très bon film sur un sujet pas très évident à aborder! Fincher construit sa narration avec une utilisation judicieuse du montage parrallèle et garde un rythme soutenue tout le long des 2 heures de cette génèse douce amère. Le principal atout selon moi est à créditer aux comédiens ( très bonne direction d'acteurs celà va s'en dire!) tous parfaits et ce malgré des egos peu attractifs pour la plupart.

Fincher maîtrise vraiment tout que ce soit l'image (lumière très crépusculaire de Jeff Cronenweth) que le son (Ren Klyce nous immerge vraiment et surtout dans la scène de la boite de nuit)
Même s'il ne fait pas étalage d'une grammaire visuelle aussi virtuose qu'auparavant ,Fincher se fait pourtant plaisir sur la fameuse séquence de l'aviron et embelli l'image de certaines bidouilles invisible (la brume sur le lac me paraissait presque irréelle mais bon ce n'est qu'un détail)

Par contre je me demande comment il s'est débrouillé pour tourner toutes les scènes avec les jumeaux( enfin pas toutes mais sur certains plans séquences où ils sont en présence de leur associé) toujours est il qu'Armie Hammer livre une très bonne double interprétation pour des persos somme toute secondaire (bien que primordiaux dans la trame de l'histoire)

Reste à savoir comment évoluera le métrage à la revoyure: pas évident que je me le remate tous les ans à l'avenir mais pour le moment c'est l'une des grandes satisfactions de cette année cinématographique de l'année.
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Blue »

Je ne sais pas quelle est la durée réelle du film (1h30 ou plus ?), mais diantre, quel rythme ! Je n' ai pas vu le temps passer, serieux. Je pense qu' en terme d' écriture scénaristique et de gestion du rythme par le biais du montage, c' est ce qui s'est fait de mieux cette année.
Fincher, qui a mon sens n'a plus rien a prouver sur le plan des mouvements de caméra ultra complexes, est a présent un cinéaste vraiment complet avec le sens du découpage virtuose de son dernier film.
Mon top éditeurs : 1/Carlotta 2/Gaumont 3/Studiocanal 4/Le Chat 5/Potemkine 6/Pathé 7/L'Atelier 8/Esc 9/Elephant 10/Rimini 11/Coin De Mire 12/Spectrum 13/Wildside 14/La Rabbia-Jokers 15/Sidonis 16/Artus 17/BQHL 18/Bach
LéoL
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par LéoL »

Blue a écrit :Je ne sais pas quelle est la durée réelle du film (1h30 ou plus ?)
2h tout pile :!:
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Spongebob
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Spongebob »

Pour les jumeaux il s'agit de deux acteurs dont un qui a eu la tête remplacée numériquement. C'est juste bluffant.
Quand j'ai vu le film je pensais vraiment que c'était des jumeaux.
Sukaraji
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Sukaraji »

dutch scheafer a écrit :Reste à savoir comment évoluera le métrage à la revoyure: pas évident que je me le remate tous les ans à l'avenir mais pour le moment c'est l'une des grandes satisfactions de cette année cinématographique de l'année.
Tout pareil, sauf que j'ai bien l'intention d'aller le revoir d'ici deux semaines pour confirmer ce que j'en pense.
Les deux heures sont passées à une vitesse folle, seule l'introduction un peu abrupte du personnage de Sean m'a momentanément fait décrocher. Je trouve que les deux scènes qui encadrent le film sont particulièrement réussies, et je me procurerai par ailleurs la magnifique BO dès que possible.
Nestor Almendros
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Nestor Almendros »

SPOILERS

Fincher frappe encore avec cet excellent scénario, brûlant d’actualité. Intéressante à plus d’un titre, captivante de bout en bout, cette histoire est un très bon exemple de success story où la création populaire (ici véritable phénomène de société) cache un individu certes doué mais rempli de défauts (non négligeables) et presque opposé à l’image de ce qu’il a créé.

Un jeune étudiant passionné d’informatique, enfermé dans ses calculs et dans son monde de codes binaires, accumule les sites à succès, les concepts novateurs et rassembleurs, jusqu’à trouver LA bonne idée. Le film montre assez bien la malice de ce génie suffisamment à l’aise dans son « art » pour transformer ou adapter en applications internet des éclairs de génie ou des emprunts d’idées (aux jumeaux, par exemple).
C’était surtout une époque où internet était déjà omniprésent et important (tous les campus ont un réseau). Les bonnes idées, bien qu’arrivant après la bulle économique du début des années 2000, étaient toujours bonnes à prendre. Pour s’en convaincre il n’y a qu’à voir les luttes farouches entre avocats interposés pour obtenir une part d’un gâteau de plusieurs milliards de dollars.
Mais c’est toujours étonnant, et très efficace cinématographiquement, de voir naître des entités aussi gigantesques. Car tout part d’un simple concept (insistons sur le « simple » car l’effet produit est d’autant plus efficace) et ici d’une seule personne. On ne peut enlever à Zuckenberg le mérite d’avoir eu du flair et d’avoir su offrir au monde l’accessoire de vie qu’il attendait. Le film relativise cependant l’attrait d’un tel personnage (très antipathique, sans allure) en même temps qu’il ne peut empêcher le spectateur d’être fasciné par cette sensation de toucher du doigt quelque chose de grand, d’important, qui fait passer au second plan l’apparence ou le comportement. C’est toute la contradiction d’un personnage ambigu en même temps qu’admirable.

Le scénario n’est pourtant pas tendre avec lui, ne pouvant cacher un profil de geek souvent repoussant. Mais derrière ce mode de vie reclus et dédié à son travail/passion se cache un personnage qui subit une vie de solitude et qui n’a pas (ou plus) les réflexes d’une vie en société. Si on n’insiste que rarement sur ce point, cette thématique est pourtant présente en permanence entre les lignes. Zuckerberg, dans le film, est quelqu’un de déterminé, de sûr de lui. Les dialogues (excellents) en font quelqu’un de cinglant, d’impitoyable, à la répartie sûre. Mais il reste un autiste de la vie sociale. Maladroit et inconscient, il est incapable de gérer l’humain : il réagit par attaques, par conflits, par dédain, par prises de positions, mais il ne fait jamais (ou alors rarement) un pas vers l’autre d’un point de vue relationnel. Il gère mieux le travail que l’entourage. Il a des employés, des associés mais pas d’amis. Il a trahi le seul qu’il avait (ce dont il ne s’est peut-être jamais vraiment aperçu) : Eduardo Saverin. C’est ainsi qu’il termine le film : en se retrouvant seul. Ses connaissances (Severin ou Sean Parker) ont été utiles à son ambition, à ses projets, ils ont apporté un soutien financier ou stratégique non négligeables - mais rien au niveau personnel et relationnel. C’est le grand dilemme de ce personnage enfermé dans sa solitude et ses frustrations (Erica). La première scène conclut sur une caractéristique de Zuckerberg (« tu es un sale con »), le film se développe sur cette base et apporte dans ses dernières minutes une orientation légèrement nuancée (« tu fais tout pour en avoir l’air ») qui donne au personnage une complexité sous-jacente et empathique, sans toutefois nous éclairer totalement. Car comme tout génie, et malgré cette biographie toute fraîche, il garde une bonne part de mystère.

THE SOCIAL NETWORK est très intéressant dans l’observation des développements de cette « créature » quasiment fabriquée « en famille » (dans l’esprit) et qui sera rapidement récupérée par le business. Si Zuckerberg n’est officiellement pas intéressé par l’argent, la société ne peut passer à côté d’un tel potentiel de succès. Il en résulte à force de développements (croissance des membres, arrivée sur d’autres continents) une crise de croissance qui alimente l’intrigue. Comme autant de compromis pour le déploiement du projet, de nouveaux intervenants apparaissent, prennent de l’importance au détriment de Saverin, l’un des fondateurs. L’échelle humaine des débuts semble être un souvenir de plus en plus lointain. La marche de Facebook, par son ampleur, et malgré la filiation « de cœur » avec l’individu-membre, échappe finalement à ses inventeurs et écrase l’humain.

Plus ironiquement, le film montre une certaine obsession de l’être humain à appartenir à des clans, des groupes. Cela part de clubs sélects dans les facs américaines (Phoenix, etc.) puis passe par des sites dits « communautaires » comme MySpace ou Facebook. Il est intéressant de voir qu’à aucun moment, Zuckenberg ne semble appartenir à un quelconque groupe. Ca ne l’intéresse (au contraire de son ami Saverin). Le film passe rapidement sur des avantages en nature qu’il obtient (dans les toilettes) grâce à sa célébrité mais, malgré une page personnelle sur son site, jamais il ne semble réellement faire partie d’une sphère d’amis. Au contraire, il est plus isolé qu’avant : lorsque le film se termine, il est ultra riche mais a perdu son meilleur ami (en tout cas on ne nous dit pas ce qu’il devient) et a évincé celui qu’il croyait pouvoir être son remplaçant (Timberlake).

Facebook est aujourd’hui connu pour alimenter le débat sur la notion de vie privée sur internet. On en parle beaucoup ces temps-ci et le film en profite, joue également avec ce thème. La vie privée est un espace protégé au début film : lorsqu’Erica, son ex petite amie, porte plainte pour avoir divulgué des détails intimes sur le blog. Zuckenberg n’en a que faire (puisqu’il vise probablement cette généralisation) mais pas la victime. Or, avec le succès de Facebook, étaler sa vie privée est comme entrée dans les mœurs. Comme le dit Sean Parker, je crois, on finira par étaler toute sa vie sur le net aux yeux du plus grand nombre. Il y a désormais comme une acceptation et une banalisation de cette notion pourtant si importante.

Watkinssien regrette un certain académisme de Fincher. Si le récit est clair et prenant, je trouve qu’il y a quand même quelques audaces narratives/rythmique (notamment dans le montage). Après, j’ai l’impression que Fincher traite les évènements réels d’une manière systématiquement sage, un peu comme il l’avait fait avec ZODIAC. Mais ça ne me gêne pas. Je comprends qu’on puisse regretter sa fougue visuelle d’il y a dix ans mais je ne boude pas mon plaisir devant une réussite, quelle que soit sa forme.
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Nestor Almendros
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Re: The Social Network (David Fincher - 2010)

Message par Nestor Almendros »

Spongebob a écrit :La scène de la course d'aviron est clairement un des grands moments purement visuel du film. Pendant cette courte scène je me suis demandé s'il elle n'avait pas été tournée avec un reflex numérique, comme ça se pratique pas mal ces temps-ci (très peu de profondeur de champs).
Je suis quasiment certain qu'il s'agit de retouches numériques en post-production: c'est tellement flouté de partout qu'on croirait voir une maquette, dans certains plans.
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