The Deal, de Stephen Frears
Oeuvre télévisuelle du cinéaste britannique, consacrée aux relations entre Tony Blair et Gordon Brown au sein du Labour Party, de leurs ascensions respectives, jusqu'à la concurrence. Alors que Blair s'apprête à quitter le pouvoir et que sa succession, bien que longuement prévue, cause encore débat, le téléfilm de Frears rentre évidemment en pleine actualité.
Les qualités de
The Deal se retrouveront dans
The Queen, au-delà de la présence du très convaincant Michael Sheen dans le rôle de Blair. Il lui offre à la fois un visage plus sympathique et attirant, qui met toutefois bien en lumière une certaine futilité médiatique, un sens de l'apparence et une séduction tranquille. Face à lui, David Morrissey joue un Gordon Brown, beaucoup plus rude et maussade, orateur à l'ancienne et presque dépassé dans l'attitude. Leur confrontation offre un ensemble de séquences très prenantes, qui montrent toujours l'habileté de Frears à saisir un univers restreint, en l'occurence le jeu politique, pour révéler les duplicités, les petites trahisons, les ambitions respectives avec une distance et une rigueur qui n'exclut cependant pas l'empathie.
Je suis moins convaincu par l'ossature du téléfilm, qui débute lors des débâcles travaillistes des années 1980 en pleine dynamique tchatchérienne, avec les premiers mandats de députés des deux hommes.
Frears couvre une période trop longue en guère plus d'une heure, et trop souvent laisse l'impression d'assister à un reportage amélioré. Les évènements s'enchaînent en accéléré sans grande intensité....il faut attendre l'entrevue finale au Granita pour que Frears prenne véritablement la mesure de son sujet avec poigne et mette en lumière les enjeux souterrains et cachés, dans les fragilités révélées des deux politiciens.
Impression finalement mitigée, mais cela reste de haute facture...et il est encore loin le temps ou l'on fera des études comparables en France.