La Jeune Fille et la Mort (Roman Polanski - 1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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NUTELLA

Message par NUTELLA »

Cinetudes a écrit :salut,

premièrement, the rider merci de défendre ce film et heureux que l'on soit d'accord dessus.
Malheureusement on à l'air un peu seuls dans ce cas mais c'est pas grave, les autres ne savent pas ce qu'ils perdent. :wink:

Sinon Nutella, ce que je souligne dans ma dernière phrase c'est qu'il est certain que dans une situation normale personne de censé n'aurait les même idées que le personnage de Kingsley mais que dans une situation exceptionnelle ou ta propre existence est mise en danger et ou tes valeurs morales, tes certitudes sont totalement chamboulées tu ne sais absolument quelles pourraient être tes réactions.
Je ne cherche absolument pas à justifier les actes ignobles du personnage de Kingsley mais à mettre en exergue le questions que Polanski me pose à travers son film.
Même si je trouve sa conclusion eminement pessimiste (mais c'est comme ça qu'on l'aime notre Polanski!) je ne suis absolument pas capable de te certifier que je n'aurai pas des réactions malsaines tordues ou dérangeantes si j'étais placé dans des conditions propices.
L'homme est faible , sa chair et son esprit le sont, certains arrivent à resister au combat entre la morale (le bien) et les atrocités , d'autres non.
Si le Docteur Miranda avait refuser de soigner les victimes il aurait ss doute été tué.
Il était faible et la possibilité d'abuser d'une personne sans défense, sans être surveillé ou réprimandé dans une climat de violence et de paranoia permanente à été plus forte que sa raison. C'est un être ignoble!
Cependant la ou Polanski gêne et dérange c'est en nous mettant la question dans la tête (un peu comme Irreversible), il ne justifie rien , ne juge rien, il noud demande juste et vous comment croyez vous que vous auriez réagi?
99,9% de n'impoorte quel être te dira en sauvant les victimes mais une petite partie ne peut s'empêcher de voir la situation en face et de se demander.
C'est d'ailleurs cela qui est terrible dans sa conclusion, Miranda n'est qu'un homme et non un monstre, il s'est retrouvé dans une situation particulière à gouté au mal et à apprécié.
C'est en cela que le film de Polanski est excellent même si les conclusions qu'il en tire et l'introspection à laquelle il nous amêne est loin d'être agréable.
J'attends ton avis.

Stef
je comprends mieux ta phrase,ca me rassure d'ailleurs :wink:
pour repondre à ta question il faurait que je revoye le film,mais ai-je vraiment envie de savoir,ou meme de me poser la question,sincerement non...
sinon,ce que je n'ai pas precisé hier,c'est que malgré quelques longueurs j'aime moi aussi beaucoup ce film,tu vois vous n'etes pas seuls 8)
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Mais non, vous n'êtes pas seuls à aimer ce film.
J'étais sorti de la salle bien content d'avoir apprécié La jeune fille et la mort (Polanski est un cinéaste que je suis de très près depuis toujours). Au début, je voyais le film comme un exercice de style réussi mais qui n'atteignait pas les la puissance formelle et psychologique de la plupart des autres oeuvres du cinéaste. Mais les questions morales posées par le film ont fini par me trotter dans la tête après sa vision. Et la performance de Sigourney Weaver est impressionnante.
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Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

J'aime bien, j'avais passé un excellent moment et je me m'était pas ennuyé une seul seconde. Je me souviens de la très bonne interprétation générale et de l'ambiance... Le truc c'est que je l'ai vu il y a pas si longtemps et je ne m'en souviens plus bien, donc visiblement ça ne m'a pas marqué. Mais je rejoins l'avis générale : gigantesque Ben Kingsley !
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Message par Jake Scully »

Roy Neary a écrit :Mais non, vous n'êtes pas seuls à aimer ce film.
Bon bin alors je remonte le topic. :lol:
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Je ne l'ai pas revu depuis la sortie ciné car je ne me suis jamais intéressé au sort des personnages trouvant que Polanski n'arrivait pas à instaurer l'ambiguïté que le sujet commandait mais c'est naturellement une question de sensibilité .... Je le reverrai un jour voir si la mienne a évolué
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Message par Jake Scully »

Nikita a écrit :Je ne l'ai pas revu depuis la sortie ciné car je ne me suis jamais intéressé au sort des personnages trouvant que Polanski n'arrivait pas à instaurer l'ambiguïté que le sujet commandait mais c'est naturellement une question de sensibilité ....
Et que penses-tu du jeu de Kingsley et de Weaver? C'est dur de rester insensible: Weaver est très émouvante...
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Demi-Lune
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Re: Top Roman Polanski

Message par Demi-Lune »

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SPOILERS. Huis-clos dans une demeure en bord de mer, peu de personnages, figure féminine en proie au trouble et à la paranoïa, mise en place indécelable du malaise... pas de doute, nous sommes bien chez Polanski. La Jeune Fille et la Mort, c'est un peu la fusion entre la névrose subjective de Répulsion et la dimension politique du Pianiste. Porté par un trio d'acteurs excellent, dont une Sigourney Weaver totalement habitée par son rôle et faisant joyeusement imploser son image d'héroïne intrépide héritée d'Alien et un Ben Kingsley dont l'art de l'ambiguïté atteint tout le long du film des sommets, La Jeune Fille et la Mort apparaît comme étant le film le plus politique de son auteur, annonçant en quelque sorte Le Pianiste, où Polanski se confrontera cette fois frontalement à l'horreur des dictatures. La torture mentale sera montrée durant le film sous plusieurs formes : dilemme cornélien du mari, écartelé entre son amour pour sa femme et sa conscience professionnelle, humiliation de Kingsley lorsqu'il désire pisser, et, incidemment, torture pour le spectateur, qui ne sait jamais où est la vérité, qui il doit croire : ce voisin avenant qui ramène en pleine nuit un pneu et console un mari, ou cette femme névrosée, aux idées confuses, et montrée au début comme peu sympathique ? Confusion voire contamination entre le Bien et le Mal, on se croirait chez Friedkin ou Mann : la vaillante Ellen Ripley est devenue à moitié cinglée ; quant à Kingsley, l'interprète de Gandhi et d'Itzhak Stern, il ne peut avoir commis, pense-t-on, les horreurs dont l'accuse Weaver. A l'inverse, l'horreur physique, très présente, reste invisible : le récit de Sigourney Weaver des sévices qu'elle a subi est assez insoutenable car les détails qui sont donnés conduisent immanquablement le spectateur à "visualiser" mentalement les tortures et le calvaire du personnage féminin, ce qui est, émotionnellement, un procédé peut-être plus radical encore que si un flash-back avait été inséré. Ce monologue fait d'ailleurs écho au monologue final de Kingsley, filmé sans coupe, où l'on change de point de vue et obtient la version de l'accusé. Ce changement de point de vue mérite d'être remarqué, car dans ses films consacrés à la schizophrénie, Polanski, en adoptant le point de vue intégral du personnage tourmenté, laisse toujours planer l'ambiguïté sur la réalité de la perception de ce même personnage (Deneuve a-t-elle été violée ? Farrow a-t-elle vraiment été enfantée par le Diable ? Trelkovsky est-il vraiment la cible de ses voisins ?). Le monologue final de Kingsley sonne comme la possibilité d'une guérison pour le personnage féminin névrosé, ce qui est assez nouveau chez Polanski, puisqu'en avouant ses péchés, il prouve définitivement que Weaver n'était pas folle. Il y a donc une issue pour Weaver, une forme de libération. L'aveu de Kingsley l'a libéré d'un fardeau, celui du doute permanent. Mais le pessimisme de Polanski reprend le dessus puisque si Weaver maintenant sait, elle doit dorénavant vivre avec. La scène finale est, à ce titre, absolument tétanisante, et est une conclusion parfaite pour ce chef-d'oeuvre jouant constamment sur l'effacement des limites entre le Bien et le Mal.
Dernière modification par Demi-Lune le 7 févr. 11, 16:50, modifié 1 fois.
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Major Tom
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Re: La Jeune Fille et la Mort (R. Polanski, 1993)

Message par Major Tom »

Bravo Demi-Lune, j'ai trouvé ton texte très intéressant! Je suis entièrement d'accord avec toi et... pour l'instant je n'ai rien à ajouter. :)
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Boubakar
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Re: La Jeune Fille et la Mort (R. Polanski, 1993)

Message par Boubakar »

Je suis globalement d'accord avec la moitié de la Lune, le film est très réussi, et rentre de plein pot dans l'univers Polanskien avec ce personnage de Ben Kingsley, assez impressionnant dans un rôle très ambigu (auquel même les deux scènes d'aveux laissent planer un doute), et une Sigourney Weaver impériale, qui casse son image (avec une belle scène où elle reste dehors sous la pluie) mais garde quand même un rôle fort comme elle en a souvent eu, donc la surprise est peut-être moindre.
Ce film est peut-être assez particulier, car son aspect très théâtral (et pour cause), et littéralement coupé en 3 actes (avant l'arrivée de Kingsley, la captivité et le final dans la falaise), peut rebuter par une certaine froideur, mais il repose justement sur cette mise en scène très fluide (qui là aussi fait pas mal "captation", car les plans sont souvent longs), et ses trois comédiens de grand talent.
Cela dit, le film est disponible pour quelques centimes sur le Net, ça vaut le coup de découvrir un film assez sous-estimé et presque méconnu de Polanski (quand on entend ou on lit des articles sur le réalisateur, ce film est assez peu cité).
Gounou
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Re: La Jeune Fille et la Mort (R. Polanski, 1993)

Message par Gounou »

Revu ce film brillant de bout en bout. Exercice hitchcockien, affrontement psychologique entre trois individus au passé et à la personnalité troubles et ambivalents. Polanski a l'intelligence de jouer sur une mise en scène très aérée dans son découpage, laissant le champ aux acteurs pour déployer un jeu intense (aidés par un texte qui refuse le pathos pour une crudité acide). Le hors-champ y a plus que jamais une importance capitale puisque tout tourne autour de ce que certains n'ont pas vu (mais entendu, de l'importance du morceau de Shubert comme réminiscence absolu de l'horreur), d'autres n'ont pas su, et d'autres encore tentent de dissimuler.
La séquence finale, en spoiler (gros spoiler), parti pris filmique remarquable et à l'image du film :
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krolock
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Re: La Jeune Fille et la Mort (R. Polanski, 1993)

Message par krolock »

Jake Scully a écrit : En Amérique latine, Paulina Escobar, ex-militante emprisonnée et torturée durant l'ancien régime, vit aux côtés de son époux Gerardo, un brillant avocat, dans une maison isolée sur la côte. Paulina vit dans le douloureux souvenir des horreurs subies. Un soir d'orage, Gerardo tombe en panne de voiture, et un homme courtois le raccompagne jusque chez lui, le Dr Miranda. Paulina croit reconnaître en lui son ancien tortionnaire. Décidée à confondre Miranda et à se venger, elle convainc son mari de jouer l'avocat de la défense...

[SPOILERS]

Je trouve que c'est un Polanski sous-estimé.

La mise en scène, sobre, est une leçon de cinéma. Le scénario, sans action et avec unité de lieu, a un côté assez théâtral. Je ne pense pas qu'il existe beaucoup de réalisateurs capable comme Polanski d'émouvoir le public de cette façon (sans flash-back, sans effet gratuit ni emphase).

On pense à CUL-DE-SAC du même auteur (lieu isolé dans une vaste étendue désertique, trois personnages dont une femme, ambiance huis-clôt...)

Je ne connais hélas que la VF du film (où l'actrice française "en fait trop" et dont la voix ne sied pas vraiment à celle de Sigourney Weaver). Cela dit le personnage est touchant...

Et puis il y a cette scène des aveux de 10 minutes...

Certains diront qu'ils la trouvent longue et ennuyeuse, moi je la trouve incroyablement forte, et remplie d'émotion. La musique de Wojciech Kilar, calme et montant peu à peu, est d'une sobriété mais d'une grâce absolue dans cette scène! On n'a pas l'impression d'entendre un seul compositeur pendant tout le film, jusqu'à cette scène.
Dans cette apothéose finale où la caméra ne bouge pas, c'est l'acteur qui fait tout... Ben Kingsley fait là une impressionnante performance...

J'attends vos avis...
Je suis totalement d'accord, je possède tous les DVD et BR de Polanski ( même ses courts-métrages )
La jeune fille et la mort est avec CUL DE SAC et Le bal des vampires le film que je regarde le plus souvent.
C'est curieux, mais beaucoup de gens pensent que pour CUL DE SAC et La jeune fille et la mort qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a pas d'histoire.

Si l'on prend CUL DE SAC par exemple tout se passe à l'inverse de ce qu'on attend, alors que paradoxalement tout ceci est très réaliste.
Polanski disait "Plus vous voulez être fantastique, plus vous devez être réaliste" et citait le procès de Kafka.
Musique superbe, surtout celle de Komeda dans CUL DE SAC
Si j'osais je dirais que ce sont les films les plus polanskiens du génie, une espèce de marque de fabrique, avec La jeune fille et la mort il renoue avec ce que l'on attendait de lui dans le temps. Tous ses films sont différents, mais les liens entre ces trois sont très étroits.
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Jeremy Fox
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Re: La Jeune Fille et la Mort (Roman Polanski - 1993)

Message par Jeremy Fox »

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Alexandre Angel
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Re: La Jeune Fille et la Mort (Roman Polanski - 1993)

Message par Alexandre Angel »

Ah, le film le plus mésestimé (et injustement... comparé à un ou deux autres) de Polanski! Un peu comme La Vénus à la fourrure dont plus personne ne parle beaucoup, moi y compris alors que j'avais trouvé ça pas mal du tout.
Il faut que je me le procure (j'avais acheté la vhs à sa parution).
Chronique captivante de Ed, d'Antoine je veux dire.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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