The Ghost Writer (Roman Polanski - 2010)

[homerwell]

Je crois que tu tends une sacrée perche à mannhunter, là, qui se faire un plaisir de rebondir sur un certain réalisateur italien.

Cela pourrait faire l'objet d'un topic à part entière, dans quels cas la vraisemblance au cinéma est non négociable au risque de nous faire sortir du récit, dans quel cas elle forme un postulat parfaitement acceptable auquel nous allons adhérer sans difficulté voir en apportant notre complet concours, et comment les réalisateurs les plus habiles parviennent à nous faire souscrire à l'invraisemblance de leurs récits ?
Pardon pour le HS !

[Demi-Lune]

Cela peut donner lieu à un échange intéressant, en effet. Pourquoi un Hitchcock arrive sans peine à nous faire gober des trucs énormes, et pourquoi c'est susceptible de coincer chez un autre.
Tu ouvres le fil ?

[homerwell]

C'est drôle, je pensais aussi à Hitchcock en écrivant ma réponse...
Je te laisse ouvrir le fil si tu le désires car je suis un grand timide, mais je te promet d'y participer !

[Major Tom]

Le sujet serait intéressant. Justement, Watkinssien disais ça récemment:

Un film qui m'a traumatisé et qui continue à provoquer une colère puissante tellement je crois à ce qui se passe à l'écran...

... et ça me faisait aussi cet effet-là quand je voyais le film en question (La Poursuite impitoyable).

C'est drôle, je pensais aussi à Hitchcock en écrivant ma réponse...

Naturellement. L'inventeur du MacGuffin.

Et forcément, De Palma que j'ai cité. Imaginez la séquence du bal de la fin de Carrie telle quelle mais réalisée par un autre que lui... ça aurait pu être terrible.

[Demi-Lune]

C'est drôle, je pensais aussi à Hitchcock en écrivant ma réponse...
Je te laisse ouvrir le fil si tu le désires car je suis un grand timide, mais je te promet d'y participer !

Je veux bien m'en charger, mais je ne suis pas sûr de bien pouvoir lancer clairement les enjeux et les problématiques de ce sujet en introduction, tant cela me semble vaste. Ou alors je fais une introduction extrêmement rapide et vous laisse ensuite le soin de lancer vos idées.

[ballantrae]

Que d'annotations justes sur les qualités certaines de Ghostwriter qui vient relever la filmo de Polanski après trois décennies un peu "inégales": en dehors du Pianiste que j'aime en grande partie sans crier au génie, j'avoue que le sublime Tess fut pour moi le dernier vrai beau crû du cinéaste.
Ce n'est pas faute d'avoir attendu avec impatience nombre de ses films: Pirates (beaux décors et costumes...et quoi d'autre hormis un Matthau cabotin?),Frantic (superbe première demie heure puis récit de plus en plus asthmatique, aux gros coups d'oeil référentiels un brin pesants), Lunes de fiel (là, je m'énerve tant le grotesque l'emporte sur tout le film et son potentiel dérangeant...et que dire des aspects visuels tellement indignes des visions polanskiennes?), death and the maiden (pas vraiment marquant, trop théâtral mais celui-là je suis prêt à le revoir pour revérifier), La neuvième porte (toujours ce problème du grand guignol auquel s'ajoute des problèmes de récit, les aspects visuels sont néanmoins parfois séduisants) et oliver Twist (pas mal mais peu habité, très beaux décors et ambiances mais film sans effets de signature qui aurait certainement pu être conçu par d'autres, beaucoup d'autres).
Par ailleurs je suis un fan absolu de tous les Polanski depuis ses courts (Le gros et le maigre, Deux hommes et une armoire très connus mais aussi les moins vus et tout aussi sublimes La lampe et Quand les anges tombent) jusqu'à Tess en n'excluant pas deux films à mon avis trop peu vus: Quoi? aux accents libertaires et fantaisistes emballants et Macbeth qui n'a pas à rougir de la comparaison avec le Welles et le Kurosawa et offre des solutions esthétiques époustouflantes (scène des sorcières, scène des miroirs, mort de Macbeth entre autres).
The ghostwriter est vraiment une très belle nouvelle: vous me donnez tous envie de le revoir sur grand écran (festival télérama?) avant de me procurer le DVD.Il pourrait même grimper dans mon top ten 2010, tiens!!!

[Jack Griffin]

Très bon film... il n'y a effectivement que la toute fin que j'avais trouvé assez grossière et précipitée. Je n'aime pas trop ce genre de chute un peu trop "marquée" de toute façon (un peu comme Inception, tu la vois tellement arriver qu'elle n'a plus d'impact quand elle survient).

[AtCloseRange]

Revu et je ne change guère d'avis. Un trhiller plutôt prenant mais également un peu trop languissant. Quant au fond "politique" de l'histoire et à son final, il est pour le moins convenu.
Entendre en 2011,

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le personnage de Rykart nous dire que le premier ministre anglais serait téléguidé par les Etats-Unis et que ça soit une révélation. Quand même.

Sinon, je ne sais pas où a été tourné le film mais je ne crois pas à un seul moment qu'on se trouve aux Etats-Unis. Je comprends bien les contraintes de Polanski mais au moins les premières scènes new-yorkaises de La 9ème Porte sont assez crédibles.

[ApOk]

Le film a été tourné en Allemagne (avec Berlin pour représenter Londres...même si ils ont aussi tourné à Londres !) et au Danemark. Cela étant, pour les extérieurs au Massachussets, la seconde équipe a filmé plusieurs plans pour une certaine cohérence.

[monk]

Que rajouter après tout ça ? C'est sur, c'est plus facile de poster dans "les films du mois de..."
J'ai trouvé ça vraiment bon, du haut de gamme. Précis, pointu, tendu, de beaux tableaux (le bureau qui donne sur la plage !). Brosnan est très bien, et pourtant j'ai toujours un a priori très négatif sur cet acteur.
J'y ai retrouvé un peu du Locataire, et surtout, je n'ai pas vu un film américain, et ça c'était bien aussi*.
Je garde !

* Ne vous méprenez pas, j'aime le cinéma américain, mais disons que le thriller politique est plutôt leur air de jeux, et là, c'est bon, sans usuer de leurs artifices à eux. C'est très différent comme approche, et pourtant ça fonctionne tout autant.

[Flol]

Diffusion ce soir sur Canal, suivie d'un documentaire sur les "nègres" (j'aimerais bien qu'un jour on trouve un autre terme que celui-là pour les définir) qui m'a l'air très intéressant.

[Eusebio Cafarelli]

Je n'ai pas trouvé le film très passionnant...
Certes, excellente interprétation, belle mise en scène, beaux plans fixes, réflexion sur la paranoïa (encore que le héros n'a pas l'air d'être touché par ce problème), mais scénario faiblard

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on pense à Tony Blair et Mme, aux taupes de Cambridge mais post guerre froide, le recruteur est la CIA, ceci dit l'épouse espionne semble avoir peu de prise sur son mari... On pense aussi à Halliburton pour Hatherton

La Mort aux trousses vient vite à l'esprit. Mais The Ghost Writer est bien moins brillant : peu d'action, un héros naïf qui n'apprend pas alors qu'il se sait menacé, un suspens souvent tué

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par exemple la scène du billet : travelling fluide qui suit le cheminement du billet jusqu'à Ruth. Joli mais gratuit : on sait ce qu'il y a dedans puisque ça nous a été montré juste avant, on voit même le héros écrire le billet. Ça aurait été plus fort sans la fin de la scène de la révélation par le manuscrit. Problème de langue anglaise : dans la phrase de révélation, le nom de Ruth arrive au début, en français il arriverait à la fin. Avec un nom révélé à la fin, il aurait pu commencer à nous montrer le principe de la révélation, les débuts de chapitre, puis s'arrêter et passer au billet, la révélation se faisant quand le billet arrive à destination

[Watkinssien]

Pour avoir revu le film, je peux dire que je le trouve, au contraire, de plus en plus passionnant. Dans le sens polanskien du terme. En effet, les meilleurs thrillers typiques du cinéaste me captivent car je fais de plus en plus abstraction du scénario et je me concentre pleinement son traitement formel et atmosphérique.
The Ghost Writer est une oeuvre dont l'étrangeté s'accumule (avec un grand brio) encore et encore. La mise en scène est vraiment magnifique, dont le ton enveloppe le spectateur autant que le protagoniste dans un cauchemar froid, sans issue et superbement évocateur.


Si l'histoire et les personnages principaux peuvent faire penser à des personnalités connues, je n'en ai pas besoin pour pleinement apprécier ou encore à le considérer comme un défaut. Car le récit suit une logique caractéristique de la vision d'un immense cinéaste, étonnamment capable de surpasser (pour ma part alors que ce n'était pas le cas lors de mon premier visionnage) certains thrillers paranoïaques des années 60/70...

[jacques 2]

Je l'avais manqué jusqu'à présent et ce fâcheux oubli a enfin été réparé ce soir ...

Fâcheux parce qu'il s'agit d'un grand cru et que sa découverte fût un plaisir sans mélange.

Elégance suprême de la mise en scène et de la musique

Acteurs très convaincants (même Mc Gregor que j'affectionne assez peu d'ordinaire)

Fluidité de l'ensemble : pas une seconde d'ennui

Que l'on trouve l'intrigue vraisemblable (ou pas) datée (forcément quand il s'agit d'un sujet "politique") l'histoire me paraît surtout constituer un prétexte et parfaitement s'inscrire dans le haut du panier de ce que Polanski a jamais pu nous offrir : une vision paranoïaque - angoissée et peu réjouissante - du monde, vision à laquelle je souscris pour ma part sans réserves ...

Par là, et c'est l'essentiel à mon sens, -ce "Ghost writer " rejoint - presque - ce que Polanski a produit de meilleur : "Répulsion, "Cul de sac", "Rosemary's baby", "le locataire" et "Chinatown" ...

9/10

[Federico]

Découvert aussi sur le tard et malheureusement sur un enregistrement qui s'est arrêté avant la fin...

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Juste après l'"accident" qui arrive à McGregor en sortant de l'immeuble où il vient de révéler ce qu'il a découvert. Est-ce que j'en ai loupé beaucoup ? J'ai par ailleurs trouvé la chute de cette séquence de palmesque un petit peu too much...

...et j'ai admiré la mise en scène de très grande classe, le scénario et les dialogues cyniques et aigus, la splendeur de la photographie et le jeu des comédiens. Pas fan non plus de McGregor qui est toujours sur le même mode perpétuellement étonné d'un film à l'autre mais il n'est pas trop mal ici. Ce sont surtout Brosnan (bien plus bluffant et moins caricatural que par ex. Travolta dans Primary colors, film que j'aime pourtant bien), Kim Catrall et la plus remarquable de tous, Olivia Williams (qui m'a fait penser à Rebecca Pidgeon dans les films de Mamet) qui m'ont impressionné.
Un grand Polanski.

[edit] Et j'oubliai les chouettes apparitions du grand Eli Wallach (95 ans mais l'oeil toujours vif !) et d'un James Belushi méconnaissable et inquiétant.