Cédric Klapisch

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

ballantrae
Assistant opérateur
Messages : 2001
Inscription : 7 déc. 10, 23:05

Re: Cédric Klapisch

Message par ballantrae »

Il me semble que plusieurs films français étaient intéressants tout de même!
Avatar de l’utilisateur
Karras
Howard Hughes
Messages : 15339
Inscription : 15 avr. 03, 18:31
Liste DVD
Localisation : La cité du Ponant

Re: Cédric Klapisch

Message par Karras »

Des plus :
zemat a écrit : CE QUI NOUS LIE : 7,5/10
Gros coup de cœur pour cette saga familiale dans le monde viticole. Acteurs excellents et mise en forme assez chiadée.
Jeremy Fox a écrit :Ce qui nous lie : 7.5/10
Je continue à considérer les films de Cedric Klapisch comme ce qui se fait de mieux dans le cinéma "populaire" français contemporain. Ses acteurs sont tous formidables et le film se suit avec un immense plaisir.
Karras a écrit :Ce qui nous lie (7,5/10) : Grâce au subtile assemblage de son casting, la cuvée Klapisch se révèle tendre et chaleureuse.
Et un moins :
G.T.O a écrit :
Ce qui nous lie : 2/10

Risible dépliant touristique sur le vin doublé d’une dissertation tarte à la crème sur l’héritage et la fraternité. Un boulevard de cliché, agrémenté d’ un côté reac derrière une bonhomie de façade. Zéro regard, zéro cinéma.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

Karras a écrit :
G.T.O a écrit :
Ce qui nous lie : 2/10

Risible dépliant touristique sur le vin doublé d’une dissertation tarte à la crème sur l’héritage et la fraternité. Un boulevard de cliché, agrémenté d’ un côté reac derrière une bonhomie de façade. Zéro regard, zéro cinéma.
Une argumentation concernant le « côté reac » ?
Absolument pas d’accord mais ça m’intéresse de comprendre.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99604
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Cédric Klapisch

Message par Jeremy Fox »

Le Péril jeune - 1995

Alain (Vincent Elbaz), Bruno (Julien Lambroschini), Léon (Joachim Lombard) et Momo (Nicolas Koretzky), qui s’étaient perdus de vue depuis les années lycée, se retrouvent dans la salle d'attente d’une maternité. S'ils sont là, c'est parce que Sophie (Élodie Bouchez), ex-camarade de classe, s'apprête à accoucher, et que le géniteur n'est autre que Tomasi (Romain Duris), le cinquième larron de la bande qu'ils formaient au lycée Montesquieu à Paris. Sophie avait su que son compagnon tenait à ce que ces quatre amis soient présents le jour où il deviendrait père. Pour honorer sa mémoire puisqu’il vient de mourir d’une overdose, les quatre potes ont donc fait le déplacement jusqu'à l'hôpital. En attendant que l'enfant naisse, ils se remémorent cette année 1975 alors qu'ils étaient en terminale avec Tomasi comme pilier de leur petit groupe…

Je profite de l’occasion qu’il m’est donné d’écrire sur un film de Cedric Klapisch pour exprimer toute l’admiration que je porte au réalisateur. Rarement ses films m'auront déçu, que ce soient ceux de ces débuts généralement très appréciés aussi par la presse, mais également ceux qui suivirent l’immense succès public que fût Un air de famille, déjà moins soutenus par la critique pour une raison qui m’échappe, considérant d’ailleurs ses trois plus récents opus - dont le dernier en date, le magnifique En Corps - comme faisant partie de ses plus belles réussites. Je ne sais pas si cette comparaison l’aurait contenté car leurs styles et leurs tons respectifs n’ont pas grand-chose en commun, mais Klapisch est un cinéaste auquel je trouve de très nombreuses similitudes dans son parcours, sa réception critique et sa ‘philosophie cinématographique’ avec un autre grand nom du cinéma populaire (dans le sens noble du terme), lui aussi bien trop souvent regardé avec un certain mépris durant des décennies, comme une sorte un retour de bâton après avoir été porté une dizaine d’années au pinacle : Claude Lelouch.

Quoique l’on pense de leur cinéma à tous deux, il me parait néanmoins impossible de ne pas leur reconnaitre un réjouissant culot, une grande sincérité, beaucoup d’inventivité et de virtuosité, une immense générosité et surtout un amour immodéré du cinéma qui sourd au travers chaque seconde de leurs œuvres respectives. Pour Claude Lelouch, malgré un public fidèle qui heureusement lui suffira à poursuivre sa carrière la tête haute, la débandade et la moquerie critique débutèrent dès le tout début des années 80, alors que l’on peut encore trouver de pures merveilles durant les décennies qui suivirent ; pour Klapisch on peut dire qu’à partir de Peut-être (certes inégal mais aussi très attachant) on fut également moins prévenant à son égard. Les gros succès public de Un Air de famille et de L’Auberge espagnole firent peut-être des jaloux ?! Mais comme pour Lelouch, le public lui resta loyal et on peut dire qu’il fût toutes ses années durant, plus de 30 millésimes, l’une des valeurs les plus sures de notre cinéma. Après sa période faste avec son comédien fétiche Romain Duris - notamment L’auberge espagnole et ses suites -, il ne se démonta pas et à mon humble avis ses films suivants ne déméritèrent absolument pas. Du délicieux Riens du tout au superbe En corps, Klapisch nous aura décliné 14 fois son talent et prouvé à chaque nouveau film son efficacité à nous octroyer de l’excellent cinéma populaire, tour à tour ou à la fois amusant, attachant, frais, grave ou 'jouissivement' frivole.

Mais trêve de louanges sur le cinéaste pour nous concentrer sur son deuxième long métrage devenu en une trentaine d’années une sorte de film culte : Le Péril jeune. C’est à l'origine un téléfilm pour Arte - anciennement La Sept - dans le cadre d'une commande pour la collection Les Années Lycée, pour faire suite à une précédente qui avait rencontré un vif succès au début des 90’s, Tous les garçons et les filles de leur âge. Cette dernière était constituée de neuf téléfilms sur le thème de l'adolescence avec déjà de futures grandes signatures comme Olivier Assayas, Cedric Kahn ou au contraire des réalisateurs déjà chevronnés, certains nous ayant offerts pour l’occasion parmi leurs œuvres leurs plus attachantes tel André Téchiné avec Les Roseaux sauvages. Parmi les 4 téléfilms des années lycée abordant 4 années différentes se déroulant tous dans le lycée Montesquieu (imaginaire), seul celui de Cedric Klapisch se fera remarquer contrairement à ceux de Eric Barbier, Romain Goupil ou Manuel Poirier. Cédric Klapisch qui vient de réaliser son premier long-métrage, avec Fabrice Luchini en tête d’affiche, Riens du tout, rejoint le projet pour diriger l’opus dédié à l'année 1975. Il en écrit le scénario en à peine deux mois avec deux amis lycéens : "en 1993, on était tous les trois jeunes trentenaires et on avait envie de parler de nos 17 ans dans les années 1970. Dans le film, de nombreux éléments font écho à notre amitié. Pour dessiner les personnages, on s'est aussi inspirés d'élèves qu'on avait réellement côtoyés. Tomasi, par exemple, est la synthèse de trois personnes qu'on avait connues" disait-il dans un entretien donné l’an dernier au site internet du journal Le Point. Il est diffusé le 21 mai 1994, son audience reste relativement discrète mais il connaît cependant plusieurs sélections en festivals, notamment au Festival du film d'humour de Chamrousse où il remporte le Grand Prix et le Prix de la Critique.

Une sélection et des récompenses dans les festivals de comédies qui surprennent le cinéaste et ses deux acolytes : "Avec Le Péril jeune, on n'avait pas du tout eu l'intention de faire rire. Pour nous, on y racontait avant tout le destin tragique d'un personnage mort d'une overdose." Au Festival de Chamrousse, Gaumont remarque le téléfilm et décide de le distribuer en salle le 11 janvier 1995. Et contre toute attente il réussit à attirer pas moins 655000 spectateurs ! Toutefois, c'est la VHS qui va véritablement le lancer et en faire un film culte : "Dans les cinq années qui ont suivi sa sortie en salle, Le Péril jeune est devenu un phénomène grâce à la VHS. Dans la rue, les gens me disent alors qu'ils l'ont vu vingt fois avec leurs amis. C'est là que je me rends compte de l'impact du film ; Il y avait un processus d'identification fort. Le public se reconnaissait dans ces personnages banals, qui ne sont pas extraordinaires." Le tournage en à peine trois semaines fut une riche expérience pour tous les jeunes participants : "Romain, Vincent, Julien, Nicolas et Joachim se sont rencontrés deux mois avant le tournage. Tout de suite, ils sont sortis ensemble tous les soirs, et, une semaine après, c'étaient de vrais potes. De mon côté, j'ai beaucoup répété avec eux. Tout cela a contribué à nourrir leur complicité devant la caméra et a rendu le tournage assez fluide. Durant ces 24 jours, l'équipe partageait une belle énergie, un bel enthousiasme". D’où aussi un étonnant naturel qui ressort à la vision du film, l’alchimie entre les comédiens faisant merveille, leur amitié ne paraissant jamais feinte.

Aujourd’hui encore Klapisch éprouve toujours une profonde affection pour son deuxième ‘bébé’ : "J'ai pour lui beaucoup de tendresse. Il y a une innocence qui le traverse, du fait que nous démarrions tous ; cela se ressent quand on le voit. Et ses thèmes sont toujours percutants, même si la société a changé." Très lucide sur ses qualités et défauts, le réalisateur n’hésite pas à dire que son film est loin d’être parfait et effectivement il fera mieux par la suite. Ceci étant dit, même si la mise en scène et le scénario n’ont rien d’exceptionnels, le récit s’avérant une suite de saynètes assez inégales, l’ensemble reste toujours extrêmement plaisant et attachant, la banalité et la simplicité des situations étant le reflet de ces années lycée que tout le monde a vécu à peu près pareillement, chacun allant certainement se retrouver dans telles ou telles situations, dans tels ou tels personnages auxquels on pourra très facilement s’identifier. L’amitié, les premiers flirts, les blagues potaches, le rock, l’ennui des cours, le stress des examens, la pression des parents, l'agacement par la fratrie n'ayant pas les mêmes goûts musicaux, la venue d’une certaine conscience politique, le militantisme sincère, dilettante ou profiteur, l’incertitude face à l’avenir et au chômage, la drogue, le sexe, etc., Le Péril jeune est un film d’observateur plus que de moralisateur et c’est tant mieux ! Ses protagonistes ne sont pas forcément glorieux, même parfois un peu nigauds voire très crétins, mélange de fragilité, de timidité et de trop grande assurance comme certainement beaucoup d'entre nous à la même époque et au même âge.

Malgré une humeur assez joyeuse, foutraque et enthousiaste, sourd assez régulièrement de l’ensemble une mélancolie et une certaine poésie qui en font tout le prix et tout le charme. Cette ambiance de l’époque retranscrite à merveille, ces souvenirs savamment croqués sont évoqués lors de retrouvailles dix années plus tard par quatre amis hantés par la mort d’une overdose de l’un des membres de leur petit groupe et qui ruminent le fait d’avoir tous plus ou moins tournés le dos à leurs aspirations d’adolescence, tous désormais embourgeoisés et rangés. Une chronique savoureuse et très juste de la jeunesse du milieu des années 70, parfaitement interprétée par Romain Duris et Vincent Elbaz mais aussi par tous leurs autres partenaires, rythmée par un Soundtrack mélangeant allègrement Sheila, les Pink Floyd, Stone et Charden, Janis Joplin, Barbara (magnifique séquence romantique vers la fin du film sur la chanson Les Voyages) et Jimi Hendrix, la musique étant à l’origine de la scène la plus désopilante du film, celle qui prend son temps et au cours de laquelle Bruno se sent tout d’un coup complètement abattu et blasé en ayant pensé pouvoir suivre à la guitare Alvin Lee des Ten Years After et se rendant compte du gouffre qui existe. On sourira aussi devant le prof de maths adepte d’expression corporelle, la prise de crack tournant au Bad Trip surréaliste, Tomasi refaisant pendant la récréation la scène emblématique du Amarcord de Fellini, le conseil de classe ‘grotesque mais vrai’, la méthode de révision assez sportive de Chabert et on s’esclaffera de rire lorsque ce dernier fera l’idiot en classe en prenant pour tête de turc son pote qu’il sait avoir couché avec la jeune prof d’anglais.

Nous aurions bien suivi encore ces joyeux lurons dans leurs scènes de chahut et de drague durant quelques heures de plus ; nous aurions accepté encore plus de scènes comme celle très touchante au cours de laquelle Joachim Lombard et Hélène de Fougerolles se retrouvent tous les deux sur une terrasse surplombant Paris sans oser faire quoi que ce soit malgré leurs désirs respectifs ; nous aurions bien voulu soutenir Tomasi plus longtemps dans son attitude politiquement incorrecte concernant le travail. Nous aurions aimé que s'éternise un peu ce film rafraichissant mais également parfois très émouvant et non dénué de gravité comme lors de ce plan final sur le visage changeant et bouleversant de Romain Duris qui disparait petit à petit comme les illusions de l’adolescence. Un film assez irrésistible, d’une grande drôlerie mais aussi d’une grande sensibilité surtout lorsqu’il nous fait prendre conscience du temps qui passe et du mal-être que nous connaissions tous plus ou moins à cet âge d’autant que l’identification avec au moins un des protagonistes semble inévitable. Klapisch ne cherche à faire passer aucun message, il a observé et se souvient pour nous livrer un instantané de 1975 expressément banal et par là très juste. Avec son film suivant, Chacun cherche son chat, il accèdera à un degré de plus dans la banalité de l’intrigue… pour le plus grand bien-être de ses fidèles admirateurs qui s’en délecteront à nouveau.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

Image

DEUX MOI

On retrouve dans ce nouvel opus Klapischien l’acuité et la bienveillance du regard de l’auteur sur ses personnages et sur ses contemporains. Le film constitue un retour parisien 11 ans après son film choral Paris. Éric Neuhoff sera content, on se retrouve dans un Paris tangible et très contemporain, où les trottinettes croisent les mono-roues dans des quartiers flambants neufs (le quartier Rosa Parks par exemple) encore jamais filmés, où les restaurants antillais sont tenus par des maliens, les massages thaïlandais par des chinois, où les personnages prennent tristement le métro quotidien pour se rendre dans des open spaces bruyants ou des entrepôts de colis. L’espace de travail urbain intéresse régulièrement Klapisch, qu’il s’agisse des magasins (Riens du tout, Les poupées russes, Paris), des salles de marché (Ma part du gâteau), des halles et entrepôts (Paris, Nous Deux), des centres d’appels téléphoniques (Nous Deux) même si je trouve qu’il en a parfois une vision un peu fantasmée qui peut sembler manquer de vécu.

Nous Deux est un beau témoin de la vie des jeunes actifs parisiens et plus globalement des citadins en 2019, très souvent seuls tout en étant à quelques clicks de rencontres sans lendemains. Le film est tout entier conçu pour capter la mélancolie urbaine, les hasards et les vies parallèles de citadins qui se croient seuls et anonymes alors qu'ils sont entourés de concitoyens de fortune. Il y a du Lelouch dans le procédé de montrer ses voisins qui vont se croiser pendant tout le film avant la rencontre attendue. Le regard est plus intéressant que la forme.

Nous deux, c’est un peu Les poupées russes après débrayage, en mode tranquille. A travers François Civil on sent d’ailleurs régulièrement pointer le Xavier de la trilogie du casse-tête (en moins hyperactif), la même angoisse, la même incommunicabilité aussi envers ses parents. Quant à Anna Girardot, elle confirme après Ce qui nous lie qu'elle est une actrice juste et sensible à suivre.

A l'image de ses deux comédiens, Nous Deux est un film humble et estimable qui ne brille pas par son intrigue mais qui chemine doucement mais surement vers sa délicate conclusion.
Dernière modification par Supfiction le 24 janv. 20, 09:14, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99604
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Cédric Klapisch

Message par Jeremy Fox »

Définitivement fan de ce réalisateur et avec son dernier opus la magie Klapisch a encore fonctionné sur moi ; et ça dure depuis Riens du tout que j'ai découvert en salles le jour de sa sortie. A l'image de son chef d'oeuvre, Chacun cherche son chat, un cinéma chaleureux, lumineux et qui saisit parfaitement l'air du temps avec lucidité, humour, intelligence, légèreté et gravité dans un même élan. En plus de nous procurer un rare bonheur (tout du moins en ce qui me concerne), ses films sont déjà et resteront de parfaits documents sociologiques pour les générations à venir. En bonus ici, une Ana Girardot craquante, une mise en scène paradoxalement en même temps toujours aussi libre et chiadée, encore cette parfaite utilisation de la musique, toujours d'aussi beaux cadrages et une direction d'acteurs qui fait plaisir à voir.

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :ses films sont déjà et resteront de parfaits documents sociologiques pour les générations à venir.
Oui, et celui-ci tout particulièrement, mais tous, je pense, on été conçu ainsi, cela se ressent fortement.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

zemat a écrit : 12 avr. 22, 14:16
EN CORPS : 7,5/10
Cédric Klapisch est l’un des rares réalisateurs français donc je vois systématiquement les œuvres en salle depuis une vingtaine d’années. Après la petite déception que fut « Deux Moi » (principalement à cause de sa tendance neurasthénique), ce dernier opus est un total retour en forme. Passée une première longue séquence admirable et quasiment sans paroles, Klapisch nous plonge dans la vie de cette danseuse brisée en plein vol et interprétée avec conviction. Les seconds rôles sont très savoureux (mention spéciale à Muriel Robin toute en nuances), le scénario est peut-être classique mais passionnant. Belle réussite !
Heureusement que les retours sont bons car l’affiche (et même le titre) ne font vraiment pas envie.

Ça fait un peu penser à ça :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Ou ça :
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22174
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par Supfiction »

Vu aujourd’hui. J’ai bien aimé la partie bretonne et son énergie positive ainsi que les très belles séquences de ballet appuyées par une excellente sélection de musiques classiques.
Moins emballé en revanche par les danses et musiques urbaines. Le scénario m’a également semblé moins abouti que dans les précédents films de Klapisch. Mais c’est globalement une nouvelle réussite du réalisateur.

Sinon, Les Cahiers du cinéma, toujours bloqués dans les couloirs du temps en Mai 68 :
Malgré le degré de vérité apportée par la danseuse Marion Barbeau, le reste, des décors aux acteurs, est si lisse et pétri de lieux communs que le film ressemble à une vaste pub pour tout ce que le capitalisme sait actuellement le mieux vendre : injonction au bien-être, dépassement de soi, discipline de la résilience...
Avatar de l’utilisateur
zemat
Producteur Exécutif
Messages : 7710
Inscription : 1 juil. 10, 14:16
Liste DVD
Localisation : Dans le labo de Walter ou dans le bureau de Don.

Re: Cédric Klapisch

Message par zemat »

Supfiction a écrit : 23 avr. 22, 14:11
zemat a écrit : 12 avr. 22, 14:16
EN CORPS : 7,5/10
Cédric Klapisch est l’un des rares réalisateurs français donc je vois systématiquement les œuvres en salle depuis une vingtaine d’années. Après la petite déception que fut « Deux Moi » (principalement à cause de sa tendance neurasthénique), ce dernier opus est un total retour en forme. Passée une première longue séquence admirable et quasiment sans paroles, Klapisch nous plonge dans la vie de cette danseuse brisée en plein vol et interprétée avec conviction. Les seconds rôles sont très savoureux (mention spéciale à Muriel Robin toute en nuances), le scénario est peut-être classique mais passionnant. Belle réussite !
Heureusement que les retours sont bons car l’affiche (et même le titre) ne font vraiment pas envie.

Ça fait un peu penser à ça :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Ou ça :
Image
Quelle mémoire !! :lol: :lol: :lol:
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30839
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par tenia »

Vu hier soir En Corps, dans notre session de rattrapages des Césars 2023... et bé c'était pas fameux.
Le film est très très long pour son histoire incroyablement générique et platement mise en scène par Klapisch et son équipe, qui enquillent lumière et mise en scène télévisuelle à mort dans un Paris à peine indigne d'Emily in Paris (et une délocalisation bretonne à peine moins bobo que ces lieux parisiens où on pourrait manger par terre et qui donnent tous sur la Tour Eiffel ou le Sacré Coeur).

C'est surtout d'une inconsistance gênante dès ses premiers instants, d'un long ballet où une rupture amoureuse se joue sans dialogues mais de façon interminable (prologue semblant durer 15 minutes), suivi d'un double cut (le 1er sûrement pour assembler maladroitement deux prises différentes au montage, le 2ème pour enquiller sur le générique), et quel générique puisqu'on croirait un croisement entre un James Bond et Total Recall, dont on a longuement cherché avec madame le lien avec la suite du film (pas vraiment dans ce ton).

Le reste enchaine sur des lieux communs d'une banalité incroyable, pas forcément aidés par un casting au talent très hétérogène (grand nombre de seconds couteaux qui heureusement n'ont pas beaucoup de temps d'écran) (si je pensais que je dirais un jour que le meilleur d'un Klapisch, c'est Muriel Robin...).

Et toujours ce rythme indolent, mais pour quoi ? Raconter et sur-raconter le parcours d'une jeune fille dont les gros problèmes familiaux du moment sont un dégât des eaux et un problème de Wi-Fi (insupportable rôle monodimensionnel teubé de Podalydès, joué comme une mauvaise parodie de ce cliché ambulant), et qui doit pour la peine se farcir une retraite bretonne dans un lieu dont la nuit doit probablement coûter 300 balles, tout ça pour finalement y retrouver la moitié de ses potes parisiens (quel dépaysement, que le monde est petit). Evidemment, tout cela est sur-signifié psychologiquement, comme si le sentier n'était pas assez balisé de la sorte : non, il faut 5 minutes d'explicitation que "le trauma émotionnel que tu as ressenti est symbolisé par cette fracture, ton corps a décidé que tu vivrais aussi cette douleur dans ta chair, et il te faudra sûrement te remettre de ta rupture sentimentale pour te remettre de ta blessure physique" (je cite quasi-texto un bien mauvais François Civil).

Au final, le tout glisse un peu tout seul, comme un truc pas foncièrement mal ficelé mais profondément anodin et fade, long tobogan droit de 2h qui se voudrait probablement un peu profond mais semble tenir de l'atermoiement superficiel d'un premier chagrin d'amour adolescent (le personnage a 26 ans mais est écrit comme s'il en avait 14) vu du point de vue d'un adulte incapable d'y injecter une quelconque intensité, le tout pour un script en pilote automatique tout du long (vous n'avez pas encore vu le film, mais vous connaissez déjà la fin et tous les vagues rebondissements).

Restent un Pio Marmaï qui illumine le film quelques minutes, ainsi que quelques chorégraphies sympatoches (notamment côté danse contemporaire), mais Klapisch réussit même à flinguer son final dansé, troquant après quelques minutes une formidable mise en scène scénique pour une mise en scène cinématographique là encore la plus clichée et banale qu'il soit.

Au milieu de tout ça, quelques idées sympathiques (le montage avec les parents dans les escaliers vers le cours de danse, le running gag du camion "on voit que vous êtes nouvelle, vous"), qui aurait pu suffire sur un film d'1h20, pas de 2h dont la conclusion semble être quelque part entre "crois en tes rêves" et "la rééducation, ça prend parfois quelques mois".

4/10
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99604
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Cédric Klapisch

Message par Jeremy Fox »

L'un de ses plus beaux films pour ma part. J'ai trouvé le prologue esthétiquement magnifique.
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30839
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Cédric Klapisch

Message par tenia »

Le prologue est magnifique, mais dont le rattachement narratif ne dure finalement que 2 minutes et dont tout le reste n'est "que" du ballet filmé. Ce qui aurait été couillu, ça aurait été que tout le film soit narrativement raconté à travers ces coulisses muets, un regard, une rencontre, un œil espion, mais non, bien sûr que non, c'est totalement traditionnel ensuite.

A la place, c'est tout simplement un extrait de ballet dansé environ 3 fois trop long, et avec un générique l'entrecoupant plutôt que de se placer à la fin, ce que je comprends car ça enchaine direct sur les incompétents de l'hôpital public mais, ça fait quand même étonnamment reprendre là où en était dans le ballet, en mode "ah oui, c'est vrai que c'était pas fini puisque qu'elle doit encore se péter le pied".

Mais pour le reste (soit l'1h45 restante), de la mise en scène à la photo lisse et numérique et tellement vue et revue depuis plusieurs années avec ses relents cyan, ça m'a fait regretter très largement Chacun cherche son chat, découvert en novembre dernier suite à sa ressortie restaurée en Blu-ray.
Un film qui, narrativement et thématiquement, était autrement plus fin là aussi que cet En Corps qui se sent constamment obligé de tout surligner 20 fois au stabilo, sorte de double peine qui m'a fait penser que le film me prenait pour un teubé alors que ce surlignage fait ressortir d'autant plus à quel point y a pourtant pas besoin d'être malin (j'avais oublié la formidable explicitation de l'opposition entre danse classique, celle qui fait rêver et regarder vers le ciel sur les planches de l'opéra, et danse contemporaine, celle ancrée dans la teeerrrre et fait vibrer les vrais gens qui habitent le fond d'une foret bretonne - mais dans une barraque ultra luxueuse, hein).
Avatar de l’utilisateur
Spongebob
David O. Selznick
Messages : 12849
Inscription : 21 août 03, 22:20
Last.fm
Liste DVD
Localisation : Pathé Beaugrenelle

Re: Cédric Klapisch

Message par Spongebob »

Assez d'accord avec tenia pour le coup. J'avais pourtant aimé les derniers Klapisch que j'avais vu, étant plutôt client de ses films. Peut-être ma plus grosse déception de 2022 pour un film français.
Répondre