Contact (Robert Zemeckis - 1997)

[Dale Cooper]

Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Mais entre ça et les 3, 4 voire 5 apparitions truquées de Bill Clinton, et les "plans impossibles" chers à Zemeckis mais gratuits (j'ai pensé à Panic Room), c'est sûr que le film regorge de défauts.
Contact est vraiment le type-même du "film du dimanche soir" sur TF1 des années 90. Et mine de rien, ça me manque beaucoup...

[Commissaire Juve]

... Le fabuleuse séquence du message capté, enregistré, puis décrypté, est galvanisante à un point... Elle fait partie de celles que je peux revoir en boucle : on ressent viscéralement le mélange de surexcitation et d'incrédulité d'Ellie et de ses deux amis/collègues. Vite, vite, tout enregistrer, vérifier les paramètres, optimiser la réception, puis vérifier qu'il ne s'agit pas d'un message militaire ou top secret, s'apercevoir qu'il provient de Vega (!), qu'il est constitué de nombres premiers (!!), s'assurer que les stations à l'autre bout du monde l'ont bien reçu également. Et le lendemain, alors que la nouvelle agite officiels et journalistes, rebelote : découvrir qu'un signal TV est associé la transmission, et que celui-ci contient... un discours d'Hitler ! Du premier son capté par Ellie dans son casque à la sidération des personnages devant ce qu'ils voient sur le poste TV, c'est un modèle absolu de storytelling, qui fait battre le cœur en chamade. En tout cas le mien...

Je plussoie. J'en rêvais quand j'étais gosse, Zemeckis l'a fait.

... Mais bon, je te vois déjà (ainsi que tous les autres) te facepalmer devant ton écran. Donc j'arrête là.

Pas grave. Comme on le chante chez Resnais :

Résiste ! Prouve que tu exiiistes !

[Harkento]

Et c’était un peu le cas à la fin de CONTACT, après cette étonnante scène d’audience où Jodie Foster doit prouver l’authenticité de son voyage à un jury d’Inquisiteurs acquis contre sa cause. Jamais je n’avais réalisé à quel point ce qu’elle racontait, les mots qu’elle employait, était un discours assimilable à l’identité du croyant, du religieux. Elle emploie des termes que toute spiritualité accepte quand on parle de Dieu, de foi, de religion, mais qui lui sont refusés parce qu’elle implique une autre existence supérieure.

Il y a peut-être dans cette audition finale l’aveu tout simple d’une foi. Avec ses mots, Ellie avoue croire en quelque chose et son discours rappelle celui des religieux. Concrètement, tous ne parlent pas de la même chose mais, concernant cette foi, le discours d’Elli fait peut-être franchir certaines barrières : la foi peut ne pas être que religieuse. Et c’est peut-être cela qui crée une relation spéciale entre ce personnage et la population qu’on aperçoit en fin de film. Il y a toute une foule venue à sa rencontre, comme pour la soutenir dans son combat, sa propre croyance, sa démarche. Elle est peut-être devenue un symbole religieux, l’incarnation d’un nouvel espoir, d’un nouveau Temps.

Quand elle parle de 'foi' dans le tribunal, j'ai vraiment l'impression qu'elle utilise le mot ou y fait référence parce qu'elle n'a pas le choix. Le truc, c'est que le spectateur est dans le coup ; nous savons, nous, spectateur, que c'est bien réel ce qu'elle a vécu. C'est bizarre qu'une scientifique et athée pur et dure passe par le discours de foi pour se faire entendre dans un tribunal car personnellement, je ne vois pas un athée se défendre de la sorte, même si je comprends tout à fait que le personnage ressort tout chamboulé avec ce qu'elle vient de vivre : avec le recul, c'est bien là le seul petit bémol que je trouve au film, car dans l'ensemble, je suis tout à fait en phase avec ta vision du film. Eleanor se borne à l'impossibilité de leur expliquer ce qu'elle a vécu et c'est fou qu'une intellectuelle de sa trempe se retrouve à être quelque part influencé par son entourage pour finir sur une explication liée à la foi profonde .... alors que ce qu'elle a vécu est clairement réel. Je continue de trouver cela ambigu pour ma part : autant prendre le parti pris alors de ne pas nous montrer la scène du 'contact', le film aurait été d'autant plus percutant et mystique si c'est le discours ou le point de vue que défend le film.

Je trouve d'ailleurs que Zemeckis, sous la naïveté de certains dialogues et avec un récit qui avance en mode automatique, parle admirablement bien de son pays et de l'époque dans laquelle il vit, un peu comme il l'avait fait dans Forest Gump. De plus, sa mise en scène très fluide joue énormément avec les écrans télés et les reflets, créant un dialogue et une dynamique entre ceux qui s'observent et ceux qui parlent, pour mieux souligner que même s'ils sont dans le même plan, ils vivent dans deux mondes différents... et vice versa, Bing Bong ( ). Cette scénographie à la charge allégorique renvoie (mais peut être que j'extrapole ...) et donne un poids et un mystère à l'intrigue du film qui évoque l'existence d'un autre monde qui ne demande qu'à être découvert et qui les observe à leur tour, le spectateur faisant lui même partie de cette union puisqu'il regarde lui aussi des images : il y a un dialogue presque vertigineux et tout à fait saisissant dans cette mise en scène je trouve ! C'est pour cela que je tique un peu sur la nécessité du récit de faire dire à Eleanor qu'elle a la foi sur ce qu'elle avance et n'a pas forcément la nécessité de rentrer dans ce discours car les 5% d'incroyants font aussi parti du monde nan ? Moi même étant agnostique, je n'aurais jamais utilisé ou approché un terme de foi - plutôt d'intime conviction, de certitude ! - pour décrire l'expérience que j'aurais vécu. Difficile pour moi d'avaler ça, même si je sais que ça se passe en Amérique et que la religion a un rôle plus fédérateur que dans nos pays européen (mais ce n'est que mon avis).

C'est marrant de voir les similitudes entre son récent Flight ou le perso de Denzel Washington va devoir, dans sa dernière partie qui se passe aussi dans un tribunal, rendre des comptes moraux et intimes après un parcours émotionnel et existentiel très fort et animé : il est d'ailleurs aussi question de foi il me semble. Vos commentaires récents m'avaient en tout cas donné envie de le revoir ce soir et, si quelques effets spéciaux ont en effet mal vieillit et si quelques personnages sont clairement dans la caricature (Mentions spéciales à John Hurt et Matthew McConaughey !), je trouve que Zemeckis parvient à toucher au sublime avec de simples et brillantes idées qui font mouches avec un fond intelligent et une générosité monstre qui masque, je trouve, habilement les petites touches de naïveté qui pullulent parfois dans les situations et les dialogues. Ma note est de 8 / 10 !

[G.T.O]

Les films sont faits pour être revus.
Apprécié à l'époque pour l'approche intimiste du sujet, aujourd'hui gêné par sa façon de replier le vertige existentiel et métaphysique promis sur une banale histoire de deuil aux forts accents religieux. Je ne connais pas le livre mais je trouve regrettable que le film se réduise trop souvent à un débat sur la place de la foi comme si le sujet conduisait inévitablement à questionner la croyance. En sourdine, le mise en scène de Zemeckis sert d'écrin aux acteurs qui, malheureusement, ne sont pas tous bons. A commencer par une Foster dont le visage émacié amplifie le regard, seul élément que le mise en scène retient, mais qui échoue à rendre complexe un personnage de grande rêveuse. Ne parlons pas de la romance pré-fabriquée entre elle et Matthew Mc, pas crédible pour un sou dans le rôle du séminariste défroqué tombant amoureux l'espace d'une soirée de la scientifique aux long cheveux. Faux-hymne à l'esprit de découverte, Contact se présente surtout comme un hymne à la foi anticipant le futur et exécrable Flight. Embarrassant.

[majorsenta]

C'est intéressant comme le film a vieilli non pas sur les effets spéciaux mais sur la vision que l'on peut avoir sur le rôle des femmes.
Parce que quand même...voilà une chercheuse qui fait une découverte assez importante...et boum...son chef qui n'y croyait pas du tout lui pique le job et le mérite devant tout le monde et sans que personne ne réagisse..
Et Angela Basset.....elle en dit quoi ?
Bah rien du tout....la sororité ce n'était pas d'actualité à l'époque...par contre elle lui donne un conseil pour s'habiller.
Ce qui prouve bien que les plus machistes ne sont pas là où l'on pouvait s'y attendre.
Qu'elle est nunuche cette Jodie Foster...elle ne sait même pas trouver une robe...heureusement que les femmes se serrent les coudes sur les vraies sujets de fond se dit Tom Skeritt..
Tom Skeritt ?
Tom Skeritt....celui qui entraîne Tom Cruise dans Tom Gun...pardon dans top gun....un moustachu...genre papa adoptif de Tom Cruise..j'ai connu votre père Maverick...j'ai volé avec lui....donc Tom Skeritt....le scientifique qui pique la place de Jodie.

Enfin voilà....plus de 20 ans....et c'est déjà un autre monde.
Ce ne sont pas les effets spéciaux qui ont le plus vieilli...vraiment pas.

Par contre...c'est incroyable ...comme cela ressemble au documentaire sur Apollo 11...les images devaient être disponibles.....

[la_vie_en_blueray]

Tom est quand même montré comme un gros crétin.

Et la patronne est une femme black, y avait quand même du progressisme.

Le film est plus intéressant sur son questionnement sur la place pragmatique de la foi dans le choix du candidat (et la, encore Tom est un gros crétin) avec un pasteur évangélique préfigurant les actuels qui sont effectivement très écoutés des présidents, pasteur somme toute assez open, oui le film est très optimiste.

[harry]

Enfin voilà....plus de 20 ans....et c'est déjà un autre monde.
Ce ne sont pas les effets spéciaux qui ont le plus vieilli...vraiment pas.

C’est vrai que aujourd’hui,c’est tellement mieux...

[majorsenta]

Je parlais de la représentation dans le cinéma.
Aujourd'hui on n'oserait peut être pas aller jusque là.
Dans le film, il n y a même pas de réactions...
Rien du tout...
Peut être que je me trompe mais c'est ce que j'ai ressenti.

[Flol]

Le problème de ces critiques purement idéologiques qui regardent un film de 1997 avec les yeux de 2020.
Et qui oublient en chemin de parler de cinéma...

[harry]

Je parlais de la représentation dans le cinéma.
Aujourd'hui on n'oserait peut être pas aller jusque là.
Dans le film, il n y a même pas de réactions...
Rien du tout...
Peut être que je me trompe mais c'est ce que j'ai ressenti.

Tu parles d’une scène qui dure 30 sec sur un film de 2h30. Un film qui a pour personnage principal une femme très intelligente, avec un fort caractère, qui se bat contre les obstacles qu’elle a sur sa voie sans se plaindre, qui refuse de se compromettre, sans hypocrisie, qui croit en la science, etc...
Elle demande un conseil pour robe? Et? C’est une scientifique, elle ne pense pas à ce genre de choses et même certaines femmes s’en fichent de leur look ou d’être habillées selon la dernière tendance, ça les rend pas moins féminines pour autant.

Ta remarque symbolise bien le courant aujourd’hui ou on isole un détail pour monter sur ses grands chevaux sans voir le reste autour ou prendre un instant compte du contexte. A sa sortie, le film, a plutôt bien marché et personne n’avait de reproche à lui faire, j’ose même pas imaginer aujourd’hui comment serait fait.

Tu parles du personnage de Skeritt, il nous est montre des le début comme un personnage prétentieux et cynique mais qui au final le reconnaît lui même. Aujourd’hui un perso masculin comme ça on le chargerait comme une mule et on en ferait un connard fini.

[la_vie_en_blueray]

Contact a donné envie à ma fille de faire pareil. Maintenant, elle fait des études supérieures de physique.

Mais oui, c'est un film raté et misogyne

[tenia]

J'ai voulu devenir chimiste suite au Stanley Goodspeed du Rock de Michael Bay.

[Major Tom]

Je parlais de la représentation dans le cinéma.
Aujourd'hui on n'oserait peut être pas aller jusque là.
Dans le film, il n y a même pas de réactions...
Rien du tout...
Peut être que je me trompe mais c'est ce que j'ai ressenti.

Il y aurait eu une réaction, il n'y aurait plus eu le sentiment d'injustice recherché.
Pose-toi plutôt la question du point de vue de la trame, et aussi de savoir de quel côté es-tu en tant que spectateur, celui de Tom Skerritt ou de Jodie Foster ?
On sait en tant que spectateur que Foster a fait tout le travail, et on connaît la vérité. On est donc complètement du côté du personnage féminin, impossible d'être du côté du type présenté comme un connard.
Le film a certainement vieilli, c'est le propre de tous les films, mais il est totalement féministe.

Elle demande un conseil pour robe?

C'est pourtant simple : une robe Celine, création de Hedi Slimane, couleur bleu nuit, ça va avec tout et vous aurez la classe lorsque Tom Skerritt recevra le César à votre place.

Spoiler (cliquez pour afficher)

(Pour info, les robes Celine varient en général entre 1.890 et 4.500 euros, mais création spéciale oblige, vaut sûrement beaucoup plus. )

[hellrick]

Je ne retrouverais pas la source mais ça me fait penser à un article lu voici quelques mois concernant les écrivains de SF avec le problème de la "scientifique sexy":

si l'écrivain de SF ne met pas de femme dans son bouquin il est sexiste et rétrograde

si l'écrivain de SF met une femme "scientifique sexy" dans son bouquin il est sexiste et rétrograde car il sous entend qu'elle a eu sa place avec son cul

si l'écrivain de SF met une femme "scientifique pas sexy" dans son bouquin (genre la Susan d'Asimov) il est sexiste et rétrograde car il sous entend qu'elle n'est pas une vraie femme et qu'elle ne peut être intelligente et sexy

C'était mieux développé et moins caricatural mais c'était l'idée...

et que donc notre écrivain était dans la merde.

[majorsenta]

Je parlais de la représentation dans le cinéma.
Aujourd'hui on n'oserait peut être pas aller jusque là.
Dans le film, il n y a même pas de réactions...
Rien du tout...
Peut être que je me trompe mais c'est ce que j'ai ressenti.

Il y aurait eu une réaction, il n'y aurait plus eu le sentiment d'injustice recherché.

Tu as raison mais elle aurait aussi pu mettre un coup de boules à Tom Skeritt lors de la conférence à la maison blanche.

Il y a un autre passage qui m'amuse aussi beaucoup.
Jodie est dans son labo toute tranquille, occupée à décoder son signal et débarque James Woods avec des militaires tous plein de M16 dans les bras...et la...c'est le point de rupture de Jodie...elle ne supporte pas de voir des militaires dans son beau labo..avec des M16 dans les bras et elle leur demande de sortir avec leurs M16 parce que flut quoi .
Et ce que je préfère c'est l'incompréhension dans le visage de l'acteur qui joue un des militaires...il aurait mérité un Oscar.
Il la regarde comme un chat regarde un chewing-gum mentholé...il y a dans ses yeux toute l'incompréhension du monde ...rien que pour ce choc civilisationnelle ...il méritait sa petite récompense...

Faudrait que je trouve une image de ce moment...