Contact (Robert Zemeckis - 1997)
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Contact (Robert Zemeckis - 1997)
CONTACT de Robert Zemeckis
Ça avait été une déception à sa découverte que je mettais sur le compte de ma fascination outrancière à l’époque pour le cinéma bourrin décomplexé (je précise que ce qui n’appartenait pas à ce genre était considéré alors comme de la merde). J’étais très curieux de le revoir aujourd’hui et je trouve toujours ça pas fameux. La démarche du film est pourtant très intéressant en étudiant le thème du contact extraterrestre d’un point de vu uniquement théorique et surtout théologique. Sur plus de deux heures, le sujet a toutefois tendance à s’essouffler et surtout à mal supporter le coté cucul la praline du parcours de son héroïne (Jodie Foster fade pour le coup), ainsi que la faible teneur de sa romance avec l’insipide Matthew McConaughey. L’émotion arrive pourtant parfois à filtrer, notamment grâce à l’aide de la jolie partition d’Alan Silvestri, et le film se laisse suivre grâce à l’habituelle virtuosité de mise en scène de Zemeckis. Ça demeure néanmoins l’un des films que j’apprécie le moins du bonhomme...
Ça avait été une déception à sa découverte que je mettais sur le compte de ma fascination outrancière à l’époque pour le cinéma bourrin décomplexé (je précise que ce qui n’appartenait pas à ce genre était considéré alors comme de la merde). J’étais très curieux de le revoir aujourd’hui et je trouve toujours ça pas fameux. La démarche du film est pourtant très intéressant en étudiant le thème du contact extraterrestre d’un point de vu uniquement théorique et surtout théologique. Sur plus de deux heures, le sujet a toutefois tendance à s’essouffler et surtout à mal supporter le coté cucul la praline du parcours de son héroïne (Jodie Foster fade pour le coup), ainsi que la faible teneur de sa romance avec l’insipide Matthew McConaughey. L’émotion arrive pourtant parfois à filtrer, notamment grâce à l’aide de la jolie partition d’Alan Silvestri, et le film se laisse suivre grâce à l’habituelle virtuosité de mise en scène de Zemeckis. Ça demeure néanmoins l’un des films que j’apprécie le moins du bonhomme...
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Re: Notez les films - Juin 2008
Tiens, c'est tout l'inverse chez moi. Mais il faudrait que je le revoie...nobody smith a écrit :CONTACT de Robert Zemeckis
Ça avait été une déception à sa découverte que je mettais sur le compte de ma fascination outrancière à l’époque pour le cinéma bourrin décomplexé (je précise que ce qui n’appartenait pas à ce genre était considéré alors comme de la merde). J’étais très curieux de le revoir aujourd’hui et je trouve toujours ça pas fameux. La démarche du film est pourtant très intéressant en étudiant le thème du contact extraterrestre d’un point de vu uniquement théorique et surtout théologique. Sur plus de deux heures, le sujet a toutefois tendance à s’essouffler et surtout à mal supporter le coté cucul la praline du parcours de son héroïne (Jodie Foster fade pour le coup), ainsi que la faible teneur de sa romance avec l’insipide Matthew McConaughey. L’émotion arrive pourtant parfois à filtrer, notamment grâce à l’aide de la jolie partition d’Alan Silvestri, et le film se laisse suivre grâce à l’habituelle virtuosité de mise en scène de Zemeckis. Ça demeure néanmoins l’un des films que j’apprécie le moins du bonhomme...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Ce film m'avait beaucoup impressionné à sa sortie. Je ne me souviens pas l'avoir vu depuis. J'en garde un si bon souvenir que je n'ose pas le revoir, ni même acheter le DVD lorsque je l'aperçois à bas prix dans un bac.cinephage a écrit :Tiens, c'est tout l'inverse chez moi. Mais il faudrait que je le revoie...nobody smith a écrit :CONTACT de Robert Zemeckis
Ça avait été une déception à sa découverte que je mettais sur le compte de ma fascination outrancière à l’époque pour le cinéma bourrin décomplexé (je précise que ce qui n’appartenait pas à ce genre était considéré alors comme de la merde). J’étais très curieux de le revoir aujourd’hui et je trouve toujours ça pas fameux. La démarche du film est pourtant très intéressant en étudiant le thème du contact extraterrestre d’un point de vu uniquement théorique et surtout théologique. Sur plus de deux heures, le sujet a toutefois tendance à s’essouffler et surtout à mal supporter le coté cucul la praline du parcours de son héroïne (Jodie Foster fade pour le coup), ainsi que la faible teneur de sa romance avec l’insipide Matthew McConaughey. L’émotion arrive pourtant parfois à filtrer, notamment grâce à l’aide de la jolie partition d’Alan Silvestri, et le film se laisse suivre grâce à l’habituelle virtuosité de mise en scène de Zemeckis. Ça demeure néanmoins l’un des films que j’apprécie le moins du bonhomme...
Dernière modification par Mµ le 30 juin 08, 19:00, modifié 1 fois.
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Contact (Robert Zemeckis, 1997)
Revu avec un grand plaisir, c’est un film qui, par le passé, m’avait semblé agréable mais imparfait. Il garde encore des défauts évidents mais, paradoxalement, je ne l’avais jamais autant apprécié qu’aujourd’hui.
SPOILERS
Ce que je regrette est certainement à trouver dans ces détails scénaristiques ou quelques répliques très Hollywoodiennes, dans des interactions entre personnages qu’on sent un peu forcées pour dynamiser des sous-intrigues. Par exemple il y a ce duel récurrent entre Jodie Foster et Tom Skeritt qui se révèle essentiellement du remplissage pour maintenir une tension. Je n'aime pas non plus le personnage interprété par Matthew McConaughey qui sert trop dans la romance (son physique de bellâtre sirupeux dans sa première apparition ) et pas assez dans la théologie. Je reste méditatif, également, devant ce personnage clichesque de mécène bienfaiteur (John Hurt), énième milliardaire mystérieux qu'on rencontre parfois dans les fictions ou aux actualités (Howard Hugues).On peut aussi regretter une baisse de régime à mi-parcours, mais c’était à mon avis inévitable car inhérent au récit : on passe du rêve et du fantasme (dans la première heure), à la radicalité du monde réel (dans la deuxième heure) pour revenir vers le merveilleux (peu avant la fin). Le film est raconté avec un moral en « grand huit », ce qui joue certainement dans l’appréciation en dent de scie pour le spectateur à qui l’on transmet d’abord une certaine euphorie avant de l’enfoncer dans des sentiments plus frustrants pour lui ouvrir finalement quelques toutes petites portes, suffisamment en tout cas pour apaiser sa soif. Mais quelque part, j’ai assez savouré l’idée de ce passage, certes désagréable mais réaliste, qui permet à ces phases de paraitre encore plus opposées.
La première heure est portée par un souffle qu’incarne à merveille Ellie, interprétée par Jodie Foster et Jena Malone: tout le récit passe par ce personnage, véritable masse de volonté et surtout de passion. C’est par cette passion contagieuse et à tout rompre qu’elle emporte rapidement l’adhésion du spectateur et qu’elle emmène le film avec elle. Qu’importe le sujet du film, d’ailleurs, je pense avoir rarement vu une passion aussi bien transmise à l’écran (le point d’orgue étant l’audition chez Hadden pour décrocher le budget).
Toute cette innocence et cette fougue vont rapidement se calmer par la force des choses : la réalité est toute autre. Adieu les rêves, place aux dures lois de la vie entre les Hommes. Et, de ce point de vue, si tous les aspects fictionnels ne sont pas forcément aboutis et importants, on sent ici une volonté farouche d’appuyer un discours par un regard complètement désabusé sur la société mondiale. A l’aube d’une nouvelle ère, face à l’une des découvertes les plus importantes de l’Humanité, la réaction des Terriens est d’abord de ne penser qu’à leurs propres petits intérêts. L’élan espéré par Ellie, plein de naïveté et de bonne volonté, se heurte de plein fouet aux mécanismes diplomatiques, aux protectionnismes locaux, aux ambitions politiciennes (l’ensemble est incarné par un James Woods détestablement savoureux). C’est la vision amère d’une mondialisation limitée, d’un monde politique qui se replie sur lui-même au lieu de parler d’une même voix et d’avancer. Treize ans après la sortie du film, notre monde est au centre d’un débat climatique vital qui rappelle tristement que la réalité rejoint souvent la fiction et que ce film était beaucoup moins fantaisiste qu’il n’y paraissait.
D’une manière assez similaire à ces observations politiques des humains face à l’Inconnu, le film montre des réactions de masse en rapport avec la religion. Si les autorités mondiales refusent d’avancer politiquement, préférant la prudence voire le recul, il en est de même avec le peuple croyant. C’est là aussi très varié, le scénario reprenant beaucoup de cas possibles, l’extrême étant le kamikaze forcené qui fait exploser la première Machine. Petit détail pour beaucoup mais qui me parait personnellement assez intéressant dans ce qu’il montre aujourd’hui, à une époque où l’extrémiste religieux est systématiquement associé à l’Islam. Dans le film c’est un chrétien blanc (et blond) qui se fait exploser, rappelant au passage une règle fondamentale quant aux excès de fanatisme : cela peut toucher tous les bords.
Mais le plus important, me semble-t-il, est à trouver dans l’observation des réactions religieuses et dans les questionnements sur la foi. Ce sont des thématiques auxquelles je ne sais pas répondre mais que je ressens ainsi, peut-être à tort. Pour moi, c’est un débat très obscur, à la fois lointain et un peu incompréhensible. Il m’a semblé que, derrière l’emballage de science-fiction très divertissant et utopique de toute cette histoire, se cachait à demi-mot un récit dont le thème central était en fait la religion, la foi et notre rapport avec ces spiritualités. Or, donc, ce ne sont vraiment pas des domaines dans lesquels je suis à l’aise. Pire, je n’y comprends pas grand-chose, n’arrive pas à y retenir grand-chose. Le sujet semble me crisper et m’intimider au point de me sentir souvent perdu. Et c’était un peu le cas à la fin de CONTACT, après cette étonnante scène d’audience où Jodie Foster doit prouver l’authenticité de son voyage à un jury d’Inquisiteurs acquis contre sa cause. Jamais je n’avais réalisé à quel point ce qu’elle racontait, les mots qu’elle employait, était un discours assimilable à l’identité du croyant, du religieux. Elle emploie des termes que toute spiritualité accepte quand on parle de Dieu, de foi, de religion, mais qui lui sont refusés parce qu’elle implique une autre existence supérieure.
Il y a peut-être dans cette audition finale l’aveu tout simple d’une foi. Avec ses mots, Ellie avoue croire en quelque chose et son discours rappelle celui des religieux. Concrètement, tous ne parlent pas de la même chose mais, concernant cette foi, le discours d’Elli fait peut-être franchir certaines barrières : la foi peut ne pas être que religieuse. Et c’est peut-être cela qui crée une relation spéciale entre ce personnage et la population qu’on aperçoit en fin de film. Il y a toute une foule venue à sa rencontre, comme pour la soutenir dans son combat, sa propre croyance, sa démarche. Elle est peut-être devenue un symbole religieux, l’incarnation d’un nouvel espoir, d’un nouveau Temps.
J’aurais presque envie de rapprocher Ellie du personnage interprété par Rachel Weisz dans le récent AGORA d’Alejandro Amenabar, certaines thématiques étant étrangement similaires. Dans ces deux films une scientifique tente d’élaborer des thèses ou de trouver des preuves, mais elle se retrouve opposée aux lobbies religieux dont certains, radicaux, refusent toute exploration de la réalité. Les deux héroïnes essayent de faire reculer les frontières du Savoir contre la pensée générale conservatrice. Et dans les deux cas elles sont amenées à se remettre en cause, l’une en repensant différemment des règles communément admises (les trajectoires circulaires des planètes dans AGORA), l’autre en avouant l’échec de sa mission (car revenue sans moyen de prouver quoi que ce soit, malgré sa certitude).
Enfin, je ne cacherai pas mon plaisir devant la mise en scène de Robert Zemeckis, le roi du trucage invisible. Il fait partie de ceux qui ont bercé mon adolescence et dont le cinéma, aussi classique soit-il en apparence, reste pour moi du cinéma bien fait. Impression que je ne retrouve pas toujours aujourd’hui. Je savoure son goût des plans séquences, des tirades filmées en longueur, des jeux de caméra. Ici, j’aime beaucoup l’émerveillement du fantastique, ses choix colorés dans les imageries du cosmos, sa description spectulaire du "voyage". Et que dire du plan d’ouverture et de ses choix visuels et sonores. J’espère qu’il en aura bientôt terminé avec l’animation 3D et qu’il retrouvera vite le chemin des plateaux « traditionnels ».
Je recommande, pour les amateurs, l'achat du blu-ray Warner. L'image est extrêmement bonne et enterre à plate couture le dvd z2 tout flou. Les bonus sont assez inutiles (des commentaires audio sur les phases de préparation de trucages numériques). Il manque un vrai making of et des sous-titres aux commentaires du réalisateur, comme d'hab...
SPOILERS
Ce que je regrette est certainement à trouver dans ces détails scénaristiques ou quelques répliques très Hollywoodiennes, dans des interactions entre personnages qu’on sent un peu forcées pour dynamiser des sous-intrigues. Par exemple il y a ce duel récurrent entre Jodie Foster et Tom Skeritt qui se révèle essentiellement du remplissage pour maintenir une tension. Je n'aime pas non plus le personnage interprété par Matthew McConaughey qui sert trop dans la romance (son physique de bellâtre sirupeux dans sa première apparition ) et pas assez dans la théologie. Je reste méditatif, également, devant ce personnage clichesque de mécène bienfaiteur (John Hurt), énième milliardaire mystérieux qu'on rencontre parfois dans les fictions ou aux actualités (Howard Hugues).On peut aussi regretter une baisse de régime à mi-parcours, mais c’était à mon avis inévitable car inhérent au récit : on passe du rêve et du fantasme (dans la première heure), à la radicalité du monde réel (dans la deuxième heure) pour revenir vers le merveilleux (peu avant la fin). Le film est raconté avec un moral en « grand huit », ce qui joue certainement dans l’appréciation en dent de scie pour le spectateur à qui l’on transmet d’abord une certaine euphorie avant de l’enfoncer dans des sentiments plus frustrants pour lui ouvrir finalement quelques toutes petites portes, suffisamment en tout cas pour apaiser sa soif. Mais quelque part, j’ai assez savouré l’idée de ce passage, certes désagréable mais réaliste, qui permet à ces phases de paraitre encore plus opposées.
La première heure est portée par un souffle qu’incarne à merveille Ellie, interprétée par Jodie Foster et Jena Malone: tout le récit passe par ce personnage, véritable masse de volonté et surtout de passion. C’est par cette passion contagieuse et à tout rompre qu’elle emporte rapidement l’adhésion du spectateur et qu’elle emmène le film avec elle. Qu’importe le sujet du film, d’ailleurs, je pense avoir rarement vu une passion aussi bien transmise à l’écran (le point d’orgue étant l’audition chez Hadden pour décrocher le budget).
Toute cette innocence et cette fougue vont rapidement se calmer par la force des choses : la réalité est toute autre. Adieu les rêves, place aux dures lois de la vie entre les Hommes. Et, de ce point de vue, si tous les aspects fictionnels ne sont pas forcément aboutis et importants, on sent ici une volonté farouche d’appuyer un discours par un regard complètement désabusé sur la société mondiale. A l’aube d’une nouvelle ère, face à l’une des découvertes les plus importantes de l’Humanité, la réaction des Terriens est d’abord de ne penser qu’à leurs propres petits intérêts. L’élan espéré par Ellie, plein de naïveté et de bonne volonté, se heurte de plein fouet aux mécanismes diplomatiques, aux protectionnismes locaux, aux ambitions politiciennes (l’ensemble est incarné par un James Woods détestablement savoureux). C’est la vision amère d’une mondialisation limitée, d’un monde politique qui se replie sur lui-même au lieu de parler d’une même voix et d’avancer. Treize ans après la sortie du film, notre monde est au centre d’un débat climatique vital qui rappelle tristement que la réalité rejoint souvent la fiction et que ce film était beaucoup moins fantaisiste qu’il n’y paraissait.
D’une manière assez similaire à ces observations politiques des humains face à l’Inconnu, le film montre des réactions de masse en rapport avec la religion. Si les autorités mondiales refusent d’avancer politiquement, préférant la prudence voire le recul, il en est de même avec le peuple croyant. C’est là aussi très varié, le scénario reprenant beaucoup de cas possibles, l’extrême étant le kamikaze forcené qui fait exploser la première Machine. Petit détail pour beaucoup mais qui me parait personnellement assez intéressant dans ce qu’il montre aujourd’hui, à une époque où l’extrémiste religieux est systématiquement associé à l’Islam. Dans le film c’est un chrétien blanc (et blond) qui se fait exploser, rappelant au passage une règle fondamentale quant aux excès de fanatisme : cela peut toucher tous les bords.
Mais le plus important, me semble-t-il, est à trouver dans l’observation des réactions religieuses et dans les questionnements sur la foi. Ce sont des thématiques auxquelles je ne sais pas répondre mais que je ressens ainsi, peut-être à tort. Pour moi, c’est un débat très obscur, à la fois lointain et un peu incompréhensible. Il m’a semblé que, derrière l’emballage de science-fiction très divertissant et utopique de toute cette histoire, se cachait à demi-mot un récit dont le thème central était en fait la religion, la foi et notre rapport avec ces spiritualités. Or, donc, ce ne sont vraiment pas des domaines dans lesquels je suis à l’aise. Pire, je n’y comprends pas grand-chose, n’arrive pas à y retenir grand-chose. Le sujet semble me crisper et m’intimider au point de me sentir souvent perdu. Et c’était un peu le cas à la fin de CONTACT, après cette étonnante scène d’audience où Jodie Foster doit prouver l’authenticité de son voyage à un jury d’Inquisiteurs acquis contre sa cause. Jamais je n’avais réalisé à quel point ce qu’elle racontait, les mots qu’elle employait, était un discours assimilable à l’identité du croyant, du religieux. Elle emploie des termes que toute spiritualité accepte quand on parle de Dieu, de foi, de religion, mais qui lui sont refusés parce qu’elle implique une autre existence supérieure.
Il y a peut-être dans cette audition finale l’aveu tout simple d’une foi. Avec ses mots, Ellie avoue croire en quelque chose et son discours rappelle celui des religieux. Concrètement, tous ne parlent pas de la même chose mais, concernant cette foi, le discours d’Elli fait peut-être franchir certaines barrières : la foi peut ne pas être que religieuse. Et c’est peut-être cela qui crée une relation spéciale entre ce personnage et la population qu’on aperçoit en fin de film. Il y a toute une foule venue à sa rencontre, comme pour la soutenir dans son combat, sa propre croyance, sa démarche. Elle est peut-être devenue un symbole religieux, l’incarnation d’un nouvel espoir, d’un nouveau Temps.
J’aurais presque envie de rapprocher Ellie du personnage interprété par Rachel Weisz dans le récent AGORA d’Alejandro Amenabar, certaines thématiques étant étrangement similaires. Dans ces deux films une scientifique tente d’élaborer des thèses ou de trouver des preuves, mais elle se retrouve opposée aux lobbies religieux dont certains, radicaux, refusent toute exploration de la réalité. Les deux héroïnes essayent de faire reculer les frontières du Savoir contre la pensée générale conservatrice. Et dans les deux cas elles sont amenées à se remettre en cause, l’une en repensant différemment des règles communément admises (les trajectoires circulaires des planètes dans AGORA), l’autre en avouant l’échec de sa mission (car revenue sans moyen de prouver quoi que ce soit, malgré sa certitude).
Enfin, je ne cacherai pas mon plaisir devant la mise en scène de Robert Zemeckis, le roi du trucage invisible. Il fait partie de ceux qui ont bercé mon adolescence et dont le cinéma, aussi classique soit-il en apparence, reste pour moi du cinéma bien fait. Impression que je ne retrouve pas toujours aujourd’hui. Je savoure son goût des plans séquences, des tirades filmées en longueur, des jeux de caméra. Ici, j’aime beaucoup l’émerveillement du fantastique, ses choix colorés dans les imageries du cosmos, sa description spectulaire du "voyage". Et que dire du plan d’ouverture et de ses choix visuels et sonores. J’espère qu’il en aura bientôt terminé avec l’animation 3D et qu’il retrouvera vite le chemin des plateaux « traditionnels ».
Je recommande, pour les amateurs, l'achat du blu-ray Warner. L'image est extrêmement bonne et enterre à plate couture le dvd z2 tout flou. Les bonus sont assez inutiles (des commentaires audio sur les phases de préparation de trucages numériques). Il manque un vrai making of et des sous-titres aux commentaires du réalisateur, comme d'hab...
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Re: Contact (Robert Zemeckis, 1997)
Vu aujourd'hui, et beaucoup aimé.
Je rejoins ce que tu as dit sur beaucoup de points.
Intéressant en effet le moment où Ellie est bien obligée de reconnaître qu'elle a la Foi en ce qu'elle a vu, comme n'importe quel croyant.
Même sans preuves.
On le voit un peu venir à l'avance d'ailleurs, mais bon.
Je rejoins ce que tu as dit sur beaucoup de points.
Intéressant en effet le moment où Ellie est bien obligée de reconnaître qu'elle a la Foi en ce qu'elle a vu, comme n'importe quel croyant.
Même sans preuves.
On le voit un peu venir à l'avance d'ailleurs, mais bon.
Dans ce cas c'est le DVD qui enterre le Blu-Ray, puisque le DVD propose bien des sous-titres au commentaire de Zemeckis, je viens de voir le tout début.Nestor Almendros a écrit :Je recommande, pour les amateurs, l'achat du blu-ray Warner. L'image est extrêmement bonne et enterre à plate couture le dvd z2 tout flou. Les bonus sont assez inutiles (des commentaires audio sur les phases de préparation de trucages numériques). Il manque un vrai making of et des sous-titres aux commentaires du réalisateur, comme d'hab...
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
C'est noté.Je recommande, pour les amateurs, l'achat du blu-ray Warner. L'image est extrêmement bonne et enterre à plate couture le dvd z2 tout flou.
D'autant plus que j'ai bien envie de le revoir, mes souvenirs sont vagues. Je me rappelle avoir apprécié le film, sans plus.
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Re: Contact (Robert Zemeckis, 1997)
Nestor Almendros a écrit :Revu avec un grand plaisir, c’est un film qui, par le passé, m’avait semblé agréable mais imparfait. Il garde encore des défauts évidents mais, paradoxalement, je ne l’avais jamais autant apprécié qu’aujourd’hui.
SPOILERS
Ce que je regrette est certainement à trouver dans ces détails scénaristiques ou quelques répliques très Hollywoodiennes, dans des interactions entre personnages qu’on sent un peu forcées pour dynamiser des sous-intrigues. Par exemple il y a ce duel récurrent entre Jodie Foster et Tom Skeritt qui se révèle essentiellement du remplissage pour maintenir une tension. Je n'aime pas non plus le personnage interprété par Matthew McConaughey qui sert trop dans la romance (son physique de bellâtre sirupeux dans sa première apparition ) et pas assez dans la théologie. Je reste méditatif, également, devant ce personnage clichesque de mécène bienfaiteur (John Hurt), énième milliardaire mystérieux qu'on rencontre parfois dans les fictions ou aux actualités (Howard Hugues).On peut aussi regretter une baisse de régime à mi-parcours, mais c’était à mon avis inévitable car inhérent au récit : on passe du rêve et du fantasme (dans la première heure), à la radicalité du monde réel (dans la deuxième heure) pour revenir vers le merveilleux (peu avant la fin). Le film est raconté avec un moral en « grand huit », ce qui joue certainement dans l’appréciation en dent de scie pour le spectateur à qui l’on transmet d’abord une certaine euphorie avant de l’enfoncer dans des sentiments plus frustrants pour lui ouvrir finalement quelques toutes petites portes, suffisamment en tout cas pour apaiser sa soif. Mais quelque part, j’ai assez savouré l’idée de ce passage, certes désagréable mais réaliste, qui permet à ces phases de paraitre encore plus opposées.
La première heure est portée par un souffle qu’incarne à merveille Ellie, interprétée par Jodie Foster et Jena Malone: tout le récit passe par ce personnage, véritable masse de volonté et surtout de passion. C’est par cette passion contagieuse et à tout rompre qu’elle emporte rapidement l’adhésion du spectateur et qu’elle emmène le film avec elle. Qu’importe le sujet du film, d’ailleurs, je pense avoir rarement vu une passion aussi bien transmise à l’écran (le point d’orgue étant l’audition chez Hadden pour décrocher le budget).
Toute cette innocence et cette fougue vont rapidement se calmer par la force des choses : la réalité est toute autre. Adieu les rêves, place aux dures lois de la vie entre les Hommes. Et, de ce point de vue, si tous les aspects fictionnels ne sont pas forcément aboutis et importants, on sent ici une volonté farouche d’appuyer un discours par un regard complètement désabusé sur la société mondiale. A l’aube d’une nouvelle ère, face à l’une des découvertes les plus importantes de l’Humanité, la réaction des Terriens est d’abord de ne penser qu’à leurs propres petits intérêts. L’élan espéré par Ellie, plein de naïveté et de bonne volonté, se heurte de plein fouet aux mécanismes diplomatiques, aux protectionnismes locaux, aux ambitions politiciennes (l’ensemble est incarné par un James Woods détestablement savoureux). C’est la vision amère d’une mondialisation limitée, d’un monde politique qui se replie sur lui-même au lieu de parler d’une même voix et d’avancer. Treize ans après la sortie du film, notre monde est au centre d’un débat climatique vital qui rappelle tristement que la réalité rejoint souvent la fiction et que ce film était beaucoup moins fantaisiste qu’il n’y paraissait.
D’une manière assez similaire à ces observations politiques des humains face à l’Inconnu, le film montre des réactions de masse en rapport avec la religion. Si les autorités mondiales refusent d’avancer politiquement, préférant la prudence voire le recul, il en est de même avec le peuple croyant. C’est là aussi très varié, le scénario reprenant beaucoup de cas possibles, l’extrême étant le kamikaze forcené qui fait exploser la première Machine. Petit détail pour beaucoup mais qui me parait personnellement assez intéressant dans ce qu’il montre aujourd’hui, à une époque où l’extrémiste religieux est systématiquement associé à l’Islam. Dans le film c’est un chrétien blanc (et blond) qui se fait exploser, rappelant au passage une règle fondamentale quant aux excès de fanatisme : cela peut toucher tous les bords.
Mais le plus important, me semble-t-il, est à trouver dans l’observation des réactions religieuses et dans les questionnements sur la foi. Ce sont des thématiques auxquelles je ne sais pas répondre mais que je ressens ainsi, peut-être à tort. Pour moi, c’est un débat très obscur, à la fois lointain et un peu incompréhensible. Il m’a semblé que, derrière l’emballage de science-fiction très divertissant et utopique de toute cette histoire, se cachait à demi-mot un récit dont le thème central était en fait la religion, la foi et notre rapport avec ces spiritualités. Or, donc, ce ne sont vraiment pas des domaines dans lesquels je suis à l’aise. Pire, je n’y comprends pas grand-chose, n’arrive pas à y retenir grand-chose. Le sujet semble me crisper et m’intimider au point de me sentir souvent perdu. Et c’était un peu le cas à la fin de CONTACT, après cette étonnante scène d’audience où Jodie Foster doit prouver l’authenticité de son voyage à un jury d’Inquisiteurs acquis contre sa cause. Jamais je n’avais réalisé à quel point ce qu’elle racontait, les mots qu’elle employait, était un discours assimilable à l’identité du croyant, du religieux. Elle emploie des termes que toute spiritualité accepte quand on parle de Dieu, de foi, de religion, mais qui lui sont refusés parce qu’elle implique une autre existence supérieure.
Il y a peut-être dans cette audition finale l’aveu tout simple d’une foi. Avec ses mots, Ellie avoue croire en quelque chose et son discours rappelle celui des religieux. Concrètement, tous ne parlent pas de la même chose mais, concernant cette foi, le discours d’Elli fait peut-être franchir certaines barrières : la foi peut ne pas être que religieuse. Et c’est peut-être cela qui crée une relation spéciale entre ce personnage et la population qu’on aperçoit en fin de film. Il y a toute une foule venue à sa rencontre, comme pour la soutenir dans son combat, sa propre croyance, sa démarche. Elle est peut-être devenue un symbole religieux, l’incarnation d’un nouvel espoir, d’un nouveau Temps.
J’aurais presque envie de rapprocher Ellie du personnage interprété par Rachel Weisz dans le récent AGORA d’Alejandro Amenabar, certaines thématiques étant étrangement similaires. Dans ces deux films une scientifique tente d’élaborer des thèses ou de trouver des preuves, mais elle se retrouve opposée aux lobbies religieux dont certains, radicaux, refusent toute exploration de la réalité. Les deux héroïnes essayent de faire reculer les frontières du Savoir contre la pensée générale conservatrice. Et dans les deux cas elles sont amenées à se remettre en cause, l’une en repensant différemment des règles communément admises (les trajectoires circulaires des planètes dans AGORA), l’autre en avouant l’échec de sa mission (car revenue sans moyen de prouver quoi que ce soit, malgré sa certitude).
Enfin, je ne cacherai pas mon plaisir devant la mise en scène de Robert Zemeckis, le roi du trucage invisible. Il fait partie de ceux qui ont bercé mon adolescence et dont le cinéma, aussi classique soit-il en apparence, reste pour moi du cinéma bien fait. Impression que je ne retrouve pas toujours aujourd’hui. Je savoure son goût des plans séquences, des tirades filmées en longueur, des jeux de caméra. Ici, j’aime beaucoup l’émerveillement du fantastique, ses choix colorés dans les imageries du cosmos, sa description spectulaire du "voyage". Et que dire du plan d’ouverture et de ses choix visuels et sonores. J’espère qu’il en aura bientôt terminé avec l’animation 3D et qu’il retrouvera vite le chemin des plateaux « traditionnels ».
Je recommande, pour les amateurs, l'achat du blu-ray Warner. L'image est extrêmement bonne et enterre à plate couture le dvd z2 tout flou. Les bonus sont assez inutiles (des commentaires audio sur les phases de préparation de trucages numériques). Il manque un vrai making of et des sous-titres aux commentaires du réalisateur, comme d'hab...
Je viens à peine découvrir ton texte sur le film . C'est vraiment du bon boulot. Tu m'a donné furieusement envie de ré-découvrir. Je l'ai en dvd et je me le mate assez régulièrement car c'est pour moi, une œuvre figurant dans le haut du panier de la filmo de Zemeckis. Je crois que je vais me procurer le blu-ray et revendre mon édition allemande. (si j'y arrive )
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
Un peu pareil, j'aime bien ce Contact, film qui flirterait facilement avec le grand-guignolesque et le grotesque s'il n'y avait le talent visuel de Zemeckis, ainsi que son sens de la narration. De plus, Jodie Foster est convaincante.
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
Euphémisme.Watkinssien a écrit :De plus, Jodie Foster est convaincante.
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
Ratatouille a écrit :Euphémisme.Watkinssien a écrit :De plus, Jodie Foster est convaincante.
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
Son meilleur rôle?Colqhoun a écrit :Ratatouille a écrit : Euphémisme.
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Meilleur topic de l'univers
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Le pire film de sa carrière ?
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
L'image ne s'affiche pas chez moi, de quoi s'agit-il ?
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Re: Contact (Robert Zemeckis - 1997)
A Vif, pardi !Watkinssien a écrit :L'image ne s'affiche pas chez moi, de quoi s'agit-il ?
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