Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12480
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par MJ »

Si je comprends bien, je suis le seul à ne pas être entré dans le trip?
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4840
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par G.T.O »

Non, non je te rassure, moi aussi. Incontestablement, le plus mauvais Resnais que j'ai eu l'occasion de voir. Une catastrophe difficilement compréhensible de la part du réalisateur de Providence où le comique le dispute au ridicule, avec une photo digne d'un épisode érotique M6, un emploi typiquement français de la voix-off laquelle reposant essentiellement sur le talent présumé comique de Edward Bouer, c'est-à-dire avec ses begaiements, ses hésitations...etc, des acteurs en roue libre ( Azema ouaaaahhhhhhhh !!!!) des gags préhistoriques, une théatralité qui n'en finit plus de nous emmerder, et le tout posé sur un édifice branlant, rouillé, sénile. Tout ça pour ça pourrait-on se dire, une sophistication au service d'un drame de boulevard complètement, désolé du terme, con. Pour moi, un des pires films de l'année, ce qui le rend du même coup assez sympathique. Très Z en tout cas.
bronski
Touchez pas au grisbi
Messages : 17373
Inscription : 23 févr. 05, 19:05
Localisation : location

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par bronski »

Au vu du titre je croyais que c'était un remake de Faut trouver le joint.
Abronsius
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 23 oct. 04, 12:29
Contact :

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Abronsius »

J'ai adoré... et je ne dis pas cela pour simplement porter la contradiction. Acteurs émouvants, liberté de ton, légèreté, une décontraction pleine de talent...
La grande classe en ce qui me concerne.

Fréquenter un forum est un exercice qui permet surtout de voir que nous ne sommes définitivement pas les mêmes.
J'ai passé le cap de l'agacement et désormais je suis même heureux de lire des avis si opposés. C'est réconfortant...
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Jack Griffin »

Bien aimé également...Image, montage et mise en scène très travaillés pour un film qui fait paradoxalement passer une belle impression de liberté et d'improvisation, avec ici une sorte de réponse rassurante aux angoisses existentielles par rapport au précédent Coeurs (la présence de Gautier lie les deux films). A travers l'obsession et les sautes d'humeur du perso de Dussolier, le film ne propose pas de ligne directrice mais tout tient et s'enchaine miraculeusement. Resnais maitrise les ruptures de ton, déroule un rythme syncopé, introduit le malaise et l'angoisse dans un dispositif de prime abord léger et finit par un esprit de communion (spirituel). Le film délivre une étrangeté humblement (presque naïvement et c'est fou que le film ne fasse d'ailleurs à aucun moment penser à de la pose arty), avec cette sensation lié de vertige et de tristesse.
les.photos.dalix
Stagiaire
Messages : 38
Inscription : 31 mars 07, 10:30
Localisation : NANCY

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par les.photos.dalix »

GTO je pense que tu fais fausse route en disant que la voix off repose uniquement sur le talent comique d'edouard baer, déjà première constatation, toute bête mais diablement importante dans le cinéma de resnais: la voix de baer. Moi je n'avais jamais entendu cette voix là, on la reconnaît mais ... après elle n'est pas simplement là pour donner simplement un petit décalage comique. Elle a un statut assez ambigüe dans la narration qu'on pourrait questionner, si au début elle ressemble à une narration extérieure " au dessus de l'histoire, elle glisse par moment en prenant le point de vue du personnage de dussolier.
C'est vrai le travail sur la couleur est assez déroutant, à ce sujet lire l'entretien intéressant d'eric gauthier dans les cahiers (et je vous garantis que je suis loin d'être fan de la revue). Le film est entre dérapage et glissement, alors parfois on est dans un registre très clairement trivial puis ça se retourne, ça dévie sans cesse ce film. Et pourtant en l'analysant c'est diablement construit comme tout film de resnais.
Je l'ai vu comme un film sur la mort, comme un dernier cri d'imagination. On a l'impression que c'est la dernière folie de dussolier ( aspect fantomatique de la couleur verte dans son bureau, Gauthier dit s'être inspiré de Vertigo).
Je pense que c'est un film à analyser précisément, et s'il déroute, il ne faut pas tout de suite critiquer ce qui paraît superficiel, facile, raté...
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Jack Griffin »

les.photos.dalix a écrit :GTO je pense que tu fais fausse route en disant que la voix off repose uniquement sur le talent comique d'edouard baer, déjà première constatation, toute bête mais diablement importante dans le cinéma de resnais: la voix de baer. Moi je n'avais jamais entendu cette voix là, on la reconnaît mais ... après elle n'est pas simplement là pour donner simplement un petit décalage comique. Elle a un statut assez ambigüe dans la narration qu'on pourrait questionner, si au début elle ressemble à une narration extérieure " au dessus de l'histoire, elle glisse par moment en prenant le point de vue du personnage de dussolier.
La voix de Baer dit même être un personnage ayant côtoyer le perso d'Azema. Sauf qu'on ne le voit jamais.
les.photos.dalix
Stagiaire
Messages : 38
Inscription : 31 mars 07, 10:30
Localisation : NANCY

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par les.photos.dalix »

(ce statut ambigüe de la voix off me fait penser un peu au ruban blanc où le narrateur dit raconter des choses auxquelles il n'a pas assisté, or on voit à la fois des moments où il est présent et d'autres où il ne l'est pas.)
Je crois que dans les herbes folles la voix off fait partie intégrante de ce dispositif de dérapage, tout comme on passe d'une pensée à une toute autre du personnage de dussolier, on bascule vers un autre mode de narration. Ce dispositif a un mérite tout particulier que je vais exprimer avec une phrase bateau mais l'on est totalement incapable de prévoir quoi que ce soit dans ce film, vraiment. Des films comme cela je ne pense pas qu'il y en ait tant... Resnais fait la comparaison avec la musique jazz d'ailleurs
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Jack Griffin »

Sinon le dossier des cahiers est effectivement pas mal, surtout l'interview du chef op Gautier. L'image assez BD du film puisant d'après lui ses influences dans le fauvisme et les comics de Will Eisner
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12480
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par MJ »

G.T.O a écrit :Non, non je te rassure, moi aussi. Incontestablement, le plus mauvais Resnais que j'ai eu l'occasion de voir. Une catastrophe difficilement compréhensible de la part du réalisateur de Providence où le comique le dispute au ridicule, avec une photo digne d'un épisode érotique M6, un emploi typiquement français de la voix-off laquelle reposant essentiellement sur le talent présumé comique de Edward Bouer, c'est-à-dire avec ses begaiements, ses hésitations...etc, des acteurs en roue libre ( Azema ouaaaahhhhhhhh !!!!) des gags préhistoriques, une théatralité qui n'en finit plus de nous emmerder, et le tout posé sur un édifice branlant, rouillé, sénile. Tout ça pour ça pourrait-on se dire, une sophistication au service d'un drame de boulevard complètement, désolé du terme, con. Pour moi, un des pires films de l'année, ce qui le rend du même coup assez sympathique. Très Z en tout cas.
Moi qui craignais qu'on me reproche de ne pas faire dans la naunce, je crois que j'ai trouvé mon Maître. :mrgreen: Le problème c'est que, je le dis sans malin plaisir au vu de l'admiration que je professe pour Resnais, je suis globalement assez d'accord avec G.T.O. C'est la première fois que ce cinéaste me déçoit. Alors bon j'ai pas tout vu de lui non plus, mais un certain nombre de choses quand même...
Ironiquement, certains des défenseurs seront peut-être ici d'accord avec moi, Les Herbes Folles est pour moi à Resnais ce que INLAND EMPIRE est à Lynch. Je vois très bien que ça aurait pu être un grand film. En l'état c'est beaucoup de travail pour un résultat... déconcertant, dira-t-on. Comme le dit Jack Griffin, il suffit de lire les entretiens de Gauthier pour voir qu'il n'a pas chômé (et si sa photo ne me convainc pas vraiment, c'est encore une des choses que j'avais sauvé dans mon premier compte-rendu). -La volonté de s'approcher d'une picturalité bédé, était d'ailleurs déjà présente dans Coeurs, que j'avais en revanche adoré. Et la volonté de "faire studio" avec des prises en extérieur de son dernier opus est une réponse intéressante au tout-en-intérieur de son précédent.-

A la réflexion, je me dis que le coeur du problème c'est ici le scénario. Si j'ai bien compris Resnais dans ses déclaration à la presse, il s'agirait d'une adaptation littérale de Gailly, où, à quelques accomodations près, l''ouvrage aurait servi directement de script. Sans vouloir être méchant, c'est bien l'impression que ça donne à l'écran.

Un peu agacé sinon (je ne parle pas des classikiens là), par les assertions type "à 80 ans il réalise un film de jeunes" et son corrollaire "tous ceux qui critiquent le film sont déjà des vieux cons". Il n'empêche que la réception globalement positive du film, et ce chez des forumeurs dont je prends l'opinion au sérieux, me fait me poser des questions sur le rejet absolu que génère chez moi ce film.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Strum »

Je lirai avec intérêt ce que Resnais et son chef-opérateur disent des Herbes Folles. Je n'avais rien lu sur le film avant de le voir (et n'ai toujours rien lu à part vos réactions) et le film m'a évidemment étonné, comme il se doit pour un film de Resnais. Il y en a peu des cinéastes pour lesquels il est aussi difficile de parler d'un film, et même de savoir ce que l'on en a pensé, après l'avoir vu. Je me risquerai malgré tout à quelques commentaires ci-dessous.
G.T.O a écrit :...Tout ça pour ça pourrait-on se dire, une sophistication au service d'un drame de boulevard complètement, désolé du terme, con...
Je ne crois pas que l'on puisse sérieusement reprocher cela à un film de Resnais, fût-il Les Herbes Folles.
Il y a toujours un aspect expérimental et conceptuel chez Resnais. C'est un cinéaste très cérébral, qui construit souvent ses films comme des énigmes, de sorte que le spectateur peut rarement prédire ce qu'il va s'y passer et se retrouve obligé de se demander de quoi parle le film. La plupart de ses films célèbres sont très obscurs et gardent pour moi une part de mystère.

Dans les années 80-90-00, Resnais a abandonné sa manière première où le film se déployait comme une énigme, pour se rapprocher d'un cinéma théatral, c'est-à-dire réduit à la mise en scène de situations dramatiques (Melo, l'amourt à mort, Smoking/no smoking, Pas sur la bouche, etc...), mais aussi plus mécaniques, plus logiques dans leur articulation. Cette réduction réduisait aussi la part cérébrale de ces films, celle propre au cinéma selon Resnais, où les liens entre les situations sont beaucoup moins évidents que dans la dramaturgie classique.

Les Herbes Folles (plus encore que le magnifique Coeur, qui marquait une première inflexion), revient à cette matière première du cinéaste, celle de relations obscures et souterraines comme fils conducteur de la narration. C'est bien du Resnais, et à nouveau, je ne comprends pas immédiatement le film que je vois. Je sors de la salle en me disant : "c'est raté". Mais je me lève le lendemain matin en me souvenant bien du film, en me disant non plus que c'est raté mais qu'il y a peut-être quelque chose à creuser ; il m'en reste comme un dépot mélancolique. Alors certes, la maitrise du cadre de Resnais est peut-être moins évidente que par le passé, mais qu'importe. La voix off de Baer, qu'elle reflète l'humeur joueuse de Resnais à ce moment là ou qu'elle ne soit qu'une fausse piste faite pour tromper le spectateur sur la nature du film (il y a parfois chez Resnais cette idée ludique d'un jeu avec le spectateur et comme d'un droit à la tromperie), ne mérite pas que l'on s'y attarde. Les incrustations fort laides des têtes de certains personnages lors de conversations téléphoniques sont plus problématiques, mais il s'agit d'une péripétie visuelle, de deux ou trois plans et dans la mesure où Resnais n'a dans l'ensemble jamais été un grand esthète du plan au cinéma (esthète au sens du plan pris seul, où la durée d'un plan lui donnerait comme un rythme ensorcelant qui fait que l'on remarque la beauté des cadres), L'Année dernière à Marienbad mis à part [Edit : je reformule cette affirmation criticable dans un post ci-dessous], ces incrustations douteuses n'empêchent pas que la musique propre aux films de Resnais et qui dérive souvent du montage se fasse entendre et que l'on se pose la question traditionnelle pour moi chez Resnais : de quoi parle le film ?

Comme le dit alix, il est très difficile de savoir ce qu'il va passer dans Les Herbes Folles en cours de vision. Mais peu à peu, au fur et à mesure que se dissipe l'illusion de la légèreté factice de la première partie du film, on finit par comprendre que Les Herbes Folles n'est ni léger, ni vraiment libre ou arbitraire dans sa narration. Car c'est un film de personnages, très loin donc de mettre en scène des situations qui appartiendraient à la tradition théatrale, et appartenant encore moins au "drame de boulevard". C'est un film pessimiste et déterministe, qui met en scène deux personnages qui sont la proie d'obsessions, un film d'obsédés. Or, il n'y a rien de moins libre qu'un obsédé, qu'il soit cinéaste comme Resnais, meurtrier, violeur ou autre (on ne sait pas bien) comme le personnage de Dussolier, ou aviatrice comme le personnage d'Azema, ou femme aimante et qui pardonne tout comme le personnage de Consigny, ou policier au regard fixe comme le personnage d'Amalric. A cet égard, MJ a raison de critiquer ceux qui disent "à 80 ans, il réalise un film de jeunes", car l'idée de l'obsession, l'idée selon laquelle on ne peut définitivement pas échapper à ses visions, à ses pulsions, que l'on est enfermé jusqu'à la fin dans un même corps et un même cerveau, marqué au fer du destin, et que cela va rester avec nous jusqu'à la mort ou nous guider vers la mort, n'appartient pas à la liberté ou à la jeunesse. Il me semble que c'est une idée de fin de vie.

Je ne révèlerai pas la fin du film, mais Les Herbes Folles me semble être l'histoire de deux obsédés qui se rencontrent, se reconnaissent comme tels, et des conséquences funestes qui découlent de cette rencontre. Et si l'on mesure l'intérêt ultime que l'on peut porter à un film aux souvenirs que l'on en garde plusieurs jours après l'avoir vu, c'est un film qui vaut largement la peine d'être vu.
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Jack Griffin »

Je ne qualifirais pas le film de déterministe. Disons que même si le dispositif et la vision de Resnais font peser sur les personnages une fatalité, ces derniers essayent justement de lutter, de n'en faire qu'à leur tête, de se glisser entre les pavés comme la métaphore des herbes folles le laisse entendre.
Le film fait résonner quelque chose d'inquiétant mais il y a à l'encontre de cela une volonté d'y échapper par des actes insensés (qui relève de l'obsession mais le film ne la condamne pas vraiment). Les persos navigue entre l'angoisse et le bonheur de l'émancipation (ou la concretisation du rêve). "L'après-fin" termine le film de manière abscons et ironique, comme une sorte d'incompréhension face à la mort, mais apparait relativement positive.
Sinon effectivement il y a une morbidité très présente.
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Strum »

Jack Griffin a écrit :Je ne qualifirais pas le film de déterministe. Disons que même si le dispositif et la vision de Resnais font peser sur les personnages une fatalité, ces derniers essayent justement de lutter, de n'en faire qu'à leur tête, de se glisser entre les pavés comme la métaphore des herbes folles le laisse entendre.
Tu as raison d'évoquer cette métaphore que l'on retrouve dans plusieurs plans du film et dans le titre, mais j'ai justement été frappé par le fait que dans le film, les tentatives des personages d'échapper à leur sort, leur soit-disante "émancipation", paraissaient vouées à l'échec, soulignant ainsi le caractère fragile des herbes de la métaphore et le caractère massif, permanent, fatal, des pavés écrasant les herbes tentant de sortir de sous eux. A ce titre, c'est lorsque l'on se réfère à la narration du film, toute en ruptures et en échappées imprévisibles que les herbes folles montrent le plus de vigueur. Les herbes folles seraient alors autant, voire plus, une métaphore pour désigner la narration du film que pour désigner les personnages. La référence au jazz dont parlait alix prend alors tout son sens. Sinon, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le sens de "l'après-fin". Mais peut-être qu'il existe quelque part une interview de Resnais l'expliquant. Enfin, naturellement que Resnais ne "condamne" pas les obsessions. C'est lui-même un obsédé du cinéma comme tous les cinéastes.
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Roy Neary »

Strum a écrit :et dans la mesure où Resnais n'a dans l'ensemble jamais été un grand esthète du cinéma (esthète au sens où la durée des plans leur donnerait comme un rythme ensorcelant qui fait que l'on remarque la beauté des cadres), L'année dernière à Marienbad mis à part, les incrustations douteuses des Herbes Folles et d'autres plans qui m'ont paru peu inspirés ne doivent pas empêcher que l'on se pose la question traditionnelle des films de Resnais : de quoi parle le film ?
Je fais un petit tour ici (je n'ai pas encore vu Les Herbes folles) pour dire à quel point je suis en désaccord avec cette partie de ton message. Affirmer que le réalisateur des films comme Hiroshima mon amour, L'Année dernière à Marienbad, Providence, La Vie est un roman, ou des courts métrages comme Les Statues meurent aussi ou Toute la mémoire du monde, ne serait pas un grand esthète me semble assez incroyable. Même au sens où tu l'entends, car il est souvent question justement de "rythme ensorcelant" à propos de ces films et je me prends à chaque fois à baver devant la composition des plans de ces films. S'il y a bien eu un grand esthète du cinéma français des années 50 à 80, c'est bien Alain Resnais. :wink: (Sans oublier sa collaboration avec Sacha Vierny, lui aussi un grand esthète dans sa partie, à savoir la direction de la photographie).
Image
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Les Herbes Folles (Alain Resnais - 2009)

Message par Strum »

Roy Neary a écrit :Je fais un petit tour ici (je n'ai pas encore vu Les Herbes folles) pour dire à quel point je suis en désaccord avec cette partie de ton message. Affirmer que le réalisateur des films comme Hiroshima mon amour, L'Année dernière à Marienbad, Providence, La Vie est un roman, ou des courts métrages comme Les Statues meurent aussi ou Toute la mémoire du monde, ne serait pas un grand esthète me semble assez incroyable. Même au sens où tu l'entends, car il est souvent question justement de "rythme ensorcelant" à propos de ces films et je me prends à chaque fois à baver devant la composition des plans de ces films. S'il y a bien eu un grand esthète du cinéma français des années 50 à 80, c'est bien Alain Resnais. :wink: (Sans oublier sa collaboration avec Sacha Vierny, lui aussi un grand esthète dans sa partie, à savoir la direction de la photographie).
En me relisant et en te lisant, je me rends compte que je me suis mal exprimé. Je ne voulais pas remettre en cause la composition des plans des films de Resnais. Ce que je voulais dire, c'est que dans certains films de Resnais comme Muriel, Je t'aime, je t'aime, Providence, La Guerre est fini, Mon oncle d'Amérique, j'ai le sentiment que la durée et l'ensorcellement trouvent son fondement davantage dans le rythme produit par le montage, l'assemblage de plans qui sont parfois de nature très différentes, que dans la durée des plans proprement dits, comme si Resnais voulait attirer mon attention avant tout sur le résultat produit par le téléscopage de plans de nature et de fonctions différentes, et non sur la beauté d'un plan en particulier. Ainsi, Tarkovski "m'ensorcelle" par ses plans quand Resnais "m'ensorcelle" dans certains de ses films par l'intelligence de son montage qui produit un discours à déchiffrer. A ce titre, il me semblait que pour Resnais, cinéaste cérébral, le discours de ses films était plus important encore que la beauté des images le portant. Evidemment, j'aurai du expliquer cela, ou trouver un autre terme, plutôt que de dire que Resnais n'a jamais été "un grand esthète", même "dans l'ensemble" (et exclure Marienbad de mon affirmation ne suffisait pas ; Marienbad seul d'ailleurs invalidait mon jugement), puisque cela impliquait qu'il n'attachait pas d'importance à la composition et à la beauté de ses plans. Ce faisant je portais un jugement sur Resnais lui-même (ce qui est toujours périlleux) alors qu'il s'agissait simplement pour moi de dire ce que je retenais avant tout des films de Resnais (plus le discours et la narration donc, que la beauté des plans). C'était un mauvais raccourci pour dire en manière de défense de Resnais qu'il était dommage de ne retenir que l'aspect formel des plans des Herbes Folles et ne pas s'intéresser au fond et au discours du film. Bon, j'ai fini mon autocritique. :mrgreen:
Répondre