Gérald Hustache-Mathieu

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Alligator
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Gérald Hustache-Mathieu

Message par Alligator »

Gérald Hustache-Mathieu

http://just4shortmovies.blogspot.com/20 ... louse.html
http://just4shortmovies.blogspot.com/20 ... vache.html

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La chatte andalouse (Gérald Hustache-Mathieu, 2002) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... louse.html

Image
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Une cinquantaine de minutes très bien écrites, qui dessinent une histoire en forme de mystère humain et qui s'interrogent sur la foi, la sexualité, le corps et l'amour. Difficile pour moi d'en parler sans spoiler. Pour ce film moins qu'un autre, il ne faut révéler les secrets de cette chatte andalouse. Je vais essayer de rester le plus abscons possible. Que dire? J'aurais volontiers l'envie d'être loquace. C'est d'abord l'écriture très intelligente qui domine. Un très beau travail de Gérald Hustache-Mathieu. On est happé par un mystère : on découvre une bonne soeur qui vend des pots de miel sur le marché et qui va chercher des préservatifs, qui reçoit un homme dans une maison isolée sur le bord d'une falaise normande et qui pour finir, démoule un phallus en platre qu'elle peint en bleu pour l'entreposer sur une bibliothèque déjà garnie d'une myriade d'autres verges bleues. Le reste du film est l'explication raisonnable de ces extravagances. On prend part à une tranche de vie pendant laquelle cette jeune soeur apprend à vivre avec sa foi et ses pulsions, une histoire très ouverte, tolérante où l'individu trouve une route à sa dimension, c'est à dire complexe, pleine de détours et de virages plus ou moins faciles à négocier. Désolé, c'est forcément très vague. Le noeud du film réside essentiellement dans la révélation de cette intrigue que je dois absolument ne pas révéler.

Au delà de cet aspect spectaculaire et mystérieux, un fond, une interrogation, un semblant de réponse et une très belle ode à la joie, à la simplicité des rapports amoureux, de la relation entre corps et âme viennent donner une savoureuse densité au tout.

Pour incarner cette belle histoire il fallait la grâce -le terme est on ne peut mieux choisi, merci- la beauté blonde et fraîche, naturellement en plus du talent de la comédienne. Avec ses grands yeux si ouverts, si bleus qu'ils semblent autant faits pour écouter que pour voir, avec la douceur de ses gestes et l'attention tactile qu'elle parvient à exprimer, j'ai l'intime conviction que l'actrice Sophie Quinton livre là une performance de très haute tenue, d'une justesse hallucinante en même temps qu'on la sent encore empreinte non d'une certaine candeur mais disons d'une heureuse incertitude, celle des débutants. Cela donne quelque chose de très beau, sur un fil très touchant. Elle porte littéralement le film sur ses frêles épaules, aidée tout de même par deux comédiens aux rôles moins dispendieux en efforts, Blanca Li et Cédric Grimoin.

Ce film est pour moi l'occasion de très festives découvertes entre celle d'une formidable comédienne, mais également d'un auteur aux aspirations très attirantes, à l'humour très particulier, entre gags brutaux et situations de contrastes mais toujours plein d'une infinie tendresse pour tous les personnages. Un cinéma chaleureux, complice, jamais moqueur, ni violent et qui aborde des notions assez graves entre spiritualité et sexualité avec un recul et une audace vivifiants. Un film sur les choix de la vie, sur l'amour dans tous les sens du terme, l'amour de Dieu, l'amour de son prochain et l'amour sexué.
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Boubakar
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Re: Gérald Hustache-Mathieu (1968-)

Message par Boubakar »

Cette capture me fait penser à son premier film, Avril, que j'avais détesté. Mon avis de l'époque (début de l'année) :
Avril (Gérald Hustache-Mathieu, 2006)

Atcloserange se plaignait dans plusieurs topics du fait qu'on ait des films "standardisés" en France, alors voilà un film original, mais qui est totalement raté !
En gros, c'est l'histoire, d'une jeune religieuse, qui découvre qu'elle a un frère, et, au passage, découvre l'amour.
Dit comme ça, ça peut donner des idées, mais ça donne un résultat complètement nunuche et puéril, avec des "idées" de scénario complètement grotesques (un des deux garçons qui accompagnent le frère et le futur amoureux se dit "provisoirement" homosexuel, la jeune religieuse va se baigner à poil, elle se peinture le corps, à aucun moment, elle ne souffre d'état d'âme quant à son trouble par rapport à sa foi...), et avec un casting compilant quelques-uns des pires espoirs du ciné français (au hasard Clément Sibony et Nicolas Duvauchelle), heureusement qu'on voit Miou-Miou, de temps en temps...

J'aurais voulu aimer ce film, mais c'est tellement tarte et pénible à voir, que, pour une fois qu'on sort des sentiers battus, on se tape de daubes comme ça. Et je ne parlerais pas de la fin, sommet de niaiserie, et lourdddddeeeement, imagée...
En bref (pour répondre à Mµ :mrgreen: ), j 'ai beaucoup aimé.
Nestor Almendros
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par Nestor Almendros »

Ah oui AVRIL, ça me parle davantage: mon court avis de juin 2006

AVRIL de Gérald Eustache-Mathieu

Un mélodrame d'auteur.
Même si certains éléments peuvent paraitre cousus de fil blanc (le personnage de Nicolas Duvauchelle entre autres exemples), j'ai été agréablement pris par le film. C'est sobre, certains détails sont un peu creusés histoire d'être crédibles (sur la confrérie des soeurs par exemple), les personnages principaux sont attachants. Une petite surprise, car le pitch me faisait un peu peur, je redoutais les clichés. La deuxième partie lorgne parfois un peu lourdement vers le mélo (le twist de Miou-Miou ou le coup de théatre presque final de la Mère Supérieur, dont je me serais bien passé...) mais ça reste quand même honnête.
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Alligator
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par Alligator »

Peau de vache (Gérald Hustache-Mathieu, 2001) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... vache.html

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Encore plus court que son précédent "La chatte andalouse", cette "Peau de vache" atteint la vingtaine de minutes. Sophie Quinton est toujours l'actrice principale. Elle illumine encore le film de sa présence. Seulement l'histoire, certes mignonne, ne me transporte pas autant. C'est une bonne idée que de vouloir évoquer les tracas adolescents, de l'épanouissement identitaire de cette jeune fille dont l'horizon affectif s'arrête à un père peu bavard, une marâtre et des champs de betteraves. Elle se raccroche à la vie en se pensant "vache" et amoureuse de Paco, le taureau du troupeau. Le cheminement mystérieux de la première partie du film fait forcément penser à la même délicate et ordonnée mise en scène que dans "La chatte andalouse". Confrontée à des scènes dont le sens lui échappe, le spectateur se trouve comme happé par le film dans un premier temps. Ensuite, libre à lui d'en être ravi ou non. Quant à moi, ce ne fut pas vraiment le cas cette fois-ci. L'application à embellir son film de jolies séquences et surtout le très grand soin pris sur l'accompagnement sonore donnent à certaines scènes une puissance d'évocation assez intéressante. Le bruit du vent dans les branches à cet égard en est le meilleur exemple. César du meilleur court 2003, je crois.
Nestor Almendros
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par Nestor Almendros »

POUPOUPIDOU de Gérald Hustache-Mathieu

Je garde un lointain mais bon souvenir d'AVRIL qui montrait déjà un certain sens de l'originalité: ce nouvel opus confirme le talent de Gérald Hustache-Mathieu. A mi-chemin du drame, de la comédie et du polar le réalisateur nous propose une histoire fortement référentielle autant que singulière. Dans une France montagneuse et enneigée, il installe une ambiance à l'inspiration américaine remplie de clins d'oeil (je découvre par ce topic LA CHATTE ANDALOUSE qui devient le titre d'un des romans du personnage principal). On pense aux frères Coen (FARGO, BARTON FINK) ou à TWIN PEAKS pour le décor mais la qualité d'écriture fait le reste. Le mélange des genres est plutôt habile, les scènes passant d'une humeur à l'autre, l'humour décalé est inspiré et on note une belle utilisation de la voix off (magnifiquement dialoguée).

Gérald Hustache-Mathieu se perd malheureusement un peu en route. Il finit par délaisser la démarche policière qui alimentait l'histoire (Rouve disparait un peu), choisit un autre terrain (davantage vers l'émotion et la nostalgie) et perd donc un peu de l'énergie et du sel de sa narration. Il nous donne paresseusement les réponses du drame, frustrant un spectateur qui demandait encore à jouer.

Ce relachement du dernier tiers, pourtant regrettable, n'entâche pas la singularité de cette histoire qui aborde sur la fin un concept probablement déjà vu mais ici finement mis en place: une sorte de romance impossible à l'émotion contenue mais bien présente. On en vient à avoir beaucoup d'empathie pour un personnage décédé qui manque cruellement au présent de l'histoire et à ses personnages. Une tristesse et une frustration apparaissent au fur et à mesure que l'on apprend à connaitre Candice.

Gérald Hustache-Mathieu retrouve son interprète fétiche Sophie Quinton, lumineuse d'innoncence, qu'il film comme une égérie. Cette jeune comédienne qui n'a jamais vraiment percé malgré des rôles remarqués est ici magnifiée par un réalisateur qui l'aime, visiblement. C'est en tout cas un beau cadeau qu'on lui a fait.
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par mannhunter »

Nestor Almendros a écrit :POUPOUPIDOU de Gérald Hustache-Mathieu

On pense aux frères Coen (FARGO, BARTON FINK) ou à TWIN PEAKS pour le décor mais la qualité d'écriture fait le reste. Le mélange des genres est plutôt habile, les scènes passant d'une humeur à l'autre, l'humour décalé est inspiré et on note une belle utilisation de la voix off (magnifiquement dialoguée).

singularité de cette histoire qui aborde sur la fin un concept probablement déjà vu mais ici finement mis en place: une sorte de romance impossible à l'émotion contenue mais bien présente. On en vient à avoir beaucoup d'empathie pour un personnage décédé qui manque cruellement au présent de l'histoire et à ses personnages. Une tristesse et une frustration apparaissent au fur et à mesure que l'on apprend à connaitre Candice.

Gérald Hustache-Mathieu retrouve son interprète fétiche Sophie Quinton, lumineuse d'innoncence, qu'il film comme une égérie. Cette jeune comédienne qui n'a jamais vraiment percé malgré des rôles remarqués est ici magnifiée par un réalisateur qui l'aime, visiblement. C'est en tout cas un beau cadeau qu'on lui a fait.
Je plussoie avec tout ça,une agréable surprise que ce film touchant et assez envoûtant...Rouve et Quinton sont également très bons.
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par riqueuniee »

Pas vu Avril,mais j'avais bien aimé [bPeau de vache[/b].Quant à Poupoupidou,j'ai beaucoup aimé également.Effectivement,les références aux Coen (au début du film) sont évidentes (Barton Fink et Fargo).Le film contient plein d'autres références cinéphiliques (parfois discrètes,comme le T-shirt jaune tout droit sorti d'Elephant...),et qui ne le "plombent" pas.Même si le parallèle entre la vie de l'héroîne et celle de Marylin se fait un peu trop insistant vers la fin).Un ton original,des acteurs bien dirigés (Rouve est excellent ,Sophie Quinton aussi -on ne comprend pas pourquoi elle n'a pas "percé" davantage...).Je souhaite une belle et longue carrière à ce cinéaste.
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par Frank Einstein »

Je recopie mon avis sur son deuxième film ici :

Poupoupidou : 7,5/10

Une bien belle surprise. L'argument policier n'est qu'un prétexte pour illustrer un rêve délicieux : et si Marylin se réincarnait ?
Sophie Quinton confirme avec ce beau rôle qu'elle est sous-employée dans le cinéma français et Jean-Paul Rouve parvient à rendre son personnage cliché d'écrivain en panne très attachant.
Après le très beau "Avril", voilà un deuxième film intéressant et réussi.

C'est un nouveau cinéaste très prometteur.
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Jeremy Fox
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Re: Gérald Hustache-Mathieu

Message par Jeremy Fox »

Poupoupidou - 2011

Un écrivain de roman policier se rend dans un petit village du Jura en plein hiver pour une affaire d'héritage. Il y reste, intrigué par la mort d'une jeune femme sur laquelle il va se mettre à enquêter. Grâce à la lecture de son journal intime, il va peu à peu reconstituer la vie de cette starlette locale dont le destin ressemble étrangement à celui de Marilyn Monroe.

Postulat de départ entre fantaisie et policier assez curieux pour un résultat qui l'est tout autant. Le cinéaste sait manier le scope et filme avec beaucoup de bonheur les paysages enneigés du Jura, son film est très plaisant même si assez inégal, toutes les idées de mise en scène ne se valant pas ('la séance photo' sur Kids in America de Kim Wilde est même franchement ratée je trouve). Jean-Paul Rouve est égal à lui-même mais je suis plus réservé sur l'égérie du cinéaste, Sophie Quinton, dont le jeu ne me satisfait pas pleinement. Les innombrables références à la culture américaine s'avèrent assez savoureuses, le mélange des genres plutôt réussi dans ce Twin Peaks à la française pas entièrement convaincant mais original et loin d'être désagréable.
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