Les Derniers jours du monde (Les frères Larrieu - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jordan White
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Les Derniers jours du monde (Les frères Larrieu - 2009)

Message par Jordan White »

Je ne crois pas qu'il existe un topic.


Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale pour laquelle il s'était décidé à quitter sa femme. Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne.

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ed
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par ed »

Brody a écrit :Interview de Mathieu Amalric (...) à l'occasion de la sortie du film des frères Larrieu.
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Nestor Almendros
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Nestor Almendros »

SPOILERS

Après des opus relativement iconoclastes, les frères Larrieu étonnent ici avec cette histoire à l'ambiance travaillée, à la reconstitution soignée, au récit original et osé. Je ne sais pas trop quoi dire dessus, d'ailleurs, car les notions métaphysiques inhérentes au scénario me sont passées pas mal au dessus de la tête. Cependant, les efforts visuels dans le rendu crédible de cette apocalypse m'ont suffisamment convaincu pour adhérer à l'histoire mais j'avoue ne pas avoir tout saisi. Les Larrieu s'approprient un concept inépuisable (la fin du monde) pour donner libre cours à leurs obsessions (sexuelles, mais pas que) tout en gardant sur ce film un regard d'anticipation qui n'a rien à envier, je trouve, aux nombreux films de science-fiction qui ont jalonné l'histoire du cinéma. Mieux, même, les Larrieu adoptent un style réaliste et un but tout autre que celui du fantastique (généralement exploité dans ce genre d'histoires) et, ma foi, ça fait quand même plaisir de voir un tel sujet traité de façon plus sérieuse: peu d'effets spéciaux, gros travail sur les décors, la figuration, etc.

C'est l'occasion pour le héros (Amalric, excellent), à la veille d'une mort supposée imminente, de se souvenir de ses moments de libertés passés, des pauses magiques qu'offre l'existence, du bonheur partagé en famille ou des folies inspirées par sa dernière maitresse (courir nu dans les rues de Paris, la nuit, au milieu des embouteillages), de profiter du tourment présent pour faire un dernier tour de piste, en beauté. Car, au milieu du chaos humain, de la panique ou des errances, les codes et les contraintes de la société sont figés, l'animal se réveille en nous, le plaisir primaire de la chair a besoin d'être consommé.
Comme à leur habitude, les Larrieu saupoudrent le film de sexe, d'une certaine trivialité parfois (Sergi Lopez en érection :fiou: ) mais je trouve que dans ce film ces récurrences thématiques trouvent un vrai écho, une réelle cohérence, contrairement à PEINDRE OU FAIRE L'AMOUR qui ne m'avait pas complètement convaincu sur ce point, par exemple.

Plutôt charmé, donc, par ce poème élégiaque à l'atmosphère convaincante malgré quelques problèmes de rythme, certainement, et une tendance (opportuniste, avec un gros budget?) à tourner dans des lieux luxueux ou autour du monde (Taiwan) alors que ça ne s'y prête pas forcément. Je n'ai pas tellement adhéré, également, à l'épisode de Pampelune qui sonnait trop "tournage sur le vif pendant la fête estivale": alors que le monde tourne au chaos, la population se retourne vers ses idoles sacrées (statue religieuse) et oublie une mort certaine en jouant avec les taureaux? Pas très crédible comme théorie, surtout que le scénario ne dit absolument rien sur la traversée de la ville...
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Profondo Rosso
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Profondo Rosso »

Sur fond d'apocalypse en toc, la longue errance de Mathieu Amalric (mine ahurie et hébétée pendant 2h) qui parallèlement se remémore son grand amour perdu. Nettement plus regardable que ce à quoi je m'attendais grâce à un récit relativement bien mené. Sinon on navigue tout de même dans tout les clichés d'un certains cinéma français auteurisant un peu abscons. Tout le casting a droit à sa scène à poil et à sa séquence avec quelques grands moments dont une amorce de relation homosexuelle entre Sergi Lopez et Amalric, Karin Viard qui tombe le bas sans parler de ce crépuscule du monde dans un château sur fond de simili partouze... La première heure alternant les flashback et un Amalric paumé fonctionne à peu près puis c'est un grand n'importe quoi jamais ennuyeux mais totalement vain (à coup de dialogues inoubliables tel que Tu pourrais chier la porte fermée ou Prends moi à la lumière du jour) où on se demande vraiment ce que cherche à nous dire les Larrieu. Ce qui sauve un peu c'est la réalisation élégante des Larrieu, porté par une belle photo mais pour cela il faut passer l'ambiance d'apocalypse à 2 sous dans la campagne basque désertique où alors quelques émeutes et mouvements de foules ridicule (le motif de cette fin du monde ne sera d'ailleurs jamais connu). Et en plus c'est long, si long... 1/6
Anorya
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Anorya »

Les derniers jours du monde (Larrieu bros, 2009).

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Un peu comme Nestor (critique au dessus), j'ai été charmé par ce film assez incongru clairement divisé en deux temps. Un temps du souvenir avec cette image d'une femme recherchée plus que tout, presqu' idéalisée à l'extrême qu'est LAE (abbréviation de Laeticia façon nouvelle Eve jouée par Omahyra Mota dont je ne suis pas resté insensible. J'avoue ça peut aider puisqu'un ami m'avouait avoir détesté le film dès l'apparition du personnage de Lae), symbole d'un amour fou. Un temps du présent qui est ce monde qui se finit. Entre les deux des ellipses et la main amputée d'Amalric comme repère temporel (avec la voix-off), ce qui amènera à se poser la question, subsidiaire certes : comment a t-il perdu sa main ?

Autour de Mathieu Amalric et sa mine hébétée étirée sur plus de 2h, de nombreux personnages qui gravitent et cherchent à faire l'amour encore et encore en attendant plus ou moins la fin. Il est d'ailleurs évident dès le départ (même si l'on ne connaît pas le cinéma des Larrieu bros') que tout le film est une véritable déclaration à l'amour libre, parfois sans plus aucune retenue ou morale (la pièce du château où se déroule une simili-partouse, la "fille" de Sergi Lopez jouée par Clothilde Hesme qui couche avec lui) et non un véritable film sur l'apocalypse même si c'est la toile de fond. En celà, les Larrieu ne donneront aucune explication sur ce qui se passe réellement sur la planète, on sait que ça va se finir, on ne nous dira pas les causes et toutes les catastrophes naturelles et humaines semblent convoquées (on aura droit à un tremblement de terre, des empoisonnements soit au gaz soit dans l'eau --ce que redoute Amalric en emportant avec lui une bouteille de rouge, préférant ça à boire de l'eau :mrgreen: --, des bombes nucléaires...). Par contre, ce climat qui va de plus en plus noir au fil du film est très bien rendu. D'abord de petites touches au début (pluie de cendres des incinérations, personnes qui s'écroulent, titres des journeaux...) puis jusqu'a la fin par une progression du chaos, toujours en s'appuyant sur des effets réalistes (cadavres dans les voitures, embouteillages monstres, voies bloquées, scènes de pillages) même si on peut (comme l'a souligné Nestor) regretter un manque de cohérence par moments (la scène des taureaux en Espagne mouais... ).

Autre point embêtant comme le dit Profondo Rosso, des dialogues pas spécialement formidables. Du moins pour moi, ça allait de pair avec la prestation des acteurs. Une Karin Viard qui retrouve son ex-mari pour une petite scène chaude : "C'est fou ce qu'on baise quand ça va mal", ça va. C'est tout à fait dans le ton des retrouvailles et du climat qu'on ressent. Par contre le "Prend moi au grand jour" de Catherine Frot contre la vitre, ça m'a paru un peu théâtral même si je comprend parfaitement le personnage de Frot qui cherche à éprouver une dernière fois dans sa vie un amour sincère (ce qu'elle ne trouvera pas forcément d'où sa fin brutale et gore :shock: ).

Néanmoins ce sont des défauts pour moi mineurs et le film a assez bien remporté mon adhésion pour sa mise en scène réaliste d'une probable fin du monde. Comme le disait Profondo Rosso à propos de ce bidule qu'ont tourné les Larrieu : "grand n'importe quoi jamais ennuyeux". C'est vrai. ça part dans tous les sens même mais je ne me suis jamais ennuyé pendant tout le film.

Et puis les 10 dernières minutes... Perso ça m'a terrassé. :shock:
Mais je suis un petit être sensible et très indulgent vis à vis des films (cf the witches (Roeg) et l'avis de Colqhoun comparé au mien. :mrgreen: ) :oops:

4/6.

A noter que je préfère la seconde affiche du film, plus rare.
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Dernière modification par Anorya le 10 juin 10, 16:51, modifié 1 fois.
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Anorya
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Anorya »

Sans doute que tout le monde s'en fiche mais avec le recul j'avais vraiment bien aimé le film et je m'étonnais qu'il mette du temps à sortir.
Enfin ! il sortira normalement le 25 mai en dvd. :o :D
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Anorya
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Anorya »

Attention risque de spoilers !
J'ai tenté quand même de faire de mon mieux pour les masquer un peu...

---------------------



Les derniers jours du monde (Larrieu bros' - 2009).
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"Roh ce film, c'est vraiment qu'un gros flan."
Seb, pote de fac.


"Trop bien Les Derniers Jours du Monde !"
Paul, ami cinéphile notoire.


Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde (Mathieu Amalric) se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale qui le fit quitter sa femme. Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne...

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A.

Curieux objet que celui-là, ovni inattendu qui divisa pas mal de monde lors de sa sortie, les uns le trouvant digne d'un nanar sans grand intérêt, d'autres plus rares ayant particulièrement bien appréciés, une majorité enfin ne s'étant pas trop déplacé pour aller y voir. Sans doute parce que c'est un film français fait par les frères Larrieu, que l'histoire part dans tous les sens, toutes les directions, que l'on a pu croire que ça ne parlerait que de fesse ou de couples, ou tout bonnement, que l'on y croyait pas du tout. Et pourtant, le fantastique et plus globalement l'imaginaire a souvent joué pour une part importante du cinéma français et la vague actuelle horrifique française démontre bien d'une certaine manière quelque chose (même si, côté scénario de nombreux films, il y a encore du travail à faire perso). Avant ça, nous avions eu néanmoins des films intéressants, voire des joyaux tant dans le fantastique que l'horrifique et la science-fiction. Citons par exemple La Jetée (1962 - Marker), Les yeux sans visage (George Franju), Le Locataire (1975 - Polanski), Litan (1982 - Mocky) et autres Fahrenheit 451, Alphaville, Je t'aime je t'aime, Alice ou la dernière fugue, Le cinquième élément et j'en passe...

Ami cinéphile, cherche l'intrus ci-dessus.

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B.

Le film des frères Larrieu s'inscrit donc dans une certaine tradition artistique (et pas qu'au cinéma puisqu'en littérature on pourrait citer aussi Jules Verne, J.H.Rosny Aîné (notamment tiens, la Mort de la Terre écrit en 1912. En voilà de la fin du monde bien de chez nous ! :mrgreen: ) et autres Stefan Wul...) qui n'oublie pas d'avoir ses personnalités propres. De fait, on oublie bien souvent dans les critiques qui sont faites que ce n'est pas qu'un film de science-fiction mais bien un film portant l'empreinte des deux frères et que ces derniers sont tributaires depuis leur premier vrai long-métrage "Un homme, un vrai" (1999... Et Amalric déjà dans le rôle titre au passage) de thèmes bien précis, notamment de questionnement sur le couple et l'amour. Les derniers jours du monde, s'il dépeint donc une catastrophe imminente et mondiale n'est donc pas spécialement un film qui traitera de la fin du monde mais d'une certaine vision de celle-ci et de comment vivre pleinement les derniers instants. Chez les Larrieu et pour reprendre une phrase prononcée par Karin Viard dans le film : "C'est fou ce qu'on baise quand ça va mal."


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C.

On pourrait en rire d'emblée mais les faits sont là, que ce soit à l'échelle intime pour se réconcilier sur l'oreiller, ou à l'échelle mondiale, en cas de désastre imminent (comme cette nouvelle étrange : Ayant entendu parler des essais nucléaires de leur voisin d'à côté en 2009, les Coréens du sud se ruèrent dans une débauche d'achat de préservatifs et de journées dans les Love hotels. En somme, "la peur aurait poussé les Sud-Coréens à chercher une consolation dans le sexe" comme le révèle cet article.), les humains ont plus que besoin d'une dose de fesse quand ça va pas très bien. Bref, c'est plus la notion d'amour (notamment de la fidélité à l'autre avec Ombeline (Catherine Frot) et son mari ou de l'importance d'un partenaire avec qui passer les ultimes instants comme la quête d'Amalric) qui est mise en pratique dans le cadre de l'apocalypse que cette dernière qui sera le sujet frontal. D'ailleurs, les causes, elles ne seront jamais véritablement données mais tout au plus apprendrons nous que c'est mondial et qu'a ce stade terminal, il ne reste plus grand chose à faire. Preuve que les Larrieu s'intéressent plus aux conséquences humaines (dont le pillage et le meurtre comme l'amusement absurde --cf, la fête en Espagne) qu'au causes du désastre, ces nombreux plans de corps résultant à chaque fois d'une mort différente (et non d'une même mort pour tous) ou ces plans brouillés, abstraits qui forment une vision d'ensemble mais jamais quelque chose de distinct et reviennent constamment (A).

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D.

Comme si, au delà des multiples individualités humaine, l'idée d'une masse où l'on se rejoindrait tous sans distinction revenait constamment, comme la mort ou l'amour. Qu'on ne vienne pas croire que les Larrieu ne maîtrisent justement pas ces plans là, au contraire. Au contraire, même si on ne le remarque pas sur l'instant, le film est incroyablement bien maîtrisé, jouant sur les travellings (beau plan-séquence lors de la disparition de Laeticia (Omahyra Mota) hors de l'appartement parisien dans la première partie du film qui se traduit par un travelling arrière par de nombreuses portes), le flou et la profondeur de champ (C), les plans d'ensemble comme les images iconiques (D), sans compter la voix-off, l'utilisation de la musique et de nombreuses séquences comiques et/ou ingénues qui témoignent d'une certaine idée du délire (B). C'est cette profusion par moment d'idées qui le fait basculer dans certains poncifs plus ou moins acceptables de la part du spectateur. Par exemple, le château bourgeois remplaçant le bunker anti-atomique souterrain où tous les convives s'empoisonneront joyeusement (l'abri anti-atomique étant une figure récurrente dans la SF apocalyptique). Ou une fête bigarrée où les couleurs passeront sans problème du bleu au rouge alors que les gens se baladent nus ou vêtus d'un casque entre hétéros, trans, gays et j'en passe. Un instant, on se croirait chez un Argento quasi-décomplexé presque (E).


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E. (pour embêter un tant soit peu Manny :mrgreen: )

Il serait plus juste de dire que le film navigue parfois entre les notions de bon et mauvais goût mais les Larrieu foncent droit devant et se fichent pas mal de ce qui pourra sembler grotesque ou trop décalé pour le spectateur et j'apprécie pour ma part que le film avance comme ça en ligne droite, quitte à jongler sur les codes d'un genre, à trop en montrer (on pourrait compter toutes les manières de mourir dans le film, ce serait rigolo. Mention spécial au cadavre dans un frigo à un moment). Les frangins en profitent même pour mêler des clins d'oeils ou de petites références à l'odyssée amoureuse de Robinson et se font plaisir sur bien des points. D'abord musicalement, à grand renfort de Léo Ferré ce qui occasionne une des plus belles scènes du film, imparable (la meilleure même). Ensuite avec les acteurs où Sabine Azéma et Serge Bozon (le réalisateur de "La France" (2007)) apparaissent dans de mini-rôles décalés. Enfin avec l'imagerie même du film.


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F : Les derniers jours du monde à gauche, Alien resurrection édition spéciale version longue à droite.

Ici par exemple (F), la vision même de Paris est bien plus étrange et inquiétante que dans la version longue d'Alien Resurrection où un autre réalisateur français, Jean Pierre Jeunet, nous gratifiait d'une vision d'un Paris poussiéreux et en ruines. Là, chez les Larrieu, les nuages sont omniprésents, dévorent le ciel, mangent le soleil. Un ultime rayon de soleil laisse apparaître une ville presque déserte, comme si les habitants avaient déjà depuis longtemps été soufflés par la vague nucléaire. A ce stade de l'histoire, Robinson sera plus que seul, son aventure partagée se réduisant à quelque de plus que personnel comme si sa quête ne pouvait plus accepter personne en chemin. A un autre moment...
Spoiler (cliquez pour afficher)
...sera convoquée l'image récurrente des amants foudroyés d'Hiroshima, autre image légendaire issue de ce qu'on peut appeler une certaine fin du monde dans le XXe siècle (G). De ces derniers, surpris par le feu atomique, n'est resté que l'ombre et la poussière, comme photographiés, passés sur la pellicule inquiétante d'un dangereux individu nommé Little boy, un chaud matin de 6 août 1945.
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G. Le film à gauche, l'image des amants d'Hiroshima à droite. J'ai eu beau parcourir le web pour retrouver cette foutue iconographie, rien. J'ai donc scanné mon bel album de Watchmen où Moore et Gibbons se souviennent bien eux, de ce que c'est.


Evidemment, cette odyssée de l'amour (le prénom de Robinson n'est pas innocent) n'est pas exempte de défauts. Outre ce que j'ai cité, il y a quelques longueurs visibles dans le film et certains personnages auraient pu sans doute être mieux traités. Sans compter que ça y va sérieusement dans la débauche de corps nus et que quasiment chaque acteur paye de sa personne (pour moi ça serait plus un point positif), n'hésitant pas a se dévoiler parfois quasi-intégralement (Sergi Lopez a t'il une doublure de 'stouquette ? Non là je m'interroge là, son braquemart est digne de celui de l'ami Rocco. Ahem, pardon :oops: ).

Disons que le film nécessite une certaine ouverture d'esprit (envers la SF, Toulouse nouvelle capitale de la France (oui, oui :mrgreen: ), les corps nus, les délires en tous genres) et qu'il faut le prendre comme un voyage. Ce qu'il est sans doute, au vu du parcours de Robinson entre deux pays, du film entre plusieurs aspects, du tournage entre deux personnes de la même famille, de l'histoire entre deux parties bien distinctes. Surtout, il faut aimer Amalric et son éternel regard de rêveur patenté aux yeux exorbités constamment comme si il avait sniffé à lui tout seul un rail énorme de coke (ou regardé l'intégrale de Borowczyk en une journée. Ou lu du Bukowski et du Burroughs en se gavant d'Alcools forts). Image

Pour ma part j'adore cet acteur, sans doute l'un des rares éléments positifs pour moi dans Quantum of Solace mais je comprends que ce guide de voyage ne soit pas au goût de tout le monde. ;)



5/6.
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Demi-Lune
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :"Trop bien Les Derniers Jours du Monde !"
Paul, ami cinéphile notoire.
En tout cas, ce n'est pas moi. :mrgreen:
Deux chroniques de ta part sur la même page : preuve que ce film te plaît décidément. Pour ma part, bien que ne l'ayant pas vu et malgré le soin de tes développements ci-dessus, je reste quand même énormément circonspect, ne serait-ce qu'à cause de l'immonde affiche Photoshopée avec les acteurs à poil sur fond bucolique, s'imposant d'emblée, il faut le dire, comme l'un des visuels les plus hideux que j'ai pu voir dans ma courte carrière de cinéphile.
Anorya
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :"Trop bien Les Derniers Jours du Monde !"
Paul, ami cinéphile notoire.
En tout cas, ce n'est pas moi. :mrgreen:
Deux chroniques de ta part sur la même page : preuve que ce film te plaît décidément. Pour ma part, bien que ne l'ayant pas vu et malgré le soin de tes développements ci-dessus, je reste quand même énormément circonspect, ne serait-ce qu'à cause de l'immonde affiche Photoshopée avec les acteurs à poil sur fond bucolique, s'imposant d'emblée, il faut le dire, comme l'un des visuels les plus hideux que j'ai pu voir dans ma courte carrière de cinéphile.
En effet, toi tu n'es pas alsacien si j'ai bonne mémoire. :wink:
Et oui, j'aime bien ce film malgré les défauts qu'on peut lui imputer et qui sont clairement visible durant le film. Mais comme je l'ai dit, je crois que les Larrieu s'en foutent complètement et c'est ce qui paradoxalement me plaît là où je pourrais être plus circonspect.

L'affiche ne me gêne pas perso (think of it as a test : si déjà l'affiche te trouble, tu n'entreras pas aussi bien que moi dans le film, c'est sûr.). J'apprécie la version "nue" où l'on voit mieux l'espèce de nuage jaunâtre atomique dont on ne peut distinguer clairement si c'est bien ça ou si c'est la lumière d'un étrange soleil derrière les personnages, enfonçant le clou d'une fin du monde qu'on arrivera jamais à cerner véritablement dans le film (empoisonnement des nappes fréatiques souterraines ? Bombes atomiques ? Tremblements de terre ? Expériences inhumaines ?...) au profit des relations amoureuses et sexuelles clairement mises en avant.
Mais c'est vrai qu'ils auraient pu faire un effort.
Même Amalric semble consterné par l'affiche. :mrgreen:
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Eusebio Cafarelli
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Eusebio Cafarelli »

Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, ni que j'ai trouvé ça long ou ennuyeux. Il y a certains passages et dialogues, déjà indiqués, qui sont très artificiels ("Prend-moi au grand jour"), une simili-eyes wide shut-partouze bof, un poil (non, pas qu'un seul :lol: ) de critique sociale (l'empoisonnement), une atmosphère de fin du monde rendue de façon intéressante (sauf la feria de Pampelune, trop connue), de la nudité partout (enfin pour tous les rôles importants) et du sexe (enfin suggéré, c'est pas un porno et je me demande si ça n'est pas une limite qui ennuie les frères Larrieu), une thématique sous-jacente de l'inceste (pas seulement le ténor et sa fille, mais aussi Amalric et Frot d'une certaine façon), un héros en manque d'amour et de sexe qui a perdu sa main droite (un sens caché ? hum ), les vautours sur la voiture comme dans une vieille publicité Herz de J.J. Annaud (clin d'oeil au réalisateur de Malevil ?), et des tas d'autres choses...
Mais à la fin, je me suis demandé : oui... et ?
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Grimmy »

Malevil, c'est de Christian de Chalonge... Mais, je suis d'accord, la scène avec les vautours, c'est clairement un clin d'oeil à cette pub célèbre réalisée par JJ Annaud.
Sinon, perso, j'ai adoré ce film. Pas fan des frères Larrieu, mais là, ils m'ont scotché. Et puis finir sur "Ton style" de Léo Ferré, la vache, ça fout les boules, c'est magnifique.
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Eusebio Cafarelli
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Eusebio Cafarelli »

Grimmy a écrit :Malevil, c'est de Christian de Chalonge... Mais, je suis d'accord, la scène avec les vautours, c'est clairement un clin d'oeil à cette pub célèbre réalisée par JJ Annaud.
Sinon, perso, j'ai adoré ce film. Pas fan des frères Larrieu, mais là, ils m'ont scotché. Et puis finir sur "Ton style" de Léo Ferré, la vache, ça fout les boules, c'est magnifique.
de Chalonge, bien sûr ! Oh le nul, au temps pour moi :? I
C'est vrai que la chanson de Ferré est magnifique et bien utilisée.
wontolla
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par wontolla »

Vu le film (acheté après avoir lu vos avis, critiques et/ou recension ci-dessus) après avoir visionné le pilote de Battlestar Galactica et avant de me plonger dans l'épisode 1 (33 minutes).

Je ne connaissais pas les frères larrieu. Rien à ajouter en plus de ce qui a été dit ci-avant par la majorité des intervenants, j'ai assez aimé ce film. L'affiche (ou le visuel du DVD) ne lui rend pas justice. J'ai trouvé Catherine Frot (ou plutôt sa voix) trop théâtrale.

Finalement une question demeure, que ferais-je, que ferions-nous sil restait 48 heures à vivre: tuer, piller, baiser, prier, pleurer, fuir se suicider ?

Allons, direction Battlestar...
Aska
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Re: Les derniers jours du monde (Les frères Larrieu, 2009)

Message par Aska »

J'étais sorti avec un avis très très mitigé du cinéma avec une tendance plutôt négative sans doute parce que c'était assez ennuyeux et que je n'aime vraiment pas Léo Ferré et que je trouvais la chanson interminable.
Pourtant, je n'ai en tête que des bonnes scènes : des scènes de fin de monde qui font froid dans le dos (l'allée à Toulouse avec un meurtre en arrière, la feria, l'hotel vide... - je suis toujours fasciné par les films d'apocalypse ou post-apocalypse), Paris la nuit... et Sergi Lopez que je trouve magnifique en toute circonstance (revu une partie de filles perdues, cheveux gras récemment, il y est vraiment génial). Sur la nudité de l'acteur, je crois avoir lu dans une interview des réalisateurs que Lopez tenait à cette séquence (étonnante) comme une forme de défi car il ne l'avait jamais fait.

Résultat, Les derniers jours du monde se bonifie dans mon esprit et quand il m'arrive d'en parler (ce qui est rare hein), je dis plutôt des choses positives. Je ne sais pas trop si je dois le revoir du coup.
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