La Cinémathèque française : La programmation
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- Jack Griffin
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Et je ne suis pas sûr que Schneidermann ait vu le bal de vampire. Mais on ne peut pas polimequer 107 ans sur les idioties des uns et des autres et en même temps faire preuve d’une forme de conservatisme et d’aveuglement
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- Machino
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Que Daniel Schneidermann soit devenu un père la pudeur n'est qu'à moitié surprenant, c'est une évolution tristement prévisible de son statut d'éternel chevalier blanc et redresseur de torts.
Voir également son enthousiasme débordant pour l'écriture inclusive - il est vrai que notre grammaire française est un immonde instrument de domination masculine...
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Continuez de discuter entre vous, les mecs.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Je ne parlais pas spécialement des messages de ce forum ; plutôt de ce que je lis et entends dans les différentes sphères d'analyse sociale et culturelle depuis quelques semaines. A ce titre, je suis d'accord, à la virgule près, avec tout le message d'Alexandre, qui cerne avec beaucoup de précision le phénomène qui m'inquiète.Jack Griffin a écrit :je pense qu’en creusant il n’y aurait pas de grand désaccord et je me retrouve dans les messages de pol gornek et ténia qui ne me semble rien dire de consternant.
- tenia
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation. 30 ans plus tard, on n'a pas vu le problème avec La mélodie du Sud non plus. C'est pas comme si on était, nous humains, très spontanés à remettre en cause le contenu parfois problématiques de certaines oeuvres.Alexandre Angel a écrit :Mais présenter Le Bal des Vampires lors d'une rétrospective pour mieux en disséquer l'"horreur" (en partant du principe discutable que l'horreur y soit avérée) est une idée qui me hérisse le poil.
Il a fallu 40 ans pour que La mélodie du Sud soit "retiré de la circulation" parce que les "stéréotypes" étaient en fait surtout des gros clichés racistes. Il a pourtant été diffusé encore en 2006 sur la BBC, était sorti en VHS et en LD dans les 90s, et pas plus tard qu'en juillet 2017, Whoopi Goldberg (pas la plus folle-dingue sur le sujet) avait demandé lors de son introduction comme Disney Legend à ce que le film soit à nouveau totalement visible partout.
Et Olympia ressort pourtant cette année fraîchement restauré en 4K et il y a 2 ans, c'était Le triomphe de la volonté. Plus de films sont invisibles à cause de matériels disparus/perdus, de problèmes légaux ou du manque d'un distributeur que pour des questions morales.Alexandre Angel a écrit :A ce compte-là, ce sont tous les livres jamais écrits, tous les films jamais tournés, toutes les bandes jamais dessinées, tous les tableaux jamais peints avec leurs représentations stéréotypées de tous les temps, sans parler de tout ce qui est chanté, qui sont sur la sellette.
Mais c'est absolument fascinant de voir à quel point les représentations du sexisme est très différemment intégré dans les mentalités de celles du racisme ou de la xénophobie en général. Dans un cas, la contextualisation est parfaitement comprise, de l'autre faut surtout pas toucher, ce sont certain(e)s spectateurs(trices) qui ne comprennent rien.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Pardon ?? Le film a fait polémique dès sa sortie.tenia a écrit : En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation.
- Major Tom
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Si, si, et à l'époque où Trump a été élu, personne ne savait que ça allait être un imbécile.Jeff Bailey a écrit :Pardon ?? Le film a fait polémique dès sa sortie.tenia a écrit : En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation.
Sinon ben voilà quoi, Le Bal des vampires... Naissance d'une nation...
Dernière modification par Major Tom le 11 nov. 17, 12:49, modifié 1 fois.
- tenia
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Il a fait polémique mais ça ne l'a pas empêché d'être un énorme succès commercial et il a fallu des décennies avant que sa contextualisation idéologique soit jugée nécessaire et accompagne depuis le film.Jeff Bailey a écrit :Pardon ?? Le film a fait polémique dès sa sortie.tenia a écrit : En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation.
D'ailleurs, la première réaction de Griffith a été... d'expliquer que les détracteurs du film n'étaient que des censeurs en puissance qui voulaient censurer l'expression d'opinions impopulaires.
CQFD.
On n'est plus à un raccourci près, mais je ne mets pas les 2 sur un même niveau. Je choisis Naissance d'une nation parce que je le considère extrêmement plus problématique que Le bal des vampires et qu'il reste pourtant parfaitement visible partout. Preuve que la censure à laquelle criait Griffith en 1916 n'existe pas, pas plus que celle avec laquelle vous amusez à vous faire peur.Major Tom a écrit :Sinon ben voilà quoi, Le Bal des vampires... Naissance d'une nation...
On notera aussi que je ne suis pas celui qui a originellement cité le film ici.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Ouais, enfin, de là à dire "qu'on ne voyait pas le problème", ça me paraît aller très vite en besogne.tenia a écrit :Il a fait polémique mais ça ne l'a pas empêché d'être un énorme succès commercial et il a fallu des décennies avant que sa contextualisation idéologique soit jugée nécessaire et accompagne depuis le film.Jeff Bailey a écrit : Pardon ?? Le film a fait polémique dès sa sortie.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Il y a une grande nuance entre une association spécialisée et quelques voix isolées qui crient au racisme d'un film qui cartonne quand même et une société toute entière (et notamment la communauté cinéphile) qui classe formellement le film comme promulguant une idéologique condamnable. La façon dont a été publiquement reçu le film et la façon dont il est vu aujourd'hui n'ont absolument rien à voir.Jeff Bailey a écrit :Ouais, enfin, de là à dire "qu'on ne voyait pas le problème", ça me paraît aller très vite en besogne.
Dernière modification par tenia le 11 nov. 17, 14:15, modifié 1 fois.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Non, la grille d'analyse n'est pas similaire. La violence est toujours représentée selon un caractère extraordinaire, c'est la raison pour laquelle l'assimilation oeuvres violentes = futurs comportements violents est faux. Dans le cadre des oeuvres montrant un ou plusieurs comportements discutables (un homme force une femme à l'embrasser pour qu'elle succombe), on perpétue un symbole : l'homme domine la femme. L'oeuvre n'indique pas qu'il faut forcer les femmes à nous embrasser, elle appuie un paradigme sociétal. Elle ne le fait pas à titre individuel mais elle s'inscrit malgré elle dans un mouvement plus global.cinephage a écrit :Après la chasse au réalisateur indigne, voici désormais celle des films qui montrent des "porcs" en action. Ce qui me surprend, c'est que ça semble prendre. Alors qu'aux hystériques qui reprochaient aux films leur violence et qui comptaient les gestes répréhensibles dans les films, on rétorquait que ça ne rendait pas forcément les spectateurs violents, à ceux qui disent qu'un personnage sexiste "alimente la culture du viol" on ne répond pas grand chose, au pire on essaie de justifier le geste, de dire que sans ça il n'y a pas de film.
L'analyse est pourtant exactement la même, elle affirme que le spectateur est une éponge, que si on lui montre un type qui "force" un baiser, il va faire pareil, tout comme si, quand il voit dans un film une bagarre dans un saloon, il va se précipiter dans un bar pour chercher des crosses au premier venu. Quelle pauvre analyse, quelle paresse (ou malhonnêteté) intellectuelle... Mais dans le contexte d'hystérie qui nous entoure, où quiconque crie au loup semble trouver un écho, j'imagine que ça ne détonne pas sur l'air du temps.
C'est quelque part effroyable de ne pas être saisi par ces questions aujourd'hui, que le monde patriarcal dans lequel on vit n'est pas ouvertement despotique parce qu'il a entretenu des symboles où le masculin l'emporte sur le féminin (coucou la grammaire française) avec une telle fidélité, qu'hier, on trouvait ça normal. En 2017, les femmes sont toujours moins payées que les hommes pour des compétences et postes similaires. En 2017, on trouve très peu de femmes à des postes de dirigeants. La politique comme le milieu du cinéma ou des séries est encore majoritairement masculin (à des postes clés - je n'ai pas effectué de recensement). Pourquoi ? Parce qu'on s'est complus dans un machisme ordinaire, un patriarcat bien confortable. Pas celui où on trouve normal de taper sur une femme ou de la violer, mais celui on ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) comment des attitudes a priori anodine ont pu perpétuer ce schéma. Aujourd'hui, entre la libération de la parole des femmes, leur militantisme et (heureusement) une légère évolution des mentalités, on commence à entrevoir l'étendue du problème et comment le mal s'est inscrit partout, à tous les niveaux.
Malheureusement, cette prise de conscience semble être douloureuse pour certains. Je ne sais pas si c'est par une peur irrationnelle, si c'est par la crainte de voir son petit confort quotidien bouleversé par cette évolution, si c'est par la flemme d'évoluer son comportement général (en pensant que l'on peut, malgré soit, blesser, heurter, perpétuer des schémas discriminants) ou si c'est, plus simplement, qu'on aime ce monde patriarcal parce que quand on est un homme, c'est beaucoup plus facile.
Aujourd'hui, les vannes sont ouvertes. Alors oui, le flot est puissant et tout semble se mélanger un peu. Que harcèlement sexuel et viol sont des choses différentes (comme le sont l'agression ou le viol) mais l'un ne doit pas masquer le second parce qu'il serait plus grave. Il ne faut surtout pas se cacher derrière l'arbre le plus dégueulasse pour minimiser le fait que c'est toute la forêt qui est pourrie. Cette libération de la parole, notamment à travers les réseaux sociaux peut donner l'impression de tout aplanir sur un même niveau. Ce serait tomber dans un piège facile que de penser ainsi. Il n'y a pas de tris à faire, de donner des bons points à celles et ceux qui ont plus soufferts que d'autres. Il faut comprendre que le problème s'inscrit dans un spectre très large de l'échelle du comportement et que chaque extrémité incarne un problème qu'il faut traiter. Certains le seront à un niveau judiciaire, d'autres par une évolution radicale de la société. Je reconnais qu'aujourd'hui, on analyse les choses de façon trop émotionnel au détriment d'une raison détachée de toute émotion. Mais c'est compliqué à reprocher quand on imagine les années de souffrances qu'ont pu vivre certain.e.s et combien cette soudaine sur-exposition peut avoir de salvateur et d'exutoire. Aujourd'hui, plus que jamais il est important de comprendre les choses, comment elles fonctionnent et qu'est ce qui a merdé. Pour cela, il faut chercher dans le passé des causes, quitte à bousculer quelques principes personnels qui nous chagrinent. Cela peut passer par le cinéma ou tout autre art. Encore une fois, il ne s'agit de brûler des oeuvres mais de comprendre pourquoi et comment, elles ont pu, malgré elle ou avec complicité, perpétuer des idéaux ou schémas patriarcaux.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Je pense qu'on a bien compris les tenants et aboutissants mais on s'éloigne de la cinémathèque.
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
C'est faux et ce ne sont pas quelques voix isolés qui se sont insurgés contre le film, au moments de sa sorties ce sont des manifestations, des émeutes, des affrontements entre noir et suprémaciste blanc, et la censure effectivement du film dans de nombreuses villes américaines et même (je crois) au niveau de certains états. Le film a déclenché un grand débat national sur la censure. Alors ce fut un succès il y a plusieurs raison à ça, bien évidement le racisme est l'une d'elle et elle n'est pas négligeable. Il y a aussi le fait que c'était un spectacle cinématographique d'une ampleur quasiment sans précédant, qui de toute manière ne pouvait qu'attirer les foules, enfin le scandale est toujours une excellente publicité. Et en l’occurrence scandale il y avait. Quand un film provoque des émeutes violentes et des réactions aussi passionnés on ne peut pas dire qu'on ne voyait pas le problème a l'époque, bien sur le racisme était largement répandu dans la société d'alors, et bien plus assumés qu'aujourd'hui, mais cette société n'était quand même pas un bloc uniforme ou tout le monde pensait la même chose.tenia a écrit :En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation.Alexandre Angel a écrit :Mais présenter Le Bal des Vampires lors d'une rétrospective pour mieux en disséquer l'"horreur" (en partant du principe discutable que l'horreur y soit avérée) est une idée qui me hérisse le poil.
C'est surtout que Le Bal des Vampires n'est pas au sexisme ce que Naissance d'une nation est au racisme...tenia a écrit :Mais c'est absolument fascinant de voir à quel point les représentations du sexisme est très différemment intégré dans les mentalités de celles du racisme ou de la xénophobie en général. Dans un cas, la contextualisation est parfaitement comprise, de l'autre faut surtout pas toucher, ce sont certain(e)s spectateurs(trices) qui ne comprennent rien.
pol gornek a écrit :Est-ce un total renversement de vos principes moraux que d'imaginer, une seconde, que toutes ces scènes où le héros (un mâle bien alpha) attrape une femme et la force à l'embrasser pour qu'elle succombe à son charme, puissent, aujourd'hui, mériter que l'on s'y penche sur ce qu'elles disent de leur époque et comment elles peuvent être interpréter aujourd'hui ?
Je trouve salutaire d'être choqué par de telles séquences. Cela ne veut pas dire qu'il faut brûler le films, son réalisateur, sa famille et le maudire sur trois générations, cela signifie que toutes ces scènes que l'on trouvait normal, elles ne l'étaient pas et elles participaient à l'érection d'un paradigme très simple : nous vivons dans une société patriarcale (oui j'ai dit le gros, je n'ai pas peur). Un monde dont le septième art s'est fait l'écho, où l'on trouvait, le plus souvent, des hommes derrière la caméra. Alors oui, ça donne un male gaze. En soit, ce n'est pas grave... s'il n'était pas dominateur. Comprendre qu'un regard masculin, c'est intéressant mais uniquement des regards masculins, ça pose un problème. C'est du lobbying. Donc, ce male gaze s'éclate à montrer des jouvencelles farouches, tomber sous le charme pourvu qu'on les force un peu. Et ça entretiens le phénomène. Les films ne sont pas le mal, ils sont des symptômes. L'assimiler, ça ne veut pas dire jeter toute l'histoire du septième art à la poubelle, c'est oeuvrer pour faire en sorte que le paradigme change, qu'on réalise qu'en enrichissant l'offre par des visions féminines (et ça passe d'abord par des visions féministes), c'est tout l'art qui en sortira grandi. Si les films ne changeront pas le monde, ils peuvent le refléter. Et parfois, c'est plus facile de regarder le reflet pour mieux comprendre le sujet.
Ce genre de comportements que l'on trouve dans beaucoup de films, qui n'ont pas la volonté consciente de perpétuer une culture du viol, ne vont pas transformer la population masculine en mini-Weinstein. Mais ils participent, malgré eux, à l'élévation d'une société patriarcale (l'homme est le plus souvent dominant) par leur systématisme. Et le problème avec quelque chose de systématique, c'est que ça devient une vérité.
EDIT : toutes ces scènes ont le droit d'exister. Il faut simplement, aujourd'hui, être capable d'affirmer qu'elles représentent aussi un comportement abusif. Et le travail de critique, voire de passionné(e)s, c'est de contextualiser de telles séquences et de les interpréter.
Je tiens a saluer ces deux interventions de Pol Gornek pour leur nuance, et parce que j’adhère globalement a ce qui y est proposé.pol gornek a écrit :Effectivement, tu peux amener des nuances à ce genre de scènes, parce qu'elles peuvent s'inscrire dans un contexte particulier... mais pour beaucoup d'entre elles (notamment les James Bond - après, je reconnais volontiers ne pas avoir dressé de listes recensant toutes ces séquences problématiques), c'est une bête expression de male gaze. C'est la récurrence, la redondance de ce procédé qui décrit un phénomène plus général. On peut effectivement prendre chaque séquence de façon indépendante et lister tous les éléments (volonté de l'auteur, discours,...) qui offrent une interprétation nuancée, mais le tableau bien chargé sur la question finit par dire quelque chose qui dépasse le cadre de l'intention. Je ne dis que tous les réalisateurs sont fautifs directement, de propager un tel male gaze, ils participent, plus ou moins malgré eux, à l'édification d'un paradigme, brique par brique. Et il me semble intéressant aujourd'hui de le prendre en considération, pas pour le dénoncer bêtement et envoyer des auteurs aux piloris mais pour repositionner le curseur selon un modèle plus juste (ça c'est pour aujourd'hui) et faire comprendre comment le vieux modèle s'est construit et a perduré parce qu'on était bien trop confortable dans nos chaussons pour imaginer qu'il y avait un soucis (pour les oeuvres d'hier).Thaddeus a écrit :Je suis plutôt d'accord avec ce que tu dis en théorie, mais - une fois de plus - entre la théorie et sa mise à l'épreuve des films, dans leurs infinies nuances, leur mille configurations possibles, il y a souvent un monde. Ainsi, non, je me refuse de considérer de facto que, parce qu'une scène montre par exemple un homme (ou une femme) voler un baiser non consenti à une femme (ou un homme), parce qu'un rapport de séduction ne respecte pas scrupuleusement les règles que la morale et la loi exigent, on doit obligatoirement affirmer qu'elle illustre un comportement abusif et s'arc-bouter sur un principe prétendument inaliénable qui ne tient pas compte des mille facteurs entourant une situation. Tout n'est pas blanc ou noir. A chaque scène son contexte, les circonstances qui l'ont amenée, ce que l'auteur a voulu exprimer à travers elle, l'ambigüité possible (et parfois revendiquée) de son discours, etc. Opérer autrement, c'est remplacer une grille idéologique figée par une autre.
Cependant tout nécessaire que soit ce travail critique de rééquilibrage, il ne faut pas qu'il en viennent a occuper tout l'espace de la réflexion sur le cinéma ou l'art en général, je suis tout a fait pour faire de la critique culturelle orienté par les gender studies ou feminist studies. Or il y a parfois, dans les expressions les plus militantes de ce courant, une tendance à l'hégémonie, une volonté de rejeter toute approche, plus esthétique plus formaliste, parce qu'elles oublierais le fond des films, leur discours (ce qui est déjà discutable je doute qu'une analyse pertinente même d'une série de film puissent se passer de considération d'ordre formaliste et la pratique jusqu’à présent n'a le plus souvent fait que confirmer ce doute). Au delà du vieux problème rebattus du fond et de la forme ce qui est en jeu ici, c'est qu'il existe des groupes et des personnes, y compris dans l'université ou l'on serait en doit d'attendre un certains recul scientifique, qui portées par la justesse indéniable de leur cause sont tellement sure de leur bon droit, qu'elles imposent une grille de lecture souvent sans nuance aux films sans prendre la moindre précaution quand a son éventuel pertinence, le cas d'école le plus spectaculaire et le plus navrant c'est le blog Le cinéma est politique: https://www.lecinemaestpolitique.fr/
Ses membres sont plein de bonnes intentions, je pense qu'une bonne partie d'entre eux ont une formation universitaire (au moins jusqu'au master), mais ils réduisent tout les films absolument tous, à une représentation des relations hommes-femme, les personnages étant réduit a leur sexe et valant pour l'ensemble de leur sexe en oubliant généralement totalement le contexte particulier de chaque films (je suis tout a fait d'accord pour dire que l’intérêt de ce genre d'analyse c'est la mise en série, c'est a dire l'apparition d'un certains nombre de constante sur un corpus donné or là c'est toujours des films traités individuellement), l'autre problème c'est qu'étant convaincu du bien fondé de leur démarche ils ne remettent jamais en question leur grille de lecture, et ne font que chercher les éléments qui viennent s'y conformer ignorant toute ce qui pourrait la contredire (ce qui les fait régulièrement sombrer dans des sommets d'absurdités, leur critique de Zootopie est particulièrement édifiante à cet égard ). Est-ce que c'est vraiment être conservateur et aveugle que de s'inquiéter de ce genre de dérive?
Ensuite personne ne dit qu'il faut bruler les œuvres ou les interdire, etc, pourtant c'est bien ce que font au moins implicitement les rédacteurs et rédactrices du cinéma est politique au nom de l'évolution des mentalité et de la dénonciation du patriarcat. Le fait que leurs "analyse" s'apparente presque a toujours à une instruction à charge uniquement ou tout film est potentiellement coupable et se voit sommet de prouver son innocence, a cela s'accompagne une critique prescriptive qui imagine toujours un film alternatif politiquement correcte qui doit impérativement dans ses moindres détails (puisque leurs analyses consistent toujours a se pencher sur des détails montés en épingle) se conformer aux impératif du féminisme, de la lutte contre l'homophobie, la transphobie, le spécisme, le racisme, le capitalisme néo libérale, toutes les formes de discriminations et d'injustice. Leur prémices étant que le cinéma est un instrument de propagation des stéréotypes sexistes, racistes etc, et bien il faut le dénoncer et le reconstruire en instrument de propagation du bien, leur conception du cinéma est purement propagandiste et leur film idéal est lui aussi totalement propagandiste avec tout le simplisme et le danger que cela entraine. Je trouve qu'il y a bien là le danger d'une forme de pensée unique qui menace directement le concept même d'art.
Alors on pourras me répondre que les contributeurs de ce blog sont des guignols que personnes ne prend vraiment au sérieux, sauf que le fait est que leur démarche, au départ, est louable et pas idiote et à ce titre elle bénéficie d'une curiosité et d'une indulgence que l'on n'aura évidement pas pour le défenseurs d'idées ouvertement raciste ou sexiste. Ensuite, j'ai pu voir ce site recommandé a des étudiants en cinéma en fac par certain professeur et la je trouve ça inquiétant déjà parce que le niveau d'analyse est franchement médiocre mais en suite parce que ce site enseigne est a l'opposé d'une réelle pensée critique, (qui selon moi doit toujours revenir sur ses propres prémisses). Le fait que ce site illustre parfaitement une forme de dérive intellectuel possible dans la lutte contre les discriminations. Ça ne doit bien sur pas remettre en question cette lutte nécessaire mais je pense qu'il faut savoir être aussi sévère avec les "combattant auto-proclamé du bien", qu'avec les adversaires les plus évident...
un texte plus long, plus complet et mieux écrit que le mien sur le cinéma est politique et les problème que pose leur démarche a la critique: https://www.underthedeepdeepsea.com/le- ... politique/
"Il ne faut pas être timide avec la caméra. Il faut lui faire violence, la pousser jusque dans ses derniers retranchements, parce qu'elle est une vile mécanique. Ce qui compte, c'est la poésie."
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Je cherche les topics adéquates. Rien sur l’evolution des mœurs à priori.Rockatansky a écrit :Je pense qu'on a bien compris les tenants et aboutissants mais on s'éloigne de la cinémathèque.
Sinon y a ces topics pour ceux qui veulent continuer à discuter :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 9&start=45
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?t=22723
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... &start=120
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Re: La Cinémathèque française - discussions sur la programmation
Je ne savais que déjà à l'époque, le film était unanimement (hormis par les suprématistes, je suppose) considéré comme profondément raciste et extrêmement problématique, quasi-systématiquement contextualisé et rarement présenté sans de nombreuses précautions d'usage quant à son contenu.A serious man a écrit :Quand un film provoque des émeutes violentes et des réactions aussi passionnés on ne peut pas dire qu'on ne voyait pas le problème a l'époquetenia a écrit :En même temps, à l'époque de sa sortie, on ne voyait pas le problème avec La naissance d'une nation.
Autant pour moi.