Il est dommage qu'un tel film n'ait pas aussi droit à son topic !Ariane est persuadée que son compagnon Jean-Jacques fantasme sur une autre femme. Pour sauver son couple, elle lui demande d'avoir une aventure avec celle-ci, pensant qu'il s'agit du meilleur remède pour le libérer. Lorsque Jean-Jacques se rend chez cette femme qu'il connaît à peine, il ne sait pas encore qu'il s'agit de la fille du Président de la République..
Ici, Mouret s'attaque au burlesque, et met ainsi un peu de côté l'aspect Rohmer/Guitry de ses films, on gagne en naturel dans les dialogues.
La principale influence serait The party, dans la manière dont le personnage de Mouret fout le bordel dans une soirée donnée par la fille du Président, et c'est souvent drôle, il faut le dire (la manière dont il s'électrocute et dont il joue avec son stylo magique est à pleurer de rire ).
Et, plus que d'habitude, il faut dire que Mouret a un sacré talent pour filmer les femmes, elles y sont toutes belles, magnifiées par quelqu'un qui leur donne les meilleurs dialogues, et de belles situations (surtout Judith Godrèche, magnifique).
Dommage que la dernière partie, au domicile de la gouvernante, soit un peu plus faible, mais on imagine très bien ce film tourné dans les années 50 (grâce notamment à ce très beau générique digne de Blake Edwards ou Mel Brooks), voire au temps du muet, tellement l'action peut se dérouler uniquement grâce aux images.
Mouret devient l'un des réalisateurs incontournables du cinéma français, un de ceux dont je vais attendre impatiemment ses films.
Edit ; l'avis de Nestor Almendros
Après la récente découverte du sympathique UN BAISER S’IL VOUS PLAIT, je poursuis la découverte de ce réalisateur qui, s’il n’arrive pas à égaler ses nombreuses et illustres références, réussit quand même à procurer un certain plaisir chez le spectateur par un style et un ton finalement bien à lui, loin des codes traditionnels.
Je vois toujours une forte référence à Rohmer (des scènes à texte où le jeu décalé de l’acteur-réalisateur sonne aussi bizarrement) à laquelle s’ajoute ici un certain cinéma comique et burlesque, de LA PARTY de Blake Edwards en passant par Jacques Tati (le personnage maladroit) ou les Marx Brothers (la moustache de Groucho). J’en oublie, forcément…
Le cinéma de Mouret est vraiment particulier. Il a cette forme apparemment banale et avertie (il faut quand même un petit effort pour jouer le jeu) qui mêle la naïveté sans sophistication, le rire et une grande tendresse pour ses personnages. C’est vraiment un curieux mélange qui, sous des airs élitistes et intellectuels, se révèle en fait complètement « tous publics ».
Et niveau humour, on passe de trouvailles légères et « bon enfant » (le rideau coincé dans la braguette) à de très bonne idées plus recherchées (le mannequin aux toilettes).
Dommage que le point d’orgue du film, la soirée chez Judith Godrèche, accentue sensiblement les faiblesses d’une dernière demi-heure un peu plus poussive et moins inspirée. C’est ce qui fait chuter la note même si la salle a beaucoup ri et que ce cinéma me plait finalement assez.