Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Miss Nobody
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Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Miss Nobody »

Je n'ai vu aucun topic consacré au nouveau Woody Allen, alors je m'y colle.
D'autant que j'ai vu que deux personnes sur le forum avait déjà vu le film, et que des petits avis ne seraient pas de trop! :)

Les acteurs: Larry Davis, Eva Rachel Wood, Ed Begley Jr, Patricia Clarkson, Henry Cavill, Michael McKean, John Gallagher Jr, ...

L'histoire: Un excentrique New-yorkais laisse de côté sa petite vie confortable au profit d'une existence "bohème", avec tout ce qu'elle comporte d'inattendu. Sa rencontre avec une jeune fille du Sud, met peu à peu en relief les névroses du cynique personnage.

La date de sortie: 1er juillet 2009

La bande annonce:
cracoucas
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par cracoucas »

Retour à Brooklynn et retour aux fondamentaux pour ce Whatever Works plus legers et plus aboutis que Vicky Cristina Barcelona.
Larry David en double de Woody, c'était une évidence pour les fans de "Larry et son nombril", hilarante série de l'ex co-auteur de Seinfeld.
Whatever Works est le film d'un vieux monsieur qui se voit mourir. Hypocondriaque, paranoïaque et depressif, le personnage Allenien n'aura finalement rien gagné de ses voyages en europe. Le monde est risible, les "génies" font comme les autres: ce qu'ils peuvent.
Reste NY, les souvenirs des films anciens, les clichés qui sont souvent la meilleure façon de se faire comprendre. Le monde est absurde: tout n'est que Hasard, d'ultra religieux à polygame de Greenwich village il n'y a rien: juste des circonstances.
Propos desespérés, non que la vie soit horrible mais elle est absurde, autant s'en amuser, autant pousser cette absurdité jusqu'au bout pour faire de Brooklyn un gigantesque cinéma où tout est possible.
Au sommet de son art de dialoguiste, Woody ne semble plus croire en rien, si ce n'est en l'illusion. La télé qui repasse de vieux films, les néons que l'on aperçoit de la fenêtre de Youri, une adorable idiote (formidable Evan Rachel Wood); cadeaux tombé du ciel mais surtout personnage d'un autre monde. Revenu à Brooklyn, Woody film un autre monde. La noirceur est là, le gouffre est tout autour de l'écran, sur l'écran des comédiens pas dupe, des situations drollissimes comme Woody Allen n'en avait pas écrites depuis trop longtemps.
Une mise en scène élégante, qui va directement au coeur de la scène, sans fioritures: le film d'un homme qui sait que le temps lui est compté.
On attend du génie le film crépusculaire, il réalise une fantaisie où il tourne en dérision ses angoisses et ses certitudes.
"Whatever Works" se berce d'illusions, de clichés, d'excès. Une oeuvre bavarde et outrée...Woody revient sur les terres qui lui ont valu l'admiration de certains et le dédain de beaucoup.
Woody semble réaliser ses films, comme Max Von Sydow jouait avec la mort, qu'importe si à la fin l'absurdité de l'existence le submergera...Le principal est que sa marche!
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AtCloseRange
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par AtCloseRange »

Evan Rachel Wood remplace Scarlett Johannson, Woody revient à New York et le sujet a l'air de revenir au ton d'un Harry dans Tous ses Etats...
Voilà qui me donne autrement plus envie que tous ses derniers films. Espoir!

C'est aussi le retour de Larry David chez Woody puisqu'il avait un petit rôle dans Radio Days.
cracoucas
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par cracoucas »

Bien vu pour Larry David atcloserange.
Je connais Radio days par coeur et pourtant je ne m'en souvenais pas!!

Woody occupe une place à part pour moi: il est le cinéaste qui m'a fait aimer le cinéma, c'est par lui que "tout" à commencer: pour le cinéma, comme pour la littérature d'ailleurs.
Dans mon panthéon, les deux statuts à l'entrée sont celles de Woody Allen et de Safet Susic (dans un genre différent).
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par 7swans »

AtCloseRange a écrit :Evan Rachel Wood remplace Scarlett Johannson, Woody revient à New York et le sujet a l'air de revenir au ton d'un Harry dans Tous ses Etats...
Voilà qui me donne autrement plus envie que tous ses derniers films. Espoir.
Carrément! ça (re)donne envie! (si c'est au moins aussi bien que Anything Else, je serais déjà comblé).
AtCloseRange a écrit : C'est aussi le retour de Larry David chez Woody puisqu'il avait un petit rôle dans Radio Days.
Plus récemment, dans son sketch de New York Stories aussi.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Watkinssien
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Watkinssien »

cracoucas a écrit :Retour à Brooklynn et retour aux fondamentaux pour ce Whatever Works plus legers et plus aboutis que Vicky Cristina Barcelona.
J'adore Vicky Cristina Barcelona et le fait de lire qu'il "serait plus abouti" me donne encore en plus envie de le voir. (bon il m'en fallait pas beaucoup aussi)
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angel with dirty face
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par angel with dirty face »

AtCloseRange a écrit :Voilà qui me donne autrement plus envie que tous ses derniers films. Espoir!
+1.
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Miss Nobody
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Miss Nobody »

Très bonne critique dans le Télérama de cette semaine...
L'an dernier, on a cru reconnaître Woody Allen sous les traits d'une blonde, aspirante cinéaste, inapte à l'amour et au bonheur - dans Vicky Cristina Barcelona. Cet été, il est facile (trop, c'est sûrement un piège) de le deviner dans la peau de Boris, New-Yorkais misanthrope et péremptoire - le personnage central de Whatever works. A première vue, les deux films diffèrent nettement : l'un prolongeait la « période européenne » de Woody Allen, initiée avec Match Point. L'autre marque un retour à Manhattan et à un héros d'un âge avancé. Mais, profondément, ils sont presque jumeaux par leur genre, la comédie cent pour cent existentielle. Au programme, une seule petite question, non dénuée d'importance : comment vivre ?

Boris met en pratique une réponse radi cale : il a renoncé à tout espoir d'épanouissement (après avoir raté le prix Nobel de physique) ou d'amour (après avoir divorcé d'une femme parfaite). Il vit seul dans un appartement miteux, échange avec ses rares amis des considérations amères sur le genre humain et donne des cours d'échecs (d'échec ?) à des enfants qu'il méprise et insulte à la moindre occasion. Cette aigreur, ce désabusement éclaboussent jusqu'au spectateur, à qui Boris adresse­ directement une mise en garde quant à son humeur (noire), et partant, celle du film. Genre, circulez, y a rien d'amusant à voir, cette fois-ci.

Autrefois, quand Woody Allen nous interpellait, c'était pour mieux nous accrocher, voire nous embobiner - on se souvient de son numéro dans la file d'attente du cinéma, dans Annie Hall. Whatever works nous fait plutôt la gueule. Bien sûr, c'est une pose, une ruse, mais au bord de plomber l'ambiance pour de bon. C'est que l'interprète de Boris (Larry David, issu de la télé) n'est pas aussi immédiatement drôle que l'était Woody acteur. Et, dans la foulée, le premier rebondissement paraît forcé : une très jeune fugueuse, venue du Sud, Melodie (Evan Rachel Wood), démunie sur tous les plans (matériel, intellectuel...), convainc Boris de l'héberger une nuit et, peu à peu, s'incruste chez lui.

Il faut voir comment Woody Allen re monte ce courant dangereux : non en af finant le trait, mais en allant, au contraire, d'énormité en énormité, avec une jubi lation de plus en plus dévastatrice - et des répliques à l'avenant. Les ellipses tem porelles conduisent à une toute nouvelle donne entre les deux personnages prin cipaux ; arrivée à New York de la mère de Melodie, d'abord anéantie par ce qu'elle découvre, puis jouisseuse, gagneuse, comploteuse (irrésistible Patricia Clarkson) ; apparition du père de Melodie, pas au bout de ses surprises non plus, etc. Chacun cherche son moi. Le Grand-Guignol des passions et des choix de vie se dé chaîne. A moins qu'il ne s'agisse du jeu des chaises musicales.

Tout est réversible, les sentiments et les désirs comme les valeurs. Ce constat qui a souvent engendré de la mélancolie chez Woody Allen - entre autres dans Man hattan, auquel Whatever works fait écho trente ans plus tard - est devenu un ressort comique infaillible, et même une source de joie considérable. Il est plaisant, par exemple, de voir Melodie, fraîche, nunuche et bienveillante s'attacher à Boris, intello, cynique, intolérant. Mais il est encore plus piquant de la voir se détacher de lui à peu près pour les mêmes raisons. Tout aussi précaires, et donc savoureuses, sont les métamorphoses des autres, amenés à devenir le contraire de ce qu'ils étaient ou prônaient.

Whatever works : vivons n'importe quoi qui marche, qui rend heureux - serait-ce du n'importe quoi tout court aux yeux des autres. Telle est, en substance, la devise de ce film pour aujourd'hui, où n'agit plus aucun remède universel. C'est une devise pragmatique, qui a de quoi étonner chez un supposé intello comme Woody Allen - il aimait autrefois se peindre en idéaliste malmené par la vie. Et comme ce qui marche un moment ne marche pas toujours, c'est, aussi, un éloge vivifiant du mouvement, du provisoire, du hasard - attendez-vous à un formidable usage littéral de l'expression « tomber sur quelqu'un »...

On peut encore y voir un manifeste de cinéaste. Au début, Boris l'atrabilaire s'en prend aux « feel good movies », ces films hollywoodiens destinés à provoquer une euphorie un peu idiote chez leurs spectateurs du fait de leur fin heureuse. Or, bien sûr, Woody Allen signe, avec Whatever works, son feel good movie. Il met tout le monde dans sa poche - les vieux, les jeunes, les femmes, les gays - et ose le total happy end. Apparemment loin de tout rêve de grandeur (comme au temps où il se voulait Bergman). Le paradoxe est qu'il réussit, encore, une sorte de chef-d'oeuvre, à l'intérieur de ce genre dit mineur. Quand, à la toute fin, entre autodérision et forfanterie, est prononcé le mot « génie», il passe comme une lettre à la poste.

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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Beck »

Woody revient aux sources. Ca promet.
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Ben Castellano
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Ben Castellano »

Un film sympatoche, supérieur au précédent et qui a largement son minimum syndical de bonne sorties, mais qui n'apporte pas encore grand chose de vraiment stimulant dans cette dernière partie de filmo... si ce n'est un certain recul ironique sans doute lucide de la part du cinéaste sur le petit jeu de marionnettes un peu rigide qu'est devenu son cinéma avec le temps. Loutrance des situations et le procédé du parlé à la caméra permet une certaine aération quand ça devient trop démonstratif, avec une certaine dynamique stand-up... même si ça laisse finalement un petit gout d'artificialité: le dernier plan fait un peu facile. Il y a un certain plaisir à retrouver le Woody de Manhattan, même s'il faut s'adapter à son incarnation sous amphétamine sous les traits de Larry David, qui est à la frontière de l'épuisant. Harry Savides comme Zsigmond sont des beaux noms à la photo qui ne font pour autant pas des étincelles chez Woody...
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Flol
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Flol »

Ben Castellano a écrit :Il y a un certain plaisir à retrouver le Woody de Manhattan, même s'il faut s'adapter à son incarnation sous amphétamine sous les traits de Larry David, qui est à la frontière de l'épuisant
C'est-à-dire ? As-tu déjà vu Curb Your Enthusiasm ?
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Ben Castellano »

Je découvrais Larry David avec ce film. Là j'ai eu le sentiment de voir Woody en speedé c'est un peu épuisant parfois. Ceci dis beaucoup d'acteurs, Branagh ou Will Ferrel ou Johansson en féminin récemment font des dérivés du personnages d'Allen quand le cinéaste n'est pas à l'écran, donc sans doute que l'acteur sait aussi faire autre chose!
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Miss Nobody
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Miss Nobody »

En ce qui me concerne, tout juste sortie de la salle obscure, je suis tout à fait conquise. :)
C'est un film très frais et très drôle, nettement supérieurs à ses 3 précédents, nettement plus "allenien" dans son propos et sa construction d'ailleurs. L'éternelle crise existentielle de Woody Allen s'exprime une nouvelle fois dans ce film, dans une forme plus édulcorée peut être, plus optimiste peut être, mais tout autant joussive.
J'ai passé un excellent moment et la salle était très réceptive. Je n'en demandais pas plus.

J'écrirais peut être une critique un peu plus développée plus tard. En attendant, courez-y (dans des salles climatisées de préférence)!
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Boubakar
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Boubakar »

Miss Nobody a écrit :nettement supérieurs à ses 3 précédents
Ok, là, je suis convaincu ! :)
Ben Castellano
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Re: Whatever Works (Woody Allen - 2009)

Message par Ben Castellano »

Je trouve perso que "Melinda et Melinda" et "Scoop" sont supérieurs.
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