Welcome (Philippe Lioret - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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colossus
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par colossus »

J'ai trouvé que c'était une belle histoire, illustrée par de bons acteurs.

Je maugréais durant la découverte de la bande annonce lorsqu'arrivait le passage où était exposé la relation qui capote entre Lindon et son ex... je m'étais dit "ça y est, c'est vrai c'est un film français alors il fallait qu'ils nous case une relation amoureuse tumultueuse!".
Mais en réalité cette partie du film est bien incorporée, indispensable même, puisque c'est une analogie avec l'histoire du jeune clandestin, qui rejoint également l'une des principales thématiques du film.

En revanche la patte française (dans le sens négatif du terme cette fois) est bien là, et elle se charge pour ma part de tirer le film vers le bas: une direction de la photographie bien vilaine, et cette musique... Atterrante, vraiment, et pour le moins caricaturale.

En dehors de ça, je suis emballé.


ps: Je passerai sur quelques détails (ou précisément manque de détails) comme la manière dont le gosse a obtenu son slip de bain, et pourquoi il arrive d'une sq à l'autre d'un camp de clandestins à dans une piscine publique.
MrDeeds
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par MrDeeds »

Art Core a écrit :J'avais pas fait attention mais effectivement ce détail est totalement honteux.
J'ai déjà répondu à cette interpréation trompeuse de la scène dans un post précédent (la symbolique du nom, le faux problème du cimetière catholique pour un kurde, etc...) Si tu n'avais pas fait attention à ce "détail honteux", c'est parce que, dans le film, la scène n'est pas du tout telle que la décrit Megalomanu. J'ajoute qu'il s'agit d'un joli moment où la mise en scène est basée sur le regard que porte l'ex-femme sur Simon : ce basculement de point de vue permet de comprendre que Simon n'agit plus pour elle et permet aussi d'éviter un gros plan sur les larmes de Lindon qui aurait apporté du pathos.
Art Core a écrit :Après ça reste très gentillet et très prime-time que ce soit dans le traitement de son sujet social et dans sa facture de téléfilm France 3 Région. Très mauvais.
Excuse-moi mais c'est de la mauvaise foi, si les téléfilms de France 3 délivraient des scènes aussi haletantes que la traversée avortée de la douane dans le camion ou la poursuite du bateau de police anglais, je regarderais plus la télé et je crierais "vive la redevance" !!!!
Et au fait,qu'as-tu trouvé de "gentillet" dans ce film ???
colossus a écrit :une direction de la photographie bien vilaine
Moi, j'ai trouvé les scènes de nuit très belles. Et au moins, le film évite le cliché de l'image salie (due à un 16 mm gonflé) inhérent à ce genre de film...
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Art Core »

MrDeeds a écrit :J'ai déjà répondu à cette interpréation trompeuse de la scène dans un post précédent (la symbolique du nom, le faux problème du cimetière catholique pour un kurde, etc...) Si tu n'avais pas fait attention à ce "détail honteux", c'est parce que, dans le film, la scène n'est pas du tout telle que la décrit Megalomanu. J'ajoute qu'il s'agit d'un joli moment où la mise en scène est basée sur le regard que porte l'ex-femme sur Simon : ce basculement de point de vue permet de comprendre que Simon n'agit plus pour elle et permet aussi d'éviter un gros plan sur les larmes de Lindon qui aurait apporté du pathos.
Oui enfin bref, ça ne fait qu'une fois de plus reporter l'attention sur Simon le vrai personnage principal du film et faire abstraction de Bilal, l'immigré qui se fait enterrer sans famille, apatride et affublé d'un surnom ridicule (à la symbolique d'une lourdeur écoeurante).
MrDeeds a écrit :Excuse-moi mais c'est de la mauvaise foi, si les téléfilms de France 3 délivraient des scènes aussi haletantes que la traversée avortée de la douane dans le camion ou la poursuite du bateau de police anglais, je regarderais plus la télé et je crierais "vive la redevance" !!!!
Une des pires scène du film où par un manichéisme ridicule la police anglaise doit intervenir (sans aucune raison ni motivation) pour faire sombrer le pauvre nageur. Ca m'a paru pathétique de lourdeur (à l'image du film). D'ailleurs pendant que Bilal nage et risque sa vie, ce qui intéresse Lioret c'est Lindon qui refait l'amour dans la cuisine à la sauvage avec son ex... Ca montre bien à quel point le sort de son personnage est important pour lui et la hiérarchisation des événements fondamentaux de son film.
MrDeeds a écrit :Et au fait,qu'as-tu trouvé de "gentillet" dans ce film ???
C'est gentillet dans le sens où c'est parfaitement consensuel, que ce soit dans sa volonté d'exhaustivité sur son sujet que dans son traitement adouci par une couche de fiction bien inutile et embarrassante. Une fois de plus ce n'est pas un film sur les immigrés (ah si on apprend qu'on ne les laisse pas rentrer dans les supermarchés)

Enfin bref, je répète bien fort la désagréable sensation que m'a laissé le film à la fin de la projection et ce n'est pas tes tentatives un peu grossières de me montrer la lumière qui me feront changer d'avis. Il y a tellement mieux et plus intéréssant à voir au cinéma que ce machin que je vois pas trop ce que je pourrais rajouter.
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par MrDeeds »

Art Core a écrit : MrDeeds a écrit:
Excuse-moi mais c'est de la mauvaise foi, si les téléfilms de France 3 délivraient des scènes aussi haletantes que la traversée avortée de la douane dans le camion ou la poursuite du bateau de police anglais, je regarderais plus la télé et je crierais "vive la redevance" !!!!

Une des pires scène du film où par un manichéisme ridicule la police anglaise doit intervenir (sans aucune raison ni motivation) pour faire sombrer le pauvre nageur. Ca m'a paru pathétique de lourdeur (à l'image du film). D'ailleurs pendant que Bilal nage et risque sa vie, ce qui intéresse Lioret c'est Lindon qui refait l'amour dans la cuisine à la sauvage avec son ex...
:? Désolé de revenir à la charge... mais attention aux approximations
1) Dans cette scène, les flics ne cherchent pas à le faire sombrer mais à l'attrapper, sans doute pour le renvoyer dans son pays. Bilal le sait et c'est pour cela qu'il tente vainement de fuir : sa démarche est naïve et un peu folle (comme sa volonté de travaerser la Manche à la nage par amour). C'est son côté naïf qui rend le personnage attachant (il n'a que 17 ans). 2) La scène de sexe n'a pas lieu au moment où Bilal est poursuivi par les flics mais au moment où il a disparu.
Art Core a écrit :C'est gentillet dans le sens où c'est parfaitement consensuel
Je suis content que tu trouves le sujet consensuel, ça prouve que s'occuper des clandestins te paraît normal... Cependant, je t'assure que c'est loin d'être consensuel et l'actualité le prouve : des gens sont mis en garde à vue pour avoir aidé des clandestins, les associations telles que RESF ont du mal à mobiliser la population quand on veut expulser des enfants sans-papiers scolarisés en France, les remarques racistes sont fréquentes (ma femme étant étrangère, j'ai des dizaines d'exemples quotidiens à te fournir)... Et puis surtout, comme je le disais dans un post précédent, une majorité de la population a voté aux dernières élections, en connaissance de cause, pour un programme qui prévoyait le renvoi de 25000 sans papiers en un an (programme qui prolongeait l'action de Niciolas Sarkozy quand il était ministre de l'intérieur). Donc je soutiens que le consensus en France est plutôt du côté du rejet des sans-papiers. Par contre, il est possible que ce film fasse évoluer les mentalités et, pour ma part, je trouves ça positif.

Bon, après tu as le droit de ne pas aimer le film, de trouver sa mise en scène plate et il est clair que je n'arriverai pas à te convaincre du contraire. Par contre, je ne crois pas que le scénario soit simpliste. Tu sembles dire que le personnage de Bilal est trop secondaire alors que le personnage de Simon n'apparaît qu'au bout de 20 minutes. Et puis, comme le disait un modérateur plus haut, le sujet du film n'est pas les clandestins (pourtant plus visibles dans ce film que dans n'importe quel autre) mais clairement la dénonciation du fait que la solidarité (le fait d'aider un sans-papier) soit devenu un délit. Et ça, ce n'est pas rien.

Allez, juste pour enfoncer le clou, un petit lien :
http://www.educationsansfrontieres.org/
Je conseille aussi à tout le monde de lire la belle critique du film et l'interview de Lindon dans la revue Positif (la meilleure revue de ciné en France !!!!!!)
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Nestor Almendros a écrit :Je me mets, sans surprise, du côté des grands fans du film. "Sans surprise" parce que c'est finalement la troisième fois consécutive que je me fais cueillir par un film de Philippe Lioret, cinéaste qui me parle, donc, et que j'estime de plus en plus.
Je n'ai rien à rajouter à la critique de Nestor, car je suis complètement d'accord avec lui ; sur 6 films, Philippe Lioret réalise un sans-faute.
Vincent Lindon est tout simplement fabuleux, et
Spoiler (cliquez pour afficher)
sa scène où il pleure auprès de son ex-femme, avant de faire l'amour, est magnifique, et poignante à la fois
.
Une très grande réussite, pas si politique que ça, mais on a quand même le coeur serré en voyant ce jeune Irakien se battre ainsi pour rejoindre celle qu'il aime.
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Rupert Pupkin »

à propos de téléfilm sur le même sujet sorti il y a deux ans : mais en plus réaliste : "Maman est folle" avec Isabelle Carré...
vous l'aviez vu ce téléfilm ? (il est depuis sorti en DVD...) :

http://www.imdb.com/title/tt1101652/

j'avais beaucoup aimé; par rapport à Welcome, moins de romance, tout tourne autour du jour où le personnage d'Isabelle Carré découvre les nouveaux "arrivants" et se mêle aux bénévoles ("d'authentiques" bénévoles se font filmer dans le film (y compris je crois la "fameuse dame au portable" :| ...
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par MrDeeds »

Rupert Pupkin a écrit :à propos de téléfilm sur le même sujet sorti il y a deux ans : mais en plus réaliste : "Maman est folle" avec Isabelle Carré...
vous l'aviez vu ce téléfilm ? (il est depuis sorti en DVD...) :
Ce téléfilm était très bien. Il s'agissait d'une 'adaptation d'un roman d'Olivier Adam (A l'abri de rien) par J-P Ameris. Olivier Adam connaît bien le sujet et a d'aillleurs participé au scénario de Welcome.
De plus, le précédent film de Philippe Lioret, Je vais bien, ne t'en fais pas, aussi poignant que welcome,était également une adaptation d'un roman d'Olivier Adam.
Je n'ai jamais lu ces romans mais j'aimerais connaître. Apparemment, son dernier livre marche très bien. Quelqu'un a-t-il lu ces bouquins ?
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Boubakar »

MrDeeds a écrit :Je n'ai jamais lu ces romans mais j'aimerais connaître. Apparemment, son dernier livre marche très bien. Quelqu'un a-t-il lu ces bouquins ?
J'avais lu Je vais bien, ne t'en fais pas, un livre assez court, mais bien poignant.
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par MrDeeds »

Je signale une passionante interview de Philippe Lioret dans l'émission Projection Privée de Michel Ciment de samedi dernier. Le réalisateur parle un peu de politique mais beaucoup de cinéma, de sa méthode et de son souci constant d'être à la fois sincère et romanesque. Avec ses entretiens de 45 minutes qui permettent aux cinéastes de préciser leur univers, cette émission est indispensable. A podcaster ou à écouter en ligne à partir du lien suivant :
http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... sion_id=37
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par spideroman59 »

Grosse déception pour moi...

J'avais entendu un critique dire que c'était à la fois un film social, militant, et aussi du vrai cinéma, et je n'ai trouvé aucun de ces aspects.
Au niveau de l'image on assiste à un spectacle plat, sans mouvement, sans respiration qui ne soit pas conséquente de l'écriture du film, je me suis posé la question du format, j'avais parfois l'impression que, comme son image était large, Lioret ne savait pas trop quoi faire de la moitié du cadre. Pas mal de gros plans, plans rapprochés, avec peu de profondeur de champ, une caméra sage, qui parfois a des gestes étranges ( pour un plan de Lindon qui sort des toilettes, d'un restaurant je crois, et qui va au lavabo, la caméra est mise en hauteur, et on voit juste le dos et les jambes de Lindon / La caméra qui, au début du plan sur le camion qui transporte les clandestins, a un petit mouvement de recadrage). Dès les premières minutes je me mettais à penser que quand on voyait le personnage de face on devrait le voir de côté, et que quand on le voyait de côté on aurait dû le voir de face.

Le côté social m'a semblé raté parce qu'il n'y a justement pas de réflexion dans la manière de montrer Calais et les clandestins, pas de place un peu différente pour le spectateur ou le réalisateur, encore une fois j'ai eu l'impression que les sentiments étaient placés là non pas grâce au sujet, mais malgré le sujet, pour suivre la structure d'un récit pré-établi (ce qui n'est pas forcément dérangeant, mais ce qui peut l'être pour un film "social").
Au niveau des personnages, ces personnages "en marge", dès le départ, ou qui le deviennent, vont être abordés sous l'angle le moins intéressant, c'est à dire qu'on va apprendre que leur motivation est l'amour, retrouver l'amour... On se doute qu'il n'y a pas que ça, et il n'y a aucun mal à vouloir retrouver l'amour, mais c'est une préoccupation que je n'aurais pas cru pouvoir être centrale étant donné le sujet. Ou alors abordée d'une autre manière. De la manière du film, la préoccupation, loin de magnifier les personnages, les rend plutôt plaintifs (voire les plans de la petite amis de Bilal qui ne fait plus que pleurer au téléphone ou ailleurs à la fin, et d'ailleurs elle a raison de pleurer, mais dans quel film?).
Les audaces que le film se permet sont au niveaux des sentiments négatifs, la police, le voisin, aussi le spectacle télévisuel, mais ces audaces sont confortables, gagnées d'avance puisqu'elles emportent l'adhésion du spectateur et ne sont l'objet d'aucune mise en perspective dans la forme du film, elles font partie du monde organisé. Alors il y a dans la réalité des personnages comme ça, des policiers zélés et peu enclin à la compassion, des citoyens surtout préoccupés par leur tranquillité, mais quel est l'intérêt de les faire apparaître dans un film de cette manière ?

On ne peut pas remettre en cause l'engagement et la sincérité de Lioret, mais, au final, j'aurais assisté à un film moyen qui avait le tort d'aborder un sujet peu représenté de manière trop balisée, et on sait que les balises aident à se repérer quand on veut traverser la mer. J'avais apprécié les précédents Lioret, mais j'ai trouvé celui-ci trop maladroit. Ce n'est pas un film de libération de parole ou d'esprit, on pourrait dire que je suis rentré dans la salle en homme, et que je suis ressorti en spectateur.
Peut-être plus qu'aux personnes elles-mêmes c'était à leur indocilité, à leur capacité à s'extirper de ce avec quoi on les confond, de ce qu'on voudrait qu'elles soient, qu'il fallait faire confiance.
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Boubakar
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Boubakar »

MrDeeds a écrit :Je signale une passionante interview de Philippe Lioret dans l'émission Projection Privée de Michel Ciment de samedi dernier. Le réalisateur parle un peu de politique mais beaucoup de cinéma, de sa méthode et de son souci constant d'être à la fois sincère et romanesque. Avec ses entretiens de 45 minutes qui permettent aux cinéastes de préciser leur univers, cette émission est indispensable. A podcaster ou à écouter en ligne à partir du lien suivant :
Ayant raté ce podcast, est-ce tu l'aurais enregistré ? :(
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par MrDeeds »

Boubakar a écrit :
MrDeeds a écrit :Je signale une passionante interview de Philippe Lioret dans l'émission Projection Privée de Michel Ciment de samedi dernier. Le réalisateur parle un peu de politique mais beaucoup de cinéma, de sa méthode et de son souci constant d'être à la fois sincère et romanesque. Avec ses entretiens de 45 minutes qui permettent aux cinéastes de préciser leur univers, cette émission est indispensable. A podcaster ou à écouter en ligne à partir du lien suivant :
Ayant raté ce podcast, est-ce tu l'aurais enregistré ? :(
Oui, je suis abonné au podcast de cette émission. J'en ai gardé quelques-unes très intéressantes. Transmets moi ton adresse mail en message privé et je te passerai les MP3.
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Alligator »

La présentation médiatico-politique du film a éveillé mon attention. Le peu que j'ai entendu faisait croître en moi le sentiment que c'était un film important. Je n'avais aucun souvenir précis du seul film que j'avais vu de Lioret, Tombés du ciel. Sans doute était-ce dû au peu de plaisir qu'il m'avait procuré.
Passé le dérangement d'avant séance au Diagonal de Montpellier avec un long discours sur le film et son auteur, un peu spoileur sur les bords, et surtout très didactique et consensuel, discours délivré par un type du ciné-club local. Il n'y a rien de pire que d'entendre quelqu'un me dire ce que je dois voir et comprendre d'un film avant de l'avoir vu. Je ne lis les critiques qu'après avoir vu le film. Sans ça, je perds en fraicheur. Vive la juvénilité du regard et des sentiments devant un film! Bref, manque de bol on avait choisi la mauvaise séance, celle du ciné-club avec débat post-projection. Re-bref, passé ce sale moment, le film a enfin commencé. Et j'ai embarqué, si l'on puit dire en la circonstance. Et je n'ai pas vraiment décroché, si ce n'est sur la toute fin, le dernier quart d'heure qui ne me parait pas indispensable. Les plans de la mer agitée près des côtes anglaises auraient fait une belle fin. Sèche, brutale, mais plus forte je crois. Eloquente. Pas la peine d'en rajouter.

J'ai trouvé le propos du film, effectivement, frontal, politiquement et moralement mais dans un style pûr et d'une simplicité qui rend les interrogations auxquelles on ne manque pas de se livrer d'une puissance dévastatrice.
Certes, l'histoire use de l'artifice romantique pour faire jaillir l'émotion, d'où ensuite est tirée une réflexion plus générale. Cependant, ce parti pris n'est en rien incroyable, improbable. D'ailleurs, l'histoire d'amour décrite n'est au fond qu'un des éléments qui forgent la motivation du jeune clandestin pour traverser la Manche. Les derniers plans ne sont-ils pas dédiés à Manchester United, au football des riches, à l'eldorado moderne que représente la Premier League? Finalement, je trouve que le scénario fait très bien passer son caractère fictionnel pour dégager des questionnements majeurs, qui n'ont, eux, rien d'artificiel. Car tout le film pose la question de l'infecte criminalisation des sans papiers et des gens qui les hébergent ou leur viennent en aide quelconque. On atteint là dans notre société actuelle des degrés d'une insupportabilité qu'on ne pensait plus possible. Hé bien, si, on peut. Je n'irais pas jusqu'à comparer l'incomparable. Le discours qui ramène notre présent au passé vichiste confine à l'anachronisme tout aussi imbécile qu'immoral. Par contre rien n'empêche de souligner que le zèle des autorités administratives et politiques à entériner l'absurde est d'ores et déjà insupportable. On atteint des sommets d'abjection. C'est une réalité, des plus scandaleuses qui plus est. Par son degré de violence et d'acuité, cette réalité motive et justifie à elle seule l'objet fictionnel qui n'est là que pour rendre encore plus palpable l'interrogation citoyenne et individuelle sur un problème politique, collectif et éthique.

De même la présence au casting d'un comédien populaire comme Vincent Lindon participe à l'entreprise de vulgarisation de cette question du contrôle policier de l'immigration poussé dans ses outrances jusqu'au cynisme. C'est sans aucun doute une bonne idée qu'a eu là Lioret, confirmée par la qualité de prestation. Lindon remplit parfaitement son rôle, avec beaucoup de justesse et de tendresse. Il ne laisse jamais son personnage emporté par les vagues d'émotion, restant bien souvent en retrait dans son expression, tout en retenue et pudeur et comme ébahi par l'absurdité de la situation, l'inhumanité, la démission de l'humain, l'extraordinaire quotidien auquel il prend part. J'ai vraiment beaucoup aimé sa performance, en douceur, en petites touches intelligentes. Je ne sais trop à qui, de l'acteur ou du metteur en scène, l'on doit cette lente évolution du personnage, cette gradation, cette progression dans l'implication du personnage face au sort du jeune kurde, mais également face à la contradiction révoltante entre le bon sens humain et l'application d'une loi ignoble. Peu importe, c'est un travail créatif remarquablement réalisé. Bravo.

http://alligatographe.blogspot.com/2009/04/welcome.html
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par Le prisonnier »

Quand on voit dans ce film, et c'est montré avec une précision toute documentaire, l'envergure des moyens déployés pour faire la chasse aux migrants, quand on imagine le coût pour le contribuable, on en vient a espérer que nos démocraties policières prennent exemple sur THX 1138 et que le prix de la liberté soit pris au premier degré...
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Re: Welcome (Philippe Lioret, 2009)

Message par AtCloseRange »

Très très étrange mais l'outil de recherche du site ne trouve rien sur Welcome...
Sans doute encore un coup de Sarkozy... mais je m'égare.

J'ai vraiment renaclé à voir ce film. A cause de la polémique, à cause de son sujet propice à tous les débordements démagos.
Finalement, je me suis décidé (Lioret a quelques belles réussites à son actif et puis Lindon est un bon acteur).
La première demie-heure qui se concentre sur la tentative de passage en Angleterre du jeune Irakien est vraiment ce qu'il y a de mieux. Parce que c'est du cinéma justement alors que la suite est beaucoup plus prévisible, bornée, suivant les lignes d'un scénario écrit à l'avance avec les mêmes personnages attendus.
Et toujours cette volonté de charger la barque (le voisin homophobe, la présentation des divers policiers, le trauma du sac sur la tête, les surveillants du magasin).
Pas un mauvais film, trop de petites facilités disséminées ici ou là sans assez d'ambiguïté (on ne sent pas assez à mon goût que la "transformation" de Lindon pourrait être en grande partie égoïste dans le seul but de reconquérir sa femme).
Sur un sujet proche, "The Visitor" a le grand mérite de faire davantage confiance au cinéma ce qui permet d'accepter plus facilement certaines conventions ou l'aspect légèrement "idéalisé". Finalement, l'émotion m'y semble moins frelatée en évitant un discours caricatural.

Je préférais Lioret quand il faisait "Tombé du Ciel" qui avec une thématique proche restait suffisamment du côté du conte, de la fable absurde pouir faire passer la pilule.
Trop de volontarisme politique et de démonstration tue le cinéma...
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