Rien à ajouter, mais je souscris à chaque phrase.Kevin95 a écrit :MYSTIC RIVER - Clint Eastwood (2003) révision
Sans conteste le film le plus noir et le plus glauque de Clint Eastwood. Les amateurs applaudissent la fidélité à Dennis Lehane, j'admire quant à moi la capacité du réalisateur à se coltiner un sujet casse-gueule tout en le ramenant à une mélancolie qui lui est propre, à travailler une odeur de mort (ou plus précisément de deuil) qui va imprégner toute sa filmo depuis ce film jusqu'à aujourd'hui et de ne pas avoir peur de convoquer les larmes, de grosses mais de nobles larmes. Pépère sortait pourtant de deux films légers (Space Cowboys et Blood Work) accueillis froidement, avant de pondre ce Mystic River déchirant et évident comme si rien n'était. La réception à Cannes fut frigorifique (hein ?), celle de la sortie salles pas mieux lotie (comment ?), pourtant le film est là, complexe et bouleversant. Les trois acteurs principaux sont au panthéon, jamais ils n'ont livré une performance aussi forte dont un Sean Penn qui balaie tout sur son passage, d'abord touchant puis franchement effrayant. Le défilé final est un gros moment de malaise, tout ce beau monde s'embrasse comme du bon pain en dansant sur une terre infestée de morts. Clint rit encore de ce bonheur publicitaire et pleure le sang qui ne s’efface pas de la semelle des personnages. Fort.
Clint Eastwood
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Re: Clint Eastwood
Pas revu depuis un certain temps. ça reste de le haut du panier des Eastwood récents mais comme trop souvent, le côté pathétique, crépusculaire forcé marche moyennement pour moi et certains acteurs surjouent (Penn, Robbins).Max Schreck a écrit :Rien à ajouter, mais je souscris à chaque phrase.Kevin95 a écrit :MYSTIC RIVER - Clint Eastwood (2003) révision
Sans conteste le film le plus noir et le plus glauque de Clint Eastwood. Les amateurs applaudissent la fidélité à Dennis Lehane, j'admire quant à moi la capacité du réalisateur à se coltiner un sujet casse-gueule tout en le ramenant à une mélancolie qui lui est propre, à travailler une odeur de mort (ou plus précisément de deuil) qui va imprégner toute sa filmo depuis ce film jusqu'à aujourd'hui et de ne pas avoir peur de convoquer les larmes, de grosses mais de nobles larmes. Pépère sortait pourtant de deux films légers (Space Cowboys et Blood Work) accueillis froidement, avant de pondre ce Mystic River déchirant et évident comme si rien n'était. La réception à Cannes fut frigorifique (hein ?), celle de la sortie salles pas mieux lotie (comment ?), pourtant le film est là, complexe et bouleversant. Les trois acteurs principaux sont au panthéon, jamais ils n'ont livré une performance aussi forte dont un Sean Penn qui balaie tout sur son passage, d'abord touchant puis franchement effrayant. Le défilé final est un gros moment de malaise, tout ce beau monde s'embrasse comme du bon pain en dansant sur une terre infestée de morts. Clint rit encore de ce bonheur publicitaire et pleure le sang qui ne s’efface pas de la semelle des personnages. Fort.
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Re: Clint Eastwood
Tim Robbins est à la limite du too much (cf. la scène des "vampires") mais la sobriété de la mise en scène donne plus l'impression d'un homme/personnage malade que d'un comédien cabotin.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Clint Eastwood
AtCloseRange a écrit :Pas revu depuis un certain temps. ça reste de le haut du panier des Eastwood récents mais comme trop souvent, le côté pathétique, crépusculaire forcé marche moyennement pour moi et certains acteurs surjouent (Penn, Robbins).Max Schreck a écrit : Rien à ajouter, mais je souscris à chaque phrase.
C'est un peu ça. Les performances sont à l'image d'un film qui opte pour l'hyper expressivité, le lyrisme et l'effusion. Ça marche très bien dans Million Dollar Baby, sans doute parce que c'est un mélo, beaucoup moins ici, dans le tragique.
Le traitement très appuyé est inhabituel pour Eastwood -réalisateur connu pour ses films en demi-teinte et où le drame se jouait presque en sourdine, à côté des personnages, faisant, soudainement,irruption comme pour précipiter les enjeux flottants des films. Mystic River marque clairement un tournant dans la carrière du réalisateur. En un sens, ce côté "excessif" dans le traitement lui donne l'allure de film muet, presque expressionniste ( la photo en clair-obscur va dans ce sens). Vraiment pas étonnant que l'esthétique du film convoque l'expressionnisme allemand et dialogue avec le conte ou bien encore travaille le thème du vampirisme, de la contagion. A bien des égards, Mystic River ressemble à un film d'horreur avec l'omniprésence de la mort, de la malédiction qui s'abat sur l'enfance de ces trois amis..Une idée sur laquelle le film surenchérit allant jusqu'à tomber dans une sorte de décorum crépusculaire, avec ces personnages "maudits" jouent une partition tragique déjà écrite...Ce ronron du fatum, du déterminisme social, confisque au film toute sa poésie, mécanise les personnages, les catégorisent. Le film devient plus démonstratif, moins subtil - une caractéristique du Eastwood tardif. L'aspect flottant des Eastwood du début a bel et bien disparu. La chronique, l'errance, les récits plus dissolu ont fait place à des récits plus significatifs, subordonnant les personnages à des fonctions et soumettant l'histoire à une efficacité narrative. En un mot, ce que le cinéma d'Eastwood a gagné en force de persuasion, il l'a perdu en toucher, poésie et naturel.
Le traitement très appuyé est inhabituel pour Eastwood -réalisateur connu pour ses films en demi-teinte et où le drame se jouait presque en sourdine, à côté des personnages, faisant, soudainement,irruption comme pour précipiter les enjeux flottants des films. Mystic River marque clairement un tournant dans la carrière du réalisateur. En un sens, ce côté "excessif" dans le traitement lui donne l'allure de film muet, presque expressionniste ( la photo en clair-obscur va dans ce sens). Vraiment pas étonnant que l'esthétique du film convoque l'expressionnisme allemand et dialogue avec le conte ou bien encore travaille le thème du vampirisme, de la contagion. A bien des égards, Mystic River ressemble à un film d'horreur avec l'omniprésence de la mort, de la malédiction qui s'abat sur l'enfance de ces trois amis..Une idée sur laquelle le film surenchérit allant jusqu'à tomber dans une sorte de décorum crépusculaire, avec ces personnages "maudits" jouent une partition tragique déjà écrite...Ce ronron du fatum, du déterminisme social, confisque au film toute sa poésie, mécanise les personnages, les catégorisent. Le film devient plus démonstratif, moins subtil - une caractéristique du Eastwood tardif. L'aspect flottant des Eastwood du début a bel et bien disparu. La chronique, l'errance, les récits plus dissolu ont fait place à des récits plus significatifs, subordonnant les personnages à des fonctions et soumettant l'histoire à une efficacité narrative. En un mot, ce que le cinéma d'Eastwood a gagné en force de persuasion, il l'a perdu en toucher, poésie et naturel.
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Re: Clint Eastwood
Depuis le 30 septembre, six nouvelles chroniques sont disponibles.Mère-Grand a écrit :Trois nouvelles chroniques des films d'Eastwood : L’ÉVADÉ D'ALCATRAZ, BRONCO BILLY et CA VA COGNER.
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Re: Clint Eastwood
Pour en avoir revu quelques-uns je trouve justement que c'est une constante d'Eastwood de surligner l'émotion...G.T.O a écrit : Le traitement très appuyé est inhabituel pour Eastwood -
Après ça n'en fait pas toujours de mauvais films et il y a toujours quelque chose d'appréciable et de posé dans la mise en scène (moins rigoureuse dans ses dernier films certes)
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Re: Clint Eastwood
Jack Griffin a écrit :Pour en avoir revu quelques-uns je trouve justement que c'est une constante d'Eastwood de surligner l'émotion...G.T.O a écrit : Le traitement très appuyé est inhabituel pour Eastwood -
Après ça n'en fait pas toujours de mauvais films et il y a toujours quelque chose d'appréciable et de posé dans la mise en scène (moins rigoureuse dans ses dernier films certes)
Ah je ne trouve pas du tout. Lorsque je compare le traitement de l'émotion et surtout la façon de la susciter d'un Breezy, Honkytonk man, Bronco Billy voire d'un Un monde parfait, y a vraiment une grosse différence. Il n y a pas de grandes orgues, de caméra au ciel...Le lyrisme d'Eastwood était, au-delà des exigences du genre, plus intériorisé. L'émotion arrivait presque accidentellement. Avec le temps, les films d'Eastwood sont devenus beaucoup plus démonstratifs. L'impressionnisme a fait place à un traitement moins subtil. C'est une évolution. Et bien qu'elle ne préjuge pas de la qualité du film, je ne peux m'empêcher de regretter le temps où Eastwood arrivait à m'émouvoir avec trois fois rien. Maintenant, j'ai l'impression qu'il sort systématiquement l'artillerie lourde.
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Re: Clint Eastwood
Assez d'accord avec tout ça. Personnellement, le Eastwood que je préfère, je l'avoue, est le Eastwood médian, le menuisier, le raboteur, l'artisan fier de son ouvrage et du travail bien fait : celui de Pale Rider, d' Absolute Power, de True Crimes, de Gran Torino, d'Invictus, de Chasseur blanc, Cœur noir (liste non exhaustive) dont le chef d'œuvre, sous cet angle, pourrait bien être Sur la route de Madison. Voilà des films que je peux revoir lové dans le même plaisir douillet de celui qui visite un atelier aux effluves exquises. C'est comme ça. Je traine plus la patte devant les œuvres solennelles, graves, lourdes de sens (pas toutes, j'aimais Mystic River ou le dyptique sur Okinawa) dont le parangon serait pour moi L'Echange (que je me suis promis de revoir).G.T.O a écrit :Ah je ne trouve pas du tout. Lorsque je compare le traitement de l'émotion et surtout la façon de la susciter d'un Breezy, Honkytonk man, Bronco Billy voire d'un Un monde parfait, y a vraiment une grosse différence. Il n y a pas de grandes orgues, de caméra au ciel...Le lyrisme d'Eastwood était, au-delà des exigences du genre, plus intériorisé. L'émotion arrivait presque accidentellement. Avec le temps, les films d'Eastwood sont devenus beaucoup plus démonstratifs. L'impressionnisme a fait place à un traitement moins subtil. C'est une évolution. Et bien qu'elle ne préjuge pas de la qualité du film, je ne peux m'empêcher de regretter le temps où Eastwood arrivait à m'émouvoir avec trois fois rien. Maintenant, j'ai l'impression qu'il sort systématiquement l'artillerie lourde.
Sully, dont je n'attends rien, aurait tendance à m'attirer.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Clint Eastwood
Pour le coup celui-là, il y a va plutôt franco dans le registre de l'émotion poussée au max. Pas au point de la dernière partie de Million Dollar Baby ou tout Hereafter, mais quand même...on est loin de la subtilité et de la délicatesse provoquées par Sur la route de Madison ou Un Monde parfait.Alexandre Angel a écrit :Invictus
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Re: Clint Eastwood
Invictus reste un divertissement, un feel good movie. Mais tu as raison, rien n'est simple avec Clint.Ratatouille a écrit :Pour le coup celui-là, il y a va plutôt franco dans le registre de l'émotion poussée au max. Pas au point de la dernière partie de Million Dollar Baby ou tout Hereafter, mais quand même...on est loin de la subtilité et de la délicatesse provoquées par Sur la route de Madison ou Un Monde parfait.Alexandre Angel a écrit :Invictus
Ce que je voulais dire, si je devais synthétiser, c'est que j'aime sentir chez Clint Eastwood son côté artisan. Ce côté-là, je le perds avec L'Echange, notamment, mais c'est minoritaire et sous réserves de révision.
Par contre, et c'est là que je rejoins GTO, ce qui m'a toujours gonflé chez Eastwood est cette propension au démonstratif, à l'enfoncement de clous, voire à la manipulation (y compris dans Madison avec les enfants de Meryl Streep), à peu près à partir de Bird, même si ce dernier n'a rien à y voir.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Clint Eastwood
Peut être mais je n'arrive pas à trouver d'exemples.G.T.O a écrit : Il n y a pas de grandes orgues, de caméra au ciel...Le lyrisme d'Eastwood était, au-delà des exigences du genre, plus intériorisé. L'émotion arrivait presque accidentellement.
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Re: Clint Eastwood
Breezy: une silhouette qui enlace dans la pénombreJack Griffin a écrit :Peut être mais je n'arrive pas à trouver d'exemples.G.T.O a écrit : Il n y a pas de grandes orgues, de caméra au ciel...Le lyrisme d'Eastwood était, au-delà des exigences du genre, plus intériorisé. L'émotion arrivait presque accidentellement.
Honkytonk man : une quinte de toux lors d un enregistrement
Sur la route de Madison: un homme qui s est endormi en attendant son amante retenue au rez de chaussée
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Re:
Pas mal en effet ce Eastwood, le personnage le rythme et la musique sont typiques de son réal...euh producteurJeremy Fox a écrit :L'un de mes Eastwood préférésratatouille a écrit :Tightrope de Clint East....ahem Richard Tuggle, pardon !
Une oeuvre sombre, assez glauque par moments, portée par un Clint ambigüe et borderline.
Seul le dénouement, un peu trop classique à mon goût, m'a réellement déçu. Mais à part ça, un bon thriller que voilà.
Quelques détours par le fantastique le baroque bienvenus (la scène de l'entrepôt, le carnaval, les masques, le final), comme dans "sudden impact", "l'homme des hautes plaines". Un duo inattendu avec Geneviève Bujold qui fonctionne, de même que les scènes familiales avec les gamines et clébards. Un joli portrait de loner qui évite cependant de verser dans le polar musclé façon "Dirty Harry". Dommage pour le rythme un peu mou parfois et une dernière partie un peu prévisible et quelque peu frustrante...
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Re: Clint Eastwood
Il serait sympa, chic, sport et urbain de ne pas oublier cette réussite du Père Clint. En 2003, dans le cadre de la série musicale produite par Scorsese qui en réalise un opus en plus de Marc Levin, Charles Burnett, Mike Figgis, Richard Pearce et Wim Wenders, Clint Eastwood participe à l'entreprise (un tantinet trop world à mon goût) en y posant sa contribution, que je trouve être la meilleure de la collection. Pourtant, rien de bien neuf sous le soleil des docus musicaux : les archives se succèdent et les personnalités défilent pour y aller de leurs anecdotes. Mais, s'attelant à un panorama-hommage à la musique noire pianistique, l'homme sans nom, tel qu'on ne le verra jamais aussi plaisamment disponible, introduit son affaire avec Ray Charles, et la clôt avec le même, pour nous offrir rien moins, en 1h29, que son Voyage à travers le Piano américain (tel que l'ont pratiqué de fabuleux artistes noirs et quelques blancs au cours des décennies les plus cruciales de la musique populaire moderne). Si la construction, le "scénario" même, de l'opus sont, je le suggérais plus haut, prévisibles et si Eastwood prend le risque d'énerver les puristes en faisant de peu discrètes infidélités au blues contenu dans Piano Blues pour parler aussi beaucoup de jazz, on ne manque pas de se dire que tout cela participe de la même engeance et que le bleu de blues se retrouve aussi dans "blue note".
Mais il y a plus satisfaisant encore : Clint Eastwood réalise là un film qui porte bien sa marque , tel l'étendard omniscient et pourtant discret, signataire mais modeste de l'amateur passionné et amoureux de cette forme d'expression musicale. Impossible, donc, de laisser la forme du documentaire exprimer un quelconque style eastwoodien mais il ne s'agit pas non plus d'interdire que la copie soit irriguée, des pieds à la tête, par la sensibilité vibrante du réalisateur. Piano Blues opte pour un parti-pris qui fait fi de toute espèce de coquetterie, qui esquive le pathos, oblitère toute récupération façon "united colors" : il fonce, nous montre du piano, encore du piano, rien que du piano. Que les archives se bousculent ou que des intervenants prestigieux improvisent sous l'œil respectueux de Clint, ça ne débande pas, ça pianote tout le temps. Ça pianote tellement, que du boogie woogie au stride, du blues méditatif aux syncopes de la Nouvelle-Orléans, ce sont nos doigts, au bout du compte, qui finissent mentalement par danser sur des claviers surchauffés, lors d'une jam finale, véritable parade glissante qui entremêle archives (Dorothy Donegan, Otis Spann, Oscar Peterson, Fats Domino ou Professor Longhair) et prises "en direct" (Dave Brubeck, Dr John, Jay Mc Shann et Marcia Ball aux pieds tarantiniens) avant de laisser Ray Charles conclure d'une manière un peu plus attendue.
Un cahier des charges, donc, honoré (le frustration n'y a pas sa place) et, du coup, un beau Eastwood, pour ce qu'il laisse sourdre de ce que le cinéaste a en lui de l'esthète et du poète secret.
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Re: Clint Eastwood
La Corde raide chroniqué par Jean Gavril Sluka et testé par Stéphane Beauchet.