Clint Eastwood

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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odelay
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Re: Clint Eastwood

Message par odelay »

Au contraire, ça va lui donner une aura qu'il ne mérite pas.
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la_vie_en_blueray
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Re: Clint Eastwood

Message par la_vie_en_blueray »

Oui, le film maudit.
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tenia
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Re: Clint Eastwood

Message par tenia »

Patrick Braoudé joue François Hollande.
Il faut que je voie ce film.
Duke Red
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Re: Clint Eastwood

Message par Duke Red »

Ne vous emballez pas, mon cher Tenia, on ne voit Braoudé que de dos, Eastwood utilisant le réel discours de François Hollande pour la séquence à l'Elysée (les raccords entre le comédien et notre Flamby sont d'ailleurs hyper voyants).

Bon alors, ce 15h17 pour Paris, ça vaut quoi ? Ce n'est certainement pas bon, mais je n'arrive pas à qualifier ça de nul ou juste mauvais. Pour qu'il ait cet "honneur", il faudrait déjà que le film ait pu laisser une empreinte - or c'est là le pire qu'il puisse arriver à une oeuvre : le film se regarde, on ne s'ennuie même pas à vrai dire, mais il ne provoque absolument aucune réaction chez le spectateur. Une fois sorti de la salle, il est déjà sorti de la mémoire. Le 15h17 pour Paris est un film pour rien, totalement dénué de point de vue sur l'événement-clé qui est la source du projet, et incapable de nous faire entrer dans la tête des 3 héros, qui paraissent dépourvus de toute vie intérieure ou personnalité. Spencer Stone est un poil plus consistant, ne serait-ce parce qu'il est le plus mis en avant, et se tire relativement bien de l'exercice consistant à se jouer soi-même (Anthony Sadler étant le moins convaincant du groupe). Il faut dire que le trio n'est pas aidé par des dialogues qui réussissent le tour de force d'être à la fois d'une banalité affligeante et surécrits. À ce niveau, on dirait presque un court-métrage amateur. On a l'impression que la scénariste n'a jamais entendu des potes parler entre eux et se sent obligée de ponctuer la moindre séquence par des échanges insignifiants sur le mode de "Il fait chaud aujourd'hui - Oui mais c'est sympa - Je boirais bien une bière - Quelle vue - Oui c'est très beau..."

Exceptée l'attaque du Thalys, la dernière partie est assez magique dans son non-enjeu total : on suit nos trois gus sillonnant une Europe de carte postale, découvrant la dolce vita italienne (le Colisée, la fontaine de Trevi, les canaux vénitiens, les gelati, aucun cliché ne nous sera épargné), s'encanaillant en Allemagne (ah, Berlin et sa vie nocturne débridée), avant un dernier arrêt à Amsterdam et ce fameux train pour Paris (la scénariste essaie même de bâtir un pseudo-suspens, les trois amis hésitant à de nombreuses reprises à se rendre dans notre capitale car ils n'en ont pas eu de bons échos).

J'ai toujours trouvé que le propos d'Eastwood, souvent catalogué "réac", était bien plus nuancé que cette appellation infamante. Mais là, j'avoue qu'entre certaines bondieuseries, sa vision cliché de l'Europe et ses habitants, et son dénigrement du système éducatif (composé entièrement de connards et/ou profs démissionnaires), j'ai un peu plus de mal à le défendre...

Un film inutile et bâclé qui, je l'espère, ne sera pas le dernier du grand Clint.
Dernière modification par Duke Red le 14 févr. 18, 18:08, modifié 1 fois.
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la_vie_en_blueray
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Re: Clint Eastwood

Message par la_vie_en_blueray »

mouais.

j'ai l'impression que le but c'est de montrer qu'on peut creer des heros a partir du vide.
Duke Red
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Re: Clint Eastwood

Message par Duke Red »

Au final, on ne peut vraiment pas dire que le film fasse honneur à Stone, Sadler et Skarlatos.
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Carlito Brigante
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Re: Clint Eastwood

Message par Carlito Brigante »

Duke Red a écrit :Au final, on ne peut vraiment pas dire que le film fasse honneur à Stone, Sadler et Skarlatos.
Yep. je recommande d'ailleurs ce très beau papier de Yal Sadat qui revient là-dessus (entre autres) : https://carbone.ink/chroniques/le-15h17-pour-paris
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cinephage
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Re: Clint Eastwood

Message par cinephage »

Carlito Brigante a écrit :
Duke Red a écrit :Au final, on ne peut vraiment pas dire que le film fasse honneur à Stone, Sadler et Skarlatos.
Yep. je recommande d'ailleurs ce très beau papier de Yal Sadat qui revient là-dessus (entre autres) : https://carbone.ink/chroniques/le-15h17-pour-paris
Merci pour le lien, c'est un texte tout à fait éclairant, je trouve.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Alexandre Angel
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Re: Clint Eastwood

Message par Alexandre Angel »

cinephage a écrit :
Carlito Brigante a écrit : Yep. je recommande d'ailleurs ce très beau papier de Yal Sadat qui revient là-dessus (entre autres) : https://carbone.ink/chroniques/le-15h17-pour-paris
Merci pour le lien, c'est un texte tout à fait éclairant, je trouve.
....qui résonne, je trouve, avec cet autre papier.
https://www.nouvelobs.com/cinema/201802 ... twood.html
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Clint Eastwood

Message par Duke Red »

Carlito Brigante a écrit :
Duke Red a écrit :Au final, on ne peut vraiment pas dire que le film fasse honneur à Stone, Sadler et Skarlatos.
Yep. je recommande d'ailleurs ce très beau papier de Yal Sadat qui revient là-dessus (entre autres) : https://carbone.ink/chroniques/le-15h17-pour-paris
J'aime bien ce passage dans le texte de Yal Sadat :
On se demande encore comment l’on a pu voir ici le portrait d’Américains exemplaires, quand l’Eurotrip piteux vise justement à monter à quel point les larrons sont à côté de la vie, touristes avachis dans leur propre existence, que seul un danger de mort immédiat pouvait réveiller.
...mais je trouve qu'il s'agit globalement d'un bel exemple de critique "à la française" où le journaliste projette exagérément des considérations qu'on est bien en peine de trouver dans le produit final (par exemple, la scène où Spencer Stone se prépare à contrer un assaillant avec un stylo dans la base d'entraînement, je ne suis pas sûr qu'elle soit tournée contre lui). En gros, la médiocrité du film serait celle de ses trois personnages. Mouais, perso j'ai surtout eu l'impression qu'Eastwood avait torché son projet, ce qui n'est pas inédit chez lui (cf. Au-delà). C'est presque physique, on sent le truc tourné vite fait mal fait.

Eastwood est comme absent du film, on ne sent aucun regard sur ces trois Américains moyens.
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Watkinssien
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Re: Clint Eastwood

Message par Watkinssien »

Duke Red a écrit : Mouais, perso j'ai surtout eu l'impression qu'Eastwood avait torché son projet, ce qui n'est pas inédit chez lui (cf. Au-delà). C'est presque physique, on sent le truc tourné vite fait mal fait.
Ben pour le coup, je trouve Hereafter beaucoup plus convaincant dans son projet casse-gueule, même en terme de mise en scène, de photographie, il y a un bel écart je trouve.
Image

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Duke Red
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Re: Clint Eastwood

Message par Duke Red »

Honnêtement, Au-delà, à part le tsunami du début et la partie américaine, c'était vraiment pas gégé AMHA (limite embarrassant pour la partie française).

Mais si je devais revoir un des deux, oui je préférerais revoir celui-là, ne serait-ce que pour Matt Damon, et parce qu'il est plus "professionnellement" réalisé.
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Re: Clint Eastwood

Message par Francois »

Fraichement inscrit sur ce forum (mais habitué de la 'maison' ayant publié sur DVDclassik plusieurs articles et analyses de film sous le nom de François Giraud), je me permets d'intervenir dans le débat.

J'ai trouvé ce ''15h17 pour Paris'' vraiment passionnant, assez déroutant mais dans la lignée de ce qu'Eastwood fait depuis un certain temps. Une fois de plus, Eastwood s'intéresse à la fabrication de l'image du héros (comme dans les meilleurs moments de 'Mémoires de nos pères' ou dans le génial 'J.Edgar'). Ce qui est original ici, c'est que le réalisateur nous montre ce processus de fabrication en faisant rejouer l'événement 'réel' aux 3 véritables héros. Or, loin d'ajouter un effet de 'réel', la performance de ces trois acteurs amateurs accentue paradoxalement le caractère artificiel du film. C'est un peu comme si on vous demandait de rejouer votre journée d'hier, devant une caméra, avec des dialogues écrits: le rejeu ou la 'reconstitution' manquerait de spontanéité, de naturel, et de vérité. Rejouer un événement passé, c'est prendre conscience de sa perte. Ici, l'événement 'réel' se retrouve codifié dans une trame fictionnelle qui emprunte et détourne les codes du soap (l'enfance des héros), du film de guerre (une guerre sans action, ennuyeuse), du western (le duel final), du film de vacances (le voyage touristique), au point de 'déréaliser' l'événement réel.
La figure du héros est avant tout une image, une surface spéculaire (Il en va de même pour le terroriste, dont le visage n'apparaît pour la première fois que dans le reflet du miroir des toilettes du train). Eastwood montre la dualité de cette image, à la fois 'documentaire' et 'fictionnelle', à la fois 'vraie' (c'est le vrai personnage qui joue son rôle) et 'fausse' (le (re)jeu de l'acteur, parce qu'il manque de spontanéité, sonne faux).
Chaque image se retrouve donc chargée d'ambiguité, prise entre le fait réel et sa reconstruction fictionnelle et forcément fallacieuse. A ce titre, le voyage en Europe est éloquent. Les 'héros' ne cessent se photographier en selfie: leur expérience 'réelle' est donc à chaque fois cadrée par l'objectif de l'appareil photo, fictionnalisée, réduite à une surface.
De même, à la fin du film, Eastwood double les images d'archive du discours d'Hollande avec des image de fiction, où Hollande, qui apparaît de dos, est littéralement doublé par un acteur de cinéma. Jusqu'au bout, Eastwood montre donc ici à la double nature de l'image: à la fois document (l'archive) et fiction (voire mensonge).

Pour ces raisons, 15h17 est un film passionnant qui, plutôt que de tromper le spectateur, cherche plutôt, à travers une certaine forme de distanciation, à lui faire prendre conscience du processus de fabrication (nécessairement artificiel et fallacieux) de l'image du héros.
Avec l'âge, Eastwood devient de plus en plus brechtien.
batfunk
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Re: Clint Eastwood

Message par batfunk »

Je voulais vous signaler la réédition actualisée de"Clint Eastwood: une légende" de Patrick McGilligan.Un décryptage du mythe Eastwood,qui doit beaucoup à la chance,aux femmes,à son physique...et à son intelligence.
C'est passionnant(sauf la partie généalogique),drôle et très bien écrit.
Indispensable pour tout fan de l'homme sans nom. :D
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Alexandre Angel
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Re: Clint Eastwood

Message par Alexandre Angel »

Merci!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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