Philippe de Broca (1933-2004)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Alligator
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Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Alligator »

Le roi de coeur (Philippe de Broca, 1966) :
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Doux éloge de la folie, ce film tente avec poésie et gentillesse de signifier que la barrière de la folie, de ce qui est fou ou pas, est d'une imprécision heureuse. A la fin, il apparait clairement que les fous ne sont pas les aliénés, que les rôles sont changés. Le dernier regard, mélancolique, de Brialy à la fenêtre en dit suffisamment long.

Peut-être qu'un léger rappel de l'histoire est nécessaire à ce stade. Pendant la guerre de 1914-18 un village est prêt d'être déserté par les troupes allemandes qui ont l'intention de le faire sauter en bourrant le blockhaus situé sur le place centrale d'obus et autres joyeusetés pyrotechniques. Les habitants fuient le village et dans la précipitation oublient les fous de l'asile d'aliénés. Ceux-ci sont libérés par un soldat écossais venu en éclaireur. Les fous investissent le village, prennent costumes des notables et reconstituent un monde bien à eux, loin du fracas de la guerre.

Le propos a de ce fait les allures d'une fable moraliste plus que d'un discours faisant loi bien entendu. Il y a bien évidemment une note de naïveté charmante. Comme tout conte qui se respecte, la part édifiante est plutôt souterraine mais n'en demeure pas moins efficace.

Sous ses airs de grande absurdité agitée, le film est un carnaval plein de liesse et de mouvement dans un monde de brutes.

La floppée d'acteurs remplissent l'espace laissé par les bandes du cinémascope et colorent de milles feux la photographie. C'est amusant et le plaisir de découvrir un monde délicat et rêveur est sans cesse renouvellé. Le monde de De Broca...

******************

Les tribulations d'un chinois en Chine (Philippe de Broca, 1965) :
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Un an après l'époustouflant Tintin au Brésil (L'homme de Rio), de Broca récidive, se tournant cette fois vers l'ébouriffant périple que Jules Verne avait concocté. Belmondo rempile, en lutin à ressort, cette fois amoureux d'une très belle Ursula Andress et affublé d'un majordome à la voix caverneuse et sentencieuse en la personne de Jean Rochefort.
Sur un rythme tout aussi échevelé, de Broca poursuit son appréhension du style populaire et bande-dessiné, un cinéma pétaradant, avec de brêves pauses, parvenant sans fadeur à maintenir une respiration de sportif.
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Watkinssien
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Watkinssien »

Deux films parmi d'autres que j'aime beaucoup dans la filmographie de Philippe de Broca.

Pour moi, il fut clairement un grand cinéaste dans les années 60/70, aussi bien visuellement que dans les sujets qu'il abordait avec panache et intelligence.

Son chef-d'oeuvre, pour ma part, est Le Diable par la Queue, formidable comédie de caractères, à la mise en scène superbe.
Sa participation à l'excellent film à sketches Les Sept Péchés Capitaux est également remarquable.

Curieusement, dans sa fin de carrière, ce sont bien les oeuvres de télévision qui se révèleront beaucoup plus cinématographiques que ses films de cinéma de la même époque, comme Le Jardin des Plantes (1994), Les Hommes et les Femmes sont faits pour vivre Heureux... mais pas Ensemble (1997) ou encore Y aura pas Ecole Demain (2003) qui sont, tous trois à leur manière, des régals !
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Phnom&Penh
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Phnom&Penh »

Watkinssien a écrit :Son chef-d'oeuvre, pour ma part, est Le Diable par la Queue, formidable comédie de caractères, à la mise en scène superbe
I agree :D
Watkinssien a écrit :Sa participation à l'excellent film à sketches Les Sept Péchés Capitaux est également remarquable
Jamais vu parce que film à sketches... et j'avais très probablement tort.
Watkinssien a écrit :Curieusement, dans sa fin de carrière, ce sont bien les oeuvres de télévision qui se révèleront beaucoup plus cinématographiques que ses films de cinéma
Ah mais, que veux-tu dire?
Que ses téléfilms sont excellents? Là je suis bien d'accord!
Mais Le Bossu et Vipère au Poing (au minimum) sont de grands films!
Et as-tu suivi les conseils de Philippe Noiret et vu Chouans dans sa version de 4 heures (d'ailleurs prévue pour la télé)? C'est complétement autre chose que le truc bizarre sorti en 1987, un très grand film!!
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Tancrède
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Tancrède »

je n'en ai pas vu beaucoup mais j'ai une certaine tendresse pour Le cavaleur, pendant lumineux de L'homme qui aimait les femmes avec Jean Rochefort.
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Phnom&Penh
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Phnom&Penh »

Tancrède a écrit :je n'en ai pas vu beaucoup mais j'ai une certaine tendresse pour Le cavaleur
Oh! Mais ce petit dialogue était destiné à réhabiliter certains films, récents.
Pour les films de l'époque du Cavaleur, c'est pas sorcier. Ils sont tous extraordinaires. :D
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Julien Léonard »

Philippe de Broca a offert au cinéma des œuvres magnifiques : L'homme de Rio et Les tribulations d'un chinois en Chine (surtout le premier à vrai dire) sont de purs moments d'aventures et de comédie dans l'esprit des meilleurs albums de Tintin, effectivement. Cartouche a l'entrain des meilleurs films d'aventures de ce début des années 60 (tout comme un Le bossu ou Le Capitan de Hunebelle). Tendre poulet est assez surprenant et propose un rôle tout en finesse pour Annie Girardot (très grande actrice). Le magnifique est l'un des plus gros pétages de plombs de l'immense Belmondo, un grand film démythifiant complètement James Bond et autres héros d'aventures, très très drôle et très maîtrisé. L'incorrigible est un film à redécouvrir (peut-être même la meilleure performance de Julien Guillomard, du moins dans celles que j'ai vu).

Je préfère oublier pour ma part qu'il a terminé sa carrière sur Amazone et Vipère au poing, que j'ai pas aimé (ni l'un, dérisoire et affligeant, ni l'autre, bien meilleur mais qui ne me touche pas du tout). Je me rappelle par contre avec enthousiasme (quand j'étais gamin) d'un 1001 nuits particulièrement amusant !! :)
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Watkinssien
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Watkinssien »

Phnom&Penh a écrit :Ah mais, que veux-tu dire?
Que ses téléfilms sont excellents? Là je suis bien d'accord!
Mais Le Bossu et Vipère au Poing (au minimum) sont de grands films!
Et as-tu suivi les conseils de Philippe Noiret et vu Chouans dans sa version de 4 heures (d'ailleurs prévue pour la télé)? C'est complétement autre chose que le truc bizarre sorti en 1987, un très grand film!!
Oui, les téléfilms de de Broca (en tout cas ceux que j'ai cités et vus) sont vraiment excellents ! Et sinon, oui j'ai suivi le conseil et j'ai effectivement eu la chance de voir cette version longue, beaucoup plus convaincante.
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Nomorereasons
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Nomorereasons »

Phnom&Penh a écrit :
Watkinssien a écrit :Sa participation à l'excellent film à sketches Les Sept Péchés Capitaux est également remarquable
Jamais vu parce que film à sketches... et j'avais très probablement tort.
J'ai vu "Les Veinards" il y a à peu près un mois, et j'ai tout oublié à part deux sketches, l'un parce qu'il y avait De Funès, et l'autre parce qu'il est de Philippe de Broca et qu'il scintille comme un rubis dans un champ de navets.

Pour le reste, un paquet de ses films valent autant que les meilleures screwball comedies.
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Tancrède »

Pour le reste, un paquet de ses films valent autant que les meilleures screwball comedies.
tu t'emballes
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par AtCloseRange »

Je trouve aussi que c'est un poil exagéré. Même si j'aime beaucoup certains de ses films (L'Homme de Rio, Le Magnifique, L'Incorrigible, Le Cavaleur...), il manque parfois à son cinéma et à pas mal de films français de la même époque le prestige formel des productions hollywoodiennes.
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Watkinssien
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Watkinssien »

Tu fais bien d'écrire "parfois".

Cartouche, par exemple, n'a visuellement et absolument rien à envier au prestige formel hollywoodien de la même époque.
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par AtCloseRange »

Je parlais plus des années 70. Par exemple, je ne mets pas L'Homme de Rio dans le lot non plus.
Tancrède
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Tancrède »

Watkinssien a écrit :Tu fais bien d'écrire "parfois".

Cartouche, par exemple, n'a visuellement et absolument rien à envier au prestige formel hollywoodien de la même époque.
En terme de dynamisme et de panache, on est quand même loin des réalisations de Michael Curtiz à la Warner.
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par Watkinssien »

Tancrède a écrit :En terme de dynamisme et de panache, on est quand même loin des réalisations de Michael Curtiz à la Warner.
Là, je suis d'accord ! :)
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Re: Philippe de Broca (1933-2004)

Message par O'Malley »

yaplusdsaisons a écrit :J'ai vu "Les Veinards" il y a à peu près un mois, et j'ai tout oublié à part deux sketches, l'un parce qu'il y avait De Funès, et l'autre parce qu'il est de Philippe de Broca et qu'il scintille comme un rubis dans un champ de navets.
tu exagères

Même si le sketch de de Broca et celui de Pinoteau avec de Funès sont les plus réussis, l'ensemble est plutôt correct avec une tentative burlesque assez savoureuse de Jean Girault avec Francis Blanche (la scène du restaurant)...

Sinon, de Broca, j'adore mais par à-coups.
Les années soixantes sont, à mon avis, la meilleure période de sa filmographie: entre le panache et la fantaisie de ses films d'aventures avec Belmondo (mention spécial à L'homme de Rio) et ses comédies qui oscillent entre le burlesque et le doux amer (mention spéciale au Diable par la queue dont j'adore le savant mélange entre fantaisie, légèreté et gravité et au ton libertaire bien dans l'esprit de l'époque), de Broca était, avec Lautner, Oury et Molinaro, mes quatre mousquetaires du divetissement à la fois populaire, racé et intelligent...
Les années soixante-dix m'emballent moins: les films sont tout aussi distrayants mais il manque à Tendre Poulet, On a volé la cuisse de Jupiter ou L'incorrigible, la beauté plastique des films cités plus hauts, l'alliiage entre comédie et poésie qui faisait toute la valeur de la précédente décénnie... Cependant, Le magnifique reste une formidable réussite: un véritable véhicule pour Belmondo qui montre tout l'étendue de son talent, quelque part entre le jeu réservé de ses premières compositions et les belmonderie qu'il commençait à interpréter à la chaîne (Le magnifique est une sorte de synthèse du jeu de Belmondo) mais aussi un film au rythme très maîtrisé (ce qui n'était pas évident vu la schizophrénie de son sujet) et qui se pare d'une solide réflexion sur le rêve et la réalité, la conciliation du quotien et du fantasme, sur la cohabitation du Moi réel et du Moi idéalisé.

Les années 80 et 90 semblent anecdotiques en rapport à ces deux premières décénnies (tout comme pour ses trois autres compagnons d'ailleurs). J'ai un souvenir lointain de L'africain, Chouans et de Louisiane, saga qui m'avait bien plu il y a vingt ans mais bon, je crains la déception à la revoyure...
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