Slumdog Millionaire (Danny Boyle - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle, 2009)

Message par Watkinssien »

Je viens de voir pour la première fois cet acclamé Slumdog Millionaire.

Après avoir lu ici (et ailleurs) tout et son contraire, je dois dire que je comprends largement que le film soit vilipendé comme admiré.

Personnellement, je me range, à ma grande surprise, du côté des conquis...alors que les défauts mentionnés auparavant sont des tares cinématographiques qui pourraient me gonfler au plus haut point.

Alors que les tics de mise en scène de Boyle sont visibles à 15 km, je trouve ici que cela marche. Bizarrement, l'énergie visuelle et rythmique sert parfaitement les soubresauts d'une histoire qui mêle réalité sociale et fantaisie.

Slumdog Millionaire met en avant une intrigue de conte de fées, savamment distillée à travers des personnages incarnant les stéréotypes codifiés du genre littéraire. Et c'est là que j'ai curieusement accepté la mise en scène de Boyle et Tandan. Ce côté hystérique limite précipité sert en fait de contrepoint avec les conventions du conte, et ses idées parfois naïves. Il n'hésite pas à plonger avec férocité et sans jugement facile dans la misère de ses protagonistes sans tomber dans le discours politico-lourdingue que cela pouvait amener, tout en amenant les structures d'un récit initiatique. Ce dernier revêt alors une certaine amertume. Le pouvoir de l'argent dans un des pays les plus ouvertement hiérarchiques dans les classes sociales est délaissé pour parler de l'influence de l'image télévisuelle, où les nantis sont immédiatement pris pour des tricheurs alors que ce sont les coulisses qui appuient cet état d'esprit. Aussi invraisemblable soit le postulat de départ, (le jeune héros qui tombe comme par enchantement sur des questions sur lesquelles il peut répondre), le spectateur peut également accepter ce fait narratif car les réalisateurs n'hésitent pas à les contrebalancer par des séquences fortes et violentes (le héros gagne, mais se fait torturer ; les réponses viennent par chance alors que des petits se font crever les yeux avec une cuillère à soupe ; il tombe amoureux de la plus jolie femme d'Inde mais ne parvient pas à sauver jusqu'au bout son frère).

Bref, au-delà de son habillage frénétique, j'ai trouvé le film singulier et impressionnant, avec une galerie de personnages intéressants (le flic, le présentateur du jeu incarné par l'excellent Anil Kapoor, le frère...) et un très bon dosage dans l'émotion.

Maintenant, j'attends les tomates !!! :mrgreen:
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Barry Egan
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Re: Slumdog Millionaire (Danny Boyle - 2008)

Message par Barry Egan »

En pleine période "indienne", il fallait que je tombe sur celui-là, forcément, pas vu malgré sa réputation et parce que j'ai un peu des a priori sur Danny Boyle, qui ne sera jamais Jonathan Glazer. Et je ne sais pas quoi en penser. Le film est haletant de bout en bout certes, les personnages sont attachants, et on espère que le gars va gagner et qu'il va retrouver son amour d'enfance, sincèrement, mais j'ai quand même l'impression de m'être fait vulgairement manipulé. Il y a trop d'écart entre les scènes dans le bidonville, les tortures, les meurtres et les mutilations et le reste. Bon, le personnage principal dans sa candeur peut jouer le lien, mais non. Je refuse de marcher plus dans la combine, en me réveillant j'ai la gueule de bois. Et j'ai détesté la musique. La pauvreté est quelque chose de trop organique pour qu'elle soit illustrée par une musique issue d'un progrès technologique, par des sonorités artificielles ; la pauvreté devrait être illustrée par le silence, en tout cas, si on veut la dénoncer. Mais il me semble que ce ne soit pas non plus le but (ça n'excuse pas que la musique soit grossière). La séquence au Taj Mahal avec la visite improvisée et le discours aux touristes totalement à l'ouest, ça, ça m'a plu ; système D, escroquerie à deux balles, faire tourner en bourrique des touristes ignares, je kiffe. Mais quand ça repart dans le meurtre et la mafia, je me dis "facilités de scénario", "c'est grossier", d'autant plus que le frère qui a mal tourné meurt et qu'on ne le revoit plus du tout après (même si ça a sa cohérence puisqu'il s'agit de montrer des gens avant des pauvres, et que ne pas montrer les proches qui le pleurent donne au personnage sa part de responsabilité sans lui enlever le "bénéfice" de sa rédemption). Donc non. Le plaisir et l'émotion immédiate, je me sens plus consciencieux de les réserver à des conneries comme "Avengers : Infinity War".
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