La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Art Core
Paulie Pennino
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La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Message par Art Core »

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Au Sud-Ouest de l'Inde, dans le Kérala, il existe une danse classique, le Mohini attam, dont l'essence même est la grâce. Les maîtres et leurs disciples déclinent avec raffinement cet art qui a su se perpétuer depuis des siècles. La figure d'une jeune danseuse apparaît comme un reflet des sentiments amoureux interprétés dans les différentes parties d'un récital traditionnel...

Excellente surprise en ce qui me concerne. J'y allais par pure curiosité sans savoir de quoi ça parlait et bien m'en a pris tellement la découverte n'en a été que plus agréable.

Véritable ode à la danse totalement expressive qu'est le Mohinni Attam et à travers cela (comme souvent dans les films de danse) un ode au corps dans son entier. J'aime beaucoup comment cadre le réalisateur, cette façon qu'il a de ne jamais fragmenter, de ne jamais orienter son regard sur une partie du corps plutôt qu'une autre mais au contraire de garder le corps dans son ensemble, dans son unité, comme la représentation d'un univers entier deployé devant nous. C'est assez magnifique de voir se construire dans ces danses des mini-mythes, des mini-légendes incarnés par un théâtre de gestes dansés à l'harmonie délicate et émouvante. Il y a là la représentation d'une vie épurée, débarrassée de sa conscience et dont il ne reste qu'une sublimation de ses gestes, tous conçus, représentés comme un mouvement divin, rythmique et cosmogonique de l'humain au sein du monde. Ca me touche beaucoup.

Et puis la construction du film est admirable. Ces longues scènes de danse, entrecoupées de scénettes brèves donnant l'illusion d'une pulsion de fiction mais bien vite rattrapée par la véritable fiction, la véritable histoire que l'on nous raconte à travers le corps et la musique. En outre ces scénettes dont l'anachronisme surprend (on pense toujours être dans un autre temps alors qu'on est bel et bien au XXIème Siècle) replace le film dans la société Indienne d'aujourd'hui et ses contradictions.

Bref c'est vraiment très beau et passionnant malgré le côté éminemment redondant de l'entreprise. Je regrette simplement que l'on ne suive pas uniquement le personnage du début et que l'on s'en détourne un peu. Mais bon rien de méchant, j'ai adoré et ce film sera dans mon top de fin d'année.

Par contre gros :evil: à l'Espace Saint Michel à Paris dont la projo était un DVD pourri avec artefacts de compression à gogo, définition pourrie et couleurs délavées ce qui m'a pas mal gâché le film d'ailleurs. Ca me surprend d'autant plus que le film est sorti la semaine dernière.

5/6
julien
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Re: La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Message par julien »

J'irais bien le voir mais j'aurais trop peur d'y croiser Jordan White.
J'ai une question. C'est de la musique traditionnelle indienne que l'on entend ou ce sont des compositions originales ?
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Roy Neary
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Re: La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Message par Roy Neary »

julien a écrit :J'irais bien le voir mais j'aurais trop peur d'y croiser Jordan White.
Une remarque qui s'avère indispensable, j'imagine ?
Ces mesquineries sont prohibées désormais. Et qu'on ne vienne pas me sortir le prétexte de "l'humour", dans ce cas il est inexistant.
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Jordan White
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Re: La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Message par Jordan White »

Merci pour ton avis Artcore.
Je suis plutôt étonné dans le mauvais sens du terme que tu dises qu'il s'agit d'une projection DVD, mal compressé qui plus est.

Il est aussi à l'affiche à l'Entrepôt je crois.

Ca a l'air très joli, comme toutes les danses du sud de l'Inde dont le bharata natyam. Je suis très friand du khatak, originaire du Nord quant à lui, Madhuri Dixit en étant une des plus belles représentantes.
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bruce randylan
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Re: La Danse de l'enchanteresse (Adoor Gopalakrishnan, 2008)

Message par bruce randylan »

Je savais pas où ranger ça :

Rat-trap (1982)

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Dans la région du Kerala, un homme, dernier héritier d'une famille aristocratique sur le point de disparaître, n'arrive pas, et ne cherche pas, à comprendre les mutations qui l'entourent, à l'inverse de ses 3 soeurs qui continuent de le servir.

J'étais chaud bouillant pour découvrir le cinéaste dont j'ignorais le nom il y a encore un an.

Et bien, grosse douche froide devant l'austérité aride d'un film qui repose sur une métaphore pas franchement subtile : des rats prisonniers d'un piège et un homme, représentant d'une caste féodale patriarcale, prisonnier de sa demeure et d'un monde en train de disparaître. Sujet passionnant et riche de potentiels mais finalement qui ne raconte pas grande chose de plus que son postulat. L'auteur prend certes le parti de montrer son protagoniste, quasiment autiste, coupé du monde, et dans le déni des changements en cours, en jouant énormément sur l'absence de dialogues (au sens propre comme figuré) mais ça ne privait pas Gopalakrishnan de travailler davantage sa réalisation et les interactions avec l'extérieur. Pourtant, sur le papier tout y est : les avions qui survolent désormais la demeure, les sœurs à qui on refuse le mariage, le refus de croire qu'on puisse voler ses cultures, le repli dans le mutisme...
J'ai donc eu constamment l'impression de voir simplement filmer les pages du scénario, mais rarement un film qui ferait passer ses idées par la mise en scène. Elle m'a paru plate, stérile, sans idée, sans vie et je ne pense pas qu'il s'agissait de rendre compte de la psychologie interne à l'histoire. La photographie est par exemple inexistante avec un triste projecteur qui éclaire frontalement. Je parle pas non plus du cadrage et de l'espace.
Les deux heures m'ont paru bien longues et répétitives même s'il faut reconnaître une unité dans son rythme.

A la décharge du réalisateur, il faut préciser le DVD anglais Second run est catastrophique. La restauration annoncée est invisible, à l'inverse de vilaines traînées sur les mouvements, une image sombre et une absence de définition. :?
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