Sydney Pollack (1934-2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Grimmy
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Grimmy »

C'est une coédition Seven 7 et c'est vrai que, avec eux, je me méfie. Mais en faiant quelques recherches, il semble qu'il n'y ait pas de problèmes avec les sous-titres, ni avec le format. Mais bon....Quelqu'un a-t-il ce film dans sa dvdthèque ?
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AtCloseRange
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par AtCloseRange »

Bah mince alors, je me rends compte que j'avais créé un topic sur le film mais qu'il a été "amalgamé" dans ce topic pour une raison qui m'échappe...
En tout cas, je disais beaucoup de bien de ce Pollack un peu oublié ici
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... e#p1693989

A noter qu'il passe en ce moment sur Ciné + Star.
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El Dadal
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par El Dadal »

Grimmy a écrit :C'est une coédition Seven 7 et c'est vrai que, avec eux, je me méfie. Mais en faiant quelques recherches, il semble qu'il n'y ait pas de problèmes avec les sous-titres, ni avec le format. Mais bon....Quelqu'un a-t-il ce film dans sa dvdthèque ?
Je viens de le tester, je te confirme le 2.35 respecté en 16/9 et la VOSTF.
Grimmy
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Grimmy »

Et ben voilà !! Merci à vous deux ! Je commande illico :wink:
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Demi-Lune
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Demi-Lune »

ImageImageImage
Nos plus belles années (1973)

Moyennement convaincu.
Le film s'intercalant dans l'âge d'or de Pollack, j'espérais quelque chose de grand et ce n'est pas tout à fait ça, malheureusement. C'est un film respectable et solidement réalisé mais je ne trouve pas qu'il fonctionne complètement.
Disons tout de suite que ça n'a rien à voir avec Barbra Streisand, à mes yeux. Peut-être qu'elle en rendra allergique plus d'un, mais j'ai trouvé qu'elle était justement la raison d'être du film, pour ce qu'elle lui inspire de sa personnalité. Son physique non-conventionnel sert la fascination que son personnage dégage, et l'actrice parvient à trouver le bon équilibre entre sensibilité et engagement borné pour restituer la complexité de l'attachement à son personnage. C'est un rôle féminin intéressant parce qu'entier, l'écriture en explorant les tiraillements idéalistes sur le plan sentimental comme politique. Je trouve que le film communique bien au spectateur le magnétisme de cette personnalité et dans le même temps, le déchirement de sentir qu'elle est trop "unique" et passionnée pour que le bonheur puisse être à la hauteur de ses attentes.
Malheureusement le personnage de Katie ne suffit pas pour moi à faire prendre au film une véritable ampleur émotionnelle. Pollack est un cinéaste du tacite et du solitaire, du sentiment intériorisé et malheureux, mais là ça ne prend pas vraiment à cause d'une progression assez laborieuse. Nos plus belles années est l'examen d'une "non histoire" d'amour dans le sens où Streisand et Redford ne se trouvent que rarement : du coup c'est peu impliquant pour le spectateur et le film ne cueille que dans quelques scènes intimistes à New-York (là où Pollack s'épanouit le plus : voir à ce titre la belle scène d'amour, qui résume tout de la relation à venir). Le background historique, superficiel, paraît chaque fois mal amené. Pollack est tributaire d'un scénario qui vend de moins en moins bien ses développements de mélo et de politique (les engagements de Katie passent chaque fois au forceps) et si on sent sa patte, elle reste quand même timide. En outre le personnage de Hubbell est vampirisé par celui de Katie et Redford, l'air absent, traverse le film peu à l'aise avec un rôle manquant de chair... toute la partie à Hollywood, inintéressante, en est l'illustration la plus frappante.
Le film devient un espèce de roman-photo gnangnan frustrant parce que prometteur au départ.
A noter un tout jeune James Woods dans un tout petit rôle.
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Demi-Lune
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Demi-Lune »

Trente minutes de sursis (1965)

On aurait du mal à imaginer que ce film soit signé Sydney Pollack si son nom ne figurait pas au générique.
Pour son premier long, Pollack fait ses gammes dans l'exercice de style à suspense (localiser une femme au téléphone qui vient d'avaler des barbituriques) avec une réussite en demi-teinte.
D'un point de vue technique, le cinéaste est encore loin d'avoir développé son style très maîtrisé des 70's qui faisait de lui un des maîtres du Cinémascope. Ce qui transparaît ici, c'est l'héritage de la formation télévisuelle de Pollack (plans moyens et cadrages serrés, peu de mouvements de caméra, bref une forme essentiellement fonctionnelle et pour tout dire assez pauvre). L'ouverture "topographique" du film, avec son montage et ses panoramiques hésitants, donne assez bien le ton des maladresses à suivre. Certains effets kitsch ne dépareilleraient pas dans un Austin Powers ou un Mario Bava (la séquence de la boîte de nuit).
Mais le scénario, par son sujet-même, possède une force indéniable et la tension ne se relâche pas jusqu'à la fin. Ce n'est pas une mince affaire que de maintenir l'attention du spectateur à partir d'une situation purement dialoguée et anti-visuelle (Sidney Poitier converse dans le vide, à un haut-parleur). De ce point de vue, il faut reconnaître à Pollack une certaine efficacité, même si la structuration de la narration (les allers-retours entre les flash-back et le suicide au téléphone) peut être discutable. Hachurer le huis-clos par des flash-back explicatifs n'est pas forcément une bonne idée puisque cela casse mécaniquement la situation de suspense. On a l'impression d'avoir du coup deux films en un dont l'un des deux est clairement moins passionnant, ou alors un étirement mélodramatique permettant à une idée de court-métrage de passer au grand format.
Kevin95 avait tout à fait raison en disant que de ne jamais montrer la femme au téléphone, de ne se l'imaginer rien qu'avec sa voix (comme c'est le cas pour le personnage de Poitier), aurait eu plus de force. D'autant que le background d'Inga reste assez mal exploité, le "basculement" la conduisant à considérer le suicide apparaissant superficiellement traité (il faut dire que le personnage du mari n'a aucune consistance).
Pour autant, il faut reconnaître une chose à ce procédé narratif : s'il casse la logique de suspense, il l'oblige en même temps à se reconstruire à chaque fois, à se réinventer. En d'autres termes, le suspense n'apparaît jamais répétitif, ce qui là encore n'est pas une mince gageure par rapport aux possibilités dramatiques somme toute limitées du pitch. Surtout, ce va-et-vient permet de caresser "l'insoupçonnabilité" d'une existence. Ce que je veux dire, c'est qu'on partage cette espèce de frustration terrible de Poitier de ne pas avoir rencontré plus tôt cette femme et l'avoir par là remise dans le droit chemin. Émotionnellement, y a quand même quelque chose d'assez fort, là. Tout le film est traversé par l'idée puissante de la valeur de la vie humaine et c'est là que je me dis que d'un point de vue thématique, il y a quand même quelque chose dans ce film de pollackien qui annoncerait presque On achève bien les chevaux.
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sans le jusqu'au-boutisme désespéré... voilà un exemple, avec 30 minutes de sursis, d'un happy-end qui ne paraît pas naturel
Anne Bancroft, que j'aime beaucoup comme actrice, ne m'a pas dérangé, elle a un visage qui vous reste en mémoire. Poitier est également pas mal du tout (sa crise de fou rire nerveux).
Bref, assez mineur dans la carrière de Pollack mais bon film quand même.
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Flol
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Flol »

Bon. Je suis donc tout seul sur ce coup-là, mais j'assume. 8)
Je suis conscient des quelques maladresses qui émaillent le film (eh oh, ça reste quand même un 1er essai !), mais malgré tout ça, j'ai été pris par l'efficacité du récit. Et le jeu de Bancroft ne m'a absolument pas dérangé, contrairement à d'autres (si j'en crois le topic des commentaires des films du mois).
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Demi-Lune
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Demi-Lune »

Absence de malice (1981)

Un film assez étonnant... parce qu'il est finalement bâti sur du vent ! Sur le thème du "quelqu'un m'a dit" et ses conséquences, c'est plutôt bien ficelé grâce au talent de narrateur de Pollack (dans ses grandes heures, on n'a jamais l'impression qu'il y ait du gras, tout coule toujours parfaitement) et un traitement intéressant du dilemme de l'éthique journalistique. Pollack parvient à surmonter les limites de fond du scénario en faisant un film de personnages, clairement le point fort du film et un de ceux du cinéaste. On le sent une nouvelle fois très à l'aise pour brosser des personnages masculins indépendants (Paul Newman... j'adore ce mec, son charisme de malade) et des femmes fortes (la toujours très bonne Sally Field), dans des histoires d'amour fragiles. C'est la caractérisation toute en nuance des personnages qui fait le prix d'Absence de malice (un peu un cousin de La firme en ce sens), on est captivé par la tournure très naturelle que prend la relation entre Gallagher et Megan. Et puis, la mise en scène transpire la classe. Pollack n'est pas un flamboyant mais pourtant, si on les étudie, ses plans sont toujours impeccablement composés et possèdent une grande force graphique grâce à la pureté des cadrages et au naturalisme de la photo. Bref, du très bon Pollack.
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Major Tom
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Re: Disparition de Sydney Pollack

Message par Major Tom »

Tiens, je l'avais vachement aimé apparemment. :o Il faudra que je le revois parce que je l'ai un peu oublié. :oops:
Major Tom a écrit :
odelay a écrit :Après avoir suivi vos avis, je viens de voir ABSENCE DE MALICE, et je ne regrette pas. Film carré et belle réflexion sur les dérives du métier de journaliste et sur la réhabilitation. Excellente interprétation dans l'ensemble. Je retiendrai surtout la scène entre Sally Field et Melinda Dillon et toutes celles qui découlent de cette rencontre qui sont réellement émouvantes.
Il est vraiment pas mal, c'est vrai! Belle découverte pour ma part. Il y a un bon scénario, de belles interprétations (Bob Balaban et son satané élastique enroulé/déroulé aux mains) et c'est un film qui donne faim (on y bouffe bien) et donne envie d'avoir un bateau pour déjeuner au milieu de la mer...
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Demi-Lune
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Re: Disparition de Sydney Pollack

Message par Demi-Lune »

Major Tom a écrit :(Bob Balaban et son satané élastique enroulé/déroulé aux mains) et c'est un film qui donne faim (on y bouffe bien) et donne envie d'avoir un bateau pour déjeuner au milieu de la mer...
P'tain, c'est vrai en plus ! :mrgreen:
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Profondo Rosso
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Profondo Rosso »

Out of Africa (1985)

Karen Christence Dinesen (Meryl Streep), une jeune aristocrate danoise, rejoint le Kenya - à l'époque, colonie britannique - pour épouser le frère de l'amant qui n'a pas voulu d'elle. Par ce mariage, elle devient la baronne Karen Blixen. Elle en vient vite à éprouver un amour profond pour l'Afrique, alors que l'Europe entre dans la Première Guerre mondiale. Elle s'acharne à faire pousser des caféiers sur les terres nues et désolées de sa ferme, dans l'espoir de protéger la tribu africaine qui y vit. Délaissée par son mari volage, Karen s'éprend violemment d'un chasseur, Denys Finch Hatton (Robert Redford), aussi libre et farouche que les fauves qu'il poursuit.

Sidney Pollack réalisait une de ces œuvres les plus célébrées avec ce Out of Africa. Le film est une évocation de la vie de Karen Blixen, jeune danoise ayant vécu et s'étant épanouie durant 17 ans au Kenya et qui fut contrainte de rentrer au Danemark quand elle fut contrainte de vendre la ferme qu'elle y dirigeait. Elle mit de long mois à surmonter ce départ de ce qui avait fini par devenir sa vraie contrée, sombra dans la dépression et fit plusieurs tentatives de suicide. Elle trouva alors refuge dans l'écriture, affrontant ses démons dans le recueil de nouvelles Sept contes gothiques puis en évoquant enfin sa vie au Kenya dans La Ferme Africaine paru en 1937. C'est cet ouvrage qui lui vaudra le succès et intéressera très tôt Hollywood puisque Greta Garbo puis Audrey Hepburn seront envisagée pour incarner Karen Blixen avant que bien plus tard Meryl Streep endosse le rôle. Sidney Pollack adapte ici La Ferme Africaine mais aussi les deux biographies The Life of a Storyteller de Judith Thurman et Silence Will Speak d'Errol Trzebinski. Le film oscillera ainsi constamment entre la vision idéalisée et romanesque issue des écrits de Karen Blixen et un certain réalisme et vérité sur les évènements amenés par ses biographes.

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I had a farm in Africa at the foot of the Ngong Hills... Le voile d'un souvenir béni se dévoile dès cette phrase d'ouverture en voix-off. La silhouette d'un chasseur dans un soleil couchant rougeoyant, un avion survolant des plaines paradisiaques, un kaléidoscope d'images évoque les paysages regrettés et amours perdus sous-entendus par cette tirade. Pollack ramène cette nostalgie au présent en représentant l'évasion et la libération que représenta cette Afrique pour Karen Blixen (Meryl Streep). Déçue dans la passion qu'elle vouait à Hans Blixen et entravée dans une existence aristocratique peu conforme à ses aspirations, Karen va résoudre ces deux problématiques d'un coup. Par le mariage avec le Baron Bror Blixen (Klaus Maria Brandauer), son meilleur ami et frère jumeau de son amant elle gagne la liberté dans cette société conservatrice dont elle n'a rien à attendre et va pouvoir gagner avec lui l'Afrique et le Kenya, terre de toutes les promesses. Pollack exprime cet immense espoir par la séquence d'arrivée en Afrique par le train et la magnificence du cadre est exprimée par les vues aériennes majestueuses où le train se perd dans les vastes landes traversée. C'est pourtant l'intime qui prévaut avec ces plans sur la silhouette de Meryl Streep ç l'arrière du wagon observant le paysage, tandis que la musique de John Barry joue autant sur la beauté contemplative dans ses envolées (le thème principal reste inoubliable) que d'une certaine dimension de tristesse et de regret pour exprimer la perte de ses lieux. Comme pour annoncer la suite, cette éblouissement s'accompagne ensuite de la brève rencontre avec Denys Finch Hatton (Robert Redford) son futur grand amour.

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Sidney Pollack a constamment une double vision de cette Afrique. C'est d'abord et encore une terre sauvage et indomptée où l'on peut venir assouvir sa soif d'aventures et de liberté. Tous les personnages semblent avoir voulu y fuir les contraintes de la civilisation et de ses codes rigides pour s'épanouir dans une vie de chasse et d'exploration au grand air (Denys et Bror), pour aller à la découverte de l'autre et s'enrichir mutuellement (Karen). Seulement ces aspirations semblent incompatibles avec une vie à deux, cette soif de liberté en devenant même l'obstacle principal. Karen et Bror avec leur mariage en forme d'arrangement en commun n'y résistant pas, le caractère indépendant et la force de Karen écrasant littéralement son époux obligé de fuir la ferme.

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Plus tard les amours entre Karen et Denys ne pourront qu'être épisodiques et sans socle réel pour les mêmes raisons, Denys fuyant la prison d'une vie domestique que Karen appelle. La prestation de chacun des acteurs va dans ce sens. Meryl Streep (qui n'a sans doute jamais été plus belle à l'écran) est un parfait mélange de douceur et de détermination, à la fois charnelle et indomptable. Robert Redford est quant à lui finalement très en retrait, présence effacée et idéalisée constituant une sorte de fil rouge apaisant au récit au fil de ses réapparitions mais dont toutes les failles apparaissent lorsque ce glissement s'interrompt pour le placer face à un vrai engagement possible. C'est un personnage vecteur d'émotions fugaces et passionnées, dont la présence est synonyme d'éclats romanesques qui ne pourront constituer qu'un magnifique souvenir mais pas une vie à deux. S'il symbolise les souvenirs amoureux fantasmés de Karen Blixen, cette dernière représente un côté plus humain, terrien et palpable qui nous fait découvrir l'Afrique dans son quotidien avec sa relation aux autochtones, son implication dans leur vie et sa volonté d'améliorer leur quotidien. L'amitié sobre et intense avec le serviteur Farrah (Malick Bowens) ou la reconnaissance du jeune Kamanthe qu'elle soigne et reconverti cuisinier en sont l'illustration la plus concrète, mais Pollack multiplie les moments anodins où cette proximité se ressent tel les plus jeunes Kikuyu piochant régulièrement et librement dans ses poches pour y chercher du sucre qu'elle garde pour eux.

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Si la passion ne peut s'assouvir sur le long terme dans ses terres kenyanes, Pollack fonctionnera constamment sur l'éphémère et le simple plaisir du moment pour laisser s'épanouir ses personnages. Cela s'exprimera par la communion intellectuelle (moment feutré absolument parfait où Karen captive Denys par son art de conteuse en début de film), spirituelle (Karen et Denys savourant ensemble l'époustouflant panorama qu'ils survolent en avion en se tenant la main) et bien sûr charnelle avec une première étreinte qui met longtemps à se dessiner puis une seconde plus fougueuse où le thème plus tourmenté de Barry (loin de la ponctuation romantique attendue) exprime de nouveau cette aspect fugace dont il faut profiter dans l'urgence. John Barry signe un de ses scores les plus fameux et flamboyant (récompensé par un Oscar) qui possède un rôle narratif et thématique plus subtil qu'il n'y parait. L'exemple le plus frappant est lorsque Karen décide d'entamer une longue traverser pour apporter des provisions à Bror bloqué avec sa garnison. La musique prend ses accents les plus inquiétants lorsque tout va bien au début du périple avec une Karen confiante et à l'inverse se fera la plus héroïque et galvanisante lorsque Karen arrive à bon port totalement défaite et épuisée sous les yeux d'hommes circonspects. En orientant le compositeur vers cette construction mélodique, Pollack nous signifie parfaitement que seul le voyage, les expériences et le souvenir qu'elles nous laissent son importantes. Le seul défaut est que par ce choix Pollack instaure une ambiance feutrée, sans vrais enjeux dramatiques puisque tout semble joué. Logique mais frustrant et finalement l'émotion atteint son comble lorsque les personnages sont inéluctablement séparés lors du final (on peut en dire autant du peu que l'on aura vu de la romance de Berkeley (Michael Kitchen) avec une belle indigène d'ailleurs jouée par Imam Bowie) alors qu'elle n'aura jamais atteint ces hauteurs dans leurs scène communes aussi belles soit elles. La beauté du continent noir signifiera ainsi jusqu'au bout se raccrocher à l'inaccessible, l'amour déçu se confondant avec le départ forcé lors du poignant final, le tout ne pouvant revivre que par la mémoire et les ouvrages de Karen Blixen. 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Jeremy Fox »

Bobby Deerfield - 1977

Oh le triste plantage que voilà ! :( D'autant plus pour quelqu'un comme moi qui porte Out of Africa au pinacle des mélos les plus poignants de l'histoire du cinéma. Ici déjà, tous les éléments étaient réunis pour s'attendre à pareille émotion ; mais malgré un Pacino que je n'avais pas l'habitude de voir si doux, malgré une Marthe Keller pas mauvaise, un score de Dave Grusin et les paysages de Toscane... je me suis ennuyé et n'ai été touché qu'au cours de deux ou trois courtes scènes. Pour le reste, grand sentiment de vacuité et de d'extrême froideur probablement pas voulue ; c'est quand même un comble. L'un des moins bons Pollack.
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par AtCloseRange »

Et Gérard Hernandez alors?
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Jeremy Fox
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Jeremy Fox »

AtCloseRange a écrit :Et Gérard Hernandez alors?
Oui ; ça m'a fait rire.....
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Flol
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Re: Sydney Pollack (1934-2008)

Message par Flol »

Jeremy Fox a écrit :
AtCloseRange a écrit :Et Gérard Hernandez alors?
Oui ; ça m'a fait rire.....
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Ouhla.
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