Gosford Park (Robert Altman - 2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Brice Kantor
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Gosford Park (Robert Altman - 2001)

Message par Brice Kantor »

Gosford Park de Robert Altman

Peut-être bien l'un des films les plus impressionnants du réalisateur du point de vue de la mise en scène... Tout ce qui précède l'assassinat est magnifique dans la description des deux mondes se côtoyant (domestiques et maîtres), s'animant comme une ruche. Il y a une maitrise de l'espace, des mouvements que je ne m'attendais pas à retrouver chez un metteur en scène que j'ai toujours trouvé assez sec, et pas mal amateur de Zoom nottemment. Le tout sous le regard de gens du cinéma hollywoodien qui viennent jouer l'incruste, observer. Le personnage de Ryan Phillippe qui joue au caméléon et prend tout le monde de haut et se voit rendre la monnaie de sa pièce est amusant... C'est précisément le genre d'attitude qu'on a pu reprocher au cinéaste!

"Gosford Park" est très surprenant dans la place qu'il accorde aux sentiments... C'est vrai que le metteur en scène avait déjà signé des films moins cyniques comme "Cookie's Fortune", mais là il est difficile de ne pas être carrément bouleversé par le dénouement. A ce niveau, c'est vraiment une exellente surprise... Malgré sa fausse allure de Cluedo et d'Agatha Christie, le film ne suis pas du tout cette trace. Le flic incarné par Stephen Fry est une caricature bouffonne qui ne sert pas à grand chose. Tout passe par la jeune Mary, incarné magnifiquement par Kelly McDonald... Franchement, j'ai trouvé étonnant de voir le réalisateur aimer à ce point ses personnages! Du coups, l'interprétation est encore plus de haute volée que d'habitude chez lui. Clive Owen est une révélation, et Emily Watson a sans doute l'un de ses plus beaux rôles.

Vraiment très beau... Il manque quelque chose toutefois pour atteindre à la masterpiece. Sans doute une certaine précipitation dans la résolution, les 2h15 sont pas toujours très bien gérée dans le tempo, mème si quand on y resonge, tout est déjà bien là dans la première partie du film (à ce niveau le film est sans doute pas mal pour une seconde vision).
La musique de Patrick Doyle est une pure merveille.

5/6

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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

La mise en scène était pas mal, les acteurs aussi, mais j'ai trouvé que l'éclairage sombre n'aidait pas à s'y retrouver avec la 30aine de personnages...Bref, pas un modèle de lisibilité. Et au final ça m'a bien fait chier.
Jean Claude Dus
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Message par Jean Claude Dus »

Un poil trop lent à mon gout, mais j'ai bien aimé quand même !
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George Bailey
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Message par George Bailey »

J'ai vraiment beaucoup aimé mais le seul problème est de s'y retrouver avec les personnages. A la 1ère vision, on arrête pas de se demander qui est untel par rapport à lui ou même qui il est ? Du coup l'intrigue nous échappe un peu.

Par contre, la 2ème vision est un pur bonheur car on connait à l'avance les personnages.

De toute façon, Altman n'a pas cherché à nous présenter les perso ce qui favorise la 2ème vision mais peut en rebuter certains à la 1ère.
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Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Assez grosse déception, j'acais acheté le DVD sur un coup de tête mais le film s'avère plutot longuet. Le reste m'a beaucoup plus (mise en scène, acteurs, photo) et j'ai pris du plaisir à suivre les va et vien entre domestique et domestiqueur ( :roll: ) mais ça s'arrête là, le film de Altman à bien trop de mal à garder le spectateur dans son sillon et c'est bien dommage...
- Errm. Do you want to put another meeting in?
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Brice Kantor
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Message par Brice Kantor »

johndoe_df a écrit :Assez grosse déception, j'acais acheté le DVD sur un coup de tête mais le film s'avère plutot longuet. Le reste m'a beaucoup plus (mise en scène, acteurs, photo) et j'ai pris du plaisir à suivre les va et vien entre domestique et domestiqueur ( :roll: ) mais ça s'arrête là, le film de Altman à bien trop de mal à garder le spectateur dans son sillon et c'est bien dommage...
C'est quand mème bizarre... Mois j'étais presque à en demander une demi-heure de plus. Le petit reproche que je ferais étant que je trouve l'après meurtre un peu trops précipité.
Moi, l'embiance du film m'a complètement fasciné et hypnotisé. C'est incroyable d'intelligence.
aurélie
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Re: Gosford Park

Message par aurélie »

Gosford Park (de Robert Altman)

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"Thé à 16h00. Diner à 20h00. Meurtre à 00h00"

J'ai adoré.
Faut dire que là j'ai été gâté vu que l'action se passant en Angleterre dans les années 30, donc nous avons :
L'accent anglais, des actrices/acteurs britanniques géniaux (Kristin Scott Thomas*, Helen Mirren, Maggie Smith, Derek Jacobi, Clive Owen), costumes d'époque, avec un petit côté Agatha Christie/cluedo.
C'est théâtral, tout le temps en mouvement entre les gens du haut et les gens du bas (et en bas, en cuisine), il y a comme un plaisir jubilatoire à voir (et les voir se dire) toutes ces vacheries, coucheries, à voir ce ballet entre ces 2 mondes qui sont sous le même toit.

* :lol: quand son perso latte le chien de son mari

Bon alors cela dit heureusement que j'ai pu mettre Pause pour revérifier qui est qui (sur internet) car c'est vrai qu'il y a tellement de personnages qu'on peut s'y perdre au début.

Je me demande comment ce film a pu perdre l'Oscar du meilleur film, et Altman celui du meilleur réalisateur, contre 'Un Homme d'exception' de Ron Howard en 2001.

J'adorerai qu'une série reprenne le même principe car moi aussi j'ai été hypnotisé et fascinée.



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Watkinssien
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Re: Gosford Park

Message par Watkinssien »

Un excellent huis clos, qui renferme des personnages nombreux et énigmatiques, dont le regard d'Altman, par une mise en scène constamment élégante, épouse toutes formes de comportements avec une ironie discrète et un grand sens de la litote.
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Re: Gosford Park

Message par LucyMuir »

aurélie a écrit :
J'adorerai qu'une série reprenne le même principe car moi aussi j'ai été hypnotisé et fascinée.
Je suis totalement d'accord avec ton avis, aurélie. Tout dans ce film me plaît, l'intelligence du scénario, la maîtrise de l'espace, notamment dans les constants va-et-viens entre les deux "mondes". Et bien sûr, la subtilité du jeu des acteurs, à tel point que, malgré le très grand nombre de personnages, il est possible de se faire très clairement une idée du caractère et de la vie de chacun.
Maggie Smith est admirable en digne vieille dame peau de vache, Clive Owen est très impressionnant également.

C'est un film que je revois régulièrement et toujours avec un plaisir intact, malgré l'évaporation du suspense. Comme quoi le plus important n'est pas "qui a tué?", mais la peinture d'une micro société bourdonnante.

A voir absolument en vo, d'abord pour le plaisir des oreilles (entendre Cristin Scott Thomas qualifier de "vile animal" le chien de son mari est absolument délectable) et pour la grande diversité des accents, qui contribuent autant que la position sociale ou les vêtements à poser un personnage.
Rien.
aurélie
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Re: Gosford Park

Message par aurélie »

LucyMuir a écrit : A voir absolument en vo, d'abord pour le plaisir des oreilles (entendre kristin Scott Thomas qualifier de "vile animal" le chien de son mari est absolument délectable) et pour la grande diversité des accents, qui contribuent autant que la position sociale ou les vêtements à poser un personnage.
Je suis une vrai fan de l'accent (et l'humour) anglais donc c'est pas moi qui vais te contredire. ;)
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Joe Wilson
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Re: Gosford Park (Robert Altman, 2001)

Message par Joe Wilson »

Altman scrute un microcosme avec un regard incisif, souvent très rude : au sein des deux univers, celui des domestiques et celui de l'aristocratie, ce sont des luttes de pouvoir et d'influence, règlements de compte et coups bas. Dans l'expression d'une hiérarchie codifiée, les espaces de chacun apparaissent scrupuleusement encadrés, même si des rencontres imprévues cassent une routine fébrile.
Pour affirmer une unité de ton, la mise en scène est à la fois ample et détachée : en conséquence, il devient très vite délicat de cerner les personnages tant Altman ne laisse que quelques points de repère et immerge immédiatement le spectateur dans une somme d'enjeux qui ne peuvent que lui échapper.
Si ce tableau d'une société est exécuté avec une grande finesse, le film manque cependant de rythme : l'interprétation souvent très juste ne suffit pas à combler une perte d'intensité une fois que le cadre a été révélé. Et bien que certaines scènes soient très fortes, la multiplicité des échanges produit une sensation de confusion un peu laborieuse. Aux dépens de la pertinence de l'observation.
Gosford Park retrouve brutalement son intérêt lorsque les masques tombent, avec une discrétion poignante. Le vertige d'une souffrance refoulée et l'expression d'une révolte muette se rencontrent avant de s'évanouir dans l'oubli. L'enquête s'est écroulée, seul subsiste le témoignage arraché au quotidien d'un monde clos et hostile.
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Nestor Almendros
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Re: Gosford Park (Robert Altman, 2001)

Message par Nestor Almendros »

Hommage à Agatha Christie et à LA REGLE DU JEU de Renoir? Peut-être un peu des deux à la fois. En tout cas j'y ai beaucoup pensé: à Agatha Christie pour la mise en place de l'enquête, les nombreux personnages, les relations cachées, les soupçons provoqués en insistant sur la présence de poison ou de couteau dans la maison, ou bien avec cet enquêteur malhabile et peu crédible mais dont la gouaille rappelle celle des fameux héros de l'auteur.
Il y a aussi les références à LA REGLE DU JEU avec le decorum (longs couloirs et jeux de cache cache des personnages dans l'image) et ce tableau parallèle entre les riches invités et les domestiques. A ceci près qu'Altman profite d'un scénario qui développe encore davantage les codes de chaque environnement, accentue les rouages sociaux de ces personnages et de leur univers. Il est amusant de voir que tous agissent en prenant la pose (dignité de la profession ou du rang), en faisant d'abord attention à leur apparence, au regard de l'autre (du voisin, de l'invité, du collègue, du concurrent). Ils ont tous quelque chose à cacher, des sentiments (ou des ressentiments) plus ou moins inavouables. Et dans tous les cas, également, ils prennent comme habit une froideur de circonstance pour imposer des limites avec les autres. Si le monde aristocratique est rempli de conventions plus ou moins snobs, celui des domestiques est d'autant plus cruel et impitoyable. Chacun se jauge, s'observe, dans des jeux de pouvoir interminables. Ironie de la chose, les domestiques, considérés comme des moins que rien ("ce n'est personne", "je suis domestique, je n'ai pas de vie"), ne se comportent pas moins comme leur maîtres à leur échelle, cherchant un pouvoir et une importance pour profiter du peu qu'il leur reste.
L'interaction de ces deux univers est aussi très intéressante puisque beaucoup de secrets finissent par se savoir. Les domestiques, toujours présents, sont des témoins muets des secrets des étages (où vivent les maîtres et les invités) où la majorité des messes basses traversent finalement toute la maison. C'est ce qui m'a le plus intéressé ici, l'observation du microcosme par Altman.

Comme pour Joe, et comme pour pas mal de monde je pense, le film donne une impression de fouilli assez incroyable. Lorsque je l'ai découvert au cinéma, j'ai tenu assez peu de temps, j'ai fini par être broyé par le rythme et le flux ininterrompu de répliques. Revu huit ans plus tard, au calme, j'ai un peu plus savouré le film. Mais je trouve quand même dommage d'avoir intentionnellement provoqué ce raz-de-marée verbal qui ne peut que noyer le spectateur dans une sérieuse confusion pendant une bonne partie du film. Les choses se mettent un peu en place par la suite mais, à moins de revoir plusieurs fois le film, voire de le connaitre par coeur, il est impossible de gérer complètement cette narration. C'est un choix d'Altman qui préfère visiblement s'attacher à l'ambiance de son histoire plutôt qu'à la précision de ses intrigues. Il joue toujours avec sa caméra d'une façon reconnaissable (lents travellings accompagnés de zooms très mobiles) et met en place efficacement, il faut l'avouer, un barnum complexe (malgré des choix discutables, donc).
Dernier mot concernant la photo du film que j'aime beaucoup. Elle est précise et travaillée comme la lumière des 30's-40's avec des filtres et des tonalités de couleurs en plus. En tout cas cela donne un cachet encore plus précieux au film.
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Bogus
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Re: Gosford Park (Robert Altman, 2001)

Message par Bogus »

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La profusion de personnages et l'enchainement des répliques font que l'on est assez perdu au début mais pour tout dire j'ai beaucoup aimé cette peinture de la haute société britanique des années 30.
Car si Altman épingle non sans mordant les rapports entre maîtres et valets, il se dégage de ce film aux décors et à la lumière somptueux une bienveillance et une émotion des plus agréable, à l'image de l'héroïne (si tant est qu'on puisse détacher un personnage des autres) formidablement interprétée par la douce Kelly Macdonald.
Comme ça a été dit, il s'apprécie sûrement d'avantage avec une seconde vision une fois que l'on s'est familiarisé avec tout ce petit monde et j'ai hâte de le revoir.
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hansolo
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Re: Gosford Park (Robert Altman, 2001)

Message par hansolo »

Bogus a écrit : Comme ça a été dit, il s'apprécie sûrement d'avantage avec une seconde vision une fois que l'on s'est familiarisé avec tout ce petit monde ...
Sans doute ... J'ai été perdu par la galerie de personnages et eu du mal a comprendre le fil conducteur.
Un re-vision s'imposera.
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

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