Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par homerwell »

Ratatouille a écrit :
homerwell a écrit :Depp lui, s'est complétement approprié son personnage, et a rendu une interprétation très personnel de Dillinger. C'est un peu déconcertant pour certain peut être, mais je n'ai pas d'idées préconçues sur ce personnage publique que je ne connaissais pas du tout.
Ouais enfin Warren Oates, c'était quand même autre chose.

Image
Non, oui, peu importe, Mann aurait fait le même film avec Oates. Depp n'est pas la plus-value de Public Enemies.
Edouard
Accessoiriste
Messages : 1717
Inscription : 24 oct. 14, 09:28

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Edouard »

Gounou a écrit :
Edit : par contre, je continue à trouver Depp et Cotillard à côté de leurs pompes... ce qui est un peu LE principal problème du film à mon sens.
Entièrement d'accord même si Depp est pas si mal je trouve mais un peu "transparent".
Bon après, je le préfère à Warren Oates.
Image
Edouard
Accessoiriste
Messages : 1717
Inscription : 24 oct. 14, 09:28

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Edouard »

homerwell a écrit :
Ratatouille a écrit : Ouais enfin Warren Oates, c'était quand même autre chose.

Image
Non, oui, peu importe, Mann aurait fait le même film avec Oates. Depp n'est pas la plus-value de Public Enemies.
Mann aurait sans doute fait le même film mais s'il avait pu bénéficier d'un acteur plus fort ou même d'un Depp plus impliqué (le choix de l'acteur était bon, à mon sens), le film n'en aurait été que meilleur et aurait pu prétendre au titre de chef d'œuvre. Pour moi, il juste très bon voire excellent.
Heat est un film magistral de par son histoire et sa réalisation mais porté au firmament des chefs d'œuvres grâce à des prestations exceptionnelles de tout le casting (De Niro et Pacino en figure de proue certes mais sans oublier Jon Voigt, Ashley Judd, Val Kilmer, Tom Sizemore...)
Image
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Max Schreck »

Je ne sais pas vraiment ce que Mann a voulu raconter. Connaissant le bonhomme, et le scénario étant tiré d'un bouquin, j'imagine qu'il y a eu un gros boulot de documentation. Mais la reconstitution historique m'a laissé sur ma faim. En dehors de l'ascencion de Hoover, y'a pratiquement aucun commentaire social sur l'époque, sur les désirs et les souffrances de ces gens (l'héroïsation de Dillinger par la foule est de ce point de vue incompréhensible).

Je me persuade donc que Mann n'est absolument pas intéressé par ses personnages, tristement réduits à des figures sans passé. Bale n'a stricement rien à jouer, Cotillard se débrouille comme elle peut dans un rôle de poule qui ne se définit que par sa relation à un Dillinger qui l'emballe par la seule grâce de ses punchlines, sans le moindre sentiment, et avec ce côté détestable de se savoir irrésistible (difficile dès lors de se sentir concerné par leur couple). Par conséquent, je n'ai pas bien su de quel côté je devais me mettre, pour qui m'émouvoir, même si le traitement de Depp paraît privilégié.

Parce que portrait croisé flic et gangster, avec à l'arrière-plan la présence de sbires, la comparaison avec Heat était inévitable. Mais qu'on en est loin (rien que le personnage de Val Kilmer était inoubliable). Donc Mann n'a pas non plus eu pour ambition de donner une dimension romanesque ou tragique à ses héros, et il ne faudrait donc considérer qu'une volonté d'épure, de réduire ses personnages à des trajectoires presque abstraites, à un jeu de formes et de mouvements. Mais là encore, à mes yeux, le résultat ne m'a jamais vraiment fait vibrer. J'ai vu se succéder des scènes lassantes de fusillades et de braquages sans grandes idées ni enjeux (puisque je me fichais des personnages), en alternance avec des scènes de filature et de planque qui ne m'ont jamais non plus passionné. Même dans M le maudit, on saisissait mieux la façon dont de nouvelles méthodes scientifiques s'efforçaient de nourrir l'enquête, tandis que dans Les Incorruptibles, les mises en échec d'Elliott Ness nous faisaient de la peine. Ici, la poignée de scènes où Bale discute avec ses collègues de la façon dont ils doivent organiser leurs embuscades ne crée aucune implication, le spectateur n'ayant préalablement reçu aucune notion de la géographie des lieux.

C'est pas non plus un naufrage, le spectacle a quand même de la tenue. Mais c'est tellement en deça de son potentiel, et les choix de Mann (que je ne peux imaginer autrement que profondément réfléchis) ne m'ont pas du tout convaincu. La seule chose qui m'a finalement consolé, c'est d'entendre la grandiloquence, inattendue pour un film de 2009, du score. J'ai cru que Mann avait refait appel à Trevor Jones, avant de découvrir le nom de Goldenthal au générique de fin, et c'est toujours plaisant d'avoir de ses nouvelles.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
mannhunter
Laspalès
Messages : 17361
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par mannhunter »

Max Schreck a écrit :des figures sans passé.
Des figures sans passé et sans futur?

Mann évoquant Dillinger dans le livre d'Axel Cadieux:

"Ce qui me surprend avec Dillinger, c'est qu'il n'avait aucun objectif, aucun plan de sortie. (...) Il passait d'un Etat à l'autre sans difficulté, toujours avec cette facilité déconcertante. Personne ne pouvait suivre son rythme. Mais dans quel but? Il n'en avait pas. (...) Dillinger n'avait pas d'horizon. Il vivait un existence placée sous le signe de la spontanéité et j'ai d'ailleurs le sentiment que le film ne capture pas assez bien cette sensation."

Portait d'un personnage qui ne se projette pas, qui ne vit que pour et dans le moment présent...d'où le côté u peu froid, peu existenciel du personnage et du récit?
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Max Schreck »

Je saisis bien l'intention, mais le résultat à l'écran est faiblard. Certaines scènes parviennent, par leur suspension et le jeu de Depp, à dégager un peu de mélancolie, mais cette dernière ne me semble appuyée sur rien. Dillinger ne m'apparaît ni comme un tête brûlé no future, ni comme une figure tragique prête à se brûler à son destin. Je suis donc bien d'accord avec la fin de ta citation, puisque même Mann le reconnaît.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
shubby
Assistant opérateur
Messages : 2683
Inscription : 27 avr. 08, 20:55

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par shubby »

Ds quel but ? Vivre libre jusqu'à ce que mort s'ensuive, pardi !
Si je préfère, et de loin, la version de Milius, Mann est sévère avec lui-même je trouve. Sa partie sur les bandits qui se recyclent dans l'escroquerie légale, à savoir les banques, n'est pas piquée des hannetons et explicite bien le perso.
mannhunter
Laspalès
Messages : 17361
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par mannhunter »

shubby a écrit :Ds quel but ? Vivre libre jusqu'à ce que mort s'ensuive, pardi !
Les autres personnages chez Mann ont des aspirations, des projets ( Frank dans "le solitaire", Neil dans "Heat", Max dans "Collateral" ou même Hathaway dans "Hacker"..)...ça me paraît moins évident avec Dillinger, comme le dit Mann lui-même.

Il me semble qu'il y a une scène, celle de la course hippique, où le personnage de Billie Frechette lui reproche justement son inconscience, qu'il ne vit que dans le moment présent, sans se soucier des conséquences...Dillinger dans le film finit quand même semble-t-il par pressentir son destin
Spoiler (cliquez pour afficher)
son collègue qui agonise dans ses bras, puis quand il croise les portraits de tous ses amis morts, la fin au cinéma
shubby a écrit :Mann est sévère avec lui-même je trouve
Il a des réserves aussi sur le scénario de "Miami Vice", car la fin n'est pas celle qu'il avait prévue à l'origine..
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Max Schreck »

Histoire de remettre un couche, je repense à un autre truc que j'avais trouvé aberrant :
Spoiler (cliquez pour afficher)
le personnage de Bale, que tout le film s'efforce de caractériser comme le traqueur de Dillinger, n'a même pas droit aux dernières confessions de sa proie. C'est un personnage secondaire qui aura l'honneur d'en confier la teneur à Cotillard dans sa cellule. Je suppose que c'est par fidélité historique, mais dramaturgiquement, ça rend encore plus vide ce personnage de Purvis, qui n'aura même pas seulement droit à l'expression d'un quelconque sentiment de victoire, ne serait-ce que teinté d'amertume. Il est tout simplement escamoté du film (et j'ai déjà oublié sur quelle image il s'achève).
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
mannhunter
Laspalès
Messages : 17361
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par mannhunter »

Max Schreck a écrit :Histoire de remettre un couche, je repense à un autre truc que j'avais trouvé aberrant :
Spoiler (cliquez pour afficher)
le personnage de Bale, que tout le film s'efforce de caractériser comme le traqueur de Dillinger, n'a même pas droit aux dernières confessions de sa proie. C'est un personnage secondaire qui aura l'honneur d'en confier la teneur à Cotillard dans sa cellule. Je suppose que c'est par fidélité historique, mais dramaturgiquement, ça rend encore plus vide ce personnage de Purvis, qui n'aura même pas seulement droit à l'expression d'un quelconque sentiment de victoire, ne serait-ce que teinté d'amertume. Il est tout simplement escamoté du film (et j'ai déjà oublié sur quelle image il s'achève).
Je ne trouve pas ça spécialement aberrant, à moins qu'on souhaite retrouver à l'identique le face à face Pacino/De Niro, avec confrontation psychologique et duel final obligé, c'est plutôt escamoté ici en effet (allez, courte scène de dialogue entre les barreaux); ça suggère plus à mon sens, de manière peut-être pas assez appuyée certes, le côté tragique du personnage de Purvis
Spoiler (cliquez pour afficher)
d'ailleurs le carton final annonce son suicide
, sa marge de manoeuvre en fait limitée, son inefficacité relative... réprimandé par Hoover, un "pion" peu convaincu par sa propre équipe et n'appréciant pas ses méthodes (scènes de torture).
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Max Schreck »

mannhunter a écrit :
Max Schreck a écrit :Histoire de remettre un couche, je repense à un autre truc que j'avais trouvé aberrant :
Spoiler (cliquez pour afficher)
le personnage de Bale, que tout le film s'efforce de caractériser comme le traqueur de Dillinger, n'a même pas droit aux dernières confessions de sa proie. C'est un personnage secondaire qui aura l'honneur d'en confier la teneur à Cotillard dans sa cellule. Je suppose que c'est par fidélité historique, mais dramaturgiquement, ça rend encore plus vide ce personnage de Purvis, qui n'aura même pas seulement droit à l'expression d'un quelconque sentiment de victoire, ne serait-ce que teinté d'amertume. Il est tout simplement escamoté du film (et j'ai déjà oublié sur quelle image il s'achève).
Je ne trouve pas ça spécialement aberrant, à moins qu'on souhaite retrouver à l'identique le face à face Pacino/De Niro, avec confrontation psychologique et duel final obligé, c'est plutôt escamoté ici en effet (allez, courte scène de dialogue entre les barreaux); ça suggère plus à mon sens, de manière peut-être pas assez appuyée certes, le côté tragique du personnage de Purvis
Spoiler (cliquez pour afficher)
d'ailleurs le carton final annonce son suicide
, sa marge de manoeuvre en fait limitée, son inefficacité relative... réprimandé par Hoover, un "pion" peu convaincu par sa propre équipe et n'appréciant pas ses méthodes (scènes de torture).
Effectivement, tous ces aspects sont bien dans le film, et je ne demande pas non plus à ce qu'on me les souligne au gros marqueur, mais c'est finalement quelque chose qu'on finit par se dire une fois sorti du film, si on a envie de continuer à creuser, alors que j'aurais préféré le ressentir pendant le visionnage. Et que le comédien puisse l'incarner à l'écran.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
mannhunter
Laspalès
Messages : 17361
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par mannhunter »

Répondre