Vinyan (Fantôme en thaïlandais) raconte l’histoire d'un jeune couple britannique en deuil de leur fils au lendemain du tsunami thaïlandais. Alors qu’elle croit avoir aperçu son fils sur l’image usée d’une cassette vidéo, la mère va s’enfoncer dans la jungle sud-asiatique à la recherche de cet hypothétique fantôme. Quand le chemin du couple croise celui d'une étrange peuplade d'enfants sauvages, le voyage tourne au cauchemar.
Fabrice Du Welz parle de Vinyan comme d’une confrontation entre deux mondes, le monde occidental et le monde oriental, notamment dans leur conception de la mort. Le réalisateur fera de nouveau appel au directeur photo Benoît Debie qui oeuvra sur Calvaire.
Tous ceux qui ont vu "Calvaire" de Fabrice du Welz se souviennent de ce thriller sans concession. Laurent Lucas y était séquestré par Jacky Berroyer dans des Fagnes aussi terrifiantes que les bois du "Delivrance" de John Boorman ou du "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hopper.
Bonne nouvelle pour les fans du déjà culte du Welz, son deuxième film, "Vinyan", est en chantier et même sur le point d'être tourné. Avec, en prime, Emmanuelle Béart qui vient d'accepter le rôle féminin principal - l'info sera officiellement annoncée lundi dans le magazine professionnel Variety.
Sur fond de tsunami
Pour Fabrice du Welz et son producteur français Michaël Gentile, c'est l'aboutissement de près de deux ans de travail. "L'idée a germé au Festival de Toronto", se rappelle le second. "J'avais envie de faire un remake du "Los Niños" de Narciso Ibáñez Serrador (NdlR : film d'horreur culte de la fin des années 70), mais je n'ai pas eu les droits" se souvient du Welz. "Mais restait ce désir, comme dans "Calvaire" de renouer avec la transgression du cinéma de genre des années 70. J'ai eu alors l'idée d'une histoire ayant pour toile de fond la catastrophe du tsunami en Thaïlande. Elle me permet d'aborder à la fois la différence de rapport à la mort entre Occident et Asie et aussi une réflexion sur l'importance relative des drames : quand des occidentaux sont victimes, tout le monde en parle, mais six mois plus tard, la même chose se passe au Sri Lanka et tout le monde s'en tape."
"Vinyan", qui en thai signifie "les âmes errantes", met donc en scène un couple franco-anglais, Paul et Jeanne (Emmanuel Béart), six mois après les événements. Leur fils de sept ans, Joshua, a disparu durant le tsunami. Paul, architecte, travaille à la reconstruction, tandis que Jeanne oeuvre dans des activités humanitaires. Elle garde contre tout espoir la conviction que Joshua est encore en vie. Un jour, elle est convaincue de voir sur un document filmé en Birmanie la silhouette de son fils. Malgré l'opposition de Paul, qui doute, Jeanne et son mari se lancent alors dans un périple qui va les faire passer de l'autre côté du miroir.
"Calvaire" était une relecture de "Massacre à la tronçonneuse", "Vinyan" est une expérimentation autour du "Don't look now" de Nicholas Roeg et du "Chromosome 3" de David Cronenberg." Cinéphile patenté, Du Welz connaît ses classiques et aime leur rendre hommage. Ce parti pris à l'heur de plaire à son producteur : "Fabrice a des envies d'un cinéma atypique, fort. Son sens du cinéma est riche, exigent. "Calvaire" est devenu un film qui fait référence. Il suscite des vocations. C'est bien d'avoir aujourd'hui des réalisateurs belges ou français qui sortent des sentiers battus, qui osent des trucs différents."
Pari
Le pari de "Vinyan" est effectivement très audacieux : le film sera tourné en anglais, en Thaïlande. La coproduction réunit à ce jour la France, via la société de Michaël Gentile, The Film, Canal +, Wild Bunch, et la Grande-Bretagne, avec, essentiellement, Film Four. Fabrice du Welz, à travers sa propre société de production One Eyed, a déposé le projet devant le Commission de Sélection du Film (Communauté française) et espère lever du tax shelter.
L'implication d'Emmanuelle Béart donne évidemment une ampleur conséquente au projet. "On cherchait d'abord une actrice anglophone, précise Fabrice du Welz, mais on ne trouvait pas notre bonheur. Un peu avant Noël, Michaël m'a alors proposé de chercher sur la France." "Les choses se sont faites très simplement, explique le producteur. Nous avons dressé une petite liste de comédiennes françaises capables de jouer en anglais. Béart était dessus. J'ai passé un coup de fil à son agent, qui a lu le script. Il l'a aimé et le lui a transmis. Elle l'a lu à son tour, a vu "Calvaire" et elle a rappelé très vite. On a organisé une rencontre et elle est arrivée avec beaucoup d'humilité, de modestie et de passion pour le film."
Se "trashéiser"
Avec un budget serré de 4 millions d'euros, "Vinyan" peut paraître éloigné des standards de l'actrice française. "Elle est prête à assumer le côté "indépendant" du film" assure le producteur. "Elle sait où elle met les pieds. Emmanuelle semble être à un point où elle envie de quelque chose d'extrême. Elle est prête à se "trashéiser"" note Fabrice du Welz qui est confiant : "D'après les échos que j'ai eus, elle est cool, conciliante, bosseuse, contrairement à l'image qui en est véhiculée."
