Je n'ai pas aimé. Du tout. Pas accroché serait plus exact mais j'aime suffisamment tellement d'autres films plus sensitifs pour voir que le problème n'est pas là mais bien plus à mon sens dans les choix de mise en scène de Du Welz. Bien sûr le film a pour lui des points positifs indéniables sur lesquels je suis incontestablement d'accord (la photographie de Benoît Debie, magnifique. Certaines images fortes très bien composées --tel ce plan du petit Joshua nimbé de rouge qui apparaît dans une vision fugace, ou ce plan presque touchant du même gamin --joué par le fiston du réal si je me souviens bien-- marchant dans une rue presque déserte et boîtant...) mais voilà, le rejet a été d'autant plus brutal que cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi furieux envers un film.
Alors je vais faire pas trop long car je n'aime pas trop taper sur un film, surtout si le réal a un certain talent. Car oui, ça se voit que Du Welz a quelque chose. Mais jamais il ne m'a paru savoir l'exploiter, ce qui était d'autant plus frustrant et rageant. Plus haut, Peeping Tom résumait admirablement cela en disant que Du Welz prenait systématiquement toujours les mauvais choix. Malheureusement je me retrouve totalement dans ce court avis lapidaire. Dès le début, filmer d'une façon documentaire était casse-gueule car cela inclue bien souvent de mettre l'empathie de côté (pour moi les meilleurs docs ne nous imposent jamais de juger mais nous font en cela réfléchir par nous-même sur ce qu'il y a à comprendre sans jamais en faire trop) alors que le sujet, sans forcément basculer dans le pathos, est un sujet assez fort.
Mais voilà trop de mise en retrait. Une Béart incapable de jouer, un Rufus Sewell complètement à côté de la plaque, une Julie Dreyfuss qui ne sert que de référent mais n'a pas vraiment de consistance. Des références cinématographiques omniprésentes qui ne font que se dévoiler de plus en plus à mesure qu'on approche de la fin sans jamais que Du Welz n'arrive à les surmonter ou à en jouer (il y a bien plus de descente dans la folie et la noirceur dans un
Aguirre ou
Apocalypse now justement), des répliques assez plates...
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- "C'est un monstre" crie littéralement Sewell en montrant un gamin atrophié qu'on présente à Béart.
J'ai été choqué de cette réaction excessive et à côté de la plaque. Pauvre môme. Bien sûr ils savent que les autochtones vont exploiter leur désespoir, Sewell en étant plus que conscient et le film appuie bien souvent sur cet aspect du personnage. Mais l'effet arrive avec des gros sabots là où la mesure liée au deuil imposerait plus de retenue. Là sur cette scène, la Béart a presque réussi à me toucher pour le coup quand elle serre le gamin (encore le fiston Du Welz mais recouvert d'une peau spéciale comme l'explique le making-off). Mais je maintiens que la réplique de Sewell est du genre à me sortir littéralement.
Des effets sonores incongrus (mention spécial à l'ouverture, "
regarde je pousse le volume sonore au max pour montrer un effet de décompression et péter votre système 5.1, hihi". Super, et donc, l'intérêt ?
Non sérieusement, même Argento dans
Suspiria dans l'ouverture alors qu'on a encore la typo blanche sur fond noir, il ne monte pas le son, il demande aux Goblins de jouer des notes scansées très vite pour créer un effet de distortion et une alternance entre calme et aspect féerique et terreur pure. Derrière ça, il y a la volonté de donner une trâme sonore vivante à la sorcellerie, quelque chose de presque organique. Et puis vers la fin dans le temple, le "papier craquelé" sur un micro, ça veut sans doute donner un effet que la réalité se déchire à ce moment, mais que c'est artificiel bon sang. Quand on a une très bonne oreille ou une imagination qui aime à s'attarder sur les multiples détails, on arrive à identifier un bruit ou l'associer à quelque chose. Or là, on l'associe à quelque chose qui n'appartient pas à la diégese de l'histoire. C'est quelque chose d'
Hors du temple malheureusement et là est toute la différence). Une mise en scène qui en rajoute ("
regarde Rufus, tu es ivre, tu te balances un peu et tu jettes ta bouteille. Et moi justement je vais faire des vues subjectives où je bouge la caméra à droite, à gauche, en haut, en bas pour bien montrer que t'es complètement bourré, hihi." ...Pitié Fabrice, non, arrête là...
).
Et une fin que je sentais venir à des kilomètres tellement l'antagonisme entre Sewell et Béart était constamment mis en avant pendant tout le film.
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- Je pensais qu'ils allaient le décapiter et mettre sa tête sur une pique comme un trophée de guerre.
En fait ils l'éviscèrent et pis ils bouffent les tripes, j'étais pas loin. Parce que ça doit être plein de vitamines pour la croissance. Et puis c'est vrai que livrés à eux-mêmes, ils sont incapables de chasser, ils préfèrent bouffer les étrangers qui viennent sur leur territoire comme des gros sauvages.
Pourtant quand la caméra s'élève en un magnifique plan-séquence à la grue sur le temple, je me suis dit que là, dans ses 20 dernières minutes le film allait plonger vraiment dans le trip malade, que ça allait y aller, qu'il y aurait des choses vraiment atroces, même que je sentais la Béart chaude comme la braise à simuler la folie sans y arriver mais..... non.
C'est plat.
Mou.
Attendu.
Il y avait tellement de potentiel, de spiritualité à explorer (ces enfants qu'on voit comme des ombres dans la nuit noire qui pourraient faire écho au "vinyan" par exemple) mais bof...
...à quoi bon...
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Donc voilà, je n'ai pas aimé Vinyan. Du tout et j'en suis assez navré.
edit : désolé, je pensais faire court. Mais je sentais que je m'énervais à nouveau et donc... Flûte.