My Blueberry Nights (Wong Kar Wai - 2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Gounou
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My Blueberry Nights (Wong Kar Wai - 2007)

Message par Gounou »

'serait peut-être temps de créer un topic pour ce film, non ? Alors je m'y colle... :mrgreen:

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Vu hier. Un joli film qui s'affiche ouvertement comme une ballade romantique en apparté (l'Amérique), traduisant avec cette patte unique de l'auteur (du peintre, serait-on tenté de dire...) l'universalité des rapports affectifs, de tout ordre.
Wong ne laisse pas pour autant de côté son exploration du Temps et de ses effets sur les hommes et les choses, mais l'y niche dans les "petits rien" du quotidien, ce qui rapproche pas mal le film de son exquis Chungking Express.
Visuellement, le travail de Konji s'inscrit évidemment dans la succession de ce qu'avait donné la collaboration du réalisateur avec Christopher Doyle. C'est très beau, très fournis et le film s'exprime autant sinon plus par ses couleurs et ses cadres que par le dialogue.
Ce n'est certainement pas avec ce film que Wong Kar Wai se réconciliera avec ses détracteurs, particulièrement ceux qui n'y voient qu'un esthète maquillant du vide... il peut également décevoir après sa précédente entreprise de longue haleine et l'objet fascinant qui en a découlé (2046).

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julien
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Message par julien »

Et Chan Marshall elle est comment ?
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

j'allais poser la meme question que julien :lol:
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Fahrenheit
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Message par Fahrenheit »

Un film qui manque de corps.
Les images sont belles, le passage d'un grand dir photo à un autre grand dir photo se fait sans heurts. Mais la façon de travailler de WKW sans scénario consistant se fait ici rudement sentir. Je n'ai jamais vraiment été pris par le film. Le parcours d'Elizabeth n'est pour moi pas assez riche et suffisant pour marquer une réelle évolution du personnage. On bouge à travers les USA pendant 1 an mais on ne voit quasiment rien des villes concernées. Ce n'est pas nouveau chez WKW qui se concentre sur quelques décors précis mais comme je ne suis pas rentré dans le film j'ai trouvé que celà faisait parfois un peu théâtral. Je n'ai pas vraiment cru au couple du policier et de sa femme même si David Strathairn est bon et ça m'a fait plaisir de le revoir (Je me souviens surtout de sa performance dans Dolores Claiborne, encore un rôle de poivrot). Même chose pour la joueuse de Poker, Nathalie Portman et son père que l'on ne voit jamais, je n'y ai pas cru, ça ne sonnait pas vrai du coup je n'ai pas ressenti grand chose. Les seuls moments de toutes petites émotions sont arrivées pendant l'interaction de Jude Law et de Nora Jones plutôt bonne actrice et avec certaines phrases de la voix off. Mais j'ai surtout trouvé que le film tournait gravement en rond notamment au tout début. La caméra a beau tourné de toutes les façon possibles autour de ses 2 personnages principaux, avec moult angles et moments de ralenti il faut bien avoué que ça m'a rapidement lassé. Le film est aussi trop bavard à mon gout, mais c'est peut être justifié du fait que cela se passe aux USA et non plus à Hong-Kong ou les gens sont peut être plus réservé dans l'expression de leur sentiments. Ou bien c'est simplement la culture Hong-Kongaise qui m'a manqué ici et qui va si bien au style de WKW. Mais c'est tout à son honneur d'avoir essayé son style avec une toute autre culture.
Je pense que la technique utilisé pour filmer l'architecture étroite et ramassé de Hong-Kong, utilisation de focal longue, profondeur de champ limité, cadre très serré, ne scie peut être pas vraiment à un pays comme les USA aux grands espaces, ainsi qu'aux villes aérés.
WKW a peut être loupé l'occasion de faire évoluer son style en changeant de continent.

Je n'ai pas vu 2046, j'adore In the mood. J'ai beaucoup apprécié Chucking express, Nos années sauvages et Happy together (pas aimé les Cendres du temps, j'ai faillit sortir de salle) mais là ça n'a pas fonctionné malgré le talent évident du dir photo, de Jude Law et de Nora Jones. Belle idée que d'avoir adapté le thème musical principal d'In the Mood, mais cela joue un peu en la défaveur du film en rappelant la beauté et l'émotion ultimes que le film tourné à Hong-kong m'avait procuré lorsque je l'ai découvert en DVD.

Donc un film pas désagréable à voir mais pourtant limite ennuyeux car ne dégageant pas vraiment d'émotion, il risque de s'effacer bien plus rapidement de ma mémoire que les souvenirs déchirants des personnages. Cela démontre pour moi les limites du style WKW. Il serait temps que le cinéaste se renouvèle.
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murphy
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Message par murphy »

Fahrenheit a écrit :bla bla bla
Et Chan Marshall elle est comment ?
Gounou
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Message par Gounou »

murphy a écrit :Et Chan Marshall elle est comment ?
On l'entend beaucoup mais on la voit peu (mais bien).
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murphy
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Message par murphy »

Gounou a écrit :
murphy a écrit :Et Chan Marshall elle est comment ?
On l'entend beaucoup mais on la voit peu (mais bien).
Au nom de Julien et de Fatalitas, je te remercie.
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Gounou a écrit :
murphy a écrit :Et Chan Marshall elle est comment ?
On l'entend beaucoup mais on la voit peu (mais bien).
bon, j'ai trouvé la seule bonne raison pour aller voir le film :mrgreen:
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Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Ce film est atroce de niaiserie et parfaitement hideuissime.
A fuir !
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Message par Blue »

Simone Choule a écrit :Ce film est atroce de niaiserie et parfaitement hideuissime.
A fuir !
Qu'as-tu pensé des WKW pré-In The Mood For Love ?
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

Simone Choule a écrit :Ce film est atroce de niaiserie et parfaitement hideuissime.
A fuir !
:D
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Ender
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Message par Ender »

C'est un plutôt beau moment de cinéma, Wong Kar-wai tournoie avec douceur autour de personnages agités ou au contraire paralysés par d'énormes douleurs, dont on ne sait pas grand'chose, qui se passent de mots. Le film est le plus réussi quand il maîtrise cet écart, quand il dilue la violence des sentiments dans le silence et la douceur, alors on se fond dans les couleurs vives des décors, on laisse sa peau s'imprégner de la mélancolie qui émane des lèvres des cheveux des yeux des quelques mots des personnages, de leurs reflets dans les vitres qui nagent dans les taches de couleurs, du vide entre leurs corps. C'est le cas des scènes entre Jude Law, magnifique, et Norah Jones. Le film est moins crédible et fascinant par contre quand il essaie de construire une narration plus structurée et expose la souffrance frontalement ; je n'ai été touché que ponctuellement par l'histoire du couple d'alcooliques, et celle de Natalie Portman et son père m'a véritablement ennuyé et presque sorti du film. Tout à coup il n'y a plus de place pour investir le film, aucune faille dans laquelle se glisser et respirer le film.
Surtout My Blueberry Nights souffre un peu d'être le film d'un réalisateur qui a créé auparavant des oeuvres bien plus achevées et importantes. Le précédent Wong Kar-wai, 2046, est un chef-d'oeuvre qui traitait de la nostalgie et la souffrance amoureuses avec une poésie et un pouvoir d'évocation bien supérieurs, c'était peut-être même le film définitif du regret sentimental. Ici après l'errance, l'héroïne finira par rattraper le présent et cette fin émancipée de la poétique du regret est charmante, mais les instants de grâce sont moins nombreux qu'habituellement dans le cinéma de Wong Kar-wai, du strict point de vue de la mise en scène même c'est encore une fois surtout les passages dans le café de Jude Law que j'ai trouvés vraiment beaux et très inspirés. Alors si la rencontre entre l'art de Wong Kar-wai et la culture, les espaces et le cinéma américain est séduisante dans l'idée, et est parfois captivante et belle à l'écran, elle n'aboutit pas à un film aussi bouleversant et essentiel que les oeuvres hong-kongaises de Wong, loin de là. C'est chouette néanmoins.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

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Wong Kar-wai transpose son cinéma aux USA. ça donne un joli film, dans lequel Wong a plus l'air de se faire plaisir qu'autre chose. Les tribulations d'Elizabeth (Norah Jones, à l'aise, et jolie comme tout) se suivent sans déplaisir, à travers ses rencontres. Le plaisir se situe avant tout dans celui que semblent prendre cette excellente brochette d'acteurs (Norah Jones, Rachel Weisz, Natalie Portman, Jude Law & David Strathairn) à jouer pour Wong, la photo de toute beauté de Darius Khonji (et même s'il y a abus de faux ralentis) et la bande son très agréable.
Le trio féminin est en or, mais à mes yeux, les deux jeunettes sont largement effacées par la beauté, le magnétisme, la sensualité et le naturel de rachel Weisz. Quel femme !!
Et David Strathairn, même si son rôle n'est pas des plus intéressants, c'est toujours un bonheur de le voir et l'entendre.
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

J'hésite toujours à aller le voir :|
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Alligator
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Message par Alligator »

My Blueberry Nights (Kar Wai Wong, 2007) :

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WKW fait son film américain. Tout y est : le blues omniprésent, quelques notes de jazz peut-être, le whisky, les voitures anti-punto (la jaguar ou la décapotable avec Weisz portant lunettes de soleil couchant), les bars qui ne ferment pas la nuit, le métro new-yorkais, las vegas et son désert et son poker, il manque plus que le flingue et on y est... ah si on a droit au flingue... j'oubliais. Bref, la mythologie totale. Mais attention, loin de moi l'idée d'en dénigrer le traitement, ni même l'ambition. Il fait ce qu'il veut. Cela tourne presque bien. Le côté factice existe bel et bien, on est d'accord, mais son intensité est pour le moins mesurée. C'est acceptable, parfois charmant. Une candeur américano-centriste amusante. WKW est un enfant.

Soit, et le film une ode à cet ailleurs lointain et enchanteur, où les êtres torturés semblent se faire du mal avec de la musique qui vient de là, qui vient du blues. Décor intérieur plus qu'extérieur.
Les deux histoires centrales sont ces histoires d'amour ratées, à contre-temps, qu'affectionne le cinéaste, enserrées par celle de Jones/Law. Film à scketchs caché en somme, l'évolution de la petite Jones (deviendra grande - son personnage dans le film, moins sûr pour la carrière de l'actrice) sert de prétexte-canevas au final plutôt ravissant. C'est ces deux personnages qui m'ont touché et m'ont "sauvé" le film.
Parce que le couple déliquescent Weisz/Strathairn ne produit pas l'émotion escomptée, tant leur histoire parait simpliste et trop connue, lassante pour tout dire. Que dire de la désastreuse prestation de Portman? Quand il s'agit de plastronner à la table de poker, j'avoue qu'elle laisse planer sur la table une sorte d'enchantement, son sex-appeal explose, mais dès que son personnage se libère des exigences du poker, elle s'effondre dans un sur-jeu pénible (le summum dans le resto quand avec moult gesticulations diverses et tournoiements de crâne à donner la nausée, elle nous lâche vulgairement qu'elle a fait une croix sur son père... ici d'aucuns prétendront qu'elle joue mal de manière consciente pour jouer la menteuse éhontée... mouais).
Ces deux récits centraux, permettant à Jones de faire son parcours, son road-movie initiatique m'ont un peu ennuyé. Un peu. J'ai suivi cela sagement.
Tout cela pour un baiser. (En passant, Jones mange comme une truie)

La réalisation et la photographie n'offre plus aucune surprise. Ralentis, troubles visuels, personnages filmés à travers les vitres, lents travellings (parfois quasi imperceptibles), couleurs chatoyantes, ombres teintées, musiques antiques (j'adore mais j'ai une excuse : je suis vieux), personnages s'accoudant ou posant la tête sur un zinc pour dormir ou songer, angles de rues filmés d'un étage et nuit caline avec pluie chafouine, bref tout l'orchestre Wong au grand complet. Tout cela forme un film agréable à l'oeil et l'oreille.

Mais le scénario n'a pas le ventre de ses prédécesseurs, les personnages manquent de puissance, les comédiens aussi. Même si leur histoire m'a bien plu, Law et Jones ne font pas de grandes étincelles. Ils sont biens, c'est déjà pas mal. Proches de l'ordinaire. Weisz est juste sublime, malheureusement elle se goinfre un personnage en plastique. Strathairn joue un alcoolo, wouahhh que c'est difficile!
Bref, rien de phénoménal. A la limite je serais tenté de dire que c'est un essai de WKW et qu'on n'est pas obligé de s'y attarder plus ça.
Petite déception en somme. La forme et le joli parcours de Jones (quelque chose qui me parle décidément) prennent le film au col et l'aère légèrement. Ouf, sauvé.
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