Dario Argento

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Major Tom a écrit :Allez, encore un petit effort, il te reste à remonter un topic Michael Mann, un topic The Keep, un topic Ne vous retournez pas/Le Cercle infernal, et Vercingé -...ha non, celui-là tu l'as fait récemment...- et tu auras tout fait. :mrgreen:
Et tu oublies celui sur Le Fantôme de Sarah Williams.
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Message par mannhunter »

Ratatouille a écrit :
Major Tom a écrit :Allez, encore un petit effort, il te reste à remonter un topic Michael Mann, un topic The Keep, un topic Ne vous retournez pas/Le Cercle infernal, et Vercingé -...ha non, celui-là tu l'as fait récemment...- et tu auras tout fait. :mrgreen:
Et tu oublies celui sur Le Fantôme de Sarah Williams.
celui-là ça faisait longtemps pourtant...quelle mémoire Ratatouille!!
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Flol
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Re: Dario Argento

Message par Flol »

Ah mais c'est que je tiens des fiches sur toi, aussi.
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Message par mannhunter »

Ratatouille a écrit :Ah mais c'est que je tiens des fiches sur toi, aussi.
y a d'autres forumeurs qui ont ce privilège ou je suis l'unique? :)
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hellrick
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Re: Dario Argento

Message par hellrick »

TENEBRES
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En 1982, le giallo est définitivement mort et enterré en Italie. Lancé par Mario Bava avec LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP et, surtout, SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN, le genre connaît diverses variations et passe de savantes machinations teintées d’érotisme à de sanglantes hécatombes orchestrées par un sadique aux gants noirs. Dario Argento contribue, bien évidemment, à la renommée du giallo dont il est rapidement considéré comme le maître via sa « trilogie animalière » (L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL, LE CHAT A NEUF QUEUES, QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS) et son classique LES FRISSONS DE L’ANGOISSE, peut-être l’aboutissement du genre. Dans les trois premières années des seventies pas moins de 80 giallos sortent sur les écrans, entrainant une inévitable lassitude du public, fatigué des sempiternelles machinations tordues, héritages contrariés et suite de meurtres commis pour des motifs de plus en plus vaseux. Par conséquent, la cadence se ralentit nettement et, dans les années 1975 à 1977 on ne compte plus qu’une vingtaine de titres dont la plupart s’éloignent en outre des schémas classiques en copulant avec le polar musclé, le fantastique, le drame ou l’érotisme. Après deux essais érotiques, voire pornographiques (GIALLO A VENEZIA et PLAY MOTEL) en 1979, le giallo disparaît des écrans jusque 1982 où Dario Argento le ressuscite brièvement via TENEBRES. Une tentative qui restera isolée en dépit des retours, souvent peu concluants, tentés par les vétérans Lucio Fulci (MURDER ROCK, L’EVENTREUR DE NEW YORK), Sergio Martino (CRIMES AU CIMETIERE ETRUSQUE), Umberto Lenzi (FOU A TUER) ou Lamberto Bava (LA MAISON DE LA TERREUR, MIDNIGHT HORROR).
Nettement plus froid que ses précédents essais, à l’opposé de la flamboyance de ses deux films fantastiques antérieurs (SUSPIRIA et INFERNO), TENEBRES, parfois qualifié de « néo-giallo », s’intéresse à un écrivain de thriller, l’Américain Peter Neal, venu présenter à Rome son dernier best-seller intitulé « Ténèbres ». Malheureusement, la veille de son arrivée dans la capitale italienne, une jeune fille, surprise quelque temps auparavant à tenter de voler le roman de Neal, est tuée à coup de lame de rasoir. On retrouve d’ailleurs dans sa bouche des pages de « Ténèbres ». A son arrivée à Rome, Neal effectue une conférence de presse où il est pris à partie par une journaliste lesbienne, Tilda, qui lui reproche sa misogynie. Peu après, Tilda et sa compagne, Marion, sont assassinées à leur tour à coups de rasoir. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Germani évoque les correspondances troublantes entre certains passages du roman de Neal et les faits divers qui ensanglantent la cité millénaire. Des lettres menaçantes, envoyées à l’écrivain, ne laissent de toutes façons plus de doute : le maniaque est décidé à nettoyer la ville des « anormaux » et sa dernière cible sera Neal lui-même, considéré comme un corrupteur de l’humanité…

Alors qu’il souhaite boucler sa « trilogie des Mères » (ce qu’il fera 25 ans plus tard avec le controversé MOTHER OF TEARS), Dario Argento, en voyage à Los Angeles, est harcelé et menacé de mort par un de ses admirateurs. Placé sous protection policière, le cinéaste va tirer de cet événement, ainsi que du récent assassinat de John Lennon par un de ses « fans », la matière à son prochain film : TENEBRES. Celui-ci le voit revenir au genre qui a fait sa gloire : le giallo, alors passé de mode aux profits de différents filons comme l’heroic-fantasy, le postnuke, le « cannibal flick », le porno péplum, etc. Cependant, pour ce retour 7 ans après LES FRISSONS DE L’ANGOISSE, Argento change son orientation stylistique et substitue au baroque de ses débuts un réalisme glacial qui privilégie les décors modernes et les murs uniformément blancs sur lesquels viennent se déverser des flots de sang écarlates. Le scénario, pour sa part, se montre mieux construit et plus crédible que dans de nombreux giallos de la décennie précédente, même si les spectateurs cartésiens pointeront du doigt plusieurs invraisemblances et facilités, parfois grossières. Le climax, par exemple, aussi mémorable et efficace qu’il soit sur l’instant, s’avère, avec le recul, particulièrement ridicule : comment croire que l’assassin possède sur lui un rasoir de théâtre lui permettant de simuler son suicide une fois démasqué par l’inspecteur ? Et pourquoi attendrait-il le retour de ce-dernier plutôt que de fuir ? Argento, peut-être agacé par la suprématie du slasher au début des années ’80, joue sur les codes de cette déclinaison américaine du giallo et marche sur les plates-bandes de HALLOWEEN et VENDREDI 13 au cours d’un final outré fort peu crédible. Néanmoins, aussi invraisemblable qu’il soit, ce climax reste un morceau d’anthologie et de plaisir pur qui aligne les twists à une cadence infernale et propose pratiquement un retournement de situation à la minute. Le point d’orgue sanglant d’une longue série de tueries stylisées, le « body count » approchant la douzaine de meurtres exécutés majoritairement au rasoir ou à la hache, ce qui nous vaut un bras tranché du plus bel effet crachant un bon litre de sang sur un mur blanc.
Malgré ses invraisemblances criantes mais, finalement, bien excusables et sans grande conséquence sur la réussite du long-métrage, TENEBRES se révèle donc efficace et réserve quelques séquences redoutables comme par exemple la longue poursuite d’une demoiselle en détresse. Traquée par un chien féroce et obstiné, la pauvre victime aboutit sans le savoir dans la demeure du meurtrier et découvre par hasard son identité, ce qui, bien sûr, scelle immédiatement son destin. Le meurtre des deux lesbiennes permet également à Argento de déployer son savoir-faire et, surtout, de s’amuser avec sa caméra en offrant au spectateur de beaux moments de virtuosité. Notons encore les jolis plans, iconiques et référentiels, sur une main gantée de noir tenant un rasoir qui viendra briser une ampoule électrique ou trancher une gorge féminine.
Ponctué par la bande sonore rythmée des Goblin (dont le thème principal sera ensuite repris, quasi à l’identique, par le groupe électro Justice sous le titre « Phantom »), TENEBRES propose une sorte de synthèse du cinéma d’Argento. Ce-dernier n’hésite pas, en effet, à opérer un digest de sa propre œuvre et recycle divers passages de ses films antérieurs pour en offrir un équivalent plus moderne et cynique, marqué par l’esthétique glacée et l’individualisme des années ’80, une période plus cruelle où un individu (John Saxon) peut être poignardé en plein jour au milieu de la foule sans que l’assassin ne soit inquiété. Délaissant, en dépit de son titre, les climats nocturnes souvent de mise dans le giallo, TENEBRES est donc un thriller lumineux mais qui plonge, une fois de plus, au cœur de la psyché perturbée d’un criminel à jamais hanté par un traumatisme adolescent.
En résumé, un des grands classiques du giallo et un des meilleurs films d’Argento dans lequel on retrouve, en outre, quelques visages familiers du cinéma bis comme Guiliano Gemma (UN PSITOLET POUR RINGO, ARIZONA COLT), John Saxon (OPERATION DRAGON, LES GRIFFES DE LA NUIT),Anthony Franciosa (UN JUSTICIER DANS LA VILLE 2) ou l’inévitable Dario Nicolodi (SCHOCK, INFERNO). A voir ou à revoir.
5/6
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mannhunter
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Re: Dario Argento

Message par mannhunter »

Jericho
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Re: Dario Argento

Message par Jericho »

Ténèbres

Pour une oeuvre de Dario Argento issue des années 80, c'est pas mal et plutôt de bonne tenue.
Visiblement, son cinéma déliquescent est intervenu juste après cet opus.
Comme d'habitude, le scénario et les personnages sont plus ou moins sommaire dans leur écriture, mais l'ensemble se suit sans déplaisir, vu que le rythme est bien géré.
L'intérêt du film réside surtout dans la mise en scène du "maître". Cette dernière réserve quelques bons moments, notamment les séquences de meurtres. C'est très graphique, surtout le final. En gros, tout ce qui est relatif au point de vue du tueur c'est du tout bon (plan séquence, passages en vue subjective,...).
Ce qui m'empêche d'être enthousiaste, outre le fait que l'enquête policière soit basique, ce sont les quelques situations kitchs pour ne pas dire ridicules, qui j'ai l'impression sont inhérentes à l'univers du cinéaste. Cette fois-ci pas de scènes foirées avec des animaux. Il y a ceci dit une attaque de doberman sur une adolescente, néanmoins j'y trouve rien à redire là dessus, vu que c'est bien emballé et crédible.
Pour finir, la musique des Goblins m'a plu, mais peut-être pas autant que l'actrice au poitrail généreux, qui se balade à demi-nue dans sa baraque.
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Message par Demi-Lune »

Quatre mouches de velours gris (1971)

Le dernier Argento qu'il me restait à voir de la grande époque s'avère être un giallo de très bonne tenue. La prochaine édition Wild Side permettra, je l'espère, de redécouvrir et d'apprécier à sa juste valeur cet opus rare dont Argento n'est apparemment pas trop fan, mais qui recèle pourtant des trésors de mise en scène et certaines des scènes les plus intéressantes de sa filmographie (dont notamment l'ultime scène et son méga-ralenti magnifiquement enveloppé de Come un madrigale de Morricone). Dans les années 1970, le réalisateur témoignait encore d'un souci maladif du cadrage qui se traduit par une utilisation magistrale du Cinémascope, dans la droite lignée de L'Oiseau au plumage de cristal et Les Frissons de l'angoisse. La maîtrise formelle d'Argento, comme toujours, se caractérise par une recherche visuelle toujours plus folle ; Quatre mouches de velours gris, s'il n'est pas aussi techniquement abouti que le chef-d’œuvre Les Frissons de l'angoisse, n'en reste pas moins son annonciateur tant les travellings sont virevoltants, les plans scrupuleusement étudiés, le montage, étonnant de rudesse et d'expérimentation. Par exemple, la scène de la tombée de la nuit sur le parc pourrait à première vue être assimilée à de l'amateurisme avec ses raccords incompréhensibles, alors que les jump-cut, en réalité très audacieux, créent un langage visuel flirtant avec le fantastique. A un autre moment, le héros au volant de sa voiture passe énergiquement les vitesses et à chaque fois qu'il enclenche la vitesse supérieure, le montage crée un contre-point en flash-forward et en caméra subjective, on pénètre dans un bâtiment, coupe sur le passage de la seconde à la troisième, on monte un escalier, coupe sur le passage de la troisième à la quatrième, on se rapproche de la porte d'un bureau, coupe sur le passage de la quatrième à la cinquième... l'effet visuel est à la fois étonnant de rudesse et impressionnant de dynamisme. En matière visuelle, Quatre mouches de velours gris est un petit festin et ce seul aspect suffit à ma satisfaction. L'histoire est également pas mal foutue, même si elle se permet quelques lenteurs et des tentatives d'humour (au travers de personnages décalés, comme un Jean-Pierre Marielle en privé homosexuel) que je ne trouve pas convaincantes. En revanche, ayant vu le film en VO sans sous-titres, et la scène de révélation passant subitement de l'anglais à l'italien, je n'ai absolument pas compris quelles étaient les motivations de l'assassin ni le pourquoi de ce cauchemar de décapitation qui vient hanter le héros à plusieurs reprises. Mannhunter, help. :lol:
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Re: Dario Argento

Message par mannhunter »

Demi-Lune a écrit :cet opus rare dont Argento n'est apparemment pas trop fan
je crois que tu confonds avec "le chat avec 9 queues". :wink:
Demi-Lune a écrit :je n'ai absolument pas compris quelles étaient les motivations de l'assassin ni le pourquoi de ce cauchemar de décapitation qui vient hanter le héros à plusieurs reprises.
dans mon souvenir
Spoiler (cliquez pour afficher)
la femme fait de la vie de son amant un enfer parce que ce dernier lui rappelle son odieux père...pour les cauchemars récurrents c'est juste une légère incursion dans le fantastique qui annonce la décapitation finale de l'assassin...le héros croit que c'est lui la victime dans son rêve alors que c'est sa femme comme il le comprend dans la dernière scène
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Re: Dario Argento

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :Quatre mouches de velours gris (1971)

(...) En revanche, ayant vu le film en VO sans sous-titres, et la scène de révélation passant subitement de l'anglais à l'italien, je n'ai absolument pas compris quelles étaient les motivations de l'assassin ni le pourquoi de ce cauchemar de décapitation qui vient hanter le héros à plusieurs reprises.(...)
C'est bizarre ça. Tu l'as vu par quel moyen ? DVD importé ? Youtube ?
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Re: Dario Argento

Message par Demi-Lune »

mannhunter a écrit :
Spoiler (cliquez pour afficher)
la femme fait de la vie de son amant un enfer parce que ce dernier lui rappelle son odieux père...pour les cauchemars récurrents c'est juste une légère incursion dans le fantastique qui annonce la décapitation finale de l'assassin...le héros croit que c'est lui la victime dans son rêve alors que c'est sa femme comme il le comprend dans la dernière scène
Merci. J'avoue que j'espérais mieux que ça. Too bad. :mrgreen:
Anorya a écrit :C'est bizarre ça. Tu l'as vu par quel moyen ? DVD importé ? Youtube ?
Je valide ta dernière proposition.
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Re: Dario Argento

Message par hellrick »

Je le mets ici, vous comprendrez pourquoi...

DEMONS 6 : DE PROFUNDIS

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Luigi Cozzi n’est sans doute pas le meilleur cinéaste du bis italien qui soit et sa filmographie le confirme aisément. Si son premier long-métrage, THE KILLER MUST KILL AGAIN, constitue une perle méconnue du giallo à redécouvrir d’urgence, la suite se montre, elle, nettement plus… discutable. De STARCRASH à HERCULE en passant par CONTAMINATION, le bonhomme a, cependant, toujours essayé de proposer un spectacle correct et divertissant. Les résultats ne furent pas à la hauteur des espérances mais, au moins, sent-on chez Cozzi une volonté de soigner un minimum ses films sans sombrer dans la complète médiocrité dont firent preuve bien des réalisateurs italien durant les années ‘80. Souvent raté, ses longs-métrages se révèlent, malgré tout, distrayants et évitent le bâclage total de bien des titres sortis à la fin de l’âge d’or des « cinémas de quartier ».

DEMONS 6 : DE PROFUNDIS apparait, dès lors, comme une tentative estimable de ressusciter les grandes heures de l’épouvante ritale dans un paysage cinématographique déserté. Cependant, le projet parait boiteux dès le départ comme en témoigne immédiatement les divers titres dont il fut affublé. Tourné en tant que THE BLACK CAT (« Il gatto nero », à ne pas confondre avec son homonyme signé par Fulci quelques années auparavant), le long-métrage ne fait pourtant nullement référence à la nouvelle d’Edgar Allan Poe (tout juste peut-on apercevoir un matou – assimilé à un familier du diable –déambuler sans raison dans les décors…une concession aux producteurs qui désiraient absolument une référence à Poe).

Par la suite, le film fut rebaptisé DEMONS 6, poursuivant une tradition de fausses séquelles au diptyque initial de Lamberto Bava. SANCTUAIRE et LA SECTE de Michele Soavi, tout comme le remake du MASQUE DU DEMON signé Lamberto Bava furent, ainsi, renommés respectivement DEMONS 3, DEMONS IV et DEMONS 5…tandis que, parallèlement, THE OGRE et BLACK DEMONS se voyaient, eux aussi, affublés du titre DEMONS 3. Un véritable casse-tête même si, de toutes manières, aucun des films cités n’entretiennent le moindre rapport avec DEMONS et DEMONS 2. Un procédé courant dans la Péninsule comme le prouve par exemple AU-DELA DES TENEBRES, renommé, suivant les pays, LA CASA 5, EVIL DEAD 5 ou carrément HOUSE 5. Et ne parlons même pas des innombrables soi-disant séquelles de ZOMBIES produites durant les années ’80.

Le film de Luigi Cozzi, pour sa part, fut encore titré DE PROFUNDIS, une appellation cette fois moins mensongère puisqu’il se définit comme une adaptation de l’œuvre « Suspiria de profundis » de Thomas de Quincy (parfois attribuée, par les dialogues, à Charles Baudelaire !) et, par conséquent, comme le troisième volet de la « Trilogie des Mères » de Dario Argento…Près de vingt ans avant l’officiel MOTHER OF TEARS, Cozzi nous invite à découvrir le redoutable pouvoir de la plus cruelle des trois sorcières : Mater Lacrymarum, autrement dit la mère des larmes ! Le résultat, en dépit de tous les clins d’œil, emprunts, hommages ou plagiats (rayer les mentions inutiles) à SUSPIRIA et, dans une moindre mesure, à INFERNO est, hélas, un véritable ratage…non dénué toutefois d’un réel potentiel divertissant pour les amateurs de « bisseries » généreuses.

L’intrigue est simple : des producteurs tentent de monter un nouveau film inspiré par « Suspiria de profundis », précédemment adapté par Dario Argento pour son classique SUSPIRIA. Un livre qui permettrait dix films, nous dit d’ailleurs l’un des protagonistes, lequel imagine l’histoire de Levana, une sorcière morte voici plusieurs siècles et désireuse de se réincarner à notre époque. Toutefois, au fil de la préparation du tournage, l’influence pernicieuse de Levana se manifeste et des meurtres mystérieux surviennent…En dépit des conseils d’une experte en occultisme, le réalisateur Marc Rivenna désire néanmoins aller de l’avant et poursuivre son projet. Levana, pour sa part, attend d’être invoquée pour retrouver sa suprématie sur notre monde et l’actrice pressentie pour jouer son rôle, Anne, voit sa vie (et celle de son bébé) menacée par les forces surnaturelles. Heureusement, elle bénéficie de l’aide d’une « bonne fée » nommée Sybil. Le combat entre le Bien et le Mal se prépare…

Débutant par un bel hommage au giallo (et, en particulier, à SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN) qui se révèle simplement un « film dans le film », DEMONS 6 : DE PROFUNDIS se poursuit en révisant, à gros traits, le classique de Dario Argento.
Sans la moindre nuance, Luigi Cozzi use et abuse par conséquent des éclairages contrastés qui laissent la part belle aux teintes chaudes : jaunes brillant, rouge écarlate, vert resplendissants,…Le résultat, au choix plaisant ou hideux, constitue un véritable kaléidoscope psychédélique capable de faire tripper le spectateur réceptif plus surement qu’une pastille d’acide. Ou de lui filer mal aux yeux et au crane au bout d’une demi-heure.

Ensuite, le film évoque, de façon parfois amusante, l’état déplorable du cinéma d’horreur italien (« ce type n’est pas un cinéaste, c’est un boucher qui se fiche de tout sauf répandre le sang, toujours plus de sang ») ou se perd dans des discussions très « geek » (à la Tarantino si vous me passez cette référence anachronique) sur les mérites de Dario Argento.

Peu à peu, l’influence de la « mère des larmes » s’affirme et Levana elle-même se manifeste sous la forme d’une horrible créature, loin de la « plus belle et la plus cruelle des sorcières » définie par Argento. Les très médiocres maquillages n’aident d’ailleurs pas à sa crédibilité et l’intrigue devient, dès lors, plus obscure. Trop brouillon, Luigi Cozzi peine à maintenir l’attention du spectateur en dépit de quelques scènes horrifiques aux évidentes ambitions mais, généralement, ruinées par une mise en scène désastreuse, des effets spéciaux foireux et un abus immodéré de filtres colorés et autre nuages de fumée censés produire une atmosphère angoissante. En pure perte. Le climax, qui confronte l’héroïne, soudain capable de contrôler le temps, à la sorcière qui balance des rayons lasers (!) et sombre, lui, dans le ridicule mais demeure distrayant pour les plus indulgents, d’autant que le cinéaste y ajoute en inserts des stock-shots incongrus de l’espace. Du délire ! A toutes ses influences assumées (SUSPIRIA, INFERNO, LE MASQUE DU DEMON) ou évoquées de manière détournées (le giallo, Edgar Allan Poe), Luigi Cozzi ajoute encore quelques passages « féériques » à la POLTERGEIST, quelques emprunts à LA MALEDICTION ou ROSEMARY’s BABY et un écran de télévision « vomissant » de la tripaille qui rappelle grandement VIDEODROME, sans oublier un clin d’œil à son propre CONTAMINATION via une explosion ventrale bien gore.

Interprété par la Française Florence Guérin (révélée par LE DECLIC et déjà à l’affiche de deux giallos tardifs, LE COUTEAU SOUS LA GORGE et TROP BELLE) le film permet également de retrouver la belle scream queen Caroline Munro (dans le rôle de la chaudasse maitresse du metteur en scène) et Michele Soavi dans une apparition clin d’œil (non créditée) : un cinéaste spécialisé dans l’horreur sanglante. Autre référence : l’utilisation récurrente du thème principal de SUSPIRIA, composé par les Goblins, qui contraste avec des morceaux heavy metal assez ringards…Un procédé qui rappelle quelque peu le premier DEMONS dans lequel Simonetti bataillaient musicalement avec divers groupes hard réputés des eighties.

Envisagé comme une déconstruction de l’horreur à l’italienne brouillant les frontières entre le rêve, les films et la « réalité », DEMONS 6 : DE PROFUNDIS, co-scénarisé par Daria Nicolodi et Luigi Cozzi ne manque pas d’une certaine ambition, d’ailleurs surprenante pour un film d’horreur italien de la fin des années ‘80. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas à rendre l’ensemble réussi même si, pour les fans d’Argento, ce « giallo occulte » s’avère à la fois plaisant et irritant. En tout cas, DEMONS 6 : DE PROFUNDIS reste, indéniablement, une curiosité.

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Re: Dario Argento

Message par mannhunter »

hellrick a écrit :Luigi Cozzi n’est sans doute pas le meilleur cinéaste du bis italien qui soit et sa filmographie le confirme aisément. Si son premier long-métrage, THE KILLER MUST KILL AGAIN, constitue une perle méconnue du giallo à redécouvrir d’urgence, la suite se montre, elle, nettement plus… discutable. De STARCRASH à HERCULE en passant par CONTAMINATION, le bonhomme a, cependant, toujours essayé de proposer un spectacle correct et divertissant.
Toujours pas vu "the killer must kill again" par contre ses autres films :? ...il y a bien Caroline dans "Star crash" mais ça ne suffit pas! :(
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Re: Dario Argento

Message par hellrick »

mannhunter a écrit :Toujours pas vu "the killer must kill again" par contre ses autres films :? ...il y a bien Caroline dans "Star crash" mais ça ne suffit pas! :(
Je ne peux pas t'aider pour "The killer..." (qui fera partie de mon top12 cinéma italien dans le N°2 de Cinemagfantastique ça c'est de la pub :mrgreen: ) le lien que j'avais est mort...espérons une sortie chez Exctasy of films...

Clair que le reste de la filmo de Cozzi est pas terrible...mais pour Star Crash disons que le bikini de Caro suffit pour moi :fiou:
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Re: Dario Argento

Message par Jeremy Fox »

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