Changement d'adresse (Emmanuel Mouret - 2006)
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Changement d'adresse (Emmanuel Mouret - 2006)
Fraîchement installé à Paris, David, un musicien, timide et maladroit, tombe fou amoureux de sa jeune élève, Julia. Il tente tout pour la séduire.
Sa colocataire, Anne, l'encourage, le conseille, et le console... passionnément !
(Petit) succès surprise de l'été 2006, voilà une belle réussite !!
Pour son 4e film, le réalisateur (qui est aussi le rôle principal, et sosie officiel d'Emmanuel Chain) nous présente une jolie histoire d'amour, dans laquelle la naïveté et la timidité ont leur mot à dire.
Et l'humour a aussi sa place ; David est joueur de Chor, ce qui donne lieu à de subtils quiproquos.
Tout se joue en retenue, sans excès, dans l'attente des sentiments de l'un ou de l'autre, certes réalisé de manière très basique, mais de fort belle manière. La fin est aussi inattendue, ce qui change de ce qu'on pourrait croire dans les films d'amour.
L'interprétation nous présente deux nouveaux acteurs ; Fanny Valette (très calme, mais jolie comme tout ) et le chanteur Danny Brilliant qui joue vraiment son rôle de rival avec talent (on dit que Dany est brillant).
Seul reste un gros point noir, qui peut en agacer certains ; ça joue assez souvent faux, comme si les acteurs lisaient leur texte, sans intonation (surtout Frédérique Bel); La naïveté du personnage d'Emmanuel Mouret peut être aussi irritante, il donne l'impression de ne jamais dépasser sa timidité ou sa gêne vis-à-vis des gens.
Malgré ces défauts, j'ai vraiment été charmé par ce film tout gentil et qui m'aura fait découvrir les talents de Mouret (que l'on compare à une version jeune d'Eric Rohmer ou à du Truffaut).
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
je suis étonné par la réflexion sur le "jeu faux" de Frédérique Bel: il me semble au contraire que cet aspect "texte récité sans intonation" est beaucoup plus présent chez Mouret et Fanny Valette que chez la jolie transfuge de Canal, qui a le personnage le plus "piquant" du lot (avec les intonations qui vont avec).Boubakar a écrit : Seul reste un gros point noir, qui peut en agacer certains ; ça joue assez souvent faux, comme si les acteurs lisaient leur texte, sans intonation (surtout Frédérique Bel); La naïveté du personnage d'Emmanuel Mouret peut être aussi irritante, il donne l'impression de ne jamais dépasser sa timidité ou sa gêne vis-à-vis des gens.
Malgré ces défauts, j'ai vraiment été charmé par ce film tout gentil et qui m'aura fait découvrir les talents de Mouret (que l'on compare à une version jeune d'Eric Rohmer ou à du Truffaut).
Et puis, cette manière très particulière de parler-réciter est tout de même moins marquée que dans son précédent film, "Vénus & Fleur", qui avait réussi à prodigieusement m'agacer (alors que précisément, je ne suis pas rétif, d'habitude, à ce mode d'énonciation-là, quand il est bien appréhendé).
ps: par ailleurs, je trouve la comparaison avec Truffaut et (surtout) Rohmer un peu abusive. Il y a un sens du burlesque chez Mouret qui lui est propre, et moi qui suis très amateur de Rohmer, je n'y ai pas retrouvé grand chose de son cinéma (où les acteurs s'expriment quand même de manière plus fluide et "naturelle", si l'on peut dire)
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J'ai pour ma part pas mal pensé également à Truffaut devant ce film, Mouret me rappelant le Antoine Doisnel de Baisers Volés ou Domicile Conjugual, y compris dans son phrasé assez particulier (pour le coup, je suis d'accord avec Nicolas : celle ayant le jeu le plus fluide et naturel, c'est Frédérique Bel).
Un film sympathique et léger...mais ça s'arrête là.
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- Boubakar
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Voilà à quoi ça me faisait penser, j'arrvais pas à y mettre un nom dessus (une scène fait penser à l'affiche de Domicile Conjugal).Ratatouille a écrit :J'ai pour ma part pas mal pensé également à Truffaut devant ce film, Mouret me rappelant le Antoine Doisnel de Baisers Volés ou Domicile Conjugual, y compris dans son phrasé assez particulier
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J'apprécie beaucoup Emmanuel Mouret, Changement d'adresse constituant sa plus belle réussite après le charmant Laissons Lucie Faire et un Vénus et Fleur certes un peu décevant.
Il dévoile un univers, certes clos et codé (et Emmanuel Mouret acteur peut facilement agacer), mais dans lequel j'ai plaisir à m'y plonger, avec la permanence d'une sensibilité plus intense que la légereté de la trame et du jeu des acteurs ne pourrait suggérer.
Le personnage de Mouret apparait d'abord comme un tendre naif mais Changement d'adresse malgré son final consacre un malaise relationnel, l'impossibilité d'une fusion émotionnelle au sein du couple...de ce décalage naît du burlesque mais aussi une faille, une désillusion tenace, qui me touche énormément.
Pour la comparaison avec Rohmer, je partage l'avis de Nicolas, elle est souvent utilisée de manière superficielle et n'a pas vraiment de raison d'être...le côté littéraire du cinéma de Mouret, une certaine fascination pour les mots peut le rappeler mais ce n'est qu'une façade.
Pour Boubakar, la citation de Domicile Conjugal est bien présente mais là-encore, la relation avec Truffaut me semble aussi lointaine.
Mouret a pour lui la capacité à creuser un espace certes référencé mais qui trouve assez rapidement ses qualités propres.
Son nouveau film, Un baiser, s'il vous plaît, sortira avant la fin de l'année (prévu pour le 12 décembre), réunissant Mouret, Virginie Ledoyen, Julie Gayet et Frédérique Bel.
Il dévoile un univers, certes clos et codé (et Emmanuel Mouret acteur peut facilement agacer), mais dans lequel j'ai plaisir à m'y plonger, avec la permanence d'une sensibilité plus intense que la légereté de la trame et du jeu des acteurs ne pourrait suggérer.
Le personnage de Mouret apparait d'abord comme un tendre naif mais Changement d'adresse malgré son final consacre un malaise relationnel, l'impossibilité d'une fusion émotionnelle au sein du couple...de ce décalage naît du burlesque mais aussi une faille, une désillusion tenace, qui me touche énormément.
Pour la comparaison avec Rohmer, je partage l'avis de Nicolas, elle est souvent utilisée de manière superficielle et n'a pas vraiment de raison d'être...le côté littéraire du cinéma de Mouret, une certaine fascination pour les mots peut le rappeler mais ce n'est qu'une façade.
Pour Boubakar, la citation de Domicile Conjugal est bien présente mais là-encore, la relation avec Truffaut me semble aussi lointaine.
Mouret a pour lui la capacité à creuser un espace certes référencé mais qui trouve assez rapidement ses qualités propres.
Son nouveau film, Un baiser, s'il vous plaît, sortira avant la fin de l'année (prévu pour le 12 décembre), réunissant Mouret, Virginie Ledoyen, Julie Gayet et Frédérique Bel.
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J'avais trouvé le personnage interprété par Mouret tout a fait original, comme anachronique, dans cet univers contemporain. La fraîcheur des dialogues, leur espèce de maladresse dans ce rythme si particulier m'avait particulièrement touché.
Depuis j'attends avec impatience les nouveaux films de Mouret, il est devenu pour moi le metteur en scène d'un espèce de savoureux burlesque romancé.
En attendant donc Un baiser s'il vous plaît, en décembre, cette fois ci avec Ledoyen (que je ne supporte pas, mais passons...)et Gayet…
Depuis j'attends avec impatience les nouveaux films de Mouret, il est devenu pour moi le metteur en scène d'un espèce de savoureux burlesque romancé.
En attendant donc Un baiser s'il vous plaît, en décembre, cette fois ci avec Ledoyen (que je ne supporte pas, mais passons...)et Gayet…
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
- Boubakar
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A propos de Mouret, Michel Ciment (Positif) le comparait à du Buster Keaton, dans le sens où c'est un personnage au burlesque physique, qui ne peut accrocher la réalité, qui est quelquepart dans une désillusion complète du monde dans lequel il vit.Joe Wilson a écrit :Le personnage de Mouret apparait d'abord comme un tendre naif mais Changement d'adresse malgré son final consacre un malaise relationnel, l'impossibilité d'une fusion émotionnelle au sein du couple...de ce décalage naît du burlesque mais aussi une faille, une désillusion tenace, qui me touche énormément.
Et, à y réfléchir, ce n'est pas faux, tant le personnage de Mouret est en complet décalage avec celui de Bel et, surtout de dany Brillant, mais il trouve son contre-poids féminin en la personne de fanny Valette, le burlesque en moins.
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Le lien avec Keaton est en effet évident dans la poésie et la maladresse des gestes, même si je préfère éviter cette comparaison tant Buster est immense et insurpassable de ce côté.Boubakar a écrit :A propos de Mouret, Michel Ciment (Positif) le comparait à du Buster Keaton, dans le sens où c'est un personnage au burlesque physique, qui ne peut accrocher la réalité, qui est quelquepart dans une désillusion complète du monde dans lequel il vit.Joe Wilson a écrit :Le personnage de Mouret apparait d'abord comme un tendre naif mais Changement d'adresse malgré son final consacre un malaise relationnel, l'impossibilité d'une fusion émotionnelle au sein du couple...de ce décalage naît du burlesque mais aussi une faille, une désillusion tenace, qui me touche énormément.
Et, à y réfléchir, ce n'est pas faux, tant le personnage de Mouret est en complet décalage avec celui de Bel et, surtout de dany Brillant, mais il trouve son contre-poids féminin en la personne de fanny Valette, le burlesque en moins.
Il y a un double décalage gestes/paroles chez Mouret qui m'apparait particulièrement intéressant...du point de vue du rhythme cela fait apparaître un mouvement, un flot systématiques, ce qui permet toujours de retenir l'attention.
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Re: Notez les films de juin 2009
Changement d'adresse (Emmanuel Mouret - 2006)
Une comédie douce-amère plutôt réussie, même si elle m'a laissé un goût plus amer que doux. C'est bien filmé, Danny Brillant en tombeur assez salaud, et le réalisateur/interprète principal qui laisse couler la vie comme si elle n'avait pas de prise sur lui. Je me suis assez reconnu en lui, tout en me disant que c'est du cinéma et que la vie est plus chienne... Sinon je trouve que Fanny Valette, malgré sa beauté fragile, est totalement inexpressive (est-ce le rôle qui veut ça?), mais elle est très photogénique. Et puis il y a Frédérique Bel qui est une jolie découverte, très bonne actrice. 6,5/10
Une comédie douce-amère plutôt réussie, même si elle m'a laissé un goût plus amer que doux. C'est bien filmé, Danny Brillant en tombeur assez salaud, et le réalisateur/interprète principal qui laisse couler la vie comme si elle n'avait pas de prise sur lui. Je me suis assez reconnu en lui, tout en me disant que c'est du cinéma et que la vie est plus chienne... Sinon je trouve que Fanny Valette, malgré sa beauté fragile, est totalement inexpressive (est-ce le rôle qui veut ça?), mais elle est très photogénique. Et puis il y a Frédérique Bel qui est une jolie découverte, très bonne actrice. 6,5/10
- Jeremy Fox
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
Une vraie bouffée d'air frais que cette petite merveille. A la fois d'une grande drôlerie (oh ces dialogues à la limite du surréalisme ; il y avait longtemps que je n'avais autant ri ; le dialogue sur le 'cor' ) et d'une grande poésie (poésie des images et grâce à l'utilisation de musiques guillerettes avec entre autres pas mal de Mozart) ; entre Tati, Rohmer et Buster Keaton.
J'avais déjà beaucoup aimé Laissons Lucie Faire, Changement d'adresse me confirme tout le bien que je pense de Mouret aussi bien devant que derrière la caméra. Et je ne m'attendais pas à ce que Dany Brillant me fasse rire. Coup de coeur.
...et je n'ai pas du tout trouvé que ça jouait faux ; c'est un style de jeu autre comme peut l'être ceux des films de Rohmer. J'ai adoré au contraire.
J'avais déjà beaucoup aimé Laissons Lucie Faire, Changement d'adresse me confirme tout le bien que je pense de Mouret aussi bien devant que derrière la caméra. Et je ne m'attendais pas à ce que Dany Brillant me fasse rire. Coup de coeur.
...et je n'ai pas du tout trouvé que ça jouait faux ; c'est un style de jeu autre comme peut l'être ceux des films de Rohmer. J'ai adoré au contraire.
- Boubakar
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
Jeremy, reconnais que quand on a très peu vu de films de Rohmer, ça peut étonner, ce phrasé.Jeremy Fox a écrit :...et je n'ai pas du tout trouvé que ça jouait faux ; c'est un style de jeu autre comme peut l'être ceux des films de Rohmer. J'ai adoré au contraire.
- Jeremy Fox
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
Ah mais oui, je le reconnais volontiers et je reconnais aussi que comme pour Rohmer, ça puisse en agacer certains. Moi je me régale au contraire de ce phraséBoubakar a écrit :Jeremy, reconnais que quand on a très peu vu de films de Rohmer, ça peut étonner, ce phrasé.Jeremy Fox a écrit :...et je n'ai pas du tout trouvé que ça jouait faux ; c'est un style de jeu autre comme peut l'être ceux des films de Rohmer. J'ai adoré au contraire.
- Jack Carter
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
Il fait une tres courte apparition dans le dernier Mouret, assez droleJeremy Fox a écrit : Et je ne m'attendais pas à ce que Dany Brillant me fasse rire. Coup de coeur.
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à revoir (car souvenir lointain)
Laissons Lucie faire
pas vu
Promene-toi donc tout nu !
Dernière modification par Jack Carter le 27 juin 09, 09:30, modifié 1 fois.
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Changement d'adresse (Emmanuel Mouret, 2006)
Tu veux dire dans son dernier film ? Car dans changement d'adresse, on le voit dans plusieurs séquences et il doit être à l'écran au moins un bon quart d'heure.Jack Carter a écrit :Il fait une tres courte apparition dans le Mouret, assez droleJeremy Fox a écrit : Et je ne m'attendais pas à ce que Dany Brillant me fasse rire. Coup de coeur.
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