Top Tony Scott

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Rockatansky
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Re: Top Tony Scott

Message par Rockatansky »

Très bon

True Romance (1993)
Le Dernier samaritain (1992)
Déjà vu (2006)
Domino (2005)
Ennemi d'Etat (1999)

Bon
Revenge (1991)

Moyen
USS Alabama (1995)
Spy game, jeu d'espions (2002)
Unstoppable (2010)
Man on fire (2004)

Jamais accroché
Les Prédateurs (1983)

Dépassé
Le Flic de Beverly Hills 2 (1987)
Top gun (1986)

Médiocre
L'attaque du métro 1 2 3 (2009)
Le Fan (1997)
Jours de tonnerre (1990)
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Jericho
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Re: Top Tony Scott

Message par Jericho »

1/ Le dernier Samaritain
2/ True romance
3/ Déjà Vu
4/ Ennemi d'Etat
5/ Man on fire
6/ L'Attaque du métro 123
7/ Spy Game
8/ Unstoppable
9/ Domino
10/ Jours de tonnerre
11/ Revenge
12/ Le Flic de Beverly Hills 2
13/ USS Alabama
14/ Le Fan
15/ Top gun

Je n'aime que les six premiers classés, et encore je suis large, je pourrais en soustraire deux.
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Teddy Daniels
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Re: Top Tony Scott

Message par Teddy Daniels »

Mon top 10:

1/ True romance
2/ Le dernier Samaritain
3/ Man on fire
4/ Les prédateurs
5/ Top gun
6/ Ennemi d'Etat
7/ USS Alabama
8/ Le Flic de Beverly Hills 2
9/ Jours de tonnerre
10/ Revenge et Domino
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Profondo Rosso
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Re: Top Tony Scott

Message par Profondo Rosso »

Les Prédateurs (1983)

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Miriam est une femme-vampire née en Egypte il y a 4000 ans. Elle possède le don de l'immortalité et de la jeunesse. Elle vit, désormais, à New York, avec son compagnon John depuis 300 ans. John est alors frappé d'un processus accéléré de vieillissement. Afin de tenter de le sauver, Miriam rencontre la séduisante Sarah, docteur spécialiste des mécanismes du vieillissement, sur laquelle elle jette son dévolue...

Tony Scott offre un premier film mémorable avec The Hunger qui est tout simplement une des plus belles relectures modernes du mythe du vampire. En adaptant le roman éponyme de Whitley Strieber, Tony Scott débarrasse en grande partie l'intrigue de tout l'apparat vampirique trop folklorique que constitue l'ail, la lumière du jour mortelle ou encore la crainte des symboles religieux. On ne gardera ici que la notion d'immortalité rattachée à l'addiction et consommation de sang, le statut de vampire conservant son mélange de séduction et de malédiction mais dans une approche inédite. Le vampirisme est dans le film repose avant tout sur une notion de d'amour et de soumission. Miriam (Catherine Deneuve), femme vampire vieille de 4000 rend ainsi vampire les hommes et femmes dont elle s'est entichée et leur offre par la même occasion l'immortalité. Ce don a pourtant un prix, que l'amour de Miriam demeure intact sans quoi le compagnon verra son vieillissement reprendre et s'accélérer jusqu'à un terrible statut de relique momifiée ne pouvant même pas se réfugier dans une mort paisible. C'est le sort terrible qui attendra John (David Bowie) après 300 ans de vie commune et qui dépérit à vue d'œil à mesure que l'amour de Miriam se tarit et surtout quand elle croisera la route et sera troublée par la scientifique Sarah (Susan Sarandon).

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La soif de sang n'est que l'aboutissement de cette soumission et assujettissement sur lequel repose le vampirisme dans le film. Ainsi Sarah est perdue dès sa première rencontre et les regards troubles échangés avec Miriam, comme un poison qui s'insinue déjà. Cela aboutira à une morsure accompagnant une troublante scène saphique qui fera date à l'époque. Visuellement Tony Scott innove en transposant grandement toute les l'esthétique publicitaire sophistiquée dont il est issu mais toujours à bon escient. Le récit fonctionne ainsi à deux vitesses, entre le monde normal et celui des vampires. La notion de temps étant toutes différentes pour les créatures immortelles, Miriam et John semble constamment comme évoluer au ralenti et figé dans leur demeure, baignant dans la naphtaline de la photo diaphane de Stephen Goldblatt et à peine plus animé que les nombreux vestiges du passé qui décorent chacune des pièces. A l'inverse le monde extérieur retrouve une imagerie plus terre à terre et lorsque nos vampires y évoluent, ils sont soi diminués physiquement (Bowie et son affreuse dégénérescence) ou alors conserve leur splendeur intacte mais sous formes de visions et sans incarnations matérielle telle Catherine Deneuve se reflétant dans les miroirs et les songes d'une Susan Sarandon perturbée.

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Tony Scott par ce grand souci formel déploie également déjà d'emblée son brio de narrateur. The Hunger fait partie de ses films dont on peut s'amuser à suivre en ayant coupé le son et dont l'intrigue demeure limpide. L'ouverture en boite de nuit sur fond de Bauhaus révèle ainsi d'entrée la tordue et dépravée du couple John/Miriam, autant par les paroles incantatoires du titre Bela Lugosi's Dead (I'm Dead I'm Dead I'm Dead !) que du savant montage alterné entre danses, scènes d'amour et mise à mort par loin des expérimentations d'un Nicolas Roeg mais en plus accessible. C'est quand cette imagerie léchée et ouvertement kitsch (les flashbacks sur le lointain passé égyptien de Miriam) s'entrechoque avec le cadre contemporain que le récit bascule, les écarts sanglants de Susan Sarandon étant bien plus crus que les tueries raffinées du début du film. On le comprend aussi par cette opposition constante entre la science et l'irrationnel dans cette vision du vampirisme.

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Ce sont les signes annonciateurs d'une Miriam perdant de son emprise, jusqu'à un final cauchemardesque où les anciens amant(e)s vont enfin trouver le repos. Le cycle peut alors recommencer dans une somptueuse conclusion où l'irréalité et la beauté de l'image (lorgnant sur le Blade Runner du grand frère Ridley) nous ramène dans l'univers des vampires mais avec une nouvelle maîtresse du jeu. Tony Scott arbore déjà mais de manière recherchée et raffinée (le Trio de Schubert rendu fameux dans le Barry Lyndon de Kubrick, l'usage d'un passage de l'opéra Lakmé de Léo Delibes durant la scène saphique) tous les motifs étalés de façon bien plus putassière dans Top Gun (1986) trois ans plus tard. L'échec de The Hunger changea ainsi la trajectoire de la carrière de Tony Scott mais le réalisateur de cette œuvre unique n'avait pas disparu dans les grosses machines qui lui vaudrait le succès par la suite. 5/6

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JeanLucGodardIV
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Re: Top Tony Scott

Message par JeanLucGodardIV »

Bien vu Profondo Rosso, ce film est toujours aussi fascinant trente ans après. Bon sang, trente ans??! :shock:

Pour ma part j'ai vraiment eu le coup de foudre pour ce film où se mêle histoire saphique sur fond de vampirisme expérimental. J'ai toujours trouvé le film très novateur, intemporel et pas tant ancré que cela dans les années 80 même s'il en multiplie les effets chocs. Film beaucoup trop sombre et peu enclin aux couleurs outrageusement kitsch, ce qui est le cas de bons nombres de métrages de l'époque. Ici, point de néon violacés qui vous mettent en exergue des coupes de cheveux aussi improbable que ridicule. L'esthétisme du film d'ailleurs reste très sobre utilisant une palette de couleurs très légèrement désaturée mais pas trop, pour que l'on ne soit pas dans la caricature visuelle de mauvais goût, Scott plongeant son spectateur nettement au coeur d'un rêve permanent un peu contemplatif, aidé il est vrai par une image qui baigne dans la sous exposition quasi permanente. Tony Scott tout en marchant sur les brisées de son grand frêre arrive, par moment, presque à le surpasser, réduisant les tics de pubard à la seule progression du récit alors que chez Ridley il s'agit, du moins pour ses films post Legend, du phénomène inverse, où l'esthétique est noyée dans du vide intersidéral. Le concept est très intéressant, le mythe du vampirisme moderne directement implanté au coeur de la grosse pomme fût un excellent moyen pour Tony Scott pour aller filmer et installer son histoire dans un environnement urbain assez étouffant, voir claustrophobique, les personnages eux même étant enfermés dans une sorte de prison où les barreaux sont synonyme de frustration; vieillesse, perte ou confusion de sa propre sexualité; reflet de l' éxistence subordonné à de vastes taches concrête qui empêchent l'individu de construire une vie qui ait du sens.
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Profondo Rosso
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Re: Top Tony Scott

Message par Profondo Rosso »

JeanLucGodardIV a écrit : J'ai toujours trouvé le film très novateur, intemporel et pas tant ancré que cela dans les années 80 même s'il en multiplie les effets chocs. Film beaucoup trop sombre et peu enclin aux couleurs outrageusement kitsch, ce qui est le cas de bons nombres de métrages de l'époque. Ici, point de néon violacés qui vous mettent en exergue des coupes de cheveux aussi improbable que ridicule. L'esthétisme du film d'ailleurs reste très sobre utilisant une palette de couleurs très légèrement désaturée mais pas trop, pour que l'on ne soit pas dans la caricature visuelle de mauvais goût, Scott plongeant son spectateur nettement au coeur d'un rêve permanent un peu contemplatif, aidé il est vrai par une image qui baigne dans la sous exposition quasi permanente. Tony Scott tout en marchant sur les brisées de son grand frêre arrive, par moment, presque à le surpasser, réduisant les tics de pubard à la seule progression du récit alors que chez Ridley il s'agit, du moins pour ses films post Legend, du phénomène inverse, où l'esthétique est noyée dans du vide intersidéral.
Oui c'est même assez fascinant de voir comment tout le film déploie cette vision avec une vraie sobriété malgré la grande stylisation et comment il reprendra tout ça en tombant pour de bon dans le tape à l'oeil de mauvais goût dans Top Gun (que j'aime bien quand même gros plaisir coupable :mrgreen: ), restant le même mais abandonnant complètement l'ambition de son premier film.
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Profondo Rosso
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Re: Top Tony Scott

Message par Profondo Rosso »

Le Dernier Samaritain (1991)

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Détective privé alcoolique et cynique, Joe Hallenbeck fut autrefois un héros des services secrets. Sa carrière a tourné court, tout comme celle du footballeur noir Jimmy Dix, qu'il rencontre dans une boîte de nuit où se produit Cory. L'assassinat de cette dernière va lancer les deux hommes dans une enquête difficile et musclée...

Le Dernier Samaritain constitue une sorte de dream team des personnalités ayant refaçonnés l'esthétique et le ton du cinéma d'action durant les 80's. Le producteur Joel Silver est le point central de cette réunion puisque producteur de Piège de Cristal (1988) et L'Arme Fatale 1 et 2 (1987 et 1989) d'où il ramènera Bruce Willis et le scénariste Shane Black. Quant à Tony Scott, son Top Gun (1986) a imposé les canons visuel clippesques de l'époque. Le Dernier Samaritain apparaît comme un prolongement de toutes ces œuvres, les références étant d'ailleurs nombreuses et plus (la fille de Bruce Willis regardant L'Arme Fatale à la télévision) ou moins (la scène où Willis se moque de la mode et des prix de pantalons en cuir issue en fait d'une scène coupée de L'Arme Fatale à nouveau) visibles. Plutôt que l'urgence des films précédents, Le Dernier Samaritain privilégie le pur polar et par la même occasion un ton plus sombre. Ainsi Joe Hallenbeck (Bruce Willis) partage la vie personnelle dévastée et le sens du bon mot de John McLane (Piège de Cristal) et les penchants psychotiques de Martin Riggs (Mel Gibson) mais si les archétypes sont bien là, le script de Shane Black et le jeu de Bruce Willis amène le film vers une tonalité plus sombre et désabusée. La construction est ainsi typique de Shane Black (même si cela ne se voit pas dans cette Californie ensoleillée l'intrigue se déroule comme souvent à la période de noël avec lui) mais avec une touche de violence et de sordide plus appuyée, le trauma de l'acolyte et ex footballeur joué par Damon Wayans en faisant un personnage bien plus torturé que le side-kick de Piège de Cristal auquel il fait penser.

Le film est ainsi captivant dans sa première partie plus posée où l'enquête nonchalante parsemée d'éclats de violence et de punchlines ordurières (Shane s'est surpassé) impose une vraie touche de film noir dépressive revisitée à la touche Joel Silver et parfaitement servie par Tony Scott dont le visuel coloré se voile d'un aspect révélant constamment la laideur constituant l'envers de cette Californie. Une laideur où se dissimule le divertissement roi nid de toutes corruptions avec le football américain peuplé de joueurs dopés et dirigeant corrompus. Il est ainsi un peu dommage que dans sa dernière partie le film délaisse cette approche pour céder à l'actioner typique des productions Joel Silver, s'autorisant tous le festival de cascades improbables, bagarres hargneuses et gunfights interminables qu'il avait maintenu dans une sécheresse bienvenue précédemment. Cela dit, en ces temps de blockbusters propres et aseptisés l'outrance et le côté bad ass assumé des personnages reste sacrément jubilatoire (Willis avertissant un malfrat qui l'a malmené de ne plus recommencer et de lui régler assez radicalement son compte), tout comme la complicité communicative entre Bruce Willis et Damon Wayans. D'ailleurs hormis l'inspiration de ses illustres prédécesseurs, le Die Hard 3 de John McTiernan doit beaucoup au niveau du ton (le côté épave humaine plus appuyé de McLane, la course poursuite finale dans la ville) à ce Dernier Samaritain toujours aussi divertissant. 5/6
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shubby
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Re: Top Tony Scott

Message par shubby »

J'adore Tony Scott. Même s'il a un style bien à lui, sur ses films ils se mettait toujours en retrait par rapport à quelqu'un, un projet, les attentes du public.

1 - Les prédateurs. Son film le plus perso & son chef d'oeuvre. M'avait bien fait flipper en son temps. Un des meilleurs films de vampire qui soient.
2 - Le flic de Beverly Hills 2, un modèle du genre (derrière le 1, derrière Eddie). La scène du casse a inspiré son monde. Michael Bay doit tout à ce film.
3 - True Romance. Que je mettrais aussi dans un top Tarantino, c'est son film.
4 - Le dernier samaritain. Le meilleur film de... Shane Black ?
5 - Ennemi d'état, aka "Conversation secrète 2". Malgré un final entonnoir à la True Romance, il reste chouette.

Après : du fun du dimanche soir, du foutraque (Domino) et du ratage sympa quand même (Revenge). Top Gun reste culte.
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El Dadal
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Re: Top Tony Scott

Message par El Dadal »

Doux Jésus, j'étais certain d'avoir fait un top Tony Scott, mais en fait non. Je suis vieux.

Imparfait objectivement, mais parfait pour moi. Dans mon TOP 10 (et dans mon cas, c'est pas du tout because Tarantino).
True Romance

Son meilleur film assurément, le plus obsédant.
Les Prédateurs

Deux parfaits polars tendus et poisseux comme j'aime.
Le Dernier samaritain
Revenge (version ciné, le remontage est douteux)

J'adore toutjours autant après de multiples visionnages:
Ennemi d'état
Man on Fire
Domino
Spy Game

Divertissements calibrés mais traités avec le soin d'artisan qui le caractérise:
Unstoppable
Le Flic de Beverly Hills 2

Souvent plaisants et généreux, quoique je tique sur certains points:
Loving Memory
Déjà vu
L'Attaque du métro 123
USS Alabama
Top Gun

Objectivement ratés, j'admets les retenter de temps à autre:
Le Fan
Jours de tonnerre

Des entertainers d'Hollywood, il est certainement un de ceux que je regrette le plus. Son projet resté dans les limbes Emma's War avec Nicole Kidman, j'y repense souvent avec frustration.
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Profondo Rosso
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Re: Top Tony Scott

Message par Profondo Rosso »

Revenge (1990)

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Jay Cochran est un ancien pilote de chasse. Il est invité à Mexico par son vieil ami Tiburon, puissant propriétaire terrien et peu recommandable. Jay tombe alors amoureux de la très belle Miryea, la jeune épouse de ce dernier. La vengeance de l'époux trahi sera terrible...

Tony Scott avait réalisé des débuts tonitruant avec Les Prédateurs (1983), une des plus belles illustrations contemporaine du mythe du vampire. L'insuccès de ce galop d'essai avait malheureusement contraint le réalisateur à se perdre dans des produits commerciaux où l'on ne reconnaissait plus l'auteur de Hungers avec Top Gun (1986 et qui reste néanmoins un petit plaisir coupable) et Le Flic de Beverly Hills 2 (1987). Il faudrait attendre Revenge pour retrouver le romantisme noir de Tony Scott qui s'approprie là un matériau très disputé. Le film adapte la nouvelle éponyme de Jim Harrison parue en 1979 dans le recueil Legends of the fall (et contenant donc aussi Légendes d'automne adapté plus tard dans les 90's avec Brad Pitt) et que se disputèrent des cinéastes aussi prestigieux que Sydney Pollack, Jonathan Demme ou John Huston. Ce dernier s'opposera d'ailleurs au choix de Kevin Costner convoitant le rôle mais la star au sortir du succès des Incorruptibles possède assez de pouvoir pour le produire lui-même. Cela aurait même pu être la première réalisation de Costner avant danse avec les loups mais les producteurs calmeront ses ardeurs et feront appel à Tony Scott qui signe là un de ses meilleurs films.

Jay Cochran (Kevin Costner) ancien pilote fraîchement retraité de l'armée décide de rendre visite au Mexique à son vieil ami Tiburon Mendez (Anthony Quinn), homme puissant menant ses affaires d'une main de fer. Malgré leur amitié solide, l'entourage douteux, les ambitions et agissements peu recommandables de Tiburon vont progressivement créer un fossé entre les deux amis. Cette dichotomie entre la chaleur des relations privées et la froideur des affaires, Miryea (Madeleine Stowe) la jeune épouse de Mendez la connaît bien et c'est ce qui va la rapprocher peu de Jay avec lequel elle va entamer une liaison torride. Lorsque Tiburon le découvrira, sa réaction sera terrible et les entraînera tous dans une irréversible spirale de violence. Dès les premiers instants du film, la photo de Jeffrey L. Kimball confère à ce Mexique une imagerie ensoleillée oscillant entre la chaleur immaculée du paradis et le rougeoiement de l'enfer. Un film comme La Horde Sauvage était à sa manière une illustration outrancière de toute l'aura mythologique et tapageuse que véhicule le Mexique dans la culture populaire. Tony Scott s'y essaie également à sa manière plus intimiste avec folklore local s'exprimant pour le meilleur et pour le pire. Politiciens corrompus, moindre contrariété, regard ou mot de travers conclut à coups de revolver. L'américain plus mesuré que joue Kevin Costner ne trouve bien sûr pas sa place dans ce monde d'excès, mais va pourtant être contaminé par cette fièvre par son attirance fiévreuse pour Miryea. Pour se fondre dans ces lieux, il doit à son tour basculer dans l'irrationnel. Tony Scott est avare de longs dialogues inutiles et instaure une tension sexuelle intenable pour ses deux protagonistes qui ont finalement peu à se dire, les regards, silences et raideur corporels trahissant leur émois mutuels. Lorsqu'ils s'abandonnent enfin, c'est une libération que Scott traduit par des scènes très osées pour ce type de productions où Costner et Stowe vont loin dans le rapprochement. Le drame est en marche au cœur même de ces moments torrides où les personnages se savent perdus sans pouvoir s'arrêter, à l'image de Costner giflant sa partenaire avant de l'embrasser de plus belle. Pourtant comme un dialogue le soulignera, dans ce monde de toutes les outrances, un adultère ne se règlera que dans le sang et les larmes. Anthony Quinn offre à ce titre une performance captivante. Meurtri par cette double trahison, il semble comme se forcer à entamer le cycle de violence qu'on attend de lui en retour et chacun de ses actes les plus révoltants semblent ainsi imprégnés de cette douleur contenue. Alors qu'il ne souhaiterait que se réfugier dans sa peine, il se doit de montrer sa nature impitoyable à ceux qui l'entoure car c'est ainsi que fonctionne son monde.

Chacun aura cédé à ses passions avec excès et si l'on s'attache forcément plus au couple Jay/Miryea, il n'y aura pas de vrais héros ni vainqueur dans ce Revenge dont le titre relève finalement d'une certaine ironie. Après le châtiment brutal et insoutenable infligé par Tiburon, on alternera ainsi entre les morts intérieures et en sursis de chacun des trois protagonistes. Jay remonte rageusement la piste de Miryea dans un Mexique truffé de danger mais l'absence de crescendo dramatique, les acolytes accessoires (Miguel Ferrer et un tout jeune John Leguizamo) et la violence sèche montre bien que l'enjeu ne reposera pas sur sa vengeance. Tiburon lorsqu'il recroisera sa route lui demandera simplement de s'excuser de sa trahison et Jay lucide s'exécutera. Les compisitions de plans somptueuses de Scott capturent autant la sauvagerie que la beauté des paysage de ce Mexique qui semble comme consumer les âmes solitaires qui le traversent, tel ce cow-boy texan (James Gammon) vendeur de chevaux et compagnon de route éphémère mourant en silence de ses abus. Miryea apparait comme la figure la plus tragique du film, défigurée droguée et souillée, ne survivant que dans l'attente de revoir Jay dans de magnifique retrouvailles finale où la superbe musique de Jack Nitzsche traduit autant le romantisme que la tragédie inéluctable. Jay aura navigué entre la fureur (Tiburon) et la paix intérieure que peuvent susciter ces terres (la longue scène de convalescence avec Tomás Milián dont on découvrira également le drame personnel avec une belle retenue) et la conclusion semble nous montrer qu'il est sans doute prêt à pencher vers la seconde. Une des grandes réussites de Tony Scott, saluée avec le temps notamment par un Quentin Tarantino qui quand il le verra transposer son script inaugural de True Romance y attendra plus le réalisateur de Revenge que celui de Top Gun. 5/6
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El Dadal
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Re: Top Tony Scott

Message par El Dadal »

Joli texte, pour un film qui le mérite. Impossible de réduire Tony Scott à un simple faiseur après avoir vu ce film, pour ceux qui en douteraient.
À noter toutefois que le blu US ne propose que la version retouchée dans les années 2000, assez infâme dans ses changements, apports (mineurs) et soustractions (dommageables). Pour voir le film dans sa version d'origine (et son scope d'origine), se reporter au dvd européen (le dvd US était pan&scan).
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Profondo Rosso
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Re: Top Tony Scott

Message par Profondo Rosso »

En fait je l'ai vu dans ce dir cut retouché et déjà beaucoup apprécié mais j'ai commandé le dvd direct quand j'ai vu la grande différence de durée (presque 20 minutes de moins pour le dir cut !) donc ça devrait d'autant plus le faire en le voyant en version d'origine.
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Kevin95
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Re: Top Tony Scott

Message par Kevin95 »

El Dadal a écrit :À noter toutefois que le blu US ne propose que la version retouchée dans les années 2000, assez infâme dans ses changements, apports (mineurs) et soustractions (dommageables). Pour voir le film dans sa version d'origine (et son scope d'origine), se reporter au dvd européen (le dvd US était pan&scan).
Étrange, car j'ai lu sur le net que ce fameux director's cut était plus sec et nerveux que la version cinéma. Quelle scène importante manque à l'appel ?
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Re: Top Tony Scott

Message par El Dadal »

Les coupes sont très importantes: http://www.movie-censorship.com/report.php?ID=2260915

En effaçant une bonne partie du background des personnages, on a l'impression que Scott voulait donner un côté plus charnel et instinctif à son film. À mes yeux, il a juste transformé une histoire d'amour et d'amitié contrariée en une série B assez vulgos.
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Boubakar
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Re: Top Tony Scott

Message par Boubakar »

Mon classement final :

1 - Le dernier samaritain
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5 - Vengeance
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