Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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ed
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par ed »

joey a écrit :
Tom Peeping a écrit :Cloverfield est le genre de film idéal à voir en DVD à la télé vers 11h00 du soir quand on est crevé.
Je dirais le contraire. Cloverfield est une montagne russe. Pour moi, il faut le gros son et le grand écran du cinéma pour bien l'apprécier à sa juste valeur. Il ne me viendrait même pas à l'idée de revoir ce film en DVD.
Je suis totalement d'accord avec joey. Le principe d'immersion a fonctionné plein pot en salles, et je doute revoir le film un jour...
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someone1600
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par someone1600 »

J'ai acheté le dvd pour ma copine hier en ne pensant pas aimé... (on m'avait parlé du film en le comparant a Blair Witch Project, grosse merde que j'avais terriblement detesté) finalement j'ai trouvé ca absolument génial. Terrifiant mais terriblement immersif. J'ai toujours voulu faire un film comme ca. Mais je n'avais pas les moyens.

Un gros trip. :D
devenquest
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par devenquest »

someone1600 a écrit :J'ai acheté le dvd pour ma copine hier en ne pensant pas aimé... (on m'avait parlé du film en le comparant a Blair Witch Project, grosse merde que j'avais terriblement detesté) finalement j'ai trouvé ca absolument génial. Terrifiant mais terriblement immersif. J'ai toujours voulu faire un film comme ca. Mais je n'avais pas les moyens.

Un gros trip. :D
C'est vrai que je n'aime pas ce film.... j'ai eu vraiment peur et ca me donne idées! Heureusement Someone adore ca... je lui donne! Je dois avouer que c est tres bon film parce que c'est presque tellement vrai....la camera bouge quand on la tient en main...... on aura dit qu'on n est pas en derrière de la plateau de tournage!!!
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Anorya
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par Anorya »

Allez, méchant remontage de topic sans avoir lu les pages précédentes. :fiou:
Sans doute que j'aurais dû garder l'analyse de l'extrait pour une flannerie cinéphilique ? :oops:


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Cloverfield (Matt Reeves - 2007) ou la destruction de New York comme possible fin du monde.

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Une cassette provenant d'un caméscope numérique est retrouvée sur le site d'un grave incident par l'armée américaine. Au visionnage, elle témoigne de deux couches bien distinctes. La plus courte, presqu'entièrement effacée montre une histoire amoureuse. La seconde, bien plus longue, un pot de départ en soirée dans un appartement New-Yorkais où tout va basculer, la ville ressentant soudainement d'étranges secousses. Puis le courant s'arrête brusquement. Quand il revient, l'inquiétude arrive en même temps que d'étranges nouvelles à la télévision...



Sorti en février 2008 en France sous couvert de la réputation mystérieuse qui accompagna un temps sa promotion aux Etats-Unis (1) , Cloverfield appartient non seulement à ce renouveau de films qu'on a vu surgir à l'orée des années 2000 (2) mais aussi à plusieurs catégories toutes reliées ici-mêmes au sein de la même œuvre. En premier lieu, avec sa créature qu'on suppose dès le début être sortie des profondeurs de l'océan (3) tel Godzilla, ce pourrait très bien être un film de Fin du monde. Comme le rappelle Antoine de Baecque, Godzilla est un immense saurien des profondeurs de l'océan ranimé par les radiations nucléaires. Dans les films japonais qui le mettent en scène grâce à une animation ingénieuse mais explicite, ce monstre est lui-même une sorte d'explosion atomique : il crache un rayon qui détruit toutes les matières, brûle des immeubles entiers, désintègre les hommes (4) . Métaphore évidente du danger nucléaire, Godzilla pourtant s'humanisait lentement à partir de 1965 où, rangé du côté des humains, il combattait alors des menaces autrement plus grandes et dangereuses que lui, signes d'une domestication alors plus confiante de l'énergie nucléaire même si les autres monstres témoignaient encore d'une certaine incertitude sur l'avenir (5) . La créature, passé son degré de dangerosité et mise à une lointaine distance des explosions nucléaires La créature, passé son degré de dangerosité et mise à une lointaine distance des explosions nucléaires qui frappèrent le Japon en 1945, était même reprise par le cinéma américain pour son côté plus destructif qu'impitoyable (le Godzilla d'Emmerich). La différence notable avec Godzilla, c'est que la créature japonaise était vaincue dans les premiers films de sa saga, là où le pessimisme de Cloverfield fait place jusqu'à la fin au doute et une sorte de postulat quasi-invincible du monstre (6) qui obligera le recours à l'arme nucléaire sur New York. Une sorte de postulat inversé donc, où le nucléaire ne participe plus de la cause mais de la conséquence d'une attaque impossible et inimaginable encore avant le 11 septembre 2001. Même le fameux "happy-end" propre aux films catastrophe témoignant de la victoire finale, toujours advenue, des forces du bien (7) n'aura pas lieu.

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Capture 1.

Ensuite, on peut aussi remarquer au visionnage du film qu'il s'inscrit pleinement dans une autre catégorie, celle des films dit post 11 septembre 2001. En effet, la destruction de New York n'est pas nouvelle en soi et malgré un certain côté spectaculaire, les films-catastrophe des années 90 s'inscrivaient plus sur le mode du spectacle de l'illusion documentaire (8), en fait, comme si les extraterrestres ou les monstres du cinéma fantastique des années 1950, figures de fiction par excellence, pouvaient, grâce aux effets spéciaux, retrouver vie dans un univers réaliste (9). Qu'est-ce qui du coup, ancre donc le film dans cette catégorie de fictions dépeignant une Amérique encore aux proies des démons de l'attentat terroriste du World Trade Center ?



Sans doute justement le fait que Cloverfield se refuse à jouer le jeu du film catastrophe spectaculaire avec des effets spéciaux toujours plus bigger-than-life censés amener le spectateur à passer un bon moment de destruction somme toute ludique d'une grande ville. Comme on l'a dit plus tôt, pas de happy-end. Mais pas non plus de musique (sauf, unique concession, en générique de fin). Pas d'acteurs connus. Pas de créature pourrait-on même ajouter : constamment hors-champ, elle se dérobe, laissant plus voir la destruction (mais pas spécialement la mort ou rarement), laissant au spectateur le soin d'essayer de la reconstituer dans son inconscient. Mais surtout, pas d'humour. Donc en somme, pendant tout le film, aucune mise à distance (10) entre le film et le spectateur tel que le cinéma peut généralement en offrir à foison. Juste le constat d'une banale routine quotidienne enregistrée par un petit caméscope numérique où s'inscrit brutalement quelque chose d'irreprésentable. La volonté d'immersion du spectateur tient donc à la fois tant à cet aspect sérieux se voulant le plus brut et immédiat possible (11), qu'au procédé en lui-même : un film entre amis pour le départ de l'un d'eux au Japon, filmé caméra à l'épaule qui tente de capturer toute l'essence de cette nuit tragique en un seul plan séquence (la durée de toute la cassette de l'appareil) qu'on devine évidemment un peu truqué. Ce qui est confirmé tant par le réalisateur que le chef opérateur dans les bonus du film (captures 1 et 2).

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Capture 2.

Enfin et surtout, le fait que cela se déroule précisément à New York n'est nullement anodin. Dans l'extrait analysé qui suit, qui se déroule précisément de 17 mn 35 à 23 mn 08 environ dans la durée temporelle du film; on remarquera que le début des hostilités liées à la créature s'inscrit dans une tentative complexe visant à recréer le traumatisme des attentats des Twin Towers. Cinématographiquement, cela s'inscrit aussi dans une vaste intertextualité qui renvoi tant au contexte du 11 septembre dans les films qu'à la cinéphilie de l'artiste et producteur J.J.Abrams, à l'origine du projet, comme nous le verrons plus loin. L'extrait du film que je tente d'étudier ici concerne donc la première apparition furtive de la créature et ce qu'elle déclenche. A 17 mn 35 secondes, sur la bande numérique principale (la soirée de départ de "Rob" --Robert Hawkins), l'un des personnages principaux est sorti sur le palier afin de prendre l'air. Il est vite rejoint par son frère Jason et son meilleur ami, Hud, qui est le "caméraman" du film en cours. S'ensuit une discussion de quelques minutes portant sur l'ex-petite amie de Rob (que l'on a vu au début du film sur la courte bande presque effacée (12)). Brusquement, alors que le spectateur ne s'y attend nullement, la caméra tremble suite à une secousse, la lumière se coupe brutalement.

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Un rapide panoramique à droite permet de comprendre qu'en fait le phénomène s'étend à toute la ville. Et alors que les 3 protagonistes décident de rentrer dans l'appartement, la lumière revient. Début de consternation parmi les invités. Quelqu'un à allumé une télévision et l'on se masse avidement pour connaître les nouvelles.

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Pour l'instant, nulle mention de la créature. Tout au plus apprenons-nous qu'un pétrolier semble en train de couler en plein milieu du port de New York. Un détail anodin mais qui participe du mystère du monstre et de son origine. Après tout, la perte du pétrolier peut tout aussi bien être liée à une attaque humaine. Les New Yorkais ne sont d'ailleurs pas dupes et quand ils remontent sur le toit ensuite, en espérant apercevoir au loin le fameux pétrolier, l'un d'eux ne peut s'empêcher de s'écrier "Encore une attaque terroriste ?" C'est en soi, déjà une première donnée importante : nous sommes bien après le 11 septembre 2001. Par cette mention de l'innommable, tout peut donc arriver dès lors. Alors qu'ils montent les marches, un premier léger raccord furtif peut être observé (on passe d'un couloir à la vision d'un t-shirt lors d'une montée d'escaliers. Il y a donc montage et en partie, changement de décor).

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Sur le toit, un léger instant de flottement laisse les personnages se poser des questions, s'inquiéter : le courant n'est pas revenu partout apparemment. Alors que le film pourrait reprendre son aspect normal (à savoir une fête filmée) et qu'Hud blague sur le fait que tout cela arrive uniquement parce que Rob est encore à New York, on entend une explosion. Rob intime alors à Hud de se taire tout en regardant hors champ un lointain point sur la gauche. La caméra/Hud se tourne alors pour observer une explosion au loin et, avec un léger zoom/mise au point, dévoile précisément l'ampleur des dégâts.

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Puis elle observe un temps les débris lancés par l'explosion se projeter dans le ciel avant, gravité oblige, d'amorcer une fatale descente obligeant les personnages à vite regagner la porte d'où ils étaient venus. Alors qu'Hud va rentrer, un immeuble est atteint non loin, puis c'est le toit lui-même qui semble touché puisque de nombreuses coupes traduisant secousses et bousculades se font sentir à l'image (ce qui permet de faire quelques raccords). Quand l'image revient, Jason et Robert aident Hud à se relever et descendre dans la rue.

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Mais à peine est-on arrivé là qu'on remarque rapidement la panique et les gens fuyant ce qui semble visiblement le centre ville de Manhattan. La caméra/Hud panote rapidement sur la gauche et effectue un lent zoom (sans mise au point comme sur le toit de l'immeuble qui donnait un léger flou --sans doute nécessaire à l'incrustation des effets spéciaux cela dit) et l'on remarque d'immenses volutes de fumée provenant de derrière le bâtiment. Est-ce que c'était l'explosion ? Serait-ce un autre Ground Zero ? Rien est clairement dit.
On revient au groupe de Robert qui cherche son frère, de nouvelles personnes courent paniquées et un hurlement soudain se fait ressentir, arrêtant plus clairement le regard des personnages (on remarque à l'arrière-plan la cohorte de badauds aussi sortis de chez eux pour essayer de comprendre ce qui se passe). La caméra se retourne alors vers le hors-champ à gauche, vers le gratte-ciel d'où la fumée semblait surgir.

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Une énorme boule indiscernable traverse soudain le ciel, projetée puissamment contre un immeuble voisin...

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...elle ricoche violemment contre celui-ci pour arriver vers le spectateur, terminant sa course dans la rue.

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Quand Hud se relève et regarde derrière lui ce qui vient de ralentir sur le béton (on remarque des étincelles et un lampadaire tombe lentement), c'est pour apercevoir la tête de la statue de la liberté, décapitée (voir aussi la référence à New York 1997, à la fin) , morcelée de nombreuses griffures (zoom en seconde capture). Le doute n'est plus permis, c'est quelque chose d'inhumain et d'énorme qui s'en prend à la ville. Ironiquement, ce symbole de la liberté privé de tête semble complètement augurer la suite du film : la chute de la ville bien sûr, mais des personnages livrés à eux-mêmes, errant, ne voyant jamais vraiment les attaques du monstre.

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Alors que Hud dé-zoome, des gens s'attroupent devant la tête, criant des "Oh my god (13) " plus vrais que nature, similaire à ceux entendus sans cesse lors des crashs des avions sur les tours. L'évènement arrive à nouveau et une fois de plus, il est réapproprié par tous. Signes d'ancrage à son époque, les gens filment et retranscrivent l'information par le biais des portables, des caméscopes, prêts à tout envoyer au plus vite sur le net, quitte à utiliser la vidéo qui y est comme nouveau média filmique . Un nouveau rugissement se fait entendre alors que Jason a rejoint le groupe, la caméra se retourne à nouveau vers le gratte-ciel envahi de fumée. Quelque chose d'énorme passe rapidement entre l'espace des deux immeubles. Le temps d'un rapide retour sur le groupe hébété de la réalité de ce qu'il a vu, Hud se retourne une dernière fois en arrière...

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C'est pour capter comme en direct, la chute de la fameuse tour, comme frappée de plein fouet. A l'échelle du cinéma et du studio, le cinéaste et ses techniciens essaie de reconstituer un pan du 11 septembre. Et tandis que les gens fuient pour éviter l'énorme nuage de fumée qui s'ensuit et arrive tout droit vers eux, le groupe de Rob s'engouffre dans une superette afin de se cacher au fond du magasin et éviter les chutes de débris.

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Au fond, l'électricité coupe une nouvelle fois, une nouvelle secousse se fait sentir, la fumée se déplace et les vitres explosent.

"...Finalement, une assistante trouve l'emploi du temps de Nadja sur son PC -- mais à cet instant là, la première tour s'effondre. Notre bâtiment tremble ! L'écran se fige ! Le courant revient mais l'assistante s'est enfuie en hurlant. (14)"

Après un temps de flottement où la caméra est "reposée" en sens inverse (on voit donc vraiment le fond des rayons avec les personnages terrifiés, accolés), la lumière revient. La poussière semble flotter sur tout le décor. Jason se risque à sortir, bientôt lentement suivi par tous les autres.

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A l'extérieur, les personnages errent, perdus, traumatisés, recouverts de cette poussière qui provient des décombres et des morts ensevelis et que Spielberg avait quelques années plus tôt assimilé à la cendre de gens désintégrés dans l'instant dans La guerre des mondes. De Tom Cruise aux quidams choqués de Cloverfield, il n'y a qu'un pas que l'on peut franchir aisément, surtout quand La guerre des mondes cite littéralement un avion écrasé en pleine banlieue américaine en son milieu, pendant l'exode de la famille de Cruise, avion complètement vide, faisant douloureusement écho aux morts réduits en poussière de la première demi-heure du film.


"C'est ensuite que Spielberg fait dévier la fiction maîtresse de la fin du monde vers une autre, post-11-Septembre (...) : le père de famille, hébété, qui a traversé son quartier en échappant au monstre, se retrouve chez lui, fragile refuge, et la seule trace qu'il porte de sa fuite est la poussière qui le recouvre des pieds à la tête. Quand il se regarde ainsi dans une glace, c'est un survivant du World Trade Center qu'il voit. (15)"

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La guerre des mondes : Cruise recouvert de la poussière des morts, ahuri par l'attaque.

Dans Cloverfield, on enregistre pleinement la chute de New York city, transposition de l'évènement traumatique sur deux bâtiments à l'ensemble d'une population terrorisée. Mais outre la reprise de figures séminales telles que les vastes flots de fumée, la chute d'une tour ou de gens errants recouverts de décombres et poussière, le film s'inscrit aussi pleinement en tant que film post-11 septembre de par son intertextualité vis à vis des autres films sortis alors dans cette même période. Quand le film ne dissimule pas des images cachées venant assoir l'appartenance à un côté purement "film de monstres américains" (16) , qu'on ne peut remarquer qu'en balayant le film, images par images...

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**Ces mini-hommages ne sont visibles qu'aux sautes et dérèglements de la caméra, un peu comme si le désastre en cours faisait refluer les désastres avec créatures du cinéma des décennies passées hors de la mémoire. Par exemple, A 24 mn 08 secondes du film, on peut apercevoir une image trafiquée de Them (Les monstres attaquent la ville de Gordon Douglas, 1954 avec ses fourmis géantes mutantes liées justement à des radiations nucléaires), à 1 h 08 mn 10 secondes environ (alors que l'hélicoptère s'écrase), c'est une image de King Kong (Cooper et Schoedsack - 1933).**

... C'est en reprenant d'autres images liées à cette vague de film post-11 septembre qu'il s'inscrit dans ce courant. Par exemple, ce plan d'un quidam filmant l'invasion à son caméscope avant de se faire désintégrer et que la machine enregistre alors le massacre automatiquement et mécaniquement par la suite dans La guerre des mondes de Steven Spielberg.

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Ce plan est donc curieusement recité et repris dans le packaging promotionnel de films abordant ces nouvelles crises traumatiques et caméra à l'épaule comme pour une version DVD zone 1 de Cloverfield ou l'affiche américaine de Diary of the dead.

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C'est sûr que vu comme ça, on peut pas le louper.

Cloverfield est donc bien un pur produit des conséquences de la crise du 11 septembre. S'il reprend au film de monstres, c'est pour mieux justifier l'image d'un ennemi invisible, échappant à tout carcan, terrorisant une Amérique qui se croyait jusqu'ici invincible. Mais sa création, même si elle échappe à toute mise en distance n'en reste pas moins, heureusement qu'un film avec ces petits secrets et ses clins d'œil lui permettant un revisionnage à froid, avec un certain sens ludique.


======Annexe, notes======
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New York 1997. Rigolo comment le film de Reeves/Abrams rend hommage à une image des plus marquantes, non ?


(1) Le secret le plus total avait entouré le film et des comédiens quasiment anonymes furent sélectionnés afin de permettre une identification quasi emphatique du spectateur avec les personnages. Ce qui n'a pas empêché un "buzz" sur le net à coup de fausses vidéos, volontairement livrées afin d'enflammer le coeur principal de cible : les adolescents, les fans (de séries et principalement J.J.Abrams) et les grands utilisateurs d'informatique que sont les geeks.

(2) Principalement inspirés du style documentaire de Paul Greengrass, caméra à l'épaule (le style "shaky-cam"), ces nouvelles fictions cinématographiques mêlent étroitement situation de crise à l'idée du document pris sur le vif, brut. Bon j'apprends rien mais citons quand même Rec (Balaguero et Plaza - 2007) et Diary of the dead (George.A.Romero - 2007) qui tentent de capturer des invasions horrifiques de Zombies au niveau mondial ou, encore plus récent, le remarqué Démineurs (Kathryn Bigelow - 2008) où la guerre en Irak sert plus de toile de fond afin d'illustrer le dérèglement des soldats.

(3) Hypothèse livrée au spectateur dans le film par le biais de rares indices tels que la perte d'un pétrolier aux infos télévisuelles ou, vers la fin du film, l'image presque imperceptible d'un satellite tombant dans la mer.

(4) DE BAECQUE Antoine, L'Histoire-caméra, Bibliothèque illustrée des histoires, Gallimard, 2008, p.389.

(5) Godzilla contre Mothra d'Inoshiro Honda en 1964 justement. Où l'affrontement démesuré d'un saurien contre une mite géante qui fit les beaux jours du cinéma de quartier de Jean Pierre Dionnet sur Canal+ dans les années 90. :D

(6) A mi-chemin du film, des militaires interrogés avouent dépités : "On ne sait pas ce que c'est mais c'est en train de triompher." :|

(7) Termes repris d'Antoine de Baecque. Op.cit. p.392.

(8) Ibid. p.394.

(9) Ibid.

(10) Ibid. p. 397.

(11) Les films du 11 septembre 2001 avaient de la réalité cet aspect non lisse et quasi-amateur capté par les rares touristes et habitants qui filmèrent les crashs ce jour là. Cloverfield comme d'autres films semble vouloir coller au plus près de cette logique.

(12) Un moyen d'ailleurs de ne pas confondre les deux couches de la cassette, ce sont les dates données en bas à gauche de l'écran pour le spectateur. Ce sont elles qui parfois, aident et appuient la véracité des "flashbacks", en plus de l'évidente texture et fiction temporelle complètement décalée.

(13) "On invoqua souvent le nom de Dieu en vain ce matin là" - SPIEGELMAN Art, A l'ombre des tours mortes, éditions Casterman, 2004, p.2.

(14) SPIEGELMAN Art, Op.cit, p.4.

(15) DE BAECQUE Antoine, Op.cit, p. 433.

(16) Dans les bonus sur la genèse du projet, J.J.Abrams, producteur et créateur de la série Lost avoue que l'idée d'un film de monstre situé après les attentats du World Trade Center lui est venue lors d'un voyage au Japon en regardant les nombreuses figurines de Godzilla dans les magasins de jouets ! Il s'est alors demandé si l'on ne pouvait pas, par le biais de ce film, faire de micro clins d'œil à d'autres films catastrophes avec des monstres se déroulant en Amérique, d'où les images cachées de films dans le film.
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Gounou
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par Gounou »

Mais sinon, le lien vers ton blog pouvait suffire...
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Anorya
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par Anorya »

Je l'ai pas encore mise sur mon blog.... :oops: :lol:
Pas taper.
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cinephage
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par cinephage »

Anorya a écrit :Je l'ai pas encore mise sur mon blog.... :oops: :lol:
Pas taper.
Merci pour ce chouette texte qui enjolive ma fin de journée. :wink:
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par someone1600 »

Super intéressant en effet. :D

Et un film diablement intéressant aussi... en tout cas moi j'ai adoré. :D
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par Colqhoun »

Le texte est cool.
Mais le film reste très très moyen.
Voir même franchement tout pourri par moments.
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Re: 06-02-08/Cloverfield (Matt Reeves)

Message par Flol »

Colqhoun a écrit :Mais le film reste très très moyen.
Voir même franchement tout pourri par moments.
Revu hier soir. Et ce que dit Colqhoun est faux.
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Re: Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Message par 7swans »

Voilà, j'ai encore envie de revoir ce film!

Je crois que je suis fan de Cloverfield. :|
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Re: Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Message par monk »

7swans a écrit :Voilà, j'ai encore envie de revoir ce film!

Je crois que je suis fan de Cloverfield. :|
Il n'y a pas de " :| " qui tienne ! Je suis aussi très fan du film, même s'il souffre de quelques longueurs, mais c'est une vraie réussite, un film de monstre entier comme on en avait pas vu depuis vraiment longtemps.
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Re: Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Message par Colqhoun »

Les acteurs jouent comme des patates et le concept de found footage est ruiné après 20 minutes.
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Re: Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Message par monk »

Colqhoun a écrit :Les acteurs jouent comme des patates et le concept de found footage est ruiné après 20 minutes.
C'est justement quand le film commence ! C'est dommage...
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Re: Cloverfield (Matt Reeves - 2008)

Message par Dunn »

Colqhoun a écrit :Les acteurs jouent comme des patates et le concept de found footage est ruiné après 20 minutes.
C'est justement ça qui est intéressant, ils ne font pas "acteurs" mais plutôt simple "spectateurs" de ce qu'ils leur arrivent;Principe même du found footage avec une vraie immersion dans le "réel" pour ma part.Et quelle musique finale !
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