Le plan séquence
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Le plan-séquence c'est comme tout effet: ni bon, ni mauvais per se.Blue a écrit :A petite dose et executé avec virtuosité, faut avouer que c'est souvent jouissif. Mais là encore, n'est pas De Palma qui veut.
Si c'est pour expliquer qu'on sait faire mumuse avec une caméra, ça n'a pas grand intérêt, mais au service de réels enjeux, c'est un procédé qui peut se révèler particulièrement intéressant.
On peut penser à Elephant, sa volonté de capter une magie instantanée, de découvrir quand tout a basculé, un peu comme dans Shining. D'ailleurs, c'est étonnant, mais beaucoup de films utilisant le plan-séquence se posent la question de l'origine du Mal. Il doit y avoir une sémantique particulière là-derrière, bien que je ne sois pas vraiment à même d'en parler.
L'intensité peut aussi en être grandement accrûe. C'est le souffle de vie d'un Tarkovski, que je ne peux m'empêcher d'imaginer amoindri sans cette machine de mise en scène.
Quand le plan-séquence nous plonge dans l'essence du film, je cautionne à 100%, si l'effet est sa propre finalité et que tout le long je ne vois que la prouesse technique, là non. Ou alors en dernière priorité: écriture, interprétation et implication passant largement avant dans la réussite de l'oeuvre. Mais ça c'est pas gagné.
Et le cinéma est j'ai l'impression actuellement dans une impasse à ce niveau-là. Cette recherche effrenée de "fluidité", ça n'a à mon avis pas grand intérêt. On finit un peu par se scléroser. Je préférerais même des films aux plans quasiment fixes avec cartons, intertitres, un dispositif général assez lourd, mais qui toucheraient la substance du cinéma. Le tout-lisse, tout-propre c'est très vite chiant. J'aime bien voir les ficelles.
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Jackie Chan a aussi utilisé le plan séquence pour une très belle scène de Big Brothers (la fille qui quitte sa chambre pour aller au balcon), ou celle d'un autre film où la caméra démarre dans la rue, puis la caméra s'élève pour montrer le QG d'un immeuble yakuza où ceux-ci regardent par la fenêtre pour voir un accident.
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The Player en hommage à celui de La Soif du Mal.
De Palma est évidemment un des premiers noms qui me vienne en tête. Entre autres exemples nombreux dans sa filmo, il y en a un assez chouette dans le souvent négligé Esprit de Cain.
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Coucou. Magnifique, oui.Blue a écrit :Je vais citer un exemple que je suradore. Dans "Barberousse" de Kurosawa (coucou, k-chan) et sans entrer dans les détails, il y a plan séquence fabuleux (pas spécialement pour sa technique), s'étalant sur plusieurs minutes. Au delà de l'aspect théâtral qu'il revêt, je trouve très judicieux le choix de Kurosawa de ne le couper à aucun moment. Il aurait pu faire un champ/contrechamp ou bien s'approcher des personnages. Mais il joue sur la durée. Pourquoi ? Parce que l'impression qu'il veut rendre, c'est qu'un piège se referme sur l'un des personnages. La durée rend la séquence étouffante.
Ce qui prouve que l'absence de montage aussi peut amener à un choix artistique pertinent.
Sinon, le plan séquence de Hard boiled (film que je viens de découvrir) est pas mal.
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Ouais, mais y'a plan séquence et plan séquence. Snake Eyes, c'est pas 20 minutes mais 13 de mémoire (à vérifier) et il y a trois coupures (quasi) invisibles. Idem pour Children Of Men, le plan en forêt - formidable il est vrai - est truqué : y'a au moins une coupure.Boubakar a écrit :Les fils de l'homme (dans la fôret, c'en est incroyable)
Snake eyes (les 20 premières minutes)
L'honneur du dragon (tout le combat dans un immeuble)
Moi j'aime tout particulièrement le plan séquence d'ouverture ultra impressionnant de Strange Days, certainement lui aussi truqué vu la fin du passage!
Et puis le mythique plan d'ouverture de Touch Of Evil, qui nous a tous appris ce qu'était un plan séquence... A moins que ce ne soit La Corde, le Hitchcock tourné en 2 plans... Le plan numéro 2 étant une succession de bobines et qu'à court de peloche la caméra fait du rentre dedans sur les costards des personnages histoire - ni vu ni connu - de changer de magasin et de raccorder!
Enfin, la poursuite en plein métro et jusqu'à une gare de Carlito's Way, petite compile de mini plan séquences, restera pour moi LA plus belle poursuite à pied jamais filmé.
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C'est d'autant plus intéressant qu'il a été réalisé pour tenter quelque chose de nouveau par rapport au montage habituel des scènes d'actions wooïennes. Le tout doublé d'un pari technique exigeant mais brillamment relevé (dans la difficulté).k-chan a écrit :Sinon, le plan séquence de Hard boiled (film que je viens de découvrir) est pas mal.
C'est un plan-séquence important et fédérateur car il anticipe moults jeux vidéos récents. Je pense aussi que le plan séquence dans le couloir d'"Oldboy" ayant tant fait parler de lui, ou encore la fusillade urbaine du récent "Children of men", doivent beaucoup au travail de John Woo.
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L'ouverture de Free Zone de Amos Gitai: plan fixe de 10 minutes sur Natalie Portman qui se laisse lentement gagner par les larmes. Bouleversifiant.
The Great Ecstasy of Robert Carmichael, Thomas Clay: la séquence centrale du film, dans la chambre bleue. Séquence difficile, mais le cinéaste a à mon avis bien revu son petit Haneke illustré avant.
Le travelling sur l'embouteillage dans Week-End, de Godard. Je ne suis pas totalement convaincu de son utilité scénaristique, mais techniquement c'est assez incroyable.
L'une des 1è scènes de Mélo, de Resnais: travelling circulaire autour de la table où discutent Arditi, Dussolier et Azéma, puis la caméra s'arrête pendant 7mn sur Dussolier racontant une ancienne expérience amoureuse.
Le plan fixe qui ouvre Kagemusha de Kurosawa: 10 minutes sur 3 des personnages principaux, scène qui pose les bases de l'intrigue.
Et puis chez Tarr, Angelopoulos, Kiarostami, Tarkovski, on en trouve à la pelle
The Great Ecstasy of Robert Carmichael, Thomas Clay: la séquence centrale du film, dans la chambre bleue. Séquence difficile, mais le cinéaste a à mon avis bien revu son petit Haneke illustré avant.
Le travelling sur l'embouteillage dans Week-End, de Godard. Je ne suis pas totalement convaincu de son utilité scénaristique, mais techniquement c'est assez incroyable.
L'une des 1è scènes de Mélo, de Resnais: travelling circulaire autour de la table où discutent Arditi, Dussolier et Azéma, puis la caméra s'arrête pendant 7mn sur Dussolier racontant une ancienne expérience amoureuse.
Le plan fixe qui ouvre Kagemusha de Kurosawa: 10 minutes sur 3 des personnages principaux, scène qui pose les bases de l'intrigue.
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Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
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