Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
J'avais été le voir à sa sortie et j'avais trouvé ça excellent, je n'ai pas changé d'avis 20 ans après (et je l'ai encore revu l'an dernier)
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
On poursuit notre mini-cycle Verhoeven avec la chronique de ce film par Jean-Gavril Sluka. Test du BR Pathé par Olivier Bitoun.
Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
L'un des meilleurs articles (le meilleur ?) que j'ai lus sur ce film.
Et je ne dis pas ça pour servir "ma paroisse".
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Excellent parallele!que dire d’un réalisateur qui a fuit la Hollande pour reconduire les mêmes polémiques durant sa carrière hollywoodienne ?
Bravo à Jean-Gavril Sluka (quel est son pseudo ?) pour ce texte.
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
MJ.Supfiction a écrit :Excellent parallele!que dire d’un réalisateur qui a fuit la Hollande pour reconduire les mêmes polémiques durant sa carrière hollywoodienne ?
Bravo à Jean-Gavril Sluka (quel est son pseudo ?) pour ce texte.
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Super texte, bravo. *pouce levé*
Bien plus intéressant que le film lui-même, si ça c'est pas beau.
Pour le côté "c'est nul mais c'est bien", la question du bon/mauvais goût, la réhabilitation après le lynchage... c'est du classique. Ces choses-là sont cycliques et qui sait si le mouvement de balancier ne reviendra pas un jour à son point de départ.
Je réessaierai un de ces quatre, comme avec les autres Paulo (jamais trop aimé alors que sur le papier y'a tout pour me plaire).
Bien plus intéressant que le film lui-même, si ça c'est pas beau.
Pour le côté "c'est nul mais c'est bien", la question du bon/mauvais goût, la réhabilitation après le lynchage... c'est du classique. Ces choses-là sont cycliques et qui sait si le mouvement de balancier ne reviendra pas un jour à son point de départ.
Je réessaierai un de ces quatre, comme avec les autres Paulo (jamais trop aimé alors que sur le papier y'a tout pour me plaire).
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Présent!Supfiction a écrit :MJ.Jack Carter a écrit :Bravo à Jean-Gavril Sluka (quel est son pseudo ?) pour ce texte.
Oui... d'où l'importance de dépasser un peu ça en en parlant (à moins de vraiment y voir un nanar pur jus). En même temps, le balancier joue tellement fort qu'il est ici difficile de faire l'impasse dessus. La différence en gros entre parler du film et faire un peu d'"histoire de la critique". Un cas assez extrême de brouillage entre ces deux lignes!Truffaut Chocolat a écrit :Pour le côté "c'est nul mais c'est bien", la question du bon/mauvais goût, la réhabilitation après le lynchage... c'est du classique. Ces choses-là sont cycliques et qui sait si le mouvement de balancier ne reviendra pas un jour à son point de départ.
Que ce soit le plus Verhoeven des Verhoeven US n'en fait pas forcément celui à préférer. La virtuosité plastique de Starship Troopers a de quoi se défendre, à ce niveau.Il y a un/des Verhoeven que tu préfères ou c'est une limite que tu as avec tous?Je réessaierai un de ces quatre, comme avec les autres Paulo (jamais trop aimé alors que sur le papier y'a tout pour me plaire).
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Avec tous, mais c'est pas grave.MJ a écrit :Présent!Supfiction a écrit : MJ.
Oui... d'où l'importance de dépasser un peu ça en en parlant (à moins de vraiment y voir un nanar pur jus). En même temps, le balancier joue tellement fort qu'il est ici difficile de faire l'impasse dessus. La différence en gros entre parler du film et faire un peu d'"histoire de la critique". Un cas assez extrême de brouillage entre ces deux lignes!Truffaut Chocolat a écrit :Pour le côté "c'est nul mais c'est bien", la question du bon/mauvais goût, la réhabilitation après le lynchage... c'est du classique. Ces choses-là sont cycliques et qui sait si le mouvement de balancier ne reviendra pas un jour à son point de départ.
Que ce soit le plus Verhoeven des Verhoeven US n'en fait pas forcément celui à préférer. La virtuosité plastique de Starship Troopers a de quoi se défendre, à ce niveau.Il y a un/des Verhoeven que tu préfères ou c'est une limite que tu as avec tous?Je réessaierai un de ces quatre, comme avec les autres Paulo (jamais trop aimé alors que sur le papier y'a tout pour me plaire).
J'adore le lire et l'écouter, le mec se prend pas pour ce qu'il n'est pas, il est très conscient de sa fonction et des mécaniques du business, entre autres. A chaque sujet qu'il aborde, ses prises de positions sont toujours intéressantes.
Or, je ressens un décalage entre les « promesses » des ses films et leur concrétisation.
Là tout de suite, je pense à Black Book et j'étais passé à côté. A retenter sans doute.
Ensuite, comme tu le dis en creux, il donne le sentiment de ne jamais avoir vraiment été à sa place, que ce soit aux Pays-Bas ou aux US; et ça se ressent dans ses films où les cyniques sont légion. Il y a beaucoup de désenchantement, de cruauté aussi.
Passé le plaisir brut (et il existe bel et bien, car il est très fort pour faire des films jouissifs), il ne m'en reste pas grand-chose finalement, excepté un grand sens de la satire.
Il a beau être le meilleur (ou un des meilleurs) dans cet exercice, t'es jamais bien loin de tomber dans le piège de l'arroseur arrosé. C'est très difficile de trouver un ton juste je trouve.
Pour ce qui est de Showgirls, quand tu montes un film où tu dépeins une société du spectacle où règnent l'argent et la manipulation par le cul, où tout le monde est un morceau de viande avec une valeur marchande (c'est le souvenir que j'en ai), une fois que tu as dit ça, ben...
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Son cynisme (très réel) me paraît couplé à une forme de vitalisme. Une manière énergique qui relancent les films et les tient éloignés de la morosité (un peu comme la férocité joyeuse de Bunuel). La question du cynisme, plutôt que d'en faire un étendard ou un épouvantail, ce serait - à quoi est-ce que ça se couple? (ex: le cynisme et le romantisme chez De Palma) C'est exemplaire dans Black Book, dans Showgirls tout est déjà là (le versant affirmatif d'un cinéma de survie), mais avec cette limitation que tu soulèves:Truffaut Chocolat a écrit :Ensuite, comme tu le dis en creux, il donne le sentiment de ne jamais avoir vraiment été à sa place, que ce soit aux Pays-Bas ou aux US; et ça se ressent dans ses films où les cyniques sont légion. Il y a beaucoup de désenchantement, de cruauté aussi.
Passé le plaisir brut (et il existe bel et bien, car il est très fort pour faire des films jouissifs), il ne m'en reste pas grand-chose finalement, excepté un grand sens de la satire.
Avant même de se ramasser, le film exprime son sentiment d'inadéquation par rapport au système de studios qui l'emploie (qui en plus l'avait à la bonne avec Basic Instinct), la réprobation pour une industrie où il n'est pas le dernier nom de la liste. S'il y a un danger que courent parfois ses films, ce serait bien celui de cracher dans la soupe,oui !Il a beau être le meilleur (ou un des meilleurs) dans cet exercice, t'es jamais bien loin de tomber dans le piège de l'arroseur arrosé. C'est très difficile de trouver un ton juste je trouve.
Entre le potlach Starship Troopers et cette lettre d'adieu à Hollywood que paraît être Hollow Man, on peut dire qu'il a fait sa sortie "en grande pompe". Il est allé au bout de quelque chose, pousser l'obscénité aurait perdu son sens. Je serais curieux de savoir ce qu'aurait donné pour lui une carrière en indépendant, ensuite. Peut-être qu'avec Saïd ben Saïd en producteur, c'est encore réalisable. On verra avec/après Elle!Pour ce qui est de Showgirls, quand tu montes un film où tu dépeins une société du spectacle où règnent l'argent et la manipulation par le cul, où tout le monde est un morceau de viande avec une valeur marchande (c'est le souvenir que j'en ai), une fois que tu as dit ça, ben...
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Bonjour à tous,
je viens de découvrir Showgirls sur lequel j'ai quelques remarques.
La plupart des personnages évoquent des figures du cinéma pornographique: l'héroïne qui découvre un nouveau milieu à risque, la femme de pouvoir, d'âge mur et bisexuelle, la meilleure amie faussement prude, les hommes puissants donc forcément désirables. On va les apparier pour les besoins des scènes de sexe, le scénario ne servant que de prétexte. Le maquillage à la truelle, les ongles d'Elizabeth Berkley et de Gina Gershon évoquent également les actrices porno.
Les scènes de sexe attendues sont alors déceptives pour un public qui n'attendrait plus que ça:
J'avais lu beaucoup d'avis positifs, que je rejoins entièrement. Il est difficile de croire que certains aient pu prendre le film au premier degré (voir à ce sujet les critiques américaines d'époque sur Metacritic) car Verhoeven est assez peu subtil dans ses intentions, je pense en particulier à la scène où un enfant s'effondre en larmes car il lentend le F word, alors qu'il était de marbre au milieu de toutes ces filles hyper vulgaires entièrement nues ou en costume de cuir.
je viens de découvrir Showgirls sur lequel j'ai quelques remarques.
La plupart des personnages évoquent des figures du cinéma pornographique: l'héroïne qui découvre un nouveau milieu à risque, la femme de pouvoir, d'âge mur et bisexuelle, la meilleure amie faussement prude, les hommes puissants donc forcément désirables. On va les apparier pour les besoins des scènes de sexe, le scénario ne servant que de prétexte. Le maquillage à la truelle, les ongles d'Elizabeth Berkley et de Gina Gershon évoquent également les actrices porno.
Les scènes de sexe attendues sont alors déceptives pour un public qui n'attendrait plus que ça:
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J'avais lu beaucoup d'avis positifs, que je rejoins entièrement. Il est difficile de croire que certains aient pu prendre le film au premier degré (voir à ce sujet les critiques américaines d'époque sur Metacritic) car Verhoeven est assez peu subtil dans ses intentions, je pense en particulier à la scène où un enfant s'effondre en larmes car il lentend le F word, alors qu'il était de marbre au milieu de toutes ces filles hyper vulgaires entièrement nues ou en costume de cuir.
- Flol
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Vu ce que Verhoeven pense de Las Vegas, et de ce que cette ville et ce milieu représentent, je pense que c'est totalement volontaire.Jean René a écrit :Par ailleurs j'ai trouvé le film très peu érotique: l'étalage continu des chairs désamorce toute sensualité, tout mystère
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Je le pense aussi. Dans les scènes de vestiaire où toutes les filles sont demi-nues, elles passent dans le fond du champ comme des bêtes dans un pré, elles font partie du décor. La nudité est permanente et vidée de tout affect, c'est l'état naturel de ses filles, elles n'en jouent pas. On n'est pas émoustillé, il y a un trop-plein. Comme la visite d'un abattoir ne donne pas envie de se faire un steak.
C'est une des réussites du film de provoquer l'indifférence voire le dégoût pour tous ces beaux corps.
C'est une des réussites du film de provoquer l'indifférence voire le dégoût pour tous ces beaux corps.
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Et ce bon Paulo réutilisera exactement le même procédé lorsqu'il filmera 3 ans plus tard les douches mixtes de Starship Troopers.
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Il l'avait fait avant dans Robocop.Ratatouille a écrit :Et ce bon Paulo réutilisera exactement le même procédé lorsqu'il filmera 3 ans plus tard les douches mixtes de Starship Troopers.
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Re: Showgirls (Paul Verhoeven - 1995)
Quelque chose me dit qu'on va beaucoup parler de Verhoeven dans les jours qui viennent. Cinéaste que je connais depuis longtemps (vu La Chair et le sang à sa sortie, de même que Starship, Total Recall et Robocop) et pourtant, c'est une rétrospective de fin 2008 (et aussi la vision enthousiaste de Black Book en 2006)qui m'a fait prendre conscience que j'étais, sinon fan, du moins très client et avide de remettre régulièrement le nez dans ses films au hasard de leur diffusions. Lors de cette rétrospective, j'avais été emballé par Showgirls, projeté sur un grand écran. Cela avait été une espèce de choc. J'avais trouvé ça désarmant de frontalité, de netteté du trait et assez unique dans cette façon de mettre en scène la laideur et la vulgarité. Probablement le film le plus "spécial" que j'ai vu. Incroyablement accrocheur et prenant alors que le milieu décrit incline à la gerbe. Mais tout son cinéma provoque une espèce de haut le cœur aussi sardonique que réjouissant. Chez Verhoeven, le malsain est enjoué (ce qui le différencie de Cronenberg).
Alors que je revoyais Showgirls avant-hier soir, chauffé par ce topic, une pensée récurrente s'est mise à bourdonner dans ma tête à mesure que le film avançait. A un moment donné, il a bien fallu que j'y mette le doigt : c'est la présence, en vis-à-vis, du Casino de Scorsese, réalisé la même année. Deux Vegas qui ne se croisent pas, mais qui se répondent pourtant, et se complètent. Dans Showgirls, les gangsters sont invisibles mais le scintillant sordide qui se déploie sur l'écran en scope émane du même enfer.
Alors que je revoyais Showgirls avant-hier soir, chauffé par ce topic, une pensée récurrente s'est mise à bourdonner dans ma tête à mesure que le film avançait. A un moment donné, il a bien fallu que j'y mette le doigt : c'est la présence, en vis-à-vis, du Casino de Scorsese, réalisé la même année. Deux Vegas qui ne se croisent pas, mais qui se répondent pourtant, et se complètent. Dans Showgirls, les gangsters sont invisibles mais le scintillant sordide qui se déploie sur l'écran en scope émane du même enfer.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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