ATP a écrit :Ce réalisateur m'intrigue mais j'ai peur de ne pas accrocher... Si je suis fan de Tarkovski j'ai des chances d'aimer? (même si je suppose que c'est pas tout à fait pareil)
Pour ceux que j'ai pu voir (Les Chevaux de Feu, Sayat Nova), c'est assez différent de Tarkovski. Chez Tarkovski, le rythme est à l'intérieur du plan, souvent long, le rythme du film vient du plan lui-même, qui est d'ailleurs assez souvent fixe dans les derniers films de Tarkovski (moins dans ses premiers). Il s'en explique dans son livre
Le temps scellé : le temps est capturé et ressenti dans sa durée par le plan, et non par le montage. Mais en même temps ses films portent un sens. On ressent certes quelque chose, mais on entend aussi Tarkovski nous dire quelque chose sur le monde. Il sollicite nos sens mais également, dans un second temps, notre intellect. Ses films sont des poèmes méditatifs.
Chez Paradjanov, les plans sont au contraire des instants et non des durées, et le rythme (le sentiment du temps) procède du montage. C'est un peu l'école d'Ensenstein, dont on pourrait dire que Paradjanov fut un héritier, à cette différence près : dans les Chevaux de Feu, le plan est en mouvement, la caméra est en liberté, il y a une impression de tourbillon d'images et de couleurs, qui a été reprise plus tard par un Kusturica. Sayat Nova relève toujours d'un cinéma sensuel de l'instant et de la couleur, mais cette fois, de mémoire, la caméra est davantage fixe. Le cinéma de Paradjanov est sensualiste, comme si Paradjanov était davantage concerné par la capture d'un instant, d'un fragment de temps et d'histoire, et moins par le sens de ses films.
J'ai trouvé Les Chevaux de Feu très beau. Il y a de superbes visions de peintres dans Sayat Nova. Mais je me sens plus proche de l'approche de Tarkovski.
Mais trève de bavardage, il faut que tu ailles y voir par toi-même pour te faire ta propre opinion.