La Neuvième porte (Roman Polanski - 1999)
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- Mogul
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La neuvième porte (Roman Polanski, 1999)
Après La jeune fille et la mort (1995) Polanski revient avec une commande, adaptation de l'excellent roman d'Arturo Perez Reverte, Club Dumas. C'est aussi l'occasion pour le cinéaste de se remettre au genre fantastique plus de 30 ans après Rosemary's Baby.
La critique acceuille tièdement le film. Bien qu'elle lui reconnaisse des qualités formelles (élégance et sens du détail de la mise en scène, photo de Khondji, musique de Kilar), Polanski a l'air de se désinteresser de ces histoires de magie noire, la fin laissant au spectateur une impression de gâchis. Johnny Depp ne trouve pas là son plus beau rôle mais reste correct (les relations entre lui et polanski durant le tournage n'ayant apparemment pas été idyliques) et Emmanuelle Seigner (compagne du cinéaste) en incarnation originale du diable, est bien utilisé, parvenant parfois à faire surgir une troublante fascination dans les meilleurs moments du film (scène du train ou de la chambre d'hotel).
On a souvent rapproché le ton du film à celui que l'on peut trouver dans les aventures de Tintin et il est vrai que la façon dont est mené l'enquête et certaines scènes (le rituel satanique, les frères jumeaux) peut y faire penser. Pour ce qui est du reste, quasiment tous les personnages du film sont représentés comme des salauds, Depp en premier et ce, dès les premières minutes.
A l'instar du Locataire ou de Rosemary's Baby, l'histoire dévelloppe une quête initiatique perverse à base de décryptage de signes dans un univers deliquescent et de plus en plus absurde.
Le traitement convainct moins, le cinéaste donnant la vague impression d'être blasé. ça se laisse toutefois bien regarder, l'humour et la mise en scène classieuse font passer le temps...
- John Anderton
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J'ai toujours été un grand défenseur de ce film de Polanski, que je trouve fort bien mené, avec une ambiance bien à lui. Si des erreurs viennent gâcher certains passages (la maladroite scène de combat sur le bord du fleuve, la fin, d'ailleurs fort éloignée du livre, ce qui est dommage), le film est remarquablement réussi d'un point de vue esthétique, Johnny Depp est toujours aussi parfait (tour à tour maladroit, sûr de lui, naïf, courageux, pétochard), et les clins d'oeil au Tintin que Polanski n'a jamais mené à bien sont nombreux. Une bande originale sublime accompagne les images. Et l'univers des vieux bouquins me passionnent en prime... dommage, en revanche, que Polanski n'ait pas été plus fidèle au superbe roman de Perez-Reverte, en ayant entre autres évacué toute l'intrigue passionnante se rapportant aux "3 Mousquetaires" et à Dumas.
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C'est vrai que c'est un film un peu mal aimé notamment à cause de ce second degré qui envahit le film progressivement. J'aime plutôt bien ce côté grotesque du final (tout ce qui se passe au chateau et cette scène d'amour ultra-kitsch). On sent que Polanski prend vraiment une distance par rapport à ce qu'il raconte. Je n'ai pas lu le bouquin mais j'imagine que ça fait partie de la patte Polanski. Ensuite on aime ou pas.
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La première fois que je l'ai vu, je n'ai que très moyennement accroché. Plus tard j'ai lu le livre que j'ai aussi moyennement apprécié, mais cela m'a donné envie de revoir le film qui, cette fois-ci, m'a vraiment plu. J'ai énormément apprécié le travail de réalisation de Polanski et ces personnages qui semblent un peu tous détachés de la réalité. Et il se dégage du film une ambiance intéressante, entre inquiétude et grand-guignol, où l'on serait tenté de rire de ces morts absurdes auxquelles on assiste.
Tout cela me donne très envie de le revoir.
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Un film pour ma part très sous-estimé dans la filmo de Polanski. Non pas qu'il soit dénué de défauts, tu les as d'ailleurs très bien relevés Tuck, mais parce que l'aspect ludique n'enlève rien à la réussite du tout. Et j'aime énormément l'ambiguité de cette fin, un peu comparable à celle du Bal des Vampires, dans l'esprit.
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On peut toujours considérer Mathilde Seigner comme un ange, ou comme Satan. La porte reste ouverte.Frank Bannister a écrit :quelle ambiguité?
la fin me semble pourtant très claire au contraire.
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- Mogul
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Ou la considérer comme une cruche !MJ a écrit :On peut toujours considérer Mathilde Seigner comme un ange, ou comme Satan. La porte reste ouverte.Frank Bannister a écrit :quelle ambiguité?
la fin me semble pourtant très claire au contraire.
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J'ai eu pour la Neuvième Porte un coup de foudre qui ne s'est jamais démenti, puisque je le revois fréquemment avec un plaisir toujours aussi intense. Comme John, ce film représente pour moi un fantasme de petit garçon, celui de découvrir par les livres les mystères de ce monde... et de l'autre.
Mais y'a pas que ça.
Dès le générique, raaaaah la musique de Kilar, je me laisse encore et toujours emporter par cette histoire au rythme particulier (y'a quoi devenir perplexe au bout du 548e plan de Johnny Depp s'allumant une clope). A mes yeux le film puise sa force de son tempo irrégulier, à l'image de la conclusion qui fonctionne comme un appendice (ou un épilogue si on veut).
Mais y'a pas que ça.
Dès le générique, raaaaah la musique de Kilar, je me laisse encore et toujours emporter par cette histoire au rythme particulier (y'a quoi devenir perplexe au bout du 548e plan de Johnny Depp s'allumant une clope). A mes yeux le film puise sa force de son tempo irrégulier, à l'image de la conclusion qui fonctionne comme un appendice (ou un épilogue si on veut).
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La Neuvième Porte est pour moi un très mauvais souvenir en salles (pour des raisons d'ailleurs extra-cinématographiques) et j'ai revu le film récemment pour me faire une opinion plus mesurée.
Comme dans beaucoup de Polanski, des éléments m'intéressent mais l'ensemble ne m'a pas séduit. Johnny Depp est excellent, l'ambiance du récit est d'abord très prenante par son étrangeté mais au fur et à mesure, mon intérêt s'essoufle :trop de facilités et de grand-guignol finissent par nuire au film.
Polanski garde une distance ironique par rapport à son sujet mais il laisse alors finalement l'impression de se désintéresser de l'intrigue et de l'expédier à la va-vite. Et à partir du moment ou le mystère cède sa place à l'outrance et le fantastique beaucoup trop explicite, le mauvais goût devient assez désagréable (toute la dernière demi-heure pour moi...)
Une déception.
Comme dans beaucoup de Polanski, des éléments m'intéressent mais l'ensemble ne m'a pas séduit. Johnny Depp est excellent, l'ambiance du récit est d'abord très prenante par son étrangeté mais au fur et à mesure, mon intérêt s'essoufle :trop de facilités et de grand-guignol finissent par nuire au film.
Polanski garde une distance ironique par rapport à son sujet mais il laisse alors finalement l'impression de se désintéresser de l'intrigue et de l'expédier à la va-vite. Et à partir du moment ou le mystère cède sa place à l'outrance et le fantastique beaucoup trop explicite, le mauvais goût devient assez désagréable (toute la dernière demi-heure pour moi...)
Une déception.