Benoît Jacquot

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Boubakar
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Benoît Jacquot

Message par Boubakar »

Sade ;déjà que j'aime pas B. Jacquot, je me suis bien emmerdé devant cette adaptation d'une partie de la vie du Marquis.
:?
Frank Bannister
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Message par Frank Bannister »

Boubakar a écrit :Sade ;déjà que j'aime pas B. Jacquot, je me suis bien emmerdé devant cette adaptation d'une partie de la vie du Marquis.
:?
Ce qui m'avait marqué à sa sortie, c'était son interdiction aux moins de 12 ans. Je me demandais ce que l'on pouvait relater d'intéressant de la vie du Marquis pour etre seulement interdit aux moins de 12 ans. Après avoir vu le film, pas grand chose.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Frank Bannister a écrit :
Boubakar a écrit :Sade ;déjà que j'aime pas B. Jacquot, je me suis bien emmerdé devant cette adaptation d'une partie de la vie du Marquis.
:?
Ce qui m'avait marqué à sa sortie, c'était son interdiction aux moins de 12 ans. Je me demandais ce que l'on pouvait relater d'intéressant de la vie du Marquis pour etre seulement interdit aux moins de 12 ans. Après avoir vu le film, pas grand chose.
A peine 5 minutes du film, et des actrices doublées pour ces scènes :|
Mais ça vaut pas tripette, à croire que JAcquot et moi, c'est incompatible
Nestor Almendros
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Benoît Jacquot

Message par Nestor Almendros »

ADOLPHE de Benoit Jacquot (France 3)

Le démarrage fut un peu difficile, niveau concentration, car j'étais accaparé par le visage d'Adjani, poupée de porcelaine, qui ne veut pas s'avouer son âge (son personnage a 34 ans, elle en avait alors presque 15 de plus) et qui s'enfonce encore un peu plus dans des projets intellos destinés à l'intelligenzia.

Car ce film, au ton empesé et solennel, reste constamment dans l'hommage appuyé, et jamais on n'essaye d'aller vers le cinéma. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à des films en costume comme RAISON ET SENTIMENTS, ou même LES LIAISONS DANGEREUSES, qui gardent un dynamisme et une vision beaucoup plus passionnante et cinématographique. Ici c'est un peu lourd, rigide, un film littéraire, comme la France adore en produire. Avec un Stanislas Mehrar inexpressif et une FEDORA avant l'heure qui regrette peut-être de n'avoir pu être MADAME BOVARY chez Chabrol. Et, détail amusant, malgré un strict respect de l'oeuvre, on a quelques plans insistants de fourrage de langue... :fiou:

Ca c'était pour la forme. L'histoire, elle, se révèle intéressante sur le papier (forcément), avec ces convenances strictes auxquelles le couple va désobéir. C'est encore une variation sur l'amour absolu, trahi par un homme inconstant.
Alligator
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Benoît Jacquot (1947-)

Message par Alligator »

Sade - Benoit Jacquot - 2000 - 6,5/10

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Etrange et fascinant portrait que brossent la mise en scène de Jacquot et l'interprétation d'Auteuil. Pour qui aime Sade.
Mais on peut être troublé par le jeu très théâtral qu'impulse sans doute la mise en scène de Jacquot. Manque parfois un peu de naturel dans le phrasé, même pour Auteuil qui semble s'écouter parler par moments. C'est dommage, parce que le scénario est plutôt bien équilibré, l'histoire intéressante, un Sade vieillissant, un contexte politique agité, suscitant réflexion et émotion. La présence d'Isild Le Besco pourrait paraitre pauvre ou non maîtrisée, mais c'est un bien, fidèle et constant au personnage. Je l'ai trouvé plutôt en phase avec l'histoire... peut-être même la plus naturelle dans son jeu. Elle m'a bien plu la jeunette.
Dernière modification par Alligator le 18 avr. 09, 14:01, modifié 1 fois.
Jordan White
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Message par Jordan White »

Daniel Auteuil est un grand acteur mais j'ai toujours eu du mal à l'imaginer jouant Sade et ce film de Jacquot, où il s'écoute parler reste trop propre, trop sage, trop posé et n'a fait que renforcer mon sentiment. C'est très gentillet, ce qui est un comble quand on pense à l'écrivain.
Vu une seule fois, souvenirs évasifs mais le film ne m'y avait pas aidé. Me souvient d'un Scope qui ne servait à rien.
Quills était plus nerveux mais tout aussi médiocre à mes yeux.
La seule adaptation de Sade que je trouve exceptionnelle, mais difficilement supportable pour le coup c'est le Salò de Pasolini.
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Helward
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Message par Helward »

l’Intouchable de Benoît Jacquot

Beau sujet de départ (une jeune femme apprend par sa mère qu’elle est en fait le fruit d’une union métissée et entreprend donc un voyage en Inde où elle espère une rencontre avec son père naturel), malheureusement parasité par un festival Isild Le Besco qui est de chaque plan : Isild à Pont-à-Mousson, Isild à Paris, Isild qui fait du théâtre, Isild à poil qui tourne un film érotique pour payer son voyage en Inde, Isild dans l’avion qui tape la discute avec un Intouchable (didactisme assez naïf mais pas forcément inintéressant), Isild qui marche dans les rue de Bénarès, Isild dans un train (forcément bondé) qui s’assoupit sur l’épaule d’une hindoue, Isild à poil en train de se faire masser, Isild qui cherche, sans conviction apparente, son prétendu père, Isild etc. ... Rôle de composition égocentré, au dépend de toutes valeurs émotionnelles, toutes implications, et finalement assez désagréable par ce mépris au sujet.
Alligator
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Re: Benoît Jacquot (1947-)

Message par Alligator »

Villa Amalia (Benoît Jacquot, 2009) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... malia.html

_______________

Je suis dans le caca, dans la fange des indécis, des perplexes, des soumis au tango de l'incertitude, celle dans laquelle les baignent les films qu'ils ne savent pas décrire. Je suis infoutu de savoir ce que je ressens réellement après. Tout blanc. Je ne peux absolument pas dire que je n'ai pas aimé, ni que j'ai aimé ce film. C'est une situation embarrassante quand on a le culot imbécile de voulour coûte que coûte définir ses réactions, sensations, pensées, bref, l'impact que l'on subit sur tous les films. Avec cette villa amalia je suis vraiment dans la merde. Qu'est-ce que je pourrais retenir, qu'est-ce qui me restera plus tard quand je tâcherai de rassembler mes souvenirs?

Huppert. Oui. Sans aucun doute. Une Huppert qui vieillit bien. Avec des tâches sur les mains, des rides au visage, une vraie femme, une actrice pleinement consciente de son corps et de la réalité, pas une de ces fades personnalités prêtes à toutes les escroqueries et travestissements qui les transforment en travelos inexpressifs, à force de collagène et étirements inesthétiques. Bon, on ne va non plus réduire la présence de dame Huppert à son physique, à son courage féminin. Elle est également et même en premier lieu une actrice talentueuse (bonjour l'évidence), qui sait servir son rôle, lui donner à la fois une part de mystère et une puissance que la caméra de Jacquot apprivoise sagement. C'est plutôt bien joué et filmé. Il y a une réelle bonne entente entre le jeu de la comédienne et la courte distance que la caméra lui laisse. Beaucoup de gros plans scrutent le désarroi du personnage. Caméra et actrice vont bien ensemble.

D'un autre côté, j'avoue que j'ai eu énormément de mal, malgré tout ce que je viens de souligner, à me sentir pleinement atteint par le propos. Sur le papier, l'histoire d'une femme qui envoie balader tout le monde était pour le moins intrigante, même pourrait-on dire excitante. Or, j'ai été à deux yeux de m'emmerder par moments. J'ai été agressé avec force par la musique, ça c'est certain. Dans les aigus, dans la mélodie, dans l'éclat et la violence, je l'ai trouvée très vite irritante, insupportable. Mais ce n'est pas seulement à cette musique qu'échoit la responsabilité de ce demi ennui. Alors? Ben, peut-être que le rythme très lent et très bavard (je m'explique plus loin) est pour une très large part le plus responsable. Allons-y donc dans l'explication du rythme bavard : j'entendais par là que Jacquot insiste beaucoup trop dans la durée, comme dans l'insertion de scènes explicatives ou donnant des indices pouvant un peu expliquer les actes du personnage principal, son bouleversement. Ce n'est pas tant le fait qu'il cherche à nous renseigner, mais plutôt celui qu'il cherche à le faire en faisant trop durer ces plans. M'enfin, il aurait pu sans doute sans nous laisser l'ignorance, laisser un peu une part de non résolution.

Ajoutons à cela des plans sur les décors ou picturaux, très jolis. Ou pour être plus exact, qui auraient dû être très jolis mais sont chiés par une photographie mollasse, floue dans le mouvement. Par exemple, ce plan panoramique de la cité italienne n'a sans doute pas d'autre sens que de montrer que la beauté de l'endroit est une des raisons qui expliquent l'arrêt de la pérégrination, c'est ici qu'elle s'installe, car c'est beau, paisible, l'endroit idéal pour se reconsolider, pour refaire sa vie. Ok, mais à quoi bon, si le mouvement rend le village flou? C'est le personnage qui voit flou? Alors comment peut-elle s'énamourer de l'endroit? Et puis à la fin du film, le trouble du personnage est de beaucoup apaisé et le flou de la caméra ne se justifie plus.

Sinon, que dire de plus? Jean-Huges Anglade a un rôle qui ne me plaît pas. J'aime par ailleurs beaucoup ce comédien. Cependant il m'apparait ici de manière très factice. Je n'y crois pas une seconde. On dirait bien plutôt qu'il joue le rôle d'outil scénaristique, de personnage miroir qui permet de verbaliser un peu le désarroi d'Huppert. C'est un personnage un peu trop commode, qui manque de finesse, presque en décor, en carton-pâte, sur lequel Huppert se repose trop souvent.

Ah j'allais omettre un comédien qui sur une scène m'a scié le popotin. C'est Peter Arens, au moment où Huppert dans l'ascenseur lui caresse la joue, qui a alors une expression ahurie, le visage scotché, qui louche du côté de l'enfance. Scène saisissante, très belle. Je ne connaissais pas le bonhomme. Pour le coup, c'est moi qui suis scié et scotché.

Dans l'ensemble, je trouve quelques attraits au film qui n'empêchent pas quelques malaises parallèles laisser leurs empreintes. Un terme comme "moyen" semble ici parfaitement convenir.
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Re: Benoît Jacquot (1947-)

Message par Abronsius »

Villa Amalia

Ann s'aperçoit qu'il la trompe. Elle est pianiste, musique contemporaine, a de l'argent et pourrait passer sur ce baiser adultère. Cela est permis, cela se fait.
"Je veux tout quitter. Je veux couper. Je veux éteindre ma vie d'avant."
Qui n'a jamais rêvé de pouvoir tout recommencer, de pouvoir renaître ? Ann se servira de ce prétexte pour vivre ce recommencement. Finalement c'est une occasion inespérée car les conventions sociales permettent de quitter son conjoint parce qu'il a trahi. Sauf qu'Ann va jusqu'au bout, elle ne se contente pas de quitter son appartement, elle veut se perdre, fuir, disparaître. Elle en a le droit et saisit cette chance avec une détermination intense. Commence alors une séquence où Jacquot montre la difficulté de rompre les liens, de rompre avec une existence sociale : disparaître aujourd'hui, ne plus laisser de traces "... pas de portable, pas d'adresse e-mail, pas de carte bleue..." Georges lui demande alors où veut-elle aller ? dans l'espace ? Le film s'attachera dans une autre partie à montrer cet "itinéraire mental et géographique" (Benoît Jacquot , L'avventura, France Culture, émission du 08/04/09) jusqu'à la baie de Naples et un nid stupéfiant situé sur l'île d'Ischia. Un enterrement amènera Ann à rencontrer son père, un père nié puis au détour d'un repas, de quelques paroles échangées, un père si semblable à elle-même. Surgit alors une caresse fugitive chargée d'émotion, volée, nécessaire et pleine de détresse et de compassion, d'amour. Il s'agit aussi de régler des comptes puis de tirer un trait, Jacquot s'attarde souvent à montrer Ann toute à sa musique, composer et ne retenant que les instants où elle efface... pour mieux avancer.
Jacquot avait d'abord le désir de faire un film avec Huppert, avant tout. Comme on le comprend. Sans même savoir ce qu'ils feraient ensemble. Quignard lui avait envoyé son roman, le visage d'Huppert apparaît de suite. Sa beauté est manifeste dans ce film. Elle est multiple, changeante, vêtements différents d'une séquence à l'autre, maquillage et lumière variés. Personnage au physique si particulier qu'incarne Huppert : une variation subtile entre le corps enfantin, l'allure gracieuse d'une artiste, entre également le muscle et le geste : une fille/femme en transition. Perdre son identité, sa stature et changer, se métamorphoser. Interprétation magnifique, pure et intacte. "Elle se fait naître" dira Jacquot. Le personnage vivra cette métamorphose en risquant de s'y perdre totalement (séquence de la dérive). Champetier réussit quelques plans admirables où cet espace bleuté est source de fascination et d'effroi. Le film dans son montage joue de la perte des sens et utilise les ruptures spatio-temporelles avec justesse, les cuts brutaux du début laissent peu à peu la place à des séquences plus lentes, le temps qu'Ann puisse enfin trouver sa place (son poste d'observation, de retrait puis son véritable lieu de vie), ouvrir les volets et respirer de tout son corps.
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Re: Benoît Jacquot (1947-)

Message par Watkinssien »

Villa Amalia est totalement caractéristique du style de Benoît Jacquot, cinéaste que j'aime énormément.

L'austérité, la froideur, l'immobilisme font partie de l'apparence, car cela cache subtilement de manière générale une véritable chaleur, à la fois dans les rapports humains, dans les sentiments et dans l'utilisation de la lumière, toujours précise, comme en témoigne ce chef-d'oeuvre de raffinement qu'est La Vie de Marianne ou la quasi totalité de ses films ou téléfilms (de très grande qualité).
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Interview de Benoît Jacquot (Télérama, oct 2010)

Message par Federico »

Un très dense et long entretien avec Benoît Jacquot sur le site de Télérama cette semaine. Il vaut son pesant de cahouètes. Entre les souvenirs de sa mère qui lui racontait La mort aux trousses, son adolescence de cancre et sa jeunesse de dandy-voyou, son adoubement par Truffaut, les engueulades avec Duras, le tournage (avec sparadraps :lol: ) d'un épisode d'Angélique avec Michèle Mercier, c'est pas triste. Il évoque aussi sa frénésie de travail, le génie de Philippe Clévenot (oh que oui !), le cinéma de Bresson (qu'il ne trouve pas moins rigoureux que celui de Dreyer et moins bon cinéaste)... Il en ressort que tous les chemins peuvent mener au cinéma et qu'avec son background pas toujours sympathique, Jacquot aurait aussi bien pu se retrouver aujourd'hui directeur d'une chaîne privée, agent ou manager de foot, animateur de téléréalité ou... conseiller du gouvernement actuel :? .

La seconde partie de l'entretien sera en ligne mercredi prochain.

http://www.telerama.fr/cinema/benoit-ja ... ,61052.php
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Interview de Benoît Jacquot (Télérama, oct 2010)

Message par Watkinssien »

Merci pour lien ! :wink:
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Re: Benoît Jacquot

Message par Alligator »

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La vie de Marianne (Benoît Jacquot, 1995)

http://alligatographe.blogspot.fr/2012/ ... cquot.html

C'est ma femme qui a pris ce film à la médiathèque Fellini parce qu'elle sait que j'aime le cinéma de Benoit Jacquot et parce qu'elle a été intriguée par ses "adieux à la Reine". C'est une initiative relativement heureuse qu'elle a eu là, mais le premier à louer c'est Jacquot qui a eu la bonne idée d'adapter le roman de Marivaux, tout en gardant les dialogues de l'écrivain.

Cela donne évidemment un joli conte moral sur les petits tracas de l'amour, les cruautés des déconvenues que l'inconstance des sentiments chez les protagonistes peut engendrer, surtout quand on est si jeunes et inexpérimentés que ceux-là. La langue est parfois superbe. Quelques plans sont très joliment photographiés malgré l'origine télévisuelle du film (production et diffusion d'Arte).

La simplicité des décors et le cadre plutôt resserré de l'action ne laissent guère de doute sur le manque de moyens, cependant le réalisateur, par sa mise en scène assez sobre et sa caméra très proche des acteurs, assure avec efficacité une mise en image fort correcte.

Malheureusement, le téléfilm n'est pas sans défaut. On pourra déplorer par exemple une bande son un peu faiblarde qui ne permet pas toujours d'entendre les murmures des jeunes comédiens. Il y a également un ou deux comédiens qui m'ont fréquemment fait sortir de l'histoire par leur jeu un peu excessif.
Je pense à Marcel Bozonnet quand son personnage découvre celle qu'il convoite chez son neveu, ou bien à Melvil Poupaud, constamment le regard en dessous, insistant là lourdement sur son caractère prédateur et faux.

Mais ces quelques scories ne ternissent en rien le plaisir que j'ai eu à découvrir Sylvie Milhaud ou celui de retrouver la sobriété de Jean-Louis Richard. Mais voilà des motifs de satisfaction qui sont bien moindres que celle de contempler l'une des plus belles actrices que nous ait offert le cinéma français. Virginie Ledoyen est magnifiquement, que dis-je... amoureusement filmée par Jacquot. Souvent, au détour d'un plan, le réalisateur semble la peindre. La pose peut alors sembler un brin artificielle, mais le résultat fait mon bonheur : des petites secondes d'admiration, sans prix. Pourtant, elle parait toute jeune encore, mais la superbe femme qu'elle va devenir se laisse deviner. Je suis toujours aussi ému par le battement nerveux de ses cils. C'est là évidemment un jugement affectif autant que libidineux. Soit, je le concède! M'enfin, qu'on le veuille ou non, ce genre de ressenti fait partie des éléments d'appréciation qui construisent une opinion, un regard sur un film et il n'est ni légitime, ni judicieux de se le cacher.

Dans le coin un peu sombre du film, je rangerais également le rythme. Benoit Jacquot utilise à plusieurs reprises l'ellipse, c'est heureux mais néanmoins insuffisant. Souvent on a le sentiment de longueur, on s'attend à une conclusion qui met finalement trop de temps à venir. Sans pour autant qu'on puisse déplorer un réel ennui, le film aurait gagné à un peu plus de dynamisme. Dommage, mais n'oublions pas l'essentiel : c'est un bon téléfilm.
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Re: Benoît Jacquot

Message par Jeremy Fox »

Journal d'une femme de chambre - 2015

C'est très joli à voir (la photo de Romain Winding est somptueuse, la mise en scène plutôt classieuse) et à écouter (Bruno Coulais) mais l'ensemble est bien trop guindé et sonne pas mal faux. Je ne me suis attaché à aucun personnage (faute surtout à une direction d'acteur à laquelle je n'ai pas du tout adhéré), les comédiens semblant lire leurs textes, les apartés de Lea Seydoux faisant sacrément théâtraux. Rares sont les films à costumes français qui m'ont semblé "vivants" (Lady Chatterley ; Van Gogh ; La Comtesse) ; celui ci ne déroge malheureusement pas à la règle. Dommage !
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Commissaire Juve
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Re: Benoît Jacquot

Message par Commissaire Juve »

Tu es dur. Moi, j'ai marché. J'ai même trouvé ça trop court.

PS : et des gens qui parlent tout seul ; j'en connais ! :mrgreen:



J'ajoute que j'ai acquis récemment le DVD de Marianne* (version cinéma jamais sortie en salle du téléfilm "La vie de Marianne"). Même si je ne raffole pas de la diction de Melville Poupaud, j'ai bien aimé. Belle langue et jolie VIrginie Ledoyen.

Malheureusement, mon DVD merde à un endroit (peut-être au changement de couche). Mais c'est selon les platines (j'en ai plusieurs), donc je ne me suis pas pris la tête à faire un échange.

* édition Cahiers du Cinéma... en duo avec "Le Septième ciel" (avec Kiberlain et Lindon).

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La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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