C'est une argumentation que je trouve peu convaincante et paradoxale. Tu te fais le chantre de la littérature, et pourtant tu nous expliques ensuite que tu te prives des plus grandes livres qui soient (ceux de Dostoïevski, Tolstoi, Thomas Mann, Kafka, Faulkner, Cervantes, etc...) pour une simple raison de style. Le style en littérature n'est qu'un des éléments permettant à un écrivain de forger son monde secondaire. Les bonnes traductions savent en général admirablement en rendre compte. Bref, tu défends le Lady Chatterley de Lawrence le drapeau à la main alors que toi-même tu ne l'as pas lu pour d'obscures raisons.Nicolas Brulebois a écrit :Ce n’est pas comparable : la littérature ne repose, par définition, que sur l’écrit. Donc, une traduction modifiera forcément le style originel.
En revanche, au cinéma, le « style » d’un cinéaste ne se mesure pas exclusivement à la part écrite ; et les dialogues sont rarement aussi ouvragés que peut l’être une œuvre de littérature. Donc, même en les appauvrissant un peu, il demeure l’image, le son, la mise en scène… autant d’éléments « stylistiques » qui ne peuvent être modifiés, eux.
C’est toute la différence.
Je ne dis pas que je suis hostile à la littérature étrangère. Mais plutôt que mon intérêt pour le style d’une écriture me fait privilégier actuellement les œuvres écrites dans MA langue, dont je peux saisir absolument toutes les nuances sans passer par la médiation d’un 3e larron.
Lady Chatterley (Pascale Ferran - 2006)
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Je pense que Ferran, en adaptant justement une version intermédiaire du roman ("Lady Chaterley et l'homme des bois" et non "l'amant de Lady Chaterley"), essaie de se détacher des référents posterieurs à l'oeuvre elle-même pour justement retourner au coeur, à la source.cinephage a écrit : S'il est recommandé de connaître les références originelles d'une oeuvre, il est tout autant impossible d'ignorer les strates ultérieures qui ont teinté ou connoté l'oeuvre dans l'esprit du public, sinon des auteurs du film.
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Rupert Pupkin a écrit :Dans Télérama, j'ai lu qu'Arte allait diffuser le 1er juin une version longue avec des scènes en sus (déosolé
je me demande qu'elle sera alors la version éditée par Mk2 pour les DVDs :
- la version ciné ?
- ou les 2 versions ? (vu qu'ils annoncent un double-DVD...)
Diffusion annulée a priori, surement du fait de la sortie DVD
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Ben peut être parce que Boubakar donne, comme tu le dis, une opinion (par définition subjective) et ne cherche pas à pondre un essai universitaire pour éduquer les foules.Nicolas Brulebois a écrit : Puisque (comme tu sembles le sous-entendre) le seul référent de nombreux spectateurs était le téléfilm érotique plutôt que la littérature… pourquoi ne pas contribuer à leur ouvrir l’esprit, en exprimant son opinion de la façon la plus riche complète, et en réparant précisément cet oubli
Par ailleurs, je me reconnais tout a fait dans l'accroche de Boubi. Et je fais partie de ces gens pour qui Lady Chatterley évoque avant tout les téléfilms roses plein de flous miteux, alors que j'ai pourtant lu le livre (oublié instantanément)
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Zut, je comptais sur cette diffusion pour découvrir le film.Profiler a écrit :Rupert Pupkin a écrit :Dans Télérama, j'ai lu qu'Arte allait diffuser le 1er juin une version longue avec des scènes en sus (déosolé
je me demande qu'elle sera alors la version éditée par Mk2 pour les DVDs :
- la version ciné ?
- ou les 2 versions ? (vu qu'ils annoncent un double-DVD...)
Diffusion annulée a priori, surement du fait de la sortie DVD
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Certainement, mais Boubakar, en critiquant le film, se positionne en contemporrain parlant du film à ses contemporrains au sortir de la salle. Son travail critique est avant tout perceptif et descriptif.NotBillyTheKid a écrit :Je pense que Ferran, en adaptant justement une version intermédiaire du roman ("Lady Chaterley et l'homme des bois" et non "l'amant de Lady Chaterley"), essaie de se détacher des référents posterieurs à l'oeuvre elle-même pour justement retourner au coeur, à la source.cinephage a écrit : S'il est recommandé de connaître les références originelles d'une oeuvre, il est tout autant impossible d'ignorer les strates ultérieures qui ont teinté ou connoté l'oeuvre dans l'esprit du public, sinon des auteurs du film.
C'est pourquoi il ouvre son discours en replaçant le film dans un référentiel qui écarte d'emblée le premier rapprochement auquel on aurait pu penser, connotation sexuelle du roman et précédent de Just Jaeckin oblige...
La reflexion sur les intentions de P.Ferran vient dans un second temps (qui suppose un premier travail d'information sur l'oeuvre, la réalisatrice), qui l'étudierait plus en profondeur, voire le rapprocherait du texte d'origine, mais je ne crois pas que la critique de Boubaker dépasse celle d'une réception immédiate du film. C'est en quoi elle ne méritait pas la volée de bois vert du sieur Brulebois...
Je ne saurais trop demander, en revanche, et pourquoi pas à Nicolas B qui semble avoir les justes références, une reflexion approfondie sur le film, car il semble que plusieurs versions de l'amant de Lady Chatterley existent, et que celle sur laquelle s'appuie le film n'est pas la plus courante.
Signalons au passage l'étrange préface du film sur le dvd qui fait du récit de P.Ferran un grand discours antimondialisation et un acte de résistance au libéralisme. J'avoue ne pas avoir parfaitement saisi le sens de cette intervention.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Réflexion primaire du cadre moyen de chze MK2: C'est parce que ce sont les gens de gauche qui regardent Lady Chatterley. Parce que, forcément, ils aiment les films français. Et parce que, forcément, ils aiment bien le sexe.cinephage a écrit :Signalons au passage l'étrange préface du film sur le dvd qui fait du récit de P.Ferran un grand discours antimondialisation et un acte de résistance au libéralisme. J'avoue ne pas avoir parfaitement saisi le sens de cette intervention.
-MJ, Jean de gauche, très amateur de D.H. Lawrence, mais qui n'a pas beaucoup apprécié ce Lady Chatte-en-l'air.-
Et je précise encore que je n'ai aucun mépris envers ceux qui ont aimé. Dans le fond, c'est même plutôt positif qu'un certain genre de cinéma plus "alternatif" rencontre -finalement- du succès auprès du public. Mais perso, ce Pascale Ferran... j'ai donné, quoi.
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Il y a un discours politique dans ce film, d'émancipation, mais aussi de résistance à l'ordre imposé. Mais aussi et surtout, par la fin, assez rare pour l'époque (et m^me aujourd'hui) : la femme adultère n'est pas punie mais heureuse ! Vlan ! En gros, la lutte pour une libération... ça m'interesse carrément cette préface de Ferran, tiens...MJ a écrit :Réflexion primaire du cadre moyen de chze MK2: C'est parce que ce sont les gens de gauche qui regardent Lady Chatterley. Parce que, forcément, ils aiment les films français. Et parce que, forcément, ils aiment bien le sexe.cinephage a écrit :Signalons au passage l'étrange préface du film sur le dvd qui fait du récit de P.Ferran un grand discours antimondialisation et un acte de résistance au libéralisme. J'avoue ne pas avoir parfaitement saisi le sens de cette intervention.
-MJ, Jean de gauche, très amateur de D.H. Lawrence, mais qui n'a pas beaucoup apprécié ce Lady Chatte-en-l'air.-
Et je précise encore que je n'ai aucun mépris envers ceux qui ont aimé. Dans le fond, c'est même plutôt positif qu'un certain genre de cinéma plus "alternatif" rencontre -finalement- du succès auprès du public. Mais perso, ce Pascale Ferran... j'ai donné, quoi.
le personnage du mari, qui attend tout du progrès et qui est un bourgeois typique (et un peu caricatural) est assez clair et leur discussion ds la promenade en fauteuil est très clairement politique.
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Tout à fait, le fait que ça donne l'apparence d'un film érotique ne doit pas donner l'illusion que je n'aime pas ce film. Mais au tout début, on ne peut pas empêcher d'y penser malgré tout.Ballin Mundson a écrit :Ben peut être parce que Boubakar donne, comme tu le dis, une opinion (par définition subjective) et ne cherche pas à pondre un essai universitaire pour éduquer les foules.
Par ailleurs, je me reconnais tout a fait dans l'accroche de Boubi. Et je fais partie de ces gens pour qui Lady Chatterley évoque avant tout les téléfilms roses plein de flous miteux, alors que j'ai pourtant lu le livre (oublié instantanément)
Mais je trouve que Pascale Ferran, loin de se baser à ces seules scènes de sexe, ajoute un sous-texte politique, une certaine ode à la nature, ainsi qu'une qualité d'interprétation dépassant de très loin le téléfilm du dimanche soir.
En (re)parlant du film, j'ai commencé à voir La leçon de piano, qui a du être une des sources d'inspiration de Ferran, tant le sujet, et la manière de l'aborder semblent identiques.
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C'est vrai. Mais cette émancipation me semble plus large (et plus importante d'une certaine manière) qu'une attitude de rébellion face à la mondialisation ou le libéralisme de manière ciblée. Oui on y remet en cause un certain carcan, l'etablishment et l'intelligentsia, oui les "temps modernes" en prennent par moments pour leur grade, mais le film ne me semble pas avoir une visée politique. En tout cas pas en premier lieu.NotBillyTheKid a écrit :Il y a un discours politique dans ce film, d'émancipation, mais aussi de résistance à l'ordre imposé. Mais aussi et surtout, par la fin, assez rare pour l'époque (et m^me aujourd'hui) : la femme adultère n'est pas punie mais heureuse !
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au fait, j'ai lu quelque part qu'il y avait "2h de bonus" sur cette édition DVD...cinephage a écrit : Signalons au passage l'étrange préface du film sur le dvd qui fait du récit de P.Ferran un grand discours antimondialisation et un acte de résistance au libéralisme. J'avoue ne pas avoir parfaitement saisi le sens de cette intervention.
En quoi consistent-ils, au juste
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Je n'ai pas vu le making-of, mais les interviews sont très intéressantes (mais la réalisatrice a un ton lent qui peut énerver) ; en tout cas, on comprend bien la galère qu'aura été ce film avant, pendant et après le tournage. (les interviews datent de début 2007)Nicolas Brulebois a écrit :... intéressants ou pasBoubakar a écrit :Interviews de la réalisatrice et des acteurs
Scènes commentées par l'équipe
Making-of
pour être plus précis, il y a pour plus de 2h30 de bonus...