Lady Chatterley (Pascale Ferran - 2006)
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Lady Chatterley (Pascale Ferran - 2006)
J'attendais avec une certaine impatience ce nouveau projet de Pascale Ferran, qui n'avait pas tourné depuis L'Age des possibles, et l'on peut dire que le résultat est à la hauteur de l'attente.
Lady Chatterley est un film absolument magnifique, d'une grâce ténue, qui échappe en permanence aux risques de pesanteur liés à une adaptation littéraire. Le roman de D.H.Lawrence a été vu et revu (il faut préciser que Pascale Ferran adapte ici une deuxième version, Lady Chatterley et l'homme des bois), a nourri certaines audaces érotiques et un goût du scandale.
La réalisatrice réussit cependant rapidement à trouver sa direction propre. Elle dépeint une femme à la recherche d'elle-même, éprise de liberté dans un univers clos. La passion porte le souffle de l'utopie et l'incandescence des premières fois. Lady Chatterley est traversé par une intensité rare, perceptible dans les gestes, dans les regards...c'est aussi un film brillamment naturaliste. Quasiment toutes les scènes sont ainsi concentrées dans la propriété des Chatterley, mais les promenades de Lady Constance, pour rejoindre la cabane de son amant, sont magnifiées par leur évocation de la nature. Le film trouve alors son rythme, son inspiration sereine, et ces parenthèses sont souvent parmi les moments les plus fascinants.
L'exploration psychologique des personnages est aussi remarquable. Pascale Ferran resserre toujours son film autour de son trio principal. Lady Constance est une femme d'une éclatante modernité dans sa quête éperdue vers une forme de liberté. Elle s'affirme par son idylle passionnelle, qui va représenter sa raison de vivre, et acceptera les frustations d'une situation douloureuse. Elle se consacre cependant avec dévouement à son mari, Sir Clifford, mais son handicap devient un enfermement, une souffrance au-delà de l'empathie et de l'acceptation.
Apparait également la conscience d'antagonismes sociaux, et une défiance vis à vis de la sévère rigueur de son mari. Celui-ci, par son handicap, ne vit qu'à travers des frustrations. Il tente cependant toujours de garder l'honneur de son rang, une fierté qui ne peut cacher les blessures.
Enfin, le garde-chasse Parkin, qui se nourrit et s'épanouit dans sa solitude. Il recherche pourtant une dignité, une parole. Le personnage gagne en densité jusqu'au final. On est là-encore autour de considérations sociales: Parkin a aussi sa fierté, ses espérances, et c'est avec Constance qu'il parviendra à les exprimer.
Lady Chatterley retranscrit donc le miracle d'une rencontre, avec une simplicité bouleversante. Les relations atteignent une justesse mémorable, une sensibilité délicate et saisissante.
Une perle rare.
Lady Chatterley est un film absolument magnifique, d'une grâce ténue, qui échappe en permanence aux risques de pesanteur liés à une adaptation littéraire. Le roman de D.H.Lawrence a été vu et revu (il faut préciser que Pascale Ferran adapte ici une deuxième version, Lady Chatterley et l'homme des bois), a nourri certaines audaces érotiques et un goût du scandale.
La réalisatrice réussit cependant rapidement à trouver sa direction propre. Elle dépeint une femme à la recherche d'elle-même, éprise de liberté dans un univers clos. La passion porte le souffle de l'utopie et l'incandescence des premières fois. Lady Chatterley est traversé par une intensité rare, perceptible dans les gestes, dans les regards...c'est aussi un film brillamment naturaliste. Quasiment toutes les scènes sont ainsi concentrées dans la propriété des Chatterley, mais les promenades de Lady Constance, pour rejoindre la cabane de son amant, sont magnifiées par leur évocation de la nature. Le film trouve alors son rythme, son inspiration sereine, et ces parenthèses sont souvent parmi les moments les plus fascinants.
L'exploration psychologique des personnages est aussi remarquable. Pascale Ferran resserre toujours son film autour de son trio principal. Lady Constance est une femme d'une éclatante modernité dans sa quête éperdue vers une forme de liberté. Elle s'affirme par son idylle passionnelle, qui va représenter sa raison de vivre, et acceptera les frustations d'une situation douloureuse. Elle se consacre cependant avec dévouement à son mari, Sir Clifford, mais son handicap devient un enfermement, une souffrance au-delà de l'empathie et de l'acceptation.
Apparait également la conscience d'antagonismes sociaux, et une défiance vis à vis de la sévère rigueur de son mari. Celui-ci, par son handicap, ne vit qu'à travers des frustrations. Il tente cependant toujours de garder l'honneur de son rang, une fierté qui ne peut cacher les blessures.
Enfin, le garde-chasse Parkin, qui se nourrit et s'épanouit dans sa solitude. Il recherche pourtant une dignité, une parole. Le personnage gagne en densité jusqu'au final. On est là-encore autour de considérations sociales: Parkin a aussi sa fierté, ses espérances, et c'est avec Constance qu'il parviendra à les exprimer.
Lady Chatterley retranscrit donc le miracle d'une rencontre, avec une simplicité bouleversante. Les relations atteignent une justesse mémorable, une sensibilité délicate et saisissante.
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T'as vu ça où?Marcus a écrit :N'est-il pas censé passer sur Arte en même temps? Ca me faciliterait la vie.
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Autant que je sache, le film a été coproduit par un département spécial d'Arte qui avait déjà produit entre autres la Blessure (N. Klotz), Les Amants Réguliers (P. Garrel), Leo en jouant... (A. Desplechin) et d'autres, autant de films passés sur la chaine la veille de leur sortieOuf, ça marche ! a écrit :T'as vu ça où?Marcus a écrit :N'est-il pas censé passer sur Arte en même temps? Ca me faciliterait la vie.
Et comme le Pascal Ferrand ne passera pas dans 36 salles, ça m'aurait arranger.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
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Ah… Lady Chatterley… Tout de suite vient à l’esprit le bon vieux fantasme de la bourgeoise attirée par un de ses domestiques. Si on y ajoute le classique mari infirme, on peut craindre le pire des navetons érotiques soft que le roman de D. H. Lawrence n’a pas manqué d’inspirer à plusieurs reprises.
Pascale Ferran a donc fort à faire avec ce sujet piège et s’en sort pourtant avec une désarmante facilité. Elle atteint même une grâce peu commune dans la description des émois les plus vieux et les plus simples du monde.
Lady Chatterley vit avec son mari blessé de guerre dans sa somptueuse demeure anglaise. Sa rencontre avec le garde-chasse massif et vigoureux ne tardera pas à déstabiliser cette pauvre femme aux abois dans son grand château vide. Résumé comme ça, ça sonne donc horriblement ringard et déjà vu. Comme toujours, c’est la mise en scène qui viendra sauver un sujet nourri de clichés mais pourtant sans doute le plus beau et le plus vital : l’éveil des sens.
Lady Chatterley va donc rejoindre son Parkin dans une petite cabane au fond des bois, et ce parcours dans la nature maintes fois répété, ainsi que le passage des saisons, représentent l’état mental de la douce jeune femme, et sa transformation.
A travers une mise en images naturaliste, franche et directe, Pascale Ferran parvient sans affèteries à montrer à la fois les changements de la nature, et l’évolution de Constance. Moins lyrique et contemplative que dans les films de Terrence Malick, sa mise en scène prend pourtant presque les même traces, à travers une fascination pour le retour aux sources et l’épanouissement sensitif. Elle est simplement dans l’enregistrement, d’une incroyable justesse (sobre mais splendide travail de cadre et gros travail sur les ambiances sonores) quand le cinéaste américain est dans une idéalisation qui tend à fusionner de manière plus sophistiquée mise en scène et sujet.
Pourtant, on a au départ un peu peur du téléfilm de luxe (que le film est d’ailleurs dans les faits puisque c’est une commande d’Arte passant par la case cinéma). Notamment pendant les premières scènes au château, froides et figées, pour bien marquer l’isolement et la détresse de Constance. Puis vient la confrontation avec le monde extérieur et le vertige provoqué de concert par l’assouvissement d’un désir sexuel enfoui et une communion avec la nature environnante. Jusqu’à la fusion dans une magnifique scène dont il vaut mieux taire la teneur pour ne pas en amoindrir la portée.
Marina Hands est d’une douceur et d’une candeur touchantes et porte le film à la fois par sa fébrilité et sa sensualité. Les scènes de sexe sont bien sûr très présentes mais cela n’est jamais simplement érotique. Elles sont toujours au service des personnages et de l’histoire, et merveilleusement mises en valeur. On est loin du glauque gratuit à la Breillat, ces passages sont au contraire solaires et troublants. La cinéaste a le talent de montrer pour chacune ce qui est important pour l’évolution des personnages. Et ce n’est pas un moindre exploit que de réussir ce genre de scènes.
Tout juste pourra t-on reprocher que l’adaptation n’ait pas été poussée jusqu’à changer les noms et la localisation. Car des acteurs français jouant des Mrs Bolton, des Clifford ou des Kate, ça sonne légèrement faux. La place accordée au visuel (le film est moins bavard que la moyenne des films français) et les cartons utilisés régulièrement comme un rappel du muet éloignent le film du piège de l’omniprésence de la source littéraire. Mais alors pourquoi utiliser - à seulement deux reprises heureusemnt - une voix off ratée qui alourdit maladroitement ces passages ?
Malgré ces très petites réserves, on ne peut qu’être impressionnés par la maîtrise de Pascale Ferran qui arrive à se sortir de tous les clichés et à faire passer des émotions élémentaires et pourtant essentielles. Lady Chatterley est un film français indéniablement réussi, (enfin !), intelligent sans être intello, sensible et juste et qui charme par sa fluidité et sa simplicité, son évidence. Il n’y a guère que sa durée qui pourrait le couper du grand public, mais il ne faudrait pas faire cette erreur sous peine de passer à côté d’un voyage sublime et enivrant.
9/10
Pascale Ferran a donc fort à faire avec ce sujet piège et s’en sort pourtant avec une désarmante facilité. Elle atteint même une grâce peu commune dans la description des émois les plus vieux et les plus simples du monde.
Lady Chatterley vit avec son mari blessé de guerre dans sa somptueuse demeure anglaise. Sa rencontre avec le garde-chasse massif et vigoureux ne tardera pas à déstabiliser cette pauvre femme aux abois dans son grand château vide. Résumé comme ça, ça sonne donc horriblement ringard et déjà vu. Comme toujours, c’est la mise en scène qui viendra sauver un sujet nourri de clichés mais pourtant sans doute le plus beau et le plus vital : l’éveil des sens.
Lady Chatterley va donc rejoindre son Parkin dans une petite cabane au fond des bois, et ce parcours dans la nature maintes fois répété, ainsi que le passage des saisons, représentent l’état mental de la douce jeune femme, et sa transformation.
A travers une mise en images naturaliste, franche et directe, Pascale Ferran parvient sans affèteries à montrer à la fois les changements de la nature, et l’évolution de Constance. Moins lyrique et contemplative que dans les films de Terrence Malick, sa mise en scène prend pourtant presque les même traces, à travers une fascination pour le retour aux sources et l’épanouissement sensitif. Elle est simplement dans l’enregistrement, d’une incroyable justesse (sobre mais splendide travail de cadre et gros travail sur les ambiances sonores) quand le cinéaste américain est dans une idéalisation qui tend à fusionner de manière plus sophistiquée mise en scène et sujet.
Pourtant, on a au départ un peu peur du téléfilm de luxe (que le film est d’ailleurs dans les faits puisque c’est une commande d’Arte passant par la case cinéma). Notamment pendant les premières scènes au château, froides et figées, pour bien marquer l’isolement et la détresse de Constance. Puis vient la confrontation avec le monde extérieur et le vertige provoqué de concert par l’assouvissement d’un désir sexuel enfoui et une communion avec la nature environnante. Jusqu’à la fusion dans une magnifique scène dont il vaut mieux taire la teneur pour ne pas en amoindrir la portée.
Marina Hands est d’une douceur et d’une candeur touchantes et porte le film à la fois par sa fébrilité et sa sensualité. Les scènes de sexe sont bien sûr très présentes mais cela n’est jamais simplement érotique. Elles sont toujours au service des personnages et de l’histoire, et merveilleusement mises en valeur. On est loin du glauque gratuit à la Breillat, ces passages sont au contraire solaires et troublants. La cinéaste a le talent de montrer pour chacune ce qui est important pour l’évolution des personnages. Et ce n’est pas un moindre exploit que de réussir ce genre de scènes.
Tout juste pourra t-on reprocher que l’adaptation n’ait pas été poussée jusqu’à changer les noms et la localisation. Car des acteurs français jouant des Mrs Bolton, des Clifford ou des Kate, ça sonne légèrement faux. La place accordée au visuel (le film est moins bavard que la moyenne des films français) et les cartons utilisés régulièrement comme un rappel du muet éloignent le film du piège de l’omniprésence de la source littéraire. Mais alors pourquoi utiliser - à seulement deux reprises heureusemnt - une voix off ratée qui alourdit maladroitement ces passages ?
Malgré ces très petites réserves, on ne peut qu’être impressionnés par la maîtrise de Pascale Ferran qui arrive à se sortir de tous les clichés et à faire passer des émotions élémentaires et pourtant essentielles. Lady Chatterley est un film français indéniablement réussi, (enfin !), intelligent sans être intello, sensible et juste et qui charme par sa fluidité et sa simplicité, son évidence. Il n’y a guère que sa durée qui pourrait le couper du grand public, mais il ne faudrait pas faire cette erreur sous peine de passer à côté d’un voyage sublime et enivrant.
9/10
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Autant j'ai aimé les précédents films de la réalisatrice, autant cette adaptation que l'on croirait tiré d'un roman de la collec Arlequin fait franchement pitié. Et, c'est pourtant avec un grand enthousiasme que j'y suis allé; en partie à cause des excellentes et indulgentes critiques françaises parues ici et là.
Il y a là, synthétisé en 2heures 38,
tout, absolument tout ce que je déteste dans le ciné d'OOOOteur français: à savoir une prétention sans
borne qui cache en réalité assez mal une absence de point de vue, une réal déficiente, parent pauvre du cinéma héxagonal (une syntaxe qui se limte à; soit du gros plan soit des plans moyens... )une direction d'acteur ultra rigide à la théatralité risible, un montage mécanique incapable de lier les scènes entre-elles, une abscence d'intéraction entre les personnages et leur environnement (ici, la nature introduite par le biais de pathétiques chromos) une absence de culot qui se manifeste au cours des scènes de sexe anti-érotique au possible avec montée du désir sur-joué suivi d'épiphanies pour les deux personnages...En effet, après le coit, le garde-chasse retrouve l'usage de la parole alors que sa bourgeoise retrouve celui de son corps.
Au départ, ce film me donnait envie, à l'arrivée, c'est pathétique et terriblement dâté.
Il y a là, synthétisé en 2heures 38,
tout, absolument tout ce que je déteste dans le ciné d'OOOOteur français: à savoir une prétention sans
borne qui cache en réalité assez mal une absence de point de vue, une réal déficiente, parent pauvre du cinéma héxagonal (une syntaxe qui se limte à; soit du gros plan soit des plans moyens... )une direction d'acteur ultra rigide à la théatralité risible, un montage mécanique incapable de lier les scènes entre-elles, une abscence d'intéraction entre les personnages et leur environnement (ici, la nature introduite par le biais de pathétiques chromos) une absence de culot qui se manifeste au cours des scènes de sexe anti-érotique au possible avec montée du désir sur-joué suivi d'épiphanies pour les deux personnages...En effet, après le coit, le garde-chasse retrouve l'usage de la parole alors que sa bourgeoise retrouve celui de son corps.
Au départ, ce film me donnait envie, à l'arrivée, c'est pathétique et terriblement dâté.
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Hé bien, c'est tranché ! ("tronché" ? une nouvelle expresion ? pardon... )
Je ne lancerai pas un débat un peu vain vu le catégorisme, mais je tiens juste à signaler que d'habitude je déteste ce cinéma d'auteur français (le cinéma français en général me sort par les yeux en fait). Et que j'ai trouvé quelque chose d'assez inédit dans ce film, une vraie grâce dans une mise en scène certes sobre mais bien présente, et dans une direction d'acteur qui m'a paru juste. Juste, c'est le mot, aussi bien dans les cadrages que dans l'enchainement des séquences, qui dans un flottement ennivrant qui fait que jamais on ne s'ennuie, semble montrer au spectateur exactement ce qu'il faut voir. Et ça c'est pas tous les jours qu'on le constate dans le cinéma français et même d'ailleurs.
Je ne lancerai pas un débat un peu vain vu le catégorisme, mais je tiens juste à signaler que d'habitude je déteste ce cinéma d'auteur français (le cinéma français en général me sort par les yeux en fait). Et que j'ai trouvé quelque chose d'assez inédit dans ce film, une vraie grâce dans une mise en scène certes sobre mais bien présente, et dans une direction d'acteur qui m'a paru juste. Juste, c'est le mot, aussi bien dans les cadrages que dans l'enchainement des séquences, qui dans un flottement ennivrant qui fait que jamais on ne s'ennuie, semble montrer au spectateur exactement ce qu'il faut voir. Et ça c'est pas tous les jours qu'on le constate dans le cinéma français et même d'ailleurs.
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2501 a écrit :Et que j'ai trouvé quelque chose d'assez inédit dans ce film, une vraie grâce dans une mise en scène certes sobre mais bien présente, et dans une direction d'acteur qui m'a paru juste. Juste, c'est le mot, aussi bien dans les cadrages que dans l'enchainement des séquences, qui dans un flottement ennivrant qui fait que jamais on ne s'ennuie, semble montrer au spectateur exactement ce qu'il faut voir.
On est trés loin d'un film essentialiste, au contraire, il est souvent et reste, pour ne pas dire tout le temps, anedoctique. Je ne comprends pas ce que tu veux dire et pourtant j'adore Bresson et Pialat.
Et puis, c'est quoi pour toi un enchainement "juste", des cadrages justes? C'est lorsque ça ressemble à un téléfilm, lorsque le metteur en scène choisit l'angle le plus banal pour filmer une situation encore plus banale ?! Il y a, en France,une méfiance vis à vis de la mise en scène, c'est comme le sexe, c'est sale...Il faut faire pourri, c'est mieux, ça parait plus "réel".
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Difficile à exprimer, mais c'est comme si les choix de la réalisatrice étaient les bons, évidents, et que dans une sobriété apparente, elle a un point de vue très affirmé, tellement qu'elle peut se passer de figures de style sophistiquées.tronche de cuir a écrit :Et puis, c'est quoi pour toi un enchainement "juste", des cadrages justes?
C'est exactement ce que je pense d'habitude de la mise en scène dans le cinéma d'auteur français en général (et crois-moi, je suis bien placé pour le savoir).tronche de cuir a écrit :C'est lorsque ça ressemble à un téléfilm, lorsque le metteur en scène choisit l'angle le plus banal pour filmer une situation encore plus banale ?! Il y a, en France,une méfiance vis à vis de la mise en scène, c'est comme le sexe, c'est sale...Il faut faire pourri, c'est mieux, ça parait plus "réel".
Mais là, non, au contraire, j'ai trouvé qu'elle était présente (et pourtant je suis super exigeant de ce côté-là). Je n'ai pas trouvé le film plastiquement pauvre, "pourri" comme tu dis. Réaliste, naturaliste, n'est pas égal à "moche". (bien que ce soit pas facile à manier, y'a pas qu'en France, vive Ken Loach... par exemple)
Et ça ne veut pas dire absence de mise en scène.
Bizarre, de ton point de vue, j'ai l'impression de défendre un cinéma que d'habitude je déteste !