Annie Girardot (1931-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Léo Pard
Machino
Messages : 1134
Inscription : 29 sept. 10, 18:33

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Léo Pard »

Pour les couches-(très)tards, TF1 diffusera Adieu blaireau dans la nuit de lundi à mardi à... 3h35 du matin. Il me semble que ce film est assez rare à la TV.
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Alligator »

Traitement de choc (Alain Jessua, 1973)

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... -choc.html

Image

Drôle de truc de tout même! J'hésite, j'ai peur d'en dire trop. Le risque de spoiler est élevé. Va être difficile à mettre en place cette bafouille.

En tout cas, ce film apparait comme un objet particulièrement étrange, dans le genre polar science-fictionnel pas fréquent dans le cinéma français.

Mais le film ne surprend pas uniquement pour son histoire. Des scènes semblent un brin incongrues, notamment ces séquences, très longues, où tout le monde se déloque dans un sauna et se livre à une bataille d'algues sur les fesses, puis sur la plage. Je n'ai toujours pas compris ce que ces scènes signifient. Cette nudité, sans fondement si j'ose dire, apparait un peu complaisante à mon avis. M'enfin pour ceux qui sont curieux de voir la zigounette de Delon ou le cul de Girardot, ça peut constituer un moment festif. Léger hein?

De même la musique exotique, africaine ou en l'occurrence sûrement brésilienne, fait écho à l'origine du mystère du film. Ce n'est qu'à la toute fin qu'elle prend tout son sens. Aussi pendant très longtemps, elle apparait complètement aberrante et saugrenue.

Dans une atmosphère de plus en plus oppressante et inquiétante, Annie Girardot présente avec une belle conviction (je pense surtout à cette scène où elle est filmée en gros plan en train de se confier à Delon), un personnage attachant et progressivement la tension, le suspense prend le dessus. C'est alors que le personnage d'Alain Delon prend toute sa dimension maléfique, faisant preuve d'un cynisme criminel jusqu'à l'horreur.

Même si le film avance par moments son argumentation avec le pas un tantinet lourdaud (des gros plans fixes très appuyés ou bien l'outrance générale du propos), on peut tout de même apprécier qu'il aborde ses thématiques de façon brutale. Le film dépeint des individus très seuls, face à leurs angoisses, la peur de vieillir et de mourir. Il retrace bien comment certains sont prêts à écraser les autres, s'en servir sans retenue, comme de simples objets afin d'assouvir leurs propres désirs. Quelque part, ce sont les limites de la société de consommation que ce film dénonce, les ravages d'un cynisme qui déshumanise peu à peu les rapports entre les gens.

Avec sa photographie crémeuse, verte et bleue essentiellement, parfois grise, avec ces décors métalliques, ultra modernes, l'image du film maintient le regard du spectateur dans une atmosphère très froide, chambre froide. Seul être conscient et révolté par ces abus égocentriques, Annie Girardot ressemble à un simple poisson dans un aquarium à requins.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24563
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Commissaire Juve »

StudioCanal annonce un DVD de La vieille fille (1972) pour le 12 février.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Alligator »

Ah!!!! Quand même!
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24563
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Commissaire Juve »

Commissaire Juve a écrit :StudioCanal annonce un DVD de La vieille fille (1972) pour le 12 février.
Visuel... on n'est pas passés loin du "fluo" ! ... et du dentier de feu la collection "Ciné Rire".

Image

Incidemment : que fait Annie Girardot dans la section "post 1980"... le gros de sa carrière est plutôt à chercher dans les années 50, 60 et 70.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Alligator »

Quel dommage, l'affiche était si belle!
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24563
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Commissaire Juve »

Commissaire Juve a écrit :
Commissaire Juve a écrit :StudioCanal annonce un DVD de La vieille fille (1972) pour le 12 février.
Visuel... on n'est pas passés loin du "fluo" ! ... et du dentier de feu la collection "Ciné Rire".

Image

Incidemment : que fait Annie Girardot dans la section "post 1980"... le gros de sa carrière est plutôt à chercher dans les années 50, 60 et 70.
Je suis en train de le visionner... Je suis au regret de vous annoncer que le master n'est pas compatible 16.9e ! :x Quand StudioCanal réinvente la VHS, avec un côté "enjoy or die" assez déplaisant.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Alligator »

pfff, aberrant!
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Federico »

Vu récemment Girardot très bien dans un film mineur d'un très grand cinéaste : La semence de l'homme de Marco Ferreri (1969). Elle est même carrément celle qui s'en sort le mieux alors qu'elle tient un rôle - relativement - secondaire de la femme étrange qui un temps s'incruste au milieu du jeune couple de survivants formé par Anne Wiazemsky et Marco Margine qui est, lui, assez faiblard.
C'est anecdotique mais je l'ai trouvée bien plus belle avec sa perruque longue que lorsqu'elle finit par l'ôter et se montrer avec ses cheveux courts.

Un drôle de film, tentative d'anticipation maladroite, par moment intéressant mais infiniment moins mémorable que les deux autres Ferreri auxquels participa Girardot : Le mari de la femme à barbe et Dillinger est mort.
Image
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Alligator »

Qu'est-ce que je me suis emmerdé devant ce film! Surtout que j'adore Ferreri mais là... aouch!
Mais effectivement, si mes souvenirs sont bons, elle a le seul rôle à peu près cohérent, sensé.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Jeremy Fox »

La Vieille fille de Jean-Pierre Blanc - 1971


Muriel Bouchon (Annie Girardot), célibataire approchant la quarantaine, revient chaque vacances d'été dans la station balnéaire de Cassis sur la Côte d'Azur. Elle semble prisonnière de son statut de solitaire et de ses habitudes de vieille fille. Puis arrive Gabriel Marcassus (Philippe Noiret), un autre célibataire quadragénaire qui, suite à la panne de sa voiture, est contraint de séjourner dans la même pension de famille pendant quelques jours. Dès le premier soir Gabriel est placé à la table de Muriel pour le repas. Il tente d'engager la conversation mais Muriel se montre très méfiante voire acariâtre. Cependant, les jours passent ; entre Muriel et Gabriel s’ébauche une relation qui restera amicale et platonique par trop de timidité et de réserves de part et d’autre…

Voilà en ce qui concerne le pitch qui tient dans un mouchoir de poche ! Tout est raconté ci-dessus : vous ne trouverez pas plus d’enjeux dramatiques au sein de ce film constitué plus que d’une colonne vertébrale bien charpentée par une suite de scénettes tour à tour amusantes, acerbes ou touchantes voire même parfois cocasses ou assez incongrues, un patchwork assez original mais qui tient plutôt bien la route. Qu’il n’y ait pas forcément de récit n’est absolument pas un reproche de ma part, considérant au contraire ces chroniques du quotidien le plus banal comme de véritables oasis de fraicheur et de liberté à condition évidemment que l’écriture reste rigoureuse et que les comédiens se prêtent au jeu avec délectation, ce qui est en l’occurrence bien le cas. Jean-Pierre Blanc, auteur complet de son film délicieusement nonchalant, met en scène deux célibataires quarantenaires, Muriel et Gabriel, pas très à l’aise en société et mal dans leur peau, durant une semaine de vacances dans une modeste pension de famille au bord de la mer. Rassemblés par les circonstances alors que Gabriel avait l’intention de passer ses congés en Espagne, ces deux grands timides ont du mal à avoir une conversation malgré les tentatives un peu balourdes de l’homme qui peine à percer la carapace de Muriel, cette dernière lui déclarant d’emblée qu'étant peu liante, mieux ne valait pas lui adresser la parole. Un peu plus ouvert et fantasque que Muriel, il ne se laissera pas démonter pour autant, réussissant même à faire sortir Muriel de sa coquille à partir de la magnifique scène du ponton où des liens commencent à se tisser, lentement mais surement. Le petit ‘suspense’ du film (spoiler dans le résumé du film) va consister à savoir jusqu’où iront ces relations malaisées ; quoiqu’il en soit leur touchant face à face qui se termine avec émotion sur un quai de gare nous aura donné envie de les regarder baguenauder jusqu’au bout même dans leur quotidien de vacances routinier et morose ; nous en aurions même bien repris pour une heure tellement le charme opère !

Outre l’accent mis tout particulièrement sur ces deux grands timides, le film croque aussi avec plus de dérision toute une galerie de personnages secondaires, les autres pensionnaires et le personnel de l’hôtel, le cinéaste en profitant pour railler gentiment en les caricaturant les travers de ses contemporains, se moquant un peu des Français moyens en vacances et même parfois plus globalement de la société de consommation. Jean-Pierre Blanc nous propose dans La Vielle fille un univers assez décalé, un ton très particulier pour une chronique de mœurs anti glamour qui se rapproche assez de l'univers de Jacques Tati - son don d’observation assez acéré et son sens du détail qui fait mouche - auquel on aurait ajouté une pincée de celui de Luis Buñuel au travers par exemple l’inénarrable couple de personnages interprété par Michael Lonsdale et Edith Scob, un pasteur et son épouse mystique, sympathique folle illuminée qui semble ne pas carburer qu’à la seule religion. Parmi la galerie de protagonistes hauts en couleurs, on retiendra aussi Jean-Pierre Darras en directeur d’hôtel lubrique n’hésitant pas à lutiner durant le service sa réceptionniste dévergondée qui en redemande ; mais surtout la délicieuse et espiègle Marthe Keller en femme de chambre qui chamboule les cœurs sans le savoir par son accent suisse et ses lapsus qui provoquent de grivois quiproquos. Quant à certaines situations aussi saugrenues que véridiques, elles s'avèrent très cocasses à l’exemple de celle des deux jeunes filles qui se font littéralement bruler la peau au soleil ou encore, tel un running gag, la manière qu’à Annie Girardot de se déshabiller et se rhabiller sous sa serviette pour enfiler son maillot de bain en se dandinant. Plus drôles encore ces repas qui viennent sans cesse rythmer le film et au cours desquels l'on doit partager la table avec une personne que l'on ne connait pas ; le pompon lorsque le serveur apporte le dessert crémeux à l’un des deux convives réunis par le hasard alors que le second en est toujours au filet de hareng : pas vraiment la meilleure des façons d’apprécier son repas. Le cinéaste accorde aussi beaucoup d’importance au son et au montage, leurs utilisations participant à l’originalité du film, les multiples fondus au noir cadençant en sorte le film tout autant que la musique assez modeste mais vivace de Michel Legrand.

Jean-Pierre Blanc est un réalisateur aujourd’hui totalement oublié ; et pour cause il n’aura signé que quatre longs métrages s’étalant de ce joli coup d’essai à l’adaptation assez sympathique - à défaut d’être inoubliable - en 1978 du best-seller de Janine Boissard, L’esprit de famille. La Vieille fille qui n’intéressait aucuns distributeurs, tous décontenancés par le ton du film, a profité du bide des Deux anglaises et le continent et son retrait prématuré de l’affiche pour faire une percée au sein du planning des sorties en remplaçant ce beau film incompris de François Truffaut dans les salles qui devaient continuer à programmer. Et au final, contre toute attente, non seulement le public fut au rendez-vous avec quasiment deux millions de spectateurs venus le plébisciter mais en plus de ce succès populaire il reçut également l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin. Alors qu’il n’avait qu’un seul moyen métrage à son actif, Jean-Pierre Blanc avait réussi à convaincre non moins que Philippe Noiret et Annie Girardot à jouer dans son film par le fait de leur avouer avoir écrit le scénario à leur intention et pour qu’eux seuls campent les deux célibataires. Les deux comédiens lui firent confiance d’autant que l’histoire leur plaisait bien : et bien leur en a pris ! Le duo a si bien fonctionné qu’il se reformera à plusieurs reprises notamment sous la direction de Philippe de Broca avec le dytique Tendre poulet et On a volé la cuisse de Jupiter.

Un film qui surprend encore aujourd'hui par ce ton vraiment décalé et cette volonté de nous gratifier de dialogues les plus neutres possible, refusant les mots d’auteurs en privilégiant au contraire les silences ou les banalités. Malgré un aspect caricatural (parfois un peu gênant) et une ironie mordante, l’on trouve également dans un autre registre beaucoup de pudeur, de sincérité et de justesse de la part du réalisateur admirablement bien soutenu par son casting et surtout son couple de stars. Au final cette histoire d’une grande simplicité narrant l’apprivoisement mutuel de deux âmes solitaires qui apprennent difficilement à s’apprécier aura accouché d’une comédie "amère entre tendresse et cruauté" comme l’a décrit si bien son auteur, une comédie au charme fou au cours de laquelle l’on sourit plus qu’on ne rit, où la gravité et la mélancolie parviennent parfois à percer et qui dans le même temps se révèle à postériori être un formidable tableau sociologique de la ‘France balnéaire’ des années 70.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22216
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Supfiction »

Commissaire Juve a écrit :
Commissaire Juve a écrit : Visuel... on n'est pas passés loin du "fluo" ! ... et du dentier de feu la collection "Ciné Rire".

Image

Incidemment : que fait Annie Girardot dans la section "post 1980"... le gros de sa carrière est plutôt à chercher dans les années 50, 60 et 70.
Je suis en train de le visionner... Je suis au regret de vous annoncer que le master n'est pas compatible 16.9e ! :x Quand StudioCanal réinvente la VHS, avec un côté "enjoy or die" assez déplaisant.
C’est vrai que l’image est vraiment merdique. Actuellement sur Ciné+.
Noiret a une Cadillac dont on a l’impression qu’elle fait 10m de long avec le 16/9 étiré.

Dommage parce que Marth Keller en soubrette d’hotel disant à Noiret : « Monsieur n’a plus envie de moi ? », ça vaut le détour.
Avatar de l’utilisateur
odelay
David O. Selznick
Messages : 13144
Inscription : 19 avr. 03, 09:21
Localisation : A Fraggle Rock

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par odelay »

Excellente interview en 83 de Christian Defaye pour la télé Suisse d'Annie Girardot qui revient sans langue de bois évidemment sur sa vie professionnelle et même personnelle. Les trois dernières minutes sont émouvantes.

Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par Sybille »

Merci pour la vidéo, très intéressant en effet. :)
Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3688
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Annie Girardot (1931-2011)

Message par manuma »

SMOG (1962)

Image

Chouette déambulation existentielle dans le Los Angeles du début des années 60, au croisement de L’Amérique insolite de Reichenbach et du plus tardif Model shop de Demy pour l'ambiance. Un regard amusé cédant progressivement à la mélancolie avec une fin très antonionienne. Enrico Maria Salerno est (comme toujours) impeccable dans le rôle principal, et cela fait toujours un petit quelque chose de retrouver ensemble à l'écran Girardot et Renato Salvatori. Bref, un titre qui mériterait une bien plus large visibilité, découvert pour ma part dans une copie malheureusement très fatiguée.
Répondre