Annie Girardot (1931-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

Elle a fait un paquet de trucs... en parcourant sa filmo, je retiens :

Le rouge est mis (1957)
Maigret tend un piège (1958)
Rocco et ses frères (1960)
Le bateau d'Emile (1962)
Vivre pour vivre (1967)
Erotissimo (1968)
Un homme qui me plaît (1969)
Elle boit pas, elle fume pas... (1970)
Mourir d'aimer (1970)
La vieille fille (1972)
Les feux de la chandeleur (1972)
Elle cause plus, elle flingue (1972)
Traitement de choc (1973)
Il n'y a pas de fumée sans feu (1973)
La gifle (1974)
Docteur Françoise Gailland (1974)
Tendre poulet (1978)
La zizanie (1978)
On a volé la cuisse de Jupiter (1980)
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christian
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Message par christian »

Une immense dame, comme Delon, elle s'est souvent fourvoyée dans des films indignes d'elle ("Liste noire" : bof, bof...) mais elle peut pourtant être divine dans d'autres (ah, "La pianiste", "Rocco et ses frères")

dans mes comédies préférées :

- Erotissimo
- Tendre poulet
- La Vieille fille (comédie d'une rare intelligence et délicatesse - ce genre d'humour se perd en ce moment)
- Il faut vivre dangereusement (un film badin et sympa)

et dans les drames :

- la Bande à Bonnot
- Mourir d'aimer
- À chacun son enfer (plus glauque, on peut pas... :?)
- Il n'y a pas de fumée sans feu (le meilleur Cayatte tout bonnement - un polar politique excellent et une bonne réflexion sur le pouvoir des images - à quand un DVD ?)
- Dillinger è morto (un rôle court mais étonnant là encore)
- Traitement de choc (un film étrange, pas totalement réussi peut être mais vraiment à part dans sa filmo)
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

Je suis en train de re-découvrir les feux de la chandeleur (Serge Korber, 1972) qui vient de sortir chez M6.

Le transfert vidéo est chouette.

Le film, heu... ouh lala, que c'est mauvais :? ... la situation de départ, déjà, n'est pas folichonne (une femme se persuade que son ancien mari l'aime encore et sombre peu à peu*). Ensuite, côté dialogues, ça sonne faux (on se croirait chez l'inspecteur Derrick... les personnages disent soit des banalités entrecoupées de silences pesants, soit des aphorismes à deux centimes !). Presque tout sonne faux du reste ; jusqu'au jeu des comédiens. Des fois, on dirait un film de boules années 70 sans scènes de boules ! :uhuh:

Ouïlle. :? J'attends de voir ce que disent le réal et le scénariste dans les suppléments.


* carrément de la science fiction... Comme dit Guy Bedos dans "Nous irons tous au paradis" (à moins que ce ne soit "Un éléphant...") : "Tu vis 30 ans avec une femme, un beau matin elle te quitte... l'après-midi, tu la croises dans la rue ; elle ne te reconnaît même pas !" :lol:
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Alisou Two
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Message par Alisou Two »

LES FEUX DE LA CHANDELEUR est un film assez quelconque qui a eu le privilége de faire parti de la sélection français au festival de Cannes 1972 (avec CHERE LOUISE de Philippe de Broca et NOUS NE VIEILLERONS PAS ENSEMBLE de Maurice Pialat) : il avait été trés mal accueilli, cela se comprend aisément à côté de films comme L' AFFAIRE MATTEI ou SOLARIS ou PSAUME ROUGE; c'est toujours le problème de la sélection des films français à Cannes qui chaque année est souvent assez faible , malgré quelques exceptions ...mais il faudrait un blog à part
Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Commissaire Juve a écrit : Comme dit Guy Bedos dans "Nous irons tous au paradis" (à moins que ce ne soit "Un éléphant...") : "Tu vis 30 ans avec une femme, un beau matin elle te quitte... l'après-midi, tu la croises dans la rue ; elle ne te reconnaît même pas !" :lol:
Ah, cher Commissaire, une fois n'est pas coutume c'est à moi de parfaire ta connaissance du grand cinéma (et pas l'inverse): cette réplique vient en effet d'Un Eléphant ça trompe énormément, puisque cette réplique de Bedos est une réponse à Jean Rochefort qui, en toute innocence, cherchait à s'enquérir de la mansuétude des femmes après un flirt de passage -ici, avec Anny Duperrey...
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

Oué. :mrgreen:


Bon, les feux de la chandeleur, c'est fini ! La vache, quelle purge. Surtout, n'y allez pas ! :x - - - - :mrgreen:

Que de talents gaspillés. Et voir Bernard LeCoq courir comme un chien fou (au ralenti) sur les violons dégoulinants de Michel Legrand, boï-boï-boï ! :lol:

Oui : Jean Rochefort et Annie Girardot peuvent dire "Nous avons tourné dans un épisode de l'inspecteur Derrick" !
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Re: Annie Girardot

Message par Tom Peeping »

On le savait bien sûr, mais pour elle ou pour tous les autres, c'est difficile à accepter :

PARIS, 11 sept 2008 (AFP) - "Aujourd'hui, Annie ne sait plus rien d'Annie Girardot". Sur ces mots s'achève le documentaire douloureux que le réalisateur Nicolas Baulieu a consacré à l'une des plus célèbres actrices du cinéma français, désormais privée de toute mémoire par la maladie d'Alzheimer, qui sera diffusé le 21 septembre à 23H20 sur TF1.

"Ce film a été difficile à faire émotionnellement. Il est parfois difficile à voir", assure Nicolas Baulieu, qui se présente comme un "ami de 20 ans" d'une actrice "exceptionnelle", dont il avait déjà réalisé le portrait pour France 2 en 2004.

Avec l'accord de la famille d'Annie Girardot, notamment de sa fille Giulia Salvatori, le réalisateur a filmé pendant huit mois les effets dévastateurs sur une comédienne pleine de vie d'une maladie qui touche aujourd'hui près d'un million de personnes en France.

"Quoi de plus terrible pour une actrice que de perdre la mémoire", souligne Reine Bensaïd, responsable des documentaires sur TF1.

Les téléspectateurs vont découvrir l'une des actrices les plus pétillantes et les plus gaies du cinéma français des années 70 se déplaçant avec difficulté, presque incapable d'accomplir les gestes les plus simples de la vie, cherchant vainement à retrouver dans sa mémoire le nom d'Alain Delon.

Avec émotion, ils verront Annie Girardot répétant, sans les comprendre, mais avec pourtant le ton juste, des répliques qu'on lui souffle à l'oreille par le truchement d'une oreillette.

Etait-elle consciente de son état ? Pour le savoir, dans l'espoir de retarder la progression du mal, Nicolas Baulieu lui propose de jouer, face à la caméra, le rôle d'une femme menacée de perdre la mémoire. Au moment de prononcer les paroles fatidiques qu'on lui dicte -"Vous perdez la mémoire et elle ne reviendra jamais"-, Annie Girardot hésite et se bloque. Sept prises seront nécessaires.

Par ce documentaire, Annie Girardot "devient bien involontairement un symbole", note Nicolas Baulieu. "Des gens vont s'intéresser davantage à la maladie d'Alzheimer, parce qu'elle aura montré ce que cela peut provoquer comme ravage dans l'esprit", ajoute-t-il.

"Elle s'est battue pendant une bonne dizaine d'années et avec un courage hallucinant jusqu'à la fin", ajoute le réalisateur.

Le diagnostic de la maladie d'Annie Girardot, révélé en 2005, a été posé en 2004, mais les premiers signes étaient apparus dès la fin des années 90.

Le documentaire de Nicolas Baulieu, "Ainsi va la vie", rappelle qu'Annie Girardot avait déjà souffert d'une autre forme d'oubli, celle de la profession qui pendant près de 15 ans, ne lui proposera plus de rôle. Un court extrait d'archive rappelle ses larmes lors de la remise d'un César en 1996. "Je ne vous ai peut-être pas manqué, mais le cinéma français m'a manqué follement", avait-elle lancé, avant d'ajouter que cette récompense montrait qu'elle n'était "pas encore tout à fait morte".

Le tournage d'"Annie Girardot, ainsi va la vie" s'est arrêté en février 2007, quand l'équipe a compris qu'elle n'était plus consciente des caméras qui la filmait. Aujourd'hui, Annie, hospitalisée dans une maison spécialisée, "n'a plus aucune forme de conscience de quoi que ce soit", conclut tristement Nicolas Baulieu.

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Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
Sergius Karamzin II
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Re: Annie Girardot

Message par Sergius Karamzin II »

Je suis bouleversé.
J'ai juste envie de dire bêtement : "Annie, je t'aime".
:(
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Major Dundee
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Re: Annie Girardot

Message par Major Dundee »

:cry: :cry: :cry:
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- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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Re: Annie Girardot

Message par Marceline Bonheur »

C'est très triste.
Pour sa fille et ses proches, l'épreuve doit être terrible.
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Re: Annie Girardot

Message par Djools »

C'est même extrêmement bouleversant, pour sa famille bien sûr mais même pour tous ses admirateurs. Car en plus d'être une actrice formidable c'est une femme qui dégage quelque chose d'aussi charmant (voire charmeur) que sympathique. Du coup, et je vais sûrement dire un truc con, mais on a presque l'impression de voir s'en aller une amie. J'aime pas usiner dans la grossierté mais là... Merde !

Par contre puisque cette femme n'est même plus consciente de qui elle est, ni de ce qui se passe, je ne pense pas que je regarderai ce documentaire. Le résumé présenté est à se tirer une balle, le titre d'accroche d'un racolage de mauvais goût, le prétexte de vouloir montrer à tout prix aux gens ce qu'est cette maladie me semble moyen (ou en tous les cas l'approche qui est faite dans cette optique). D'après ce qui est dit on va donc y voir non pas Annie Girardot mais une vieille femme qui n'a plus de personnalité et qui est filmée dans sa déchéance pour montrer aux spectateurs ce qu'est cette maladie. C'est un point de vue qui n'engage que moi mais le côté exhibition qui se veut (comme toujours) justifiée par une sensibilisation (genre les foules en masse derrière leur télé sont vraiment trop débiles pour comprendre, il faut montrer au lieu d'expliquer !), cela m'a toujours donné la nausée. Déjà le livre de sa fille m'avait mis mal à l'aise (rien que la couverture avec l'expression "victime triste" de la fille à côté d'une Annie qui ne semblait pas bien consciente du suje de la photo...). Je respecte et compatis à une telle douleur, pour cette femme comme pour ses proches, mais je trouve que ce traitement manque sacrément de pudeur, là où cette femme en avait justement...

Certes, je m'emballe peut-être un peu. Je n'ai pas vu ce documentaire, l'approche est peut-être judicieuse et fine, je n'ose pas dire "respectueuse", mais comme on dit "ne pas juger sans savoir". Donc vous me direz si c'était bien :) Pour ma part, et encore une fois cela n'engage que moi, si miss Girardot ne se souvient plus de rien, moi je me souviens très bien des émotions ressenties en la voyant belle à sombrer dans "Rocco et ses frères", espiègle et pétillante dans les comédies d'Audiard, femme au charme si simple et naturel qu'il ne peut que séduire dans "Mourir d'aimer" ou plus joyeusement "La Gifle", etc. Je la quitte sur ces souvenirs là.
- Si t'étais en cavale, t'irais chez ta femme ?
- Non j'irai chez la tienne ...

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Re: Annie Girardot

Message par Jean Michel »

moi je l'ai beaucoup aimé dans...
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très agréable à voir.
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Re: Annie Girardot

Message par Geneviève Tondeur »

J'ai regardé le reportage hier. J'en suis bouleversée et j'ai pleuré à la fin, en ayant l'impression de voir quelqu'un mourir devant moi.
Si nous sommes touchés à coeur car nous aimons tous cette artiste très attachante, nous avons beaucoup de voisins et gens autour de nous atteints de ce mal terrible et on se sent désemparré;
Je pense aussi à Rita Hayworth, Charlon Heston, Perry Como, Charles Bronson, Dana Andrews....
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Re: Annie Girardot

Message par Nestor Almendros »

MOURIR D'AIMER d'André Cayatte (1971)

Ce grand succès de l'époque (près de 5M d'entrées) est la libre adaptation d'un fait divers qui prit des proportions nationales moins de deux ans plus tôt. Dans son scénario, Cayatte n'en garde probablement que les grandes lignes dramatiques, brodant autour des personnages un vécu et un environnement qui participent à son regard engagé. Car cette histoire n'est pas filmée comme la romance (malheureuse) attendue, avec violons et ambiance sirupeuse. Les rares baisers, enflammés mais brefs, trahissent davantage la passion contrariée et les retrouvailles fortes des amants séparés. Le film est raconté d'une manière froide, un peu distante, presque comme dans un rapport de police. L'angle est surtout basé sur l'interaction du couple avec la société: pas d'historique poussé sur la relation amoureuse, pas de scènes romantiques (ou alors détournées), mais une confrontation permanente avec le regard des autres et les rouages implacables et unilatéraux d'une société archaïque. L'une des très bonnes idées du scénario est d'avoir inclus (par le personnages du père) les notions révolutionnaires contemporaines et de jouer sur ces contrastes: mai 68 est encore très récent (à peine quelques moins plus tôt), l'esprit de liberté a semblé secouer le pays mais les institutions et le monde adulte n'ont visiblement pas changé d'un pouce (une réplique dit en substance que "les enfants se sont amusés [pendant mai 68] mais que les adultes ont repris les choses en main"). La charge est vraiment poussée contre cette société qui se dit moderne mais qui garde ses vieux démons, ses vieux réflexes. Le souffle du changement ne peut visiblement pas influer sur/pour tous.
Annie Girardot incarne pour le public cette femme moderne et libre, cet espoir en quelque sorte. Ce sera la première (ou presque) à interpréter une femme flic, un juge, un docteur, etc dans le cinéma français de l'époque. Par ses choix de rôles, elle fait partie de ce mouvement d'émancipation pour la femme auquel le film fait de brèves allusions mais qui est pourtant le centre de l'histoire. Si les sexes avaient été inversés dans ce fait divers (si cela avait été un homme professeur qui a un relation avec une de ses élèves) cela n'aurait probablement pas fait autant de bruit. Il persiste (et encore aujourd'hui) un regard différent sur les comportements de la femme dans une société pensée et dirigée par les hommes: à tous les niveaux judiciaires/médicaux présentés dans le film (excepté des infirmières) ce sont les hommes qui tirent les ficelles.
Et en même temps la charge de Cayatte est très violente contre les institutions: l'héroine, d'abord solide, est poussée à l'abandon. Forcée de rentrer dans le rang, elle ne supportera pas le poids de la société qui pèse sur ses épaules. Ces institutions mécaniques, rigides, impitoyables, sont l'autre cible de Cayatte.

Dommage que ces choix pertinents et cette histoire forte (qui n'a pas tant vieilli que cela) soit un peu plombée par des démonstrations parfois peu subtiles (on explique bien tout dans les dialogues) et par un manque sensible d'émotion. Cayatte ne veut visiblement pas profiter de ces émotions faciles et propose un final distant, là où j'aurais peut-être aimé voir couler une petite larme.

Très content, en tout cas, de l'avoir vu: c'est tout à fait le genre de rediffusions rares que j'attends à la tv: succès oubliés, films ancrés dans leur époque, etc.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Jean Michel
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Re: Annie Girardot

Message par Jean Michel »

Beau résumé , le l'attends en dvd ....
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