Le Cinéma asiatique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Re: Le cinéma asiatique

Message par bruce randylan »

Tutut a écrit :Je voudrais savoir si le film coréen The Tower (2012) de Kim Ji-hoon vaut le visionnage, les dernières grosses productions qui ne m'ont pas déçu étant The Thieves (2012) et New World (2013), on dirait une version moderne de La Tour Infernale.
Pas vu mais j'en ai eu de (très) bons échos :wink:
(et j'aime bien The Thieves aussi :D )


Et puisque je suis là

Vivre dans la peur (Bui Thac Chuyen - 2005)

En 1975, à la fin de guerre, Tai, un ancien soldat du Sud, lâche et incapable de prendre des décisions, doit se partager entre 2 épouses. Pour gagner sa vie, il aide un ami qui démine les nombreuses terres portant encore les traces de l'occupation américaine.

Un très bon film où la chronique sociale se double d'un joli portrait qui ne manque pas de suspens de surcroît.
C'est parfaitement écrit avec des personnages réalistes loin des stéréotypes, des clichés et des conventions. Ils sont humains avant tout avec leurs défauts, leurs maladresses et souvent un caractère complexes (bien que j'aurais aimé que la seconde épouse soit un peu plus approfondie) tout en étant toujours attachant à leur manière, y compris le beau-frère qui maltraite le (anti)héros.

Sans chercher à faire de grand éclat, le scénario suit un rythme posé et calme qui correspond au caractère effacé de Tai. D'ailleurs, le climax du film n'est pas une scène de déminage comme on pourrait s'attendre mais un double accouchement (tout aussi explosif) tourné sur le mode du décalage et de la dérision.
Les nombreuses séquences de déminages qui parsèment l'intrigue sont avant tout des passages forcées pour la survie de Tai. Ses actions n'ont rien d'héroïque ou de cupide pas plus qu'il ne cherche à attirer les faveurs des autorités, à trouver la rédemption ou à servir le bien commun. C'est juste qu'il s'agit de la seule chose dans laquelle il fait preuve d'un certain talent (développant sa propre technique). Le déminage est pour lui autant une finalité qu'une fatalité et le réalisateur ne perd jamais l'occasion d'en saisir la grande ironie, la mort imprévisible ou de symboliser ses traits de personnalités.
Derrière la tension et la menace, Vivre dans la peur propose doucement (presque nonchalamment) une sorte de sérénité, d'apaisement, une appréhension calme de la reconstruction qu'elle soit matérielle ou psychologique. Une quête intimiste qui avance à tâtons, avec prudence mais qui progresse, comme le long travail de déminage des champs.

un joli coup de coeur, riche et prenant, intelligent et subtile, lumineux et inquiétant, qui bénéficie en plus une photographie merveilleuse et une interprétation de premier ordre. :D

Dans ce cycle et du même cinéaste, on pouvait aussi voir Vertiges (2009) dont j'ai entendu beaucoup de bien. Celui-ci est disponible en DVD aux USA sous le titre Adrift.
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Tutut
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Tutut »

bruce randylan a écrit : Pas vu mais j'en ai eu de (très) bons échos :wink:
(et j'aime bien The Thieves aussi :D )
Merci, je vais tenter le coup, sinon, vous pouvez vous dispenser de regarder The Best Romance de Kim Jeong-woo, qui raconte les relations chaotiques d'une journaliste gaffeuse, à la déontologie douteuse doublé d'un caractère de chieuse, et d'un détective un peu brut de décoffrage, sur fond d’enquête policière.
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Ignatius »

Je ne sais pas si je suis sur le bon topic pour ce genre de choses mais j'ai souvenir d'avoir vu un bon film coréen (je suis à peu près sûr que c'était un film coréen) il y a quelques années mais je ne me souviens plus du titre. Alors que j'avais beaucoup aimé.
C'est un peu bête mais j'ai souvenir qu'il s'agissait d'une histoire de serial-killer insaisissable. Le flic faisait tout pour l'attraper mais il n'arrivait pas à mettre le grappin sur ce tueur sanguinaire, pas un seul indice véritable à l'horizon.
J'ai aussi souvenir qu'il pleuvait souvent et que l'atmosphère du film était bien glauque (un petit quelque chose de Seven).

Si ça dit quelque chose à quelqu'un, je serais heureux de connaître le titre de ce film et lui en serais éternellement reconnaissant.
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Re: Le cinéma asiatique

Message par cinephage »

Ca pourrait être Memories of murder, mais tes indices sont tout de même plutôt flous...
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Ignatius »

Je crois que c'est bien "Memories of murder".

Un grand merci, je vais réessayer de le revoir, il m'avait fait grande impression à l'époque.
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Re: Le cinéma asiatique

Message par cinephage »

Ignatius a écrit :Je crois que c'est bien "Memories of murder".

Un grand merci, je vais réessayer de le revoir, il m'avait fait grande impression à l'époque.
Tout à fait d'accord, c'est un excellent film que je ne saurais trop recommander.
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Tutut »

Ignatius a écrit :Je crois que c'est bien "Memories of murder".

Un grand merci, je vais réessayer de le revoir, il m'avait fait grande impression à l'époque.
Au cas où ce ne serait pas ce dernier, The Chaser ou La 6ème victime.
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Message par bruce randylan »

Bon, je reviens au Vietnam

Lumière éteinte (Pham Van Khoa - 1981)

Alors qu'il leur reste quelques jours pour payer leurs impôts, une famille modeste est menacée par une milice aux ordres du maire de leur village. Ils emprisonnent le mari et son épouse n'a d'autres choix que de devoir vendre sa fille à un couple de bourgeois

Pham Van Khoa est l'une des figures importantes du cinéma vietnamien, on peut d'ailleurs dire qu'il en est l'un des fondateurs puisqu'il créa le premier studio du Vietnam du nord (et peut-être du sud aussi, avant la séparation du pays - mais il est très dur de trouver des informations sur le cinéaste).
Lumière éteinte a lui aussi son importance puisqu'il fut le premier film vietnamien à être présenté en occident : notamment au festival des 3 continents où il remporta la médaille d'or.

33 ans plus tard, on peut tout de même se demander si ce prix ne venait pas avant tout de cet aspect "inédit" car le film n'est pas très bon. On ne peut pas pourtant dire qu'il ne soit pas réussi dans ses ambitions, loin de la même, mais il en fait justement beaucoup trop. C'est du gros mélodrame d'un manichéisme primaire qui sent "bon" le film de propagande pointant du doigt la corruption des fonctionnaires bureaucrates et des riches propriétaire tout en valorisant les sacrifices des paysans modestes. Évidement à l'époque tous les films étaient produit par le pouvoir communiste et tous étaient donc des films de propagandes mais celui-là n'est vraiment pas subtil même si son ancrage sociale ne doit pas manquer de réalisme.
Mais trop, c'est trop et les nombreux malheurs s'abattant sur la pauvre épouse finissent plus par agacer que par émouvoir : le couple à qui elle vend sa fille fournit un prix doublement inférieur à ceux de chiens ; les employés du maire lui impose une taxe arbitraire qui vaut plus que les impôts qu'elle n'arrive déjà pas à payer ; on lui demande de régler les impôts de son frère décédé en début d'année fiscale ; son mari est quasi laissé pour mort après un tabassage etc...).
Dommage pour l'actrice qui possède la fragilité et force la des grandes héroïnes issue d'une certaine tradition littéraire (Pham Van khoa est d'ailleurs un grand lettré).
Quant à la réalisation, si elle manque donc de finesse et de fluidité (sans doute dû à un budget modeste et quelques coupes de la censure), sa direction artistique est très aboutie (reconstitution ; photographie) avec quelques idées de montage et de mixage intéressante.

A voir donc surtout pour comprendre l'évolution et l'histoire du cinéma vietnamien.
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Message par Tutut »

Century Of The Dragon (1999) de Clarence Fok

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Un chef de triade est gravement blessé suite à un règlement de compte. On fait appel au boss pour résoudre le conflit, alors que celui-ci n'aspire qu'à gérer ses affaires légales et à se retirer du milieu. Pour l'aider, il désigne un bras droit qui est en fait un flic infiltré.

Il ne faut pas s'attendre à un chef d'oeuvre de la part du réalisateur de The Iceman Cometh, The Dragon From Russia ou Naked Killer, mais pour un film de triade, il se trouve au dessus de la moyenne. La réalisation est quelconque, avec une utilisation abusive de gros plans ou de plans serrés, les rares scènes d'action manquent un peu d'efficacité. Heureusement ce film bénéficie d'un très bon casting, dont Andy Lau, Anthony Wong, Louis Koo et Suki Kwan, on retrouvera les deux premiers trois ans plus tard dans Infernal Affairs.
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Message par Helena »

Bladed Minds de Kefi Abrikh

Celine Tran continue de faire son bonhomme de chemin comme on dit en France, l'actrice nous a déjà épaté dans de nombreuses œuvres, de son ancienne carrière, mais et surtout dans ses nouvelles œuvres comme les épisodes du Visiteur du Futur et maintenant cette vidéo qui est vraiment sensationnelle. On assiste à un duel entre notre personnage principal (Sasori version Vietnam ^^) et son senseï et ma foi c'est impressionnant. On a déjà vu dans des films de Hong Kong des combats spectaculaires, plus que ceux du court-métrage, mais si on prend la bande vidéo pour ce qu'elle est (on a pas tous 40 ans d'entrainements derrière soit comme Jackie Chan, ou Sammo Hung) c'est démentiel. Sérieusement j'ai eu les yeux écarquillés devant les mouvements effectués par Celine Tran, sérieusement les mouvements de sabre sont géniaux et on sent la violence des coups portés par la guerrière. C'est du tout bon pour la chorégraphie, il y a un réel travail et ça fait plaisir... moi je suis contente de la reconversion de l'actrice, elle est douée et on sent l'entrainement de performeuse. Il y a de la fluidité dans les mouvements et c'est limite si on regarde pas un combat en live, ça fait plaisir. J'aime beaucoup le jeu de l'acteur et de l'actrice, ils sont saisissants et puis le twist de fin est inattendu, mais très marrant... moi aussi je veux me battre comme elle. La scène après le générique est bien marrante également et pourtant on ne sait pas trop, je veux dire on a l'impression que c'est une machine de guerre blessée, un peu comme dans Kill Bill, ce que l'on voit dans les combats donnent le sourire vu qu'ils peuvent être exagérés alors qu'on sent l'importance des dits combats. Ici c'est un peu la même chose, on sent le sérieux des personnages et en même temps l'acharnement de la guerrière au sol fait sourire. En tout cas cette vidéo est géniale, c'est dynamique, la chorégraphie est parfaite, Celine Tran est excellente et son partenaire joue très bien et la mise en scène avec les légers effets est excellentes. Bref c'est du tout bon et je vous recommande de regarder :) 9/10 car ce n'est pas assez long ^^.

Le court-métrage -

Il y a aussi la promo pour Heartbreaker qui est vraiment génial, d'ailleurs je vous recommande le dernier Doggy qui est excellent, je dois écrire la critique d'ailleurs.
Il y a donc un court-métrage qui sert de promo pour la sortie de l'ouvrage qui fait beaucoup penser au cinéma des années 80, voir Grindhouse sur certains points. Ici je pensais à des films comme Drive ou Only God Forgives de Nicolas Winding Refn ou bien le Die Die my Darling de mon monsieur Fran. Le début de la vidéo fait penser à l'introduction du premier Blade avec sa géniale introduction dans la discothèque et sa douche de sang. La scène de pole-dance est géniale, je n'ai jamais essayée avec un flingue par contre ^^ . En tout cas encore une fois la chorégraphie est excellente, on sent qu'elle a énormément d'entrainement, c'est une athlète contrairement à d'autres actrices qui veulent donner l'impression d'être performante, ici c'est du concret, c'est une actrice qui s'entraine et on le voit à l'écran. Il y a une violence graphique qui fait plaisir également, c'est très années 80 dans le rendu, ça gicle de partout (normal avec des vampires) et ça fait vraiment mal (l'homme qui se fait démembrer, je ne sais pas comment dire autrement, c'est assez particulier quand même. ^^ Cela doit faire mal en tout cas.) On a droit a des décapitations, du sang qui gicle un peu partout et un personnage principal qui a toujours la grande classe. J'aime beaucoup la scène derrière le bar, c'est iconique à souhait. Selina est ultra souple, j'adore la scène précédent le combat aux sabres, elle fait des mouvements vraiment incroyables pour une oeuvre de ce calibre, c'est digne des plus grands. Selina a la classe en tout comme personnage et c'est une très bonne introduction pour l'ouvrage. La chorégraphie est parfaite en tout cas, les combats sont fluides et impressionnants. C'est violent. La mise en scène est efficace en tout cas et les sfx sont très bons, très proches de ceux de Blade d'ailleurs. J'adore cet univers en tout cas et je veux la suite. 10/10
La vidéo dure 7 minutes environs et ça donne envie d'en voir plus vraiment.... et puis un générique à la Marvel, ça ne peut être que bien.



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Le making-of - http://www.label619.com/fr/news/making- ... artbreaker
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Tutut »

Helena a écrit :Bladed Minds de Kefi Abrikh

On a déjà vu dans des films de Hong Kong des combats spectaculaires, plus que ceux du court-métrage, mais si on prend la bande vidéo pour ce qu'elle est (on a pas tous 40 ans d'entrainements derrière soit comme Jackie Chan, ou Sammo Hung) c'est démentiel. Sérieusement j'ai eu les yeux écarquillés devant les mouvements effectués par Celine Tran, sérieusement les mouvements de sabre sont géniaux et on sent la violence des coups portés par la guerrière.
Le combat rend vraiment bien, bravo aussi à son partenaire pour la chorégraphie. Pas obligatoirement besoin de venir des arts martiaux pour ce genre de films, Cheng Pei Pei, Cynthia Khan, Moon Lee ou Kara Hui étaient danseuses à la base. :)

edit: (Michelle Yeoh, danseuse aussi) ;)
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Helena »

C'est vrai tu marques un point, je ne pensais à eux (elles) .
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Re: Le cinéma asiatique

Message par bruce randylan »

La rétro vietnamienne est finie depuis une semaine et j'ai pu faire un peu plus de séances que prévue :D

Il fut un temps (Linh Viet – 2002)

Début XXème siècle, un riche seigneur est sur le point de se marier. Mais sa future épouse décède dans un accident à bord d'une voiture qu'il venait de lui offrir. Effondré par cette nouvelle, il décide de se débarrasser de toute trace de modernité et d'objets provenant des pays à la technologie avancée. Il pousse cette décision à l'ensemble du district qu'il dirige.

Un mélodrame plutôt habile et réussi qui fonctionne pour ce scénario original avec une obsession assez bien retranscrite qui donne un personnage central névrosé et devenu à moitié fou par le remord et la culpabilité.
Une des astuces de l'histoire est d'avoir joué sur le mystère de l'apparence de la mariée dont on ne verra jamais le visage alors qu'on nous parle souvent de sa beauté exceptionnelle, son apparition à l'écran étant à plusieurs reprises avortée. Dès le début, elle est ainsi déjà une personnage quasi mystique et fantomatique.

Toutefois, l'émotion provient avant tout des personnages secondaires qui sont des témoins impuissants de la folie qui s'empare de leur ami ou de leurs maîtres. La servante boiteuse amoureuse de son patron donne des séquences touchantes où sa maladresse ne parvient pas à exprimer les sentiments qui l'anime. C'est la seule d'ailleurs qui ose se rebeller contre la démence de ce seigneur avec une séquence assez cruelle à la clé où on lui fait subir ce qu'elle même a fait à une statue représentant la morte et qu'elle a traînée à travers des champs avant de la jeter dans un lac.
Dans il fut un temps, l'amour semble être une malédiction, tout le monde paye de lourdes conséquences d'aimer quelqu'un d'autre. A plusieurs reprises, l'atmosphère glisse doucement dans le fantastique : les rêves autour de la statue ou l'instrument de musique qui semble condamner ceux qui en joue. Le rationnel n'a plus court de manière générale : on y déplace des arbres, on enterre des jarres d'alcool, on force les voyageurs à abandonner leurs vêtements pour des costumes traditionnels, on agresse les ouvriers qui construisent une voie ferrée etc...
Il est tout de même dommage que la mise en scène ne parvienne pas à mieux distiller ce malaise car la réalisation reste un peu trop académique. Elle est certes élégante mais guère plus. On regrette aussi les recours à certains raccourcis ou facilités de l'intrigue principalement via l'ami de l'aristocrate (comme le meurtre qu'il commet malgré lui ou le retour vers la fin de son amour de jeunesse).
Ca donne un aspect un peu bancal à plusieurs reprises, l'impression de voir un deuxième film se greffer au premier.

Malgré mes réserves, c'est un joli film qui parvient à surprendre et rendre son déroulement imprévisibles et émouvant. C'est bien le principal. :)


Vie de sable (Nguyen Than Van – 1999)

Après avoir été séparé de sa femme pendant plus de 20 ans, Canh retourne dans son village. Mais le temps rend les retrouvailles délicates d'autant que dans ce laps de temps, Canh a refait sa vie avec une nouvelle épouse avec qui il a eu une fille.

Fort belle découverte qui possède de nombreux similitudes avec Vivre dans la peur de Bui thac Chuyen (évoqué quelques post plus hauts) : même type de caractère (Canh est un être qui a du mal à prendre des décisions), même contexte historique et même trame général.
Seulement ici, pas de déminage, tout est centré sur cette relation triangulaire qui semble dès le début condamner à l'impasse.
Le scénario est admirablement construit et rythmé avec un sensibilité évidente qui rend tous les personnages fouillés, complexes et donc attachants.
Dans ce genre d'histoires, les réactions sont humaines avant tout. Les personnages sont loin d'être parfaits et donc lisses. Ils ne savent pas vraiment quoi faire de ce canevas : la jalousie, la peur d'être abandonnée et l'orgueil conditionnent leurs comportements. La jeune épouse vient donc s'installer avec sa fille dans la maison de son mari tandis que sa « rivale » fait tout pour ne pas laisser son époux et sa concubine ensemble.
Rien de méchants, pas de volonté d'humilier, mais une politesse qui cache à peine une détresse et une gêne insondable. Au milieu de ça, le mari comme sa fille sont dépassés par la situation et ils deviennent rapidement des otages passifs malgré eux. Le dernier quart devient même déchirant avec une mise en scène pudique et discrète où les deux épouses prenant conscience de la situation sont prêtes à sacrifier leur espoirs de famille, ce qui est loin en réalité de simplifier ce ménage à trois.

En parallèle de ça, il y a une histoire secondaire tout autant prenante où une femme qui a perdu ses deux jambes durant la guerre est amoureuse d'un unijambiste qui la repousse car leur vie serait vouer à l'échec.

Dans tous les cas, la délicatesse du cinéaste est formidable même si elle ne s'impose pas forcément sur le moment (formidable séquence où, juste après son retour, le mari suit son épouse qui lui fait visiter le cimetière du village pour constater que l'ensemble de sa famille et amis sont presque tous morts depuis des années ; on le sent sous le choc mais sa longue absence le rend extérieur à tout cela d'autant que pour sa femme, ces tombes ne sont que vieux souvenirs qu'elle fleurit par habitude seulement).
Tout ça pour dire que ce film grandit magnifiquement dans mes souvenirs et que la détresse des protagonistes revient me hanter souvent depuis sa découverte il y a 15 jours.
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Re: Le cinéma asiatique

Message par shubby »

bruce randylan a écrit : En parallèle de ça, il y a une histoire secondaire tout autant prenante où une femme qui a perdu ses deux jambes durant la guerre est amoureuse d'un unijambiste qui la repousse car leur vie serait vouer à l'échec.
La jambe qui repousse, est-ce celle de l'unijambiste ou celle de la femme ?
Voilà une particularité vietnamienne que je ne connaissais point, c'est intéressant...
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Re: Le cinéma asiatique

Message par Tutut »

Of All the Things (2012) de Joyce Bernal

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Bernadette, surnommée Berns, est une magouilleuse professionnelle, elle permet à ses clients, en faisant jouer ses relations, d'éviter les complications bureaucratiques pour faire aboutir leurs projets. Suite à la réception d'un chèque en bois d'une de ses cliente, Berns fait appel à Emil, un notaire public, et le force presque à se faire passer pour un avocat, alors qu'elle ne peut s'en payer un, pour la représenter. Emil officie dans la rue, sur un petit bureau, avec une machine à écrire sous un parasol ce qui lui a valu le surnom d'Umboy (umbrella boy), il a raté son concours au barreau et en garde une très grande frustration. En travaillant pour Berns, Umboy sort de sa routine et lui apporte les compétences de juriste, l’honnêteté et l'intégrité dont elle manque trop souvent, la jeune femme lui fait rencontrer tout un tas de personnes influentes et le motive pour se représenter au barreau. Malgré leurs caractères opposés et les frictions entre eux, Berns et Umboy finissent par tomber amoureux l'un de l'autre.

Cette comédie romantique apporte une touche de cynisme dans sa manière de dépeindre la société philippine, Bernadette est constamment sous pression, professionnelle et familiale, Emil qui rêvait d'être avocat, est frustré et a du mal à trouver sa place dans la société. Bien sur, ce film se finira en happy end, mais ce couple n'a rien de romantique, ils ne sont pas jeunes, beaux et riches et leur amour n'a rien d'un coup de foudre. Le jeu des deux acteurs principaux, Regine Velasquez une star de la chanson, et Aga Muhlach est assez solide pour apporter de la crédibilité au film, dans le rôle de la mère de Berns on retrouve Gina Pareño, vue dans Serbis de Brillante Mendoza.
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