Pas vu mais j'en ai eu de (très) bons échosTutut a écrit :Je voudrais savoir si le film coréen The Tower (2012) de Kim Ji-hoon vaut le visionnage, les dernières grosses productions qui ne m'ont pas déçu étant The Thieves (2012) et New World (2013), on dirait une version moderne de La Tour Infernale.
(et j'aime bien The Thieves aussi )
Et puisque je suis là
Vivre dans la peur (Bui Thac Chuyen - 2005)
En 1975, à la fin de guerre, Tai, un ancien soldat du Sud, lâche et incapable de prendre des décisions, doit se partager entre 2 épouses. Pour gagner sa vie, il aide un ami qui démine les nombreuses terres portant encore les traces de l'occupation américaine.
Un très bon film où la chronique sociale se double d'un joli portrait qui ne manque pas de suspens de surcroît.
C'est parfaitement écrit avec des personnages réalistes loin des stéréotypes, des clichés et des conventions. Ils sont humains avant tout avec leurs défauts, leurs maladresses et souvent un caractère complexes (bien que j'aurais aimé que la seconde épouse soit un peu plus approfondie) tout en étant toujours attachant à leur manière, y compris le beau-frère qui maltraite le (anti)héros.
Sans chercher à faire de grand éclat, le scénario suit un rythme posé et calme qui correspond au caractère effacé de Tai. D'ailleurs, le climax du film n'est pas une scène de déminage comme on pourrait s'attendre mais un double accouchement (tout aussi explosif) tourné sur le mode du décalage et de la dérision.
Les nombreuses séquences de déminages qui parsèment l'intrigue sont avant tout des passages forcées pour la survie de Tai. Ses actions n'ont rien d'héroïque ou de cupide pas plus qu'il ne cherche à attirer les faveurs des autorités, à trouver la rédemption ou à servir le bien commun. C'est juste qu'il s'agit de la seule chose dans laquelle il fait preuve d'un certain talent (développant sa propre technique). Le déminage est pour lui autant une finalité qu'une fatalité et le réalisateur ne perd jamais l'occasion d'en saisir la grande ironie, la mort imprévisible ou de symboliser ses traits de personnalités.
Derrière la tension et la menace, Vivre dans la peur propose doucement (presque nonchalamment) une sorte de sérénité, d'apaisement, une appréhension calme de la reconstruction qu'elle soit matérielle ou psychologique. Une quête intimiste qui avance à tâtons, avec prudence mais qui progresse, comme le long travail de déminage des champs.
un joli coup de coeur, riche et prenant, intelligent et subtile, lumineux et inquiétant, qui bénéficie en plus une photographie merveilleuse et une interprétation de premier ordre.
Dans ce cycle et du même cinéaste, on pouvait aussi voir Vertiges (2009) dont j'ai entendu beaucoup de bien. Celui-ci est disponible en DVD aux USA sous le titre Adrift.