La saga de La Planète des Singes (1968-2017)

[Duke Red]

!!! SPOILERS SUR LES PRÉQUELLES !!!

Finalement, si les effets spéciaux de cette nouvelle trilogie auront été de plus en plus maîtrisés, les films eux n'ont fait que décroître en qualité. Certes Les Origines, de Rupert Wyatt, était loin de tutoyer les sommets, la faute à des personnages gratinés (le boss de James Franco) ou inutiles (Freida Pinto), des protocoles scientifiques menés en dépit du bon sens et un certain je-m'en-foutisme dans l'établissement de la menace (le virus qui se répand dans une scène balancée au milieu du générique de fin, fallait oser). Mais il filait à toute allure, le duo César-Will était vraiment touchant (je comprends pas bien les critiques sur James Franco ici) et, chose si rare, il restait sobre dans les moments à fort potentiel lacyrmal (la mort de John Lithgow traitée de manière quasi elliptique).

Depuis que Matt Reeves a repris les manettes, on sent une envie de revenir à un mode serious shit. Cette volonté de "maturation" fait plaisir à voir par certains aspects (a-t-on vu récemment un blockbuster US utiliser autant de moments silencieux sous-titrés ?) mais se traduit in fine par une pesanteur qui ankylose inexorablement l'intrigue. Malgré la promesse d'un jalon supérieur dans le combat entre humains et singes, L'Affrontement, avec ses quatre décors et sa maigre bataille aux portes de San Francisco, ressemblait plus à une note de bas de page dans un livre d'histoire, que Reeves nous illustrait avec un format 1.85 filmé serré serré. Bonne nouvelle, sa mise en scène a nettement plus d'ampleur dans Suprématie, le tout dans un beau Scope, mais comme pour l'épisode 2, ça démarre assez fort (et j'ai bien aimé la présence de singes renégats) puis ça se fige complètement une fois que les humains entrent en jeu, pour devenir un très banal film d'évasion gavé de facilités (César maintenu en vie alors que le Colonel voulait sa mort, la fillette qui pénètre tranquillou dans le camp jouer aux Restos du Coeur, les tunnels pas gardés, le soldat qui rentre seul dans l'enclos). Le tout copieusement assaisonné de scènes tire-larmes d'une lenteur exaspérante. Ça pleurniche beaucoup chez les macaques, dans cet épisode.

Le gros problème sur lequel n'aura cessé de buter cette trilogie, en plus du manque d'ampleur global et de l'énorme facilité procurée par le virus, aura été de ne pas avoir su créer des personnages humains qui soient aussi mémorables que les singes. Le 1er avait Franco et Lithgow, qui formaient un trio intimiste réussi avec César, dans le 2ème, Jason Clarke faisait ce qu'il pouvait tandis que Gary Oldman était sacrifié alors qu'il paraissait plus fouillé, dans le 3, on a un Woody Harrelson en mode kré kré méchant, une gamine qui sert à que dalle et une armée de troufions anonymes. Face à César, Koba, Maurice, Rocket, Luca et cie, c'est peanuts...

[hansolo]

L'affiche française du premier opus par le génial Jean Mascii
(etrange cette interdiction aux moins de 13 ans !?)



Et l'affiche de l'Episode 3, par Boris Grinsson, totalement mensongère:

Spoiler (cliquez pour afficher)

[hansolo]

Les chanceux parisiens pourrons (re)voir la saga initiale la semaine prochaine:
http://www.cinematheque.fr/film/36746.html

Quelqu'un sait ce que signifie "Copie légèrement virée"

[Pomponazzo]

Ca veut dire que ces copies sur pelloche ont mal vieilli, et que leur couleur a dévié. En général, c'est vers le rouge-rosé...

Mais ça dépend de ce que buvait le projectionniste à l'époque

[Supfiction]

Tiens c'est marrant, j'étais justement sur le point de me faire la saga en reportant du premier qui est le seul que j'ai bien en tête. Les autres ne sont que des bribes de souvenirs des passages télé des années 80. Le budget des opus suivants n'a fait que baisser je crois, du coup il doit falloir être indulgent. Mais je crois que les n°3 et 4 sont de bonnes séries B.

[hansolo]

Le budget des opus suivants n'a fait que baisser je crois, du coup il doit falloir être indulgent. Mais je crois que les n°3 et 4 sont de bonnes séries B.

Le 3 est à mes yeux un excellent film sur la force du lien dans un couple, avec en prime une BO de Goldsmith parfaite.

[Supfiction]

Revu le premier cet après-midi. Si cette histoire est toujours aussi célèbre 55 ans après le roman et 50 ans après le premier film, c'est qu'elle est toujours aussi forte thématiquement et qu'il s'agit bien plus que d'un simple film d'aventure ou de science-fiction. Il y a deux thèmes forts dans le film : l'anti-militarisme ("Soyez maudits!") et l'obscurantisme. Pour avoir vu la nouvelle trilogie, il est particulièrement frappant de réaliser que si le premier thème a été exploité (et à travers lui l'altérité et au-delà un échos à la lutte des droits civiques aux Etats-Unis), le second, l'obscurantisme ne l'a absolument pas été. Au contraire, à la critique de la religion du premier film (et l'inspiration de Charles Darwin) se sont substitués des accents bibliques (la dernière scène notamment est éloquente) dans La Planète des singes Suprématie

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Sinon, rien à voir mais je découvre que Brooks was here too.

[Supfiction]

Le second opus, Le secret de la planète des singes (1970), est assez pathétique dans le style exploitation commerciale par les studios d'un filon qu'ils avaient rejeté pendant tant d'années. Dans cette suite, on tente donc de reprendre tout ce qui a fait le succès du premier, quitte à abuser d'invraisemblances. Mais à la rigueur c'est quand le film n'innove pas que c'est encore le meilleur. Malheureusement, à un moment il faut quand même se mouiller un peu et raconter de nouvelles choses. Et c'est là que le film s'enfonce (un peu comme SOS fantômes 2): les seuls nouveaux éléments sont très mauvais ("les grands prêtres de la bombe" qui retourne complètement l'idée de départ d'inversion de l'évolution des espèces, les chimpanzés manifestants "flower power" contre les gorilles militaristes et la bombe totem, métaphores vraiment lourdingues qui datent particulièrement le film, là où le premier était tellement plus subtile et intemporel).
On a un peu l'impression que l'essentiel de l'effort des scénaristes a été de gérer la question de comment faire un film entier avec le peu de jours de tournages auquel a bien voulu participer Charlton Heston. Les dialogues sonnent vraiment faux et Brent va même jusqu'à reprendre mot pour mot la célèbre phrase de Taylor "Ah les criminels, ils les ont fait sauter leur bombe". A noter qu'une ligne de dialogue de Zira est cependant assez belle "nous les scientifiques nous avons une grande responsabilité mais aucun pouvoir".

Quant au dénouement, particulièrement abrupte et suicidaire, il est étonnant que les studios l'aient validé.

Aller, pour se consoler, il y a toujours Nova.

[Outerlimits]

L'affiche française du premier opus par le génial Jean Mascii
(etrange cette interdiction aux moins de 13 ans !?)



Et l'affiche de l'Episode 3, par Boris Grinsson, totalement mensongère:

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J'ignorais complètement que le 1er film avait été interdit aux moins de 13 ans à sa sortie, c'est la première fois que j'en entends parler. Je ne sais pas si cette interdiction figure sur toutes les affiches d'époque...

[hansolo]

Le second opus, Le secret de la planète des singes (1970), est assez pathétique dans le style exploitation commerciale par les studios d'un filon qu'ils avaient rejeté pendant tant d'années.

...

Quant au dénouement, particulièrement abrupte et suicidaire, il est étonnant que les studios l'aient validé.

Entièrement d'accord.
Un fin à montrer dans les écoles de cinéma, comment réussir un fulgurance à la dernière image après avoir gâché un film ... (même si tout n'est pas à jeter dans Beneath)

Ça leur a aussi permis de se creuser les méninges pour introduire le 3e volet, bien meilleur !

[hansolo]

J'ignorais complètement que le 1er film avait été interdit aux moins de 13 ans à sa sortie, c'est la première fois que j'en entends parler. Je ne sais pas si cette interdiction figure sur toutes les affiches d'époque...

En tout cas, un de ces chefs d'œuvre d'affiche de l'époque qu'on aimerait voir plus souvent orner les jaquettes de Dvd (je sais, dans le cas de POTA c'est trop leur demander d éviter de spoiler le film en affichant carrément sa conclusion ...)

[Supfiction]

Je poursuis ma révision de la saga.
Vu Les évadés de la planète des singes (1971) et cela s'avère une petite déception alors que je m'attendais à une bonne série B. En fait c'est presque une fausse bonne idée à laquelle on assiste et le sentiment général devant ce 3ème opus est plutôt l'ennui pour ma part. On est très loin désormais de l'ambiance du premier film même si l'on retrouve deux personnages bien connus. Seules la première scène et la dernière sont véritablement à retenir (et pourraient suffire pour qui voudrait passer directement au quatrième film). Ce n'est pas que c'est mauvais (comme l'était véritablement le second opus) mais juste que l'on s'ennuie beaucoup car ce qui apparaissait au départ comme une idée (la seule possible ?) géniale pour relancer la saga n'aboutit sur pas grand chose (les deux chimpanzés sont sympathiques mais les hommes sont eux caricaturaux) si ce n'est vers un dénouement donnant cette fois la porte ouverte vers toutes les suites possibles et imaginables.
Cette fin d'ailleurs est assez novatrice pour l'époque car c'est typiquement le type d'accroche qui est de nos jours utilisé dans tous les blockbusters de franchises (marvel, star wars, etc) pour donner aux spectateurs l'envie de voir la suite.
Dernière chose : Il y a certains dialogues de Les évadés de la planète des singes qui portent les germes du scénario de Terminator de James Cameron. Même si les films de cette saga sont souvent laborieux, il y a régulièrement des fulgurances (visuelles ou dialoguées).

[Alexandre Angel]

J'ignorais complètement que le 1er film avait été interdit aux moins de 13 ans à sa sortie, c'est la première fois que j'en entends parler.

Moi pareil. Il est possible qu'un autre l'ait été : La Bataille, je crois.
Mais ce n'est pas tout à fait étonnant : quand je découvrais ces films vers 76-77 le mardi soir, ils étaient bien perturbants. Et objectivement, les séquences de traques des humains par les singes restent impressionnantes (dans le premier, toujours).

[Supfiction]

J'ajoute que Les évadés... s'avère vu d'aujourd'hui comme la parfaite préquelle à la nouvelle trilogie.
Bébé Milo est en fait Cesar. Mais pour repartir de zéro, les scénaristes de Le commencement ont préféré inventer une histoire de manipulation génétique bien plus terre à terre (cf. Star wars I, Alien Covenant) et moins stimulante et paradoxale que la bonne idée exploitée sans génie (et sans argent, 2 millions de dollars seulement de l'époque) dans Les évadés et qui avait permis de débloquer la saga.
Et pour l'anecdote ce fut le dernier film de Sal Mineo dont le personnage ne sert qu'à donner des explictions, grossierement d'ailleurs, sur le pourquoi du comment de la situation de départ de cette seconde suite.

[hansolo]

Je poursuis ma révision de la saga.
Vu Les évadés de la planète des singes (1971) et cela s'avère une petite déception alors que je m'attendais à une bonne série B.

J'ai pour ma part bcp plus aimé cet opus, essentiellement pour le lien Cornélius & Zira et la critique sociale.
Suis surpris que tu ne mentionnes pas la partition de Goldsmith.